Belle métaphore, mais pas franchement un nom facile à retenir, ni très vendeur : The Moth & The Flame (le papillon de nuit et la flamme). Et pourtant voilà des jeunes gens qui parviennent à fabriquer un tube en or massif avec de la musique plutôt exigeante et expérimentale. C’est le genre de performance qu’étaient parvenus à réaliser Alt-J ou Django Django l’an passé. Concilier une recherche musicale audacieuse avec un esprit résolument pop et accessible à tous.
Explications en musique avec « Sorry ». Un rythme marqué à la caisse claire façon 60’s, une mélodie à la basse qu’aurait apprécié en connaisseur Peter Hook de New Order, une ambiance un peu psychédélique avec des guitares crasseuses et des synthés vintage de SF bon marché, tels sont les éléments de base de cette étrange chanson. Mais toute sa richesse et son éclat proviennent de sa construction en échelons successifs : intro forte et rythmée, couplet en douceur avec la voix de falsetto de Brandon Robbins, refrain qui enfle dans le vent avec une kyrielle de hou hou hou, une pause en plein milieu avec seulement un duo voix et clavier, avant qu’un pont en chorale et grosse caisse n’emmène l’auditeur vers la rampe de l’explosion psychédélique finale.
Une véritable aventure musicale, quelque part entre Tame Impala et Electric Guest ou Coldplay et The Flaming Lips. C’est à la fois intriguant et irrésistible. Faites l’expérience de plusieurs écoutes et vous tomberez rapidement sous le charme de ce bijou de chanson, cette nouvelle pépite qui n’obtient seulement que quelques centaines de vues sur YouTube à ce jour.
The Moth & The Flame est un trio basé à Los Angeles, mais né à Provo (Utah). Plutôt émergent car il n’existe que depuis 2011 et n’a en poche qu’un album (« The Moth & The Flame » en 2011). « Ampersand » est leur nouveau E.P. qui vient de sortir chez Hidden Records. Il est brillamment produit par Joe Waronker (Beck, Atoms For Peace, R.E.M).
Nous ne sommes pas les seuls à avoir craqué sur « Sorry », désigné « track of the day » par The Guardian, Clash et la BBC. Et toutes les promesses mises en eux pourraient bien se concrétiser en 2014 avec un album produit par Peter Katis (Interpol, The National) et dans lequel Rob Moose (Sufjan Stevens, Bon Iver) réalise les arrangements des cordes.
Et on pourrait bien se jeter comme le papillon de nuit dans cette lumière ardente qui brûle au loin.