Dans les chroniques de notre Musical Box, on évoque souvent la dream-pop. Cette étiquette est ici largement dépassée. Il y a de la pop et du rêve certes chez Milk & Bones, mais pas que. On perçoit en plus des ingrédients qui transcendent largement le genre. Des volutes légères de claviers, des cliquetis de percu électro, le lent écoulement d’une cascade vocale tout en beauté délicate, des harmonies célestes susurrées à deux voix élaborent l’alchimie d’un monde doux et paradisiaque.
Les deux fées qui créent ce monde parallèle sont Canadiennes. Basées à Montréal, Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne sont deux musiciennes de studio et de tournée. Après avoir fait leurs gammes sur plusieurs projets (Alex Nevsky, Jason Bajada, Karim Ouellet, Les soeurs Boulay, David Giguère et plusieurs autres), elles participent en duo à un morceau de l’album Bellevue Avenue de Misteur Valaire et découvrent alors leur grande complicité artistique. Milk & Bone est né. Elles enchainent à l’été 2014 deux bons premier singles New York, puis Coconut Water, qui leur valent un succès immédiat au Quebec, puis au-delà des frontières. C’est maintenant le tour de leur premier album Little Mourning.
De formation instrumentale plutôt jazz au départ (piano, chant, trombone, big band) elles citent des influences bien accrochées dans l’air du temps actuel : Blood Orange, James Blake, Purity Ring (évidemment) ou Chvrches. On ajouterait volontiers des références plus historiques comme Cocorosie ou même Suzanne Vega. C’est l’illustration de la richesse de leur approche musicale, qui fait preuve à la fois d’une grande simplicité (la structure piano-voix des chansons, le downtempo, les textes qui racontent des histoires de la vraie vie) et se révèle à la fois sophistiquée (les arrangements electro et RnB, l’extrême délicatesse des parties vocales).
L’album Little Mourning, produit par Gabriel Gagnon, est sorti depuis le 17 mars au Canada. Il a mis un peu de temps pour parvenir jusqu’à nous, mais ça en valait la peine.
C’est une splendeur.