Contrairement à la logique, on vous présente rarement dans ces chroniques des artistes s’exprimant en Français. Il n’y a aucune volonté délibérée ni parti pris de notre part. Simplement l’impression profonde que l’Anglais est la langue universelle de la musique pop rock ou electro, un peu comme l’Espagnol celle du Flamenco pour faire simple.
Mais il y a forcément des exceptions. Prenez Essaie Pas par exemple. Ce duo Québecois aborde en Français un répertoire synth-pop aux ambiances sombres, mais éblouissant par sa qualité. Même DFA, le label de James Murphy (LCD Soundsystem) ne s’y est pas trompé, et s’est battu pour les signer au sein de son équipe.
Marie Davidson et Pierre Guerineau sont de Montreal. Ils créent une inquiétante atmosphère sonore basée sur des boites à rythme martiales et des synthés futuristes. Le chant tantôt masculin, tantôt féminin, est glacial, déshumanisé et incantatoire. Les textes sont poétiques mais terribles à l’image de « j’ai tenté de t’oublier comme on noie une portée de châtons ».
Leurs influences avouées vont de l’E.B.M à la techno, en passant par le disco et les bandes originales de films. Ils opérent une reconversion du meilleur de la cold-wave des eighties dans des sonorités très contemporaines. On pense à Gesaffelstein qui aurait décidé de jouer du Human League ou du Cabaret Voltaire. Au Fade To Grey de Visage croisé avec de la dark-techno. C’est robotique et brûlant. Mystérieux et dansant. Sensuel aussi.
Formés en 2010, ils avaient commencé à éveiller la curiosité avec deux E.Ps parus chez Teenage Menopause, label de l’excellent Jessica93 : Nuit de Noces en 2013, puis Danse Sociale en juin 2015. Sans oublier en 2014 Retox sur un split-vinyl partagé avec leurs compatriotes Police Des Moeurs sur le label L’Atelier Ciseaux.
Le premier album de Essaie Pas s’appelle Demain Est Une Autre Nuit et sortira le 19 fevrier chez DFA.
Belle brise Canadienne, à la fois torride et glaciale.