C’est ce qui s’appelle rater un train. Un comble quand ça vient d’un gars dont le programme radio s’appelle Zistor Express. Mais passons …
Le debut-album de San Fermin est sorti en septembre 2013. Ce qui fait quand même 8 mois! A l’époque on l’avait trop rapidement survolé sans prêter assez attention à ses compositions riches et délicates. Depuis la musique de ce groupe de Brooklyn nous a envahis de manière lente mais inexorable. Il y eut d’abord Bar, propulsé en single cet hiver, qu’on a beaucoup écouté.
Et maintenant voilà Methuselah qui déboule dans toutes les bonnes radios. L’occasion de faire une séance de rattrapage et de révéler à quel point San Fermin est devenu un disque majeur, aussi important à nos yeux que le serait un nouvel opus de Sufjan Stevens et surtout The National.
Car c’est la comparaison la plus pertinente. Comme Matt Berninger, Allen Tate, leur chanteur, possède la gravité d’une belle voix de baryton. Mais chez San Fermin elle est doublée par les voix féminines de Jess Wolfe and Holly Laessig de Lucius. Par rapport à The National, on s’éloigne de la tension urbaine et électrique pour émigrer dans des contrées nettement plus baroques et symphoniques, peuplées d’une foison de sons de pianos, violons et cuivres (22 musiciens ont participé à l’album!).
La San Fermin est une fête mythique célébrée en Espagne, à Pampelune chaque mois de juillet. Hemingway en fait une description sublime dans Le Soleil Se Lève Aussi. Lors de l’Encierro, les taureaux sont lâchés dans les rues qui conduisent vers la Plaza de Toros, où une foule surpeuplée d’aficionados et de touristes obèses essayent de les éviter. Beaucoup de casse, d’émotions, de sueur, de larmes et de sang.
Une intensité douloureuse et épique qu’on retrouve dans la musique de San Fermin. Ellis Ludwig-Leone, songwriter érudit et pilier principal du groupe, brode avec ses nerfs et son cœur une dentelle musicale fragile, surprenante parfois mais toujours bouleversante. Il chante avec beauté et pudeur la nostalgie, l’enfance, les angoisses, les amours déçues.
Indispensable.
Et pour approfondir, le lien vers l’album complet.