Archives

All posts by Bertrand Zistor

Chronique d’un disque condamné à l’avance. Ce quatrième album des Shins, le premier depuis cinq ans, apparait avec une chaine de boulets attachés à ses pieds : départ de plusieurs membres fondateurs du groupe (Dave Hernandez le bassiste, le clavier Marty Crandall et le batteur Jessy Sandoval), brillant succès du projet annexe de James Mercer avec Dangermouse au sein des formidables Broken Bells, matériel musical à base de vieux morceaux ressortis des placards du groupe, choix de faire évoluer l’indie pop à guitare des débuts vers une pop plus electronique et flamboyante, lassitude d’être l’éternel futur grand espoir du rock d’après demain …

Bref on attendait pas grand chose de « Port of Morrow » et …..

et …..

c’est finalement une belle réussite !!!

Ce nouvel album s’avère plutôt convaincant. L’influence de Broken Bells imprègne ce disque, avec des orchestrations plus digitales et synthétiques, mais c’est encore et toujours la voix de Mercer qui culmine, transcende et magnifie ces perles d’écriture pop. Jamais peur de se lâcher et de gravir les octaves vers des sommets mélodiques.

Dans ce genre d’aventure, la production est capitale. Greg Kurstin réussit des prouesses en trouvant le juste milieu entre la pop mainstream et FM façon au pire Chicago et au mieux Steely Dan, et des climats plus avant-gardistes à la Radiohead. Ce trait d’union entre facilité et audace, sucré et amer, délicatement élaboré au fil des morceaux, permet de profiter pleinement de la qualité d’écriture de James Mercer qui au final reste finalement le dépositaire et la clé de voute du groupe à lui tout seul.

« Port of morrow » est encensé par les critiques les plus exigeants d’habitude. « Best new music » par exemple chez Pitchfork.

A vous de vous faire une idée et d’écouter ce nouvel opus de The Shins, que nous vous faisons découvrir avec un grand plaisir dans notre MusicalBox.

C’est forcément le gros évènement de cette fin mars : LE morceau inédit d’Arcade Fire inscrit sur la bande son du film « The Hunger Games » de Gary Ross qui vient de sortir hier.

Je ne vous ferais pas l’affront de vous présenter la joyeuse bande Canadienne de Win Butler et Regine Chassagne. Ils figurent tout en haut de mon panthéon musical depuis leur « Funeral » de 2004, avec une constance dans la qualité de chaque album, « Neon Bible » en 2007, puis « The Suburbs » en 2010, et des prestations scéniques d’un niveau inégalable (si vous ne les avez jamais vus sur scène, précipitez vous, leur show est exceptionnel et l’un des meilleurs que j’ai jamais vu dans ma longue vie de spectateur …).

Ici ce n’est qu’un titre pour une bande son de cinéma, sachant qu’il existe aussi un instru utilisé dans le soundtrack. « Abraham’s Daughter » est un morceau lent et noir, hanté et scandé par le chant de Régine, qui apporte une touche enfantine et mélodique sur un fond musical fait de guitare en distorsion d’accords de claviers venus des catacombes et d’une batterie martiale. Il y est question d’enfant sacrifié, référence biblique à Isaac et Abraham, mise en parallèle avec le sujet du film.

Un morceau peut être anecdotique, mais qui, comme souvent chez eux, transpire de beauté vénéneuse et tourmentée, et mérite un détour par vos oreilles exigeantes.

La grande « marmite aux nouveautés » commence à frémir avec les bulles des grosses parutions à venir, toujours nombreuses en cette période de printemps naissant.
Là ce n’est pas de bulle, mais plutôt de boule à facette qu’il faut parler. L’arrivée du nouveau disque des rois du dance-floor festif et sophistiqué : HOT CHIP.

Vous connaissez certainement ce groupe majeur de la scène electro-dance de ces 10 dernières années.

Pour les retardataires, rappelons qu’ Hot Chip est un quintet Anglais, constitué en 2000 autour des Londoniens Alexis Taylor et Joe Goddard, amis d’enfance depuis l’école. A leur discographie on compte quatre albums. « Coming strong » en 2004, « The warning » en 2006, « Made in dark «  en 2008 et enfin le multiplanétaire « One life stand » en 2010.

Pas évident de relancer le processus créatif après un tel succès. Ils sont évidement attendus au tournant. Dans l’intervalle, vous aviez suivi ici les 2 Bears de Joe Goddard, side-project plutôt réussi.

Comme identité musicale, Joe a choisi pour le cinquième album l’esprit des « maxi 45T » des années 80, un son que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaitre … En pratique, des morceaux plutôt longs avec des boucles et des digressions truffées d’effets technologiques autour du thème couplet-refrain classique de la chanson, l’étirant sur 7 à 10 minutes. Lu comme ça c’est assez effrayant il faut le reconnaitre, mais à l’écoute de « Flutes », premier single, c’est réussi.

Une boucle sur un chœur de robots venus de galaxies lointaines, une basse batterie minimale, les accords de claviers simples en guise de soutien rythmique et hop, c’est parti et ça décole. Le chant androgyne et mélancolique d’Alexis Taylor apporte la touche caractéristique d’Hot CHip : c’est bien de la dance-musique, mais dramatique et mélancolique. Une boule à facette qui tourne, mais avec des reflets de lumière noire et grise qui fait pleurer, comme chez New Order.

L’album « In our head » n’est pas encore pour tout de suite : il sort le 11 juin, chez Domino.

Pour découvrir « Flutes » vous avez le choix entre un banal streaming audio (que je vous recommande plutôt) ou une vidéo studio filmée sur une camera qui tourne sur une platine, à éviter si vous souffrez de vertiges ou d’épilepsie …

C’est vraiment le (très) gros buzz du moment. Electric Guest est salué dans les grands médias rock (Inrocks, NME) comme les « nouveaux MGMT ».

C’est un duo Californien, autour de Asa Taccone (chanteur et guitariste) et Matthew Compton (batteur) . Ils n’ont pas encore été signés, et déjà le rock-biz se les arrache !

A cette effervescence une bonne raison : leur producteur. Il s’agit de Dangermouse, qui a déjà sévi avec Gorillaz, Black Keys, Gnarls Barkley et tant d’autres, signe de la reconnaissance de leurs qualités, adoubées par l’un des seigneurs de la production actuelle. Le duo est également coaché par Monotonie Inc, le même management que Jack White, Vampire Weekend ou Cold War Kids. Du lourd donc.

Musicalement, je vous propose de les découvrir avec « This head I hold », un genre de twist déjanté et déjà estival, aux déhanchements chaloupés recommandés pour améliorer votre jeu de jambe sur le dance floor. Le tempo est léger et sautillant, et dominé par la voix de fausset d’Asa qui feule et miaule des hou-hous et des hou-ha-hous. Résultat : voici un tube en or massif qui ne devrait pas quitter les ondes des radios et les lecteurs mp3 d’ici la fin de l’année.

Mais attention de ne pas trop se fier à leur apparente légèreté. Leurs références sont solides, essentiellement basées dans les 60’s. Leurs disques de chevet seraient Richie Havens, Léonard Cohen, Wu Tang Clan, Gainsbourg ou Scott Walker.

Leur album, « Mondo » sortira le 23 Avril.

Voilà ce qui pourrait bien être un des tubes de l’été prochain ! (J’adore jouer à ce concours de pronostic stupide et hasardeux …).

The CROOKES, ce sont quatre garçons dans le vent qui nous viennent de Sheffield. Leur nom vient d’ailleurs d’un des quartiers de la ville.

Ils ne sont pas nés d’hier. Le groupe s’est formé en 2008, et a déjà sorti un premier album il y a tout juste un an : « Chasing after ghosts ». « Afterglow » est leur nouveau single et vient de sortir en clip samedi chez Fierce Panda, actualité brûlante donc, comme souvent dans notre MusicalBox.

C’est déjà LE gros buzz un peu partout, et on peut lire et entendre des échos très favorables de la part de Jarvis Cocker et Noel Gallagher, ou chez le NME, la BBC ou le Guardian.

Après le départ d’un des membres fondateurs, Alex Saunders, le line-up est désormais le suivant : George Waite (Chant et Basse), Daniel Hopewell (Guitare), Tom Dakin (Guitar) et Russel Bates à la batterie.

Leur musique trouve sa source dans l’histoire musicale, précisément le rock des sixties, les girl groups des 50’s et plus près de nous les SMITHS de Morrissey. Ils revendiquent aussi une culture populaire et prolo, baptisée outremanche le « Kitchen Sink Realism ».

En pratique, c’est une bande de bôgosses qui se dandinent avec nonchalance et humour, une belle voix de crooner grave et mélodique, et les choeurs qui font « oh oh oh » sur le refrain. Après deux écoutes la chanson vous trotte dans la tête nuit et jour.

De quoi incendier et essorer les maillots cet été ….

Retour aux fondamentaux du rock aujourd’hui avec une joyeuse bande qui nous vient d’Ecosse, et plus exactement d’Edimburgh.

The OK SOCIAL CLUB est un quatuor iconoclaste constitué de Raff (Chanteur et guitariste) , Chris (guitare), Gordy à la basse et Jordan à la batterie.

Ils sont plutôt convaincants et persuasifs avec leur-pop rock indé facile d’accès, frais, speedé et sautillant. On y retrouve des hymnes pops mélodiques ( marque de fabrication du rock « made in Scotland ») et des réservoirs de bonne humeur. Un cocktail élaboré à partir de mélanges de Two Door Cinema Club, de Strokes avec une pincée de REM en mode humour.

« The shape of things to come » est leur premier véritable single. Il sort dans trois jours chez Platform Records. En voici le clip.

Son sujet est universel : lendemain qui déchante après une soirée mouvementée où la bière a coulé à flot avec une ambiance festive qui monte crescendo jusqu’à la bagarre finale pour une histoire de fille : WOK N’WOOOOLLLL !!!

Je vous propose une découverte aujourd’hui : celle de POLICA.

Plus exactement il faut écrire « Poliça » et prononcer « police-uh ». C’est un mot d’origine Polonaise qui signifie une « intervention d’urgence ».

Derrière cet étrange patronyme se cachent Channy Casselle, chanteuse et Ryan Olson, multi instrumentiste et compositeur ténébreux.

Basés à Minnéapolis, ils distillent une musique aussi intrigante que leur nom, difficile à définir. Elle se situe à l’intersection de la pop indie et du RnB. La voix de Channy, élevée et murie dans le folk est complètement trafiquée à l’Autotune, mais sans qu’il s’agisse d’une terne daube electro-pop. Le groupe amène derrière une profondeur et une lourdeur rythmique impressionnantes. Et pour une bonne raison : il y a DEUX batteurs (Ben Ivascu et Drew Christopherson)en lieu et place d’une banale boite à rythme. Si on ajoute la basse ronde et caverneuse de Chris Bierdan, on obtient alors un ensemble qui déferle sous forme de lames de fond telluriques et sismiques.

Bref un « indie RnB » perverti, tribal et mutant, aux parfums du trip hop des années 90, voire des échos (vocaux) de la Sinead O’Connor des années 80.

Les textes parlent des histoires d’amour qui finissent mal (en général) , de la séparation et de la difficulté à se reconstruire après.

Ces belles chansons mélancoliques ont conquis des mégastars comme Jay-Z , Mike Noyce et Justin Vernon de Bon Iver, qui prêtent leur voix sur certains morceaux du groupe. Vernon déclarait d’ailleurs il y a peu : « J’ai beaucoup écouté Poliça, ce groupe de Minnéapolis récemment. C’est le meilleur groupe que j’ai jamais entendu ». On murmure aussi que Prince est fan, sachant qu’il a toujours supporté Gayngs, le premier groupe de Ryan Olson.

L’album « Give You The Ghost » est sorti le 14 février chez Totally Gross National Product. Et voici le premier single : « Lay Your Cards Out ».

Oublions aujourd’hui la branchitude de l’electro-rock New Yorkais, et revenons à des ambiances plus basiques et rustiques, avec l’instrument idéal : l’Ukulélé !

Celle qui en joue s’appelle Elizabeth Morris. Elle est Australienne et chante avec Allo Darlin’.

C’est un quatuor Londonien, formé en 2008, auteur d’un premier album en 2010 et qui devrait sortir en avril 2012 le deuxième, baptisé « Europe », sur le label Fortuna Pop (The Pains of Being Bure At Heart, The Pipettes).

Outre Elizabeth, on y retrouve Paul Rains (Guitare), Bill Botting (Basse) et Mikey Collins à la Batterie. Ils tournent en ce moment avec Standard Fare et This Many Boyfriends, groupes encensés dans notre MusicalBox ici et .

Il s’agit bien sûr d’une bonne vieille pop à guitares, dans l’esprit « indie » des 90’s, qui ressuscite les ballades mélodiques à la douze cordes des Byrds, véritable musique pour l’été et les feux de camp sur la plage, festive et sans prétention, qui nous séduit par sa fraicheur et son authenticité.

Il est toujours bon et apaisant de se laisser emporter sans se prendre la tête ..!

Aujourd’hui, retour sur les Sleigh Bells et leur album « Reign of terror » qui constitue un des meilleurs albums du moment.

Nous vous avons déjà parlé du duo New Yorkais ici à l’occasion de la sortie du single « Born to lose ».

Depuis, l’album est sorti et au fil des écoutes il devient l’un de nos disques de chevet.

Ce n’est pourtant pas un groupe facile d’accès dès la première écoute. Leur premier disque « Treats » avait été l’une des divines surprises de 2010 et figurait sans problème dans les meilleurs de l’année. Il associait le gros son bruitiste de la guitare de Derek Miller à la voix acidulée et très pop d’Alexis Krauss, le tout sur une rythmique qui lorgnait du côté du hip hop.

Pour ce deuxième opus, exit ces rythmes presque groove. Sleigh Bells ont simplifié leur jeu. La pulsation est plus lourde, quasi hard-rock, inspirée par AC DC et Def Leppard, mais paradoxalement les compos sont plus mélodiques que sur « Treats » .

On y retrouve toujours l’énorme (mur du) son de guitare, heavy et juste à la limite du supportable et de l’expérimental, frontière ténue sur laquelle il n’est pas évident de se stabiliser. Et puis bien sûr la voix contrastée d’Alexis, douce, aux reflets de pop sixties et même (osons-le) d’échos à la Cocteau Twins (écoutez « You lost me »).
Et c’est ce savant dosage entre le son noisy (« True Shred Guitar », « Born to lose », « Demons ») et la pop atmosphérique (« End of the line », « Road to hell », « D.O.A ») qui réalise l’alchimie des Sleigh Bells et fait que cet album de onze titres est une réussite.

Le disque a été enregistré par Shane Stoneback, qui a travaillé avec Vampire Weekend et Cults. Les textes sont sombres avec des mots significatifs « Terror », « Demons », « Hell », « Crush » marqués par une succession de tragédies dans la vie familiale de Derek, et dont la musique et l’enregistrement de l’album ont permis l’oubli.

Vous verrez : après avoir fait l’effort initial d’essayer de s’y immerger, il n’y a pas grand chose à jeter sur ce disque. Rien de superflu.

Pour vous faire une idée globale, voici le lien avec l’ensemble de l’album en streaming.

Et la vidéo du deuxième single : « Comeback Kid »

Retour aux news, avec même des very good news : le nouvel album de Frankie Rose.

Il s’agit d’une chanteuse de la scène rock branchée de Brooklyn, jusqu’ici connue pour ses participations au sein de Vivian Girls ou Dum Dum Girls, groupes à guitares, orientés garage-rock.

Elle a désormais planqué les guitares et sorti les synthés pour écrire les petites merveilles d’electro-pop qui ornent ce magnifique « Interstellar », sorti chez Slumberland Records.

C’est son deuxième album solo, après Frankie Rose & the Outs en 2010. Exit les effets de réverb à outrance de ce premier album, nous voici désormais face à un disque de pop encore assez expérimentale, mais qui réussit à quitter les studios de répétition et les clubs undergrounds de New York pour éclater au firmament de la voute céleste. L’émotion est toujours là, à la base de l’écriture de Frankie, mais elle parvient à la projeter sur un grand écran en technicolor.

La production y est pour beaucoup, avec le juste ton entre electro indie et pop mainstream, ce qui n’est jamais facile à trouver. L’artisan de ce succès est Michael Cheever, alias « Le Chev », qui a déjà travaillé avec Passion Pit, et apporte son aide à la réalisation du disque.

Pour vous faire une idée, voici une bonne illustration avec « Interstellar » premier morceau et titre-album, avec une intro très douce qui commence avec des nappes célestes de synthé, puis apparait une voix bidouillée et filtrée par des effets (Laurie Anderson sort de cette chanson ..!), puis au bout de 1 minute 15 c’est parti : une rythmique de batterie avec un son de cathédrale pour un hymne de pop entêtante, scandée par le chant tout en mantras mélodiques et ensorcelants de Frankie.

Mais surtout, n’en restez pas là et essayez d’aller jeter une oreille sur le reste de l’album vous ne serez pas déçus. Un vrai bon disque à découvrir …

Attention avertissement ! Si vous trouvez que les groupes que nous vous proposons de découvrir ici sont trop peu connus, vous pouvez déjà cliquer sur la petite croix rouge en haut à droite de la page …

CAR : aujourd’hui voici une découverte vraiment inconnue, une de ces pépites qu’il a fallu chercher après avoir endossé la tenue de mineur de fond du web et arpenté des centaines de galeries souterraines du réseau pour l’extraire et vous la ramener à la surface en pleine lumière !

Mais quel plaisir de la voir scintiller de mille feux , de l’admirer et de la sentir palpiter entre nos mains et surtout charmer nos oreilles .

The Carousels, c’est d’eux dont il s’agit, cumulent en tout 24 écoutes sur youtube pour ce morceau « Sound of my own ».

Je n’ai aucune photo à vous proposer. Si vous chercher des infos à leur sujet, vous découvrirez sous le même nom un groupe de doo-wop Anglais des années 60, un groupe de country Canadien, un groupe de rock californien … Vraiment de quoi se perdre en route.

Non : eux sont Ecossais ! De Fife Keith exactement, entre Aberdeen et Elgin au Nord Est. Ils sont quatre ou cinq selon les sources d’information. J’ai bien noté Roy McPherson (guitare et chant), Jamie Ogilvie(Guitare), Martyn Cowie(basse et chant) et James Smith à la batterie.

Ils ne sont signés sur aucun label. Et pourtant, pour revenir à notre pépite scintillante, leur « Sound of my own », nous avons affaire à un morceau formidable, qui nous emporte au pays des Byrds et des guitares cristallines, avec des harmonies vocales très réussies, quelques réminiscences des Stone Roses période « Made of Stone » ou de l’Australie de The Church. Le son est forcément un peu confus. Mais peu importe, nous avons là le bonheur d’écouter entre « happy fews » un très beau morceau de pop psychédélique …

Maintenant je peux aussi vous proposer un challenge : créer un groupe facebook pour faire de The Carousels le plus grand groupe du monde ! … Chiche ?

Une des volontés de notre MusicalBox est de vous emmener sur des chemins de traverse pour vous faire découvrir de la musique « pas comme les autres ».

C’est particulièrement le cas aujourd’hui, avec un voyage à Baltimore (USA) pour y découvrir un groupe pas forcément facile d’accès, mais passionnant : Lower Dens.

Le groupe est né en 2009, formé par chanteuse folk lo-fi Jana Hunter. Il compte désormais cinq membres : le guitariste William Adams et Geoffrey Graham (basse) présents depuis deux ans aux côtés de Jana Hunter (guitare et chant), auxquels il faut désormais ajouter un nouveau batteur, Nate Nelson (Mouthus, Crazy Dreams Band) et un clavier et guitariste occasionnel Carter Tanton (Marissa Nadler, Drug Rug, et deux solo albums).

Leur premier album , « Twin-hand movement » est paru en juillet 2010. Il a rapidement connu un succès d’estime, notamment grâce à Pitchfork, permettant au groupe d’enchainer sur une (très) longue tournée, côtoyant notamment Beach House ou Deerhunter.

Ecrit pendant cette tournée par Jana Hunter qui a élargi sa palette instrumentale avec l’usage des claviers, le deuxième album, « Nootropics » sortira fin avril début mai, on a le temps, chez Ribbonmusic/Domino.

« Brains » est le premier single extrait de cet album. Il commence avec un rythme de petit train à la caisse claire, puis monte crescendo avec une ligne de basse sombre et des accords hantés de guitare puis évolue dans un registre atmosphérique et ténébreux, où on s’attendrait presque à entendre la voix de Win Butler d’Arcade Fire, de Ian Curtis de Joy Division ou de Guy Chadwick d’House of Love (pour les plus vieux d’entre vous), avec un chant incantatoire qui répète un mantra épique. Les textes évoquent les rapports à la technologie, à l’intelligence artificielle, drapés dans une new wave expérimentale et sépulcrale, accrochée à une pulsation métronomique envoutante.

Aujourd’hui je vous propose une de nos activités préférées : la découverte d’un nouveau groupe.

Model Society viennent de Kilburn, quartier multiculturel du nord-ouest de Londres.

Ils sont nés en 2009 d’une rencontre dans les bureaux de PRS for Music, (la Sacem Anglaise) entre Danny Clare et Stephen Kelly, respectivement clavier et guitariste, compositeurs tous les deux. Ils se découvrent une passion commune pour la brit-pop à guitare avec du caractère : de Blur à Bloc Party et des Smiths aux Stone Roses. Ils sont rejoints ensuite par Samuel Wilkinson à la batterie et Antoine Richert à la basse.

Ils ne revendiquent pas l’avant-garde et l’originalité. Priorité à l’efficacité et la sincérité, avec des morceaux tendus, dans un esprit post-punk hanté par les Buzzcocks, Clash ou les Stranglers (pour les petites touches de claviers au premier plan), dans des chansons emballées en moins de trois minutes avec des refrains entêtants, entonnés avec rage et énergie.

Après des concerts plutôt convaincants, à la fois par leur qualité mélodique et leur sauvagerie, avec Danny le chanteur, plutôt désinhibé et n’hésitant pas à défier le public, ils commencent à éveiller la curiosité du microcosme rock. Un premier single, « Systematic » est sorti en septembre 2011 chez Fandango, label détecteur de nouveaux talents dont l’un des patrons, Simon Wiliams, avait publié les premiers singles de Coldplay et de Keane …

Leurs nouveaux morceaux ont été produits par Paul Tipler, qui a déjà travaillé avec Placebo ou Idlewild.

Ils l’affichent clairement : « nous ne faisons absolument pas de la pop-bubblegum ». Effectivement leurs textes soulignent le marasme social de la vie dans les banlieues urbaines, de l’attente impatiente du jour de la paie à l’augmentation des tarifs du ticket de metro comme sur ce clip d’« Horizons », où le ciel bleu lutte en arrière-plan avec les nuages sur les toits déserts de la ville.

C’est leur nouveau single à paraitre le 27 février 2012.

C’est un grand plaisir d’assister au retour de Stephin Merritt et de sa bande des Magnetic Fields.

Ce vénérable groupe Américain (leur premier album date de 1991 !) nous revient avec un nouvel album : « Love at the bottom of the sea » qui sortira le 5 mars. Ils reviennent aussi sur scène avec une vaste tournée en 2012, commencée aux USA (souvent à guichets fermés) via South by south west pour enchainer avec l’Europe.

Pour ce nouvel opus, ils ont remisé au placard le folk à guitare de leur « trilogie sans synthé » (les albums parus depuis 2004 « I », « Distortion » et « Realism ») et sont revenus à des arrangements plus habituels mêlant instruments acoustiques et synthétiques, ingrédients du succès du groupe avec le mythique « 69 songs » de 1999.

Les chansons, qui font toutes moins de trois minutes, ont été enregistrées à Los Angeles, San Francisco et New York, avec les complices habituels de Merritt : Claudia Gonson, Sam Davol, John Woo, Shirley Simms, Johny Blood et Daniel Handler.

Stephin Merritt est vraiment un personnage à part dans le monde du rock de ces 20 dernières années. C’est un touche à tout qui passe de la pop des sixties à celle plus synthétique des années 80, puis à la country ou au folk. Dilettante aussi, multipliant les projets parallèles qui n’aboutissent jamais. Fragile enfin, souffrant d’hypersensibilité au bruit il est contraint de porter des bouchons quand il joue ou de se protéger les oreilles quand le public applaudit.

Est-ce pour ça qu’il a souvent fuit le succès ? Lui qui déclarait « Mon boulot est d’écrire les chansons, pas de les vendre » a toujours fait preuve d’une grande humilité, dissimulant ses chansons d’amour derrière une pop éclectique et minimale, érigeant la lose en art de vivre.

Pour ce nouvel album, il a écrit comme toujours des chansons d’amour, mais il aborde aussi de manière malicieuse les codes et les genres, comme dans cet « Andrew in Drag »

Crystal Palace est un quartier du Sud de Londres, célèbre, depuis la destruction du Palais de Cristal en question, surtout pour son club de foot, les « Eagles », qui font régulièrement l’ascenseur entre la Premier League et la division inférieure.

ST. SPIRIT, quintet du même quartier a lui un ticket qui devrait lui permettre de rester quelques saisons au plus haut niveau.

Ce n’est pourtant que leur premier vrai single, mais on est impressionnés par leur professionnalisme, surprenant chez des musiciens d’à peine vingt ans.

Leur Esprit Sain, c’est celui qui habite Loveless, album séminal de My Bloody Valentine, matrice définitive et source revendiquée de leur naissance. Ils en ont tiré un goût pour la recherche sonique expérimentale, les ambiances froides et tourmentées, qui est aussi nourri par un autre groupe essentiel : Radiohead.

Par exemple dans « Pigeon », avec une intro douce et crépusculaire, puis un crescendo vers le refrain ou les chevaux sont lâchés, le rythme devient frénétique et syncopé, les mélodies de Myles McCabe, chanteur charismatique, sont emportées dans un tourbillon de lyrisme, sans tomber dans le pompier ni l’excès de matières grasses. Leur rock que l’on peut qualifier sans crainte de progressif est contenu grâce à une maitrise instrumentale et à la dextérité musicale de chacun.

Ils travaillent dans un esprit très « Do It Yourself », puisque les morceaux ont été enregistrés dans la chambre de Sam Robson, guitariste et co-fondateur du groupe, et les vidéos réalisées par Max , le frère du chanteur. Mais attention, la cohérence sonore est assurée par le mixage réalisé par Adrian Bushby, qui a déjà travaillé avec du beau monde : Muse, Smashing Pumpkins, Foo Fighters ou Depeche Mode.

C’est une belle réussite de rock-new wave Anglais typique, certes émotif et noir, mais fait pour convaincre le public, voire les stades.

« Pigeon » est leur premier single. Il sort sous forme d’un E.P le 20 février .

Nouvelle visite dans le quartier des orfèvres de la pop, avec la découverte bienheureuse de « Black Lights », premier album du projet solo de Sam GENDERS, l’ex chanteur de Tunng, qui a quitté le groupe juste avant le succès de « Good Arrows » en 2007. Après un break de trois ans passé dans l’enseignement, le voici de retour.

Sa ligne directrice était de ne surtout pas refaire du Tunng. Il est donc allé se réfugier dans le studio de Mark Brydon, ancien Moloko, spécialisé dans la musique électronique et la programmation.

Ce binôme très complémentaire a donné naissance à un disque qui réuni les deux facettes des personnages : l’élaboration ambitieuse de perles mélodiques du chanteur et les fantaisies plus expérimentales de son producteur. On oscille entre Sufjan Stevens et Metronomy. Une touche de classicisme (des cordes et des cuivres) et une touche d’electro, avec plusieurs pistes de voix empilées toutes en harmonies apaisantes pour faire le lien.

Le résultat est un palais féérique, construit pierre par pierre, un labyrinthe de pop sophistiquée ornée de petites trouvailles sonores. Diagrams aborde les thèmes de la nature, de la science ou de la psychologie. Depuis sa période Tunng, Sam explique volontiers que ses chansons ont glissé sur un « versant plus positif » et qu’il a pris confiance en lui.

Le disque est sorti sur le label très inspiré Full Time Hobby, dont nous adorons ici de nombreux groupes (School of Seven Bells, Timber Timbre, Hooded Fang).

Voici la vidéo du single : « Tall Buildings », et juste après le streaming du titre de l’album que je préfère : « Ghost Lit ».

Un des objectifs de notre Musical Box est de vous faire découvrir des groupes pas toujours connus et venant des quatre coins du monde et pas forcément toujours des mêmes pays (villes – quartiers ?) branchés.

Mine de rien nous vous avons déjà fait voyager en Russie, Canada, Angleterre, USA, France, Estonie, Nouvelle Zélande, Italie, Suisse, Finlande, Corée, Suède, Ecosse, Pays de Galles, Grèce, Islande, Belgique, Allemagne, Pologne, Australie, Pays Bas et Croatie… Pas mal en 5 mois ?

Et ce soir voici une zone inexplorée de notre planète musicale : la Norvège.

Team me est au départ un side project de Marius D.Hagen, musicien déjà impliqué chez SiN et Jaqueline, qui se présente en 2010 à un concours de nouveaux talents organisés par la radio nationale Norvégienne et se retrouve lauréat, obligé de constituer un groupe dans l’urgence pour la finale en live. Team me est né.

Viennent ensuite des singles « Fool » et « Weathervane & chemicals », et une participation remarquée aux festivals Scandinaves de l’été 2010. Le premier E.P 5 titres sort au début 2011, produit par Tom Mc Fall (REM, Bloc Party, Snow Patrol). Ils assurent également les premières parties de British Sea Power et des Wombats.

On retrouve chez eux la fraicheur des chorales pop Scandinaves qu’on adore (I’m From Barcelona), mais bonifiée d’une touche d’expérimentation et de sophistication à la Animal Collective ou Flaming Lips. Le résultat est donc lumineux, symphonique et aérien, parfois même un peu trop sirupeux . Marius cite comme influences fondatrices Sufjan Stevens et Patrick Wolf, à qui il dédie un titre de l’album.

Il existe en effet un album d’actualité,« To the Treetops! », paru à Oslo en octobre 2011, mais dont la sortie Européenne est prévue le 24 Février 2012. Il a été auto-produit par Marius Hagen et le groupe et sort chez Propeller Music.

Les médias Norvégiens l’ont salué comme le meilleur debut album jamais réalisé par un groupe Norvégien .
A nous de les découvrir désormais …

Euh … non : ils n’ont rien à voir avec le groupe de hard Français des années 70 (« Antisocial tu perds ton sang-froid » et autres « Saumur le bastion de l’ordure »). Ce Trust là vient du Canada et même de Toronto. C’est décidément notre ville en ce moment puisque nous y étions déjà il y a quelques jours avec les épatants Hooded Fang et leur surf-rock déjanté.

Mais Trust officie dans un tout autre registre, ranimant la flamme de la pop gothique de l’afterpunk des mid-eighties. Ce duo est constitué de Maya Postepski, qui tient la batterie chez Austra, et d’un chanteur, Robert Alfons.

Déjà remarqués à l’automne avec un premier single « Bulbform », ils s’apprêtent à sortir le 28 février leur premier album « Trst » chez Arts & Crafts.

« Sulk » est le premier single extrait de cet album. C’est un étonnant morceau electro-gothique dans lequel la voix mélancolique et douce de baryton de Robert est soutenue par une rythmique lourde et des cascades de synthés. L’ambiance est sombre, brumeuse. Il s’agit d’une musique pour les dance floors glauques et moites, en fin de nuit, quand le temps est à la dérive et l’errance dans un état second.

Alors laissons nous embarquer dans les clubs louches de Toronto avec délices …

Retour à du basique aujourd’hui, avec The INDICATORS.

C’est un trio punk-rock qui vient de Littlehampton (photo), charmante station balnéaire Anglaise de 25 000 habitants située entre Brighton et Portsmouth.

Et si on en croit les trois lads du groupe (Simon Denton à la guitare et au chant, Aaron O’Mara à la basse et Richard Mayberry à la batterie) la vie est loin d’y être palpitante.

Ils chantent de manière honnête et drôle l’ennui et les petites histoires de trois ados vivant dans une ville sinistre en période de récession et de crise. Bref le terreau habituel et fertile de la rébellion punk : l’ennui, la pauvreté et l’absence de perspective d’avenir. La musique est alors le seul échappatoire, avec le foot comme plan B.

Mais attention, ne pas se fier à leur allure de losers. Ils bénéficient d’une grosse hype en ce moment, largement diffusés sur les ondes de la BBC, produits par un cador (Dave Allen producteur de Cure, Wire et Depeche Mode rien que ça).

Leur deuxième single « Simon D » sort le 6 Février. Il raconte en 2 minutes de miaulements, d’aboiements et de choeurs à l’haleine fortement impregnée de houblon, l’histoire de Simon (autobiographique ?) qui se lamente d’être obligé de faire du piano par ses parents alors qu’il rêve de jouer au foot, mais est malheureusement un joueur calamiteux …

Aujourd’hui, cap sur le Canada pour découvrir Hooded Fang.

Hooded-Fang

J’entend déjà ricaner nos (très nombreux – merci les gars et cheers …!) lecteurs d’Amérique du Nord, car « Tosta Missa » est sorti là-bas en juillet 2011. Mais il faut croire qu’il a été acheminé à la rame, puisqu’il n’est sorti en Europe qu’à la toute fin 2011.

Il s’agit donc du deuxième album de cette joyeuse bande de Toronto (quatre gars et trois filles au départ), repérés en 2010 avec leur premier disque baptisé « Album », qui contient le très beau « Laughing », une pop apprêtée et hantée soutenue par des cuivres à la Beirut et magnifiée par la voix profonde de Daniel Lee, le chanteur et guitariste.

Pour ce deuxième album, changement radical d’ambiance avec un esprit beaucoup plus festif et énervé. Imaginez l’intersection entre Belle & Sébastian, les premiers Beatles, le surf-rock des sixties et les jeunes Libertines, l’attitude punk en moins, la coolitude en plus. ça joue donc très vite, guitares en avant, mélodies qui galopent derrière, cuivres ensoleillés (trombone et trompette), et un son (un peu trop ?) garage et dirty. Ils citent pourtant des influences plus sages et pop : Magnetic Fields, New Order ou Destroyer.

Ils ne sont plus que quatre désormais : Daniel, April Aliermo (basse et chant), D.Alex Meeks (Batterie) et Lane Alley (Guitare, Cuivres).

Leur nom est tiré d’un livre pour enfant, et on retrouve effectivement un esprit assez BD dans leurs visuels, avec sur la pochette des masques de catcheurs Mexicains. En tout cas un record est battu : 10 titres en 22 minutes !

2012 pourrait bien être leur année. Ils sont programmés au SXSW, le festival-évènement d’Austin en mars prochain et ils viennent de signer avec le label Anglais Full Time Hobby (Timber Timbre, School of Seven Bells, Tunng). C’est d’ailleurs à cette occasion qu’ils nous gratifient de cette nouvelle vidéo pour « Vacationation ».

Alors : à vos marques ? Prêts ? Partez !

Voici les nouveautés de cette semaine à noter : Lana Del Rey : « Born to die « , dont nous avions annoncé dès la fin de l’été le talent et le futur succès, et le debut album de Django Django, très bon disque de ce début 2012.

Mais respectant l’art du contrepied de notre MusicalBox, j’ai choisi de vous parler d’Ewert and the Two Dragons, un groupe Estonien !!!

Mais si … l’Estonie, pays Balte, de 1.2 millions d’habitants situé sur l’extrémité occidentale de la Russie et qui lorgne vers la Scandinavie de l’autre côté de la mer Baltique.
Et la musique rejoint la géographie … Le parallèle est évident. On retrouve dans Ewert & the Two Dragons la fraicheur et la naïveté des groupes pop-folks Scandinaves (I’m from Barcelona, 22 Pistepirkko, Wannadies, Cardigans, Kings of Convenience) , l’amour de la nature et des chansons simples et chaleureuses. Une pop artisanale, sans prétention, aux aromes de feu de bois et aux essences des forêts de conifères nordiques, loin du bruit de fond médiatique.

En fait ils sont quatre : le fameux Ewert, Sundja de son nom, clavier et chanteur. Et ses deux dragons sont trois : Erki Parnoja (guitariste), Kristjan Kallas (Batterie) et Ivo Etti, Basse.

Apparus à Talinn en 2008, ils ont tout d’abord fait des reprises de Jeff Buckley ou Radiohead. Après un premier album confidentiel en 2009, « Good Man Down » est leur deuxième album, sorti en Estonie en avril 2011, sur un label indépendant. Il est resté pendant 30 semaines n° 1 là bas !!!

La distribution Européenne est plus compliquée, mais grâce à un label Bordelais « Talitres Records » il est sorti en France aujourd’hui, 30 janvier. Précipitez vous pour l’écouter …

Le deuxième album des Ting Tings constitue forcément un évènement très attendu. Sans doute trop.

Comment retrouver l’inspiration créatrice après avoir sillonné tous les plus grands festivals de la planète pendant ces trois années ? Comment rebondir après le succès phénoménal connu avec « We started nothing » en 2008 et ses tubes « Great DJ », « Shut up and let me go » ou « That’s not my name »?

Et hélas il faut reconnaitre que ça ne rebondit pas …

Il se dégage de ce disque l’impression que le duo de Leeds et Manchester (Jules de Martino et Kathy White) s’est perdu et part dans toutes les directions. Les premières sessions d’enregistrement avaient été effectuées à Berlin, et contaminées par le son techno et electro de la ville, concrétisées par la sortie de « Hands » en 2010, échec commercial. C’est donc ensuite un changement radical de cap qui s’est produit après un séjour de Jules et Kathy en Espagne, influencé par des styles musicaux plus acoustiques (le flamenco ? la zumba ?!?). Résutat : « Sounds from Nowheresville », est vraiment le « son de n’importe où » voire de « n’importe quoi ».

Détaillons tout ça en suivant l’ordre du disque :

« Silence » constitue une belle introduction, pépite 80’s pop synthétique et mélodique, pleine de promesses, vite déçues par :

« Hit me down Sonny » qui commence avec un rythme de batterie sympa, mais se transforme assez rapidement en ragout hip hop/ R’N’B et indigeste (Kathy est loin d’être la reine du flow)

« Hang it up » : l’espoir renait (un peu) avec ce morceau qu’on peut entendre depuis quelques mois déjà, sans doute le plus proche du précédent album et complément à l’efficacité de « Shut up and let me go ». Mais à l’ombre du hip hop des Beastie Boys d’il y a 25 ans …

« Give it back » commence avec une guitare indie rock et surprend avec Jules qu’on entend chanter plutôt bien, vite rejoint par Kathy pour un duo à la The Kills, qui monte crescendo en tension, intensité et gros son pour finir en apothéose noisy. Le seul moment de rock n’roll de ce disque.

Car avec « Guggenheim », abracadabra nous voici dans le monde de la pop 60’s façon Ronettes ou Nancy Sinatra, le temps que déboule (encore !) une rythmique hip hop assez lourdingue et que Kathy se mette à brailler. Allez on passe vite à :

« Soul Killing » et son ska (non vous ne rêvez pas !) qui d’abord surprend, puis colle un peu aux oreilles (c’est quand même très très orienté pour les charts underage), puis les irrite franchement, tout en reconnaissant que c’est un tube et qu’on l’entendra sans doute partout en 2012 … Dans cette catégorie c’est réussi.

On rebranche les synthés avec « One by One » , sans doute un morceau de la période Berlinoise, pas mal fichu, assez tubesque lui aussi, nettement allégé par rapport au reste du disque. Une réussite.

Et patatras ! On se prend « Day to day » en pleine poire. Dégoulinade R’N’B qu’auraient pu chanter avec bonheur Beyoncé ou Rihanna. Peut-être pour plaire à leur label Roc Nation, le même que Jay-Z. Le sésame pour cartonner aux USA ?

« Help » folk pop mélodique et sa progression d’une intro en arpèges à la guitare acoustique jusqu’à l’hymne final aux harmonies surprenantes.

« In Your life » finit l’album avec une chanson douce et atmosphérique accompagnée par un violon et une guitare toute en vibrato.

Bref que penser de ce disque ? Une idée force : la confusion. « Sounds from Nowheresville » n’est pas cohérent ni homogène, tant dans les styles, trop différents, que dans la qualité des chansons. Refaire un « We started nothing » n’était surement pas une bonne idée mais au final The Ting Tings n’ont pas trouvé dans quelle direction aller. Comme on les aime bien, on ne va surement pas tout jeter. Il y a sur ce disque quelques bons morceaux. Et puis on ne peut pas non plus oublier l’immense talent de leur premier album au motif d’un deuxième nettement moins abouti.

Il faut aussi se dire qu’au fur et à mesure des écoutes successives d’un disque parfois des miracles surviennent. Et enfin que sur scène les morceaux prennent parfois une dimension nouvelle qui change tout. Et c’est une certitude : sur scène ils sont excellents, et d’ailleurs auréolés de tout un tas d’awards pour leurs prestations scèniques.

En attendant de vous parler bientôt de l’album des Ting Tings, je ne peux résister au plaisir de vous faire découvrir une nouvelle trouvaille.

This Many Boyfriends est un groupe de Leeds, composé de quatre garçons Richard (lead vocals), Tom (bass, Dan (lead guitar), Pete (rhythm guitar, backing vocals), et une fille Laura à la batterie.

Leur nom vient d’une chanson de Beat Happening en 1988, « The This Many Boyfriends Club », célèbre pour avoir été l’une des préférées de Kurt Cobain.

Mais eux revendiquent un style « indie fun pop » et citent une quantité d’influences incroyable : PJ Harvey, The Slits, Jonathan Ritchman, Otis Redding ou Joy Division, et surtout beaucoup plus évident quand on les écoute : Orange Juice et The Smiths.

Voici donc de l’indie pop adolescente, jouée guitares en avant à une vitesse supersonique, avec refrains mélodiques et accrocheurs, qui aurait aussi pu figurer dignement chez Wedding Present ou Buzzcocks.

Le groupe était annoncé comme un grand espoir pour 2012, mais malheureusement ils ont été frappés par un drame, puisque Peter Sykes, leur guitariste est mort d’une hemorragie cérébrale fin 2011. On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait pour le groupe, mais il reste en tout cas ce formidable titre, avec une vidéo poilante : « Young Lovers Go Pop ».

Retour à l’actualité des sorties discographiques de ce mois de janvier, avec beaucoup d’albums intéressants.

« America Give Up » de Howler, confirmation du talent de ce groupe phare du début 2012. S’y ajoutent Tennis avec « Young and old », The 2 Bears « Be strong » et même les Ting Tings avec « Sounds from Nowheresville ».

Mais j’ai surtout été convaincu par TRAILER TRASH TRACYS et leur premier album « Ester ».

Il s’agit d’un quatuor Londonien, formé par Suzanne Aztoria, Jimmy Lee, Dayo James et Adam Jaffrey, qui se sont révélés en première partie des formidables The XX (dont on devrait avoir des nouvelles bientôt d’ailleurs).

Suzanne la chanteuse, est une punkette d’origine Suédoise, venue vivre à fond sa musique en Angleterre. Le nom du groupe a d’ailleurs été emprunté à un bar mythique de Stockholm.

Ils définissent leur musique comme « minimal industrial surf ». Traduisez un style très épuré et dépouillé, une atmosphère caverneuse et mélancolique qui suinte à partir des effets de reverb et d’écho caractéristiques de ce groupe. Mais il ne faut pas oublier les mélodies qui sont omniprésentes, élaborées et très réussies. Un cocktail shoegaze + chant mélodique qui évoque donc forcément Jesus and Mary Chain, My Bloddy Valentine et surtout Cocteau Twins, influence n°1 et revendiquée par Suzanne.

Une démarche originale et expérimentale aussi, puisqu’ils utilisent pour leur écriture musicale la « Solfeggio Scale » une ancienne gamme utilisée il y a des siècles dans le chant Gregorien et le chant Sanskrit et à laquelle on prête le pouvoir de transporter ses auditeurs dans un autre monde de spiritualité, voire même d’influencer la structure de votre ADN…

Alors qui essaye ?

Encore des nouveaux venus avec ce quintet de Nottingham.Ville du nord est de l’Angleterre célèbre pour ses clubs de foot ( le mythique N.Forest de Brian Clough et le plus vieux club du monde, Notts Co) plus que pour ses groupes de rock, qui se comptent sur les doigts de la main dans une ville plus attirée par la scène dubstep et grime.

Ce sont des amis d’enfance qui jouent ensemble depuis l’âge de 13 ans. Ils se sont fait connaitre en première partie des excellents Cajun Dance Party en 2009, puis lors de la scène BBC au festival de GlastonBury en 2010. Puis s’enchainent les sorties de singles : « Glockenspiel Song » en juin 2010, « Young » en mai 2011 et « River Jordan » et « Hands down » fin 2011.

Leur style ? Ils revendiquent un mélange de nombreux ingrédients : indie-pop, disco , jazz et folk. On retrouve une tonalité de guitares « afro pop » que n’auraient pas reniée Vampire Weekend ou Two Door Cinema Club. L’ambiance est plutôt festive et ludique, et leur musique est un excellent moyen d’apporter de la bonne humeur dans la grisaille ambiante.

On peut dire qu’ils écrivent de vraies chansons pop rock aux mélodies accrocheuses, mais masquées sous une couverture miteuse indie-arty. Mais attention ne vous y fiez pas. Ils sont désormais signés chez Atlantic et vont sans doute débouler en haut de l’affiche. D’ailleurs le NME les a listés dans les 10 groupes à suivre pour 2012.