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Retour obligatoire sur le nouvel album de Vampire Weekend.

Il y a deux mois, nous vous faisions part de nos doutes sur ce disque dont les premiers titres semblaient pour le moins inquiétants, en particulier le très lourdingue et dispensable single « Diane Young ».

Et bien c’est une bonne nouvelle : « Modern Vampires of The City » est un excellent troisième album, et on peut déjà parier qu’il figurera dans les premiers lors des classements de fin d’année!

vampire weekend

Vampire Weekend franchit haut la main l’épreuve du troisième album dans laquelle bon nombre de leurs collègues jeunes-rockers-propulsés-au-firmament-dès-le-premier-album se sont fracassés de leur nuage doré pour sombrer dans les ténèbres des oubliettes éternelles.

Ils n’ont pas cherché à reproduire leurs premiers albums en recyclant la délicieuse pop Africaine et branchée de « Vampire Weekend » en 2007 où l’énergie synthétique et hip hop de « Contra » en 2010.

Ce nouvel album est très nettement marqué par une volonté d’évolution et de progression. Vers quoi ? Une caractéristique essentielle de « Modern Vampires of the City » est la MATURITE. Les jeunes preppies vifs et sautillants des débuts se sont métamorphosés avec les années en un groupe plus sérieux et solide. Bien sûr en entend toujours cette inspiration Africaine et word-music habituelle chez eux, mais déclinée sur un mode paisible et serein. Les tempos se sont nettement ralentis. Les compositions si denses auparavant laissent apparaitre de l’espace et du temps dans leur trame musicale.

Produites par le très bling bling Ariel Rechtshaid (Usher, Major Lazer), les chansons sonnent quand même justes et bien moins surproduites que sur « Contra ». Les orchestrations sont magnifiques, avec des sons de piano, de clavecin ou de cordes superbes. Les thèmes des chansons sont plutôt méditatifs et sombres, autour de la mort, de l’espoir ou de la foi. Ce qui n’empêche pas une délicatesse et une fulgurance dans les mélodies, tantôt touchantes, tantôt carrément tubesques. Le binome Ezra Koenig + Rostam Batmanglij fonctionne parfaitement avec l’intelligence et l’érudition de l’un et la qualité de musicien et d’arrangeur de l’autre.

Au fil des écoutes, chaque morceau dévoile ses charmes cachés derrière des chœurs célestes, ou ses trouvailles sonores savamment orchestrées. Le disque est une mine d’or dont les pépites se nomment « Hannah Hunt », « Step », « Everlasting Arms » ou le très oriental « Ya Hey ».

Nous avons devant nous un disque majeur de l’année 2013. Gloire à nos vampires préférés !

Hola a todo el mundo ! Avec ces salutations latines connues de tous se construit « H.A.T.E.M », l’acronyme du groupe que nous avons choisi de vous faire découvrir aujourd’hui.

HATEM

HATEM nous parvient depuis Madrid, nouvelle preuve de la vitalité de la musique rock Espagnole, louée il y a peu dans nos colonnes avec Crystal Fighters. Ils sont hébergés par l’excellent label Mushroom Pillow, qui compte dans ses rangs les Basques Delorean et surtout l’un de mes « énaurmes » coup de coeur de l’année écoulée : Cut Your Hair.

Ils n’ont franchi que récemment les Pyrénées grâce à la publication en France de leur album « Ultraviolet Catastrophe », déjà sorti depuis 6 mois en Espagne. Ils seront également présents à l’affiche de l’excellent Festival Europavox à Clermont Ferrand le 24 mai.

Bref ce n’est que maintenant qu’on découvre Hola A Todo El Mundo, ainsi nommés à leur naissance au printemps 2006 d’après un poème de Walt Whitman. Ce quatuor a gravi les échelons du succès petit à petit. D’abord il y eut de bonnes prestations scéniques dans les festivals (Wintercase en 2008 et Primavera Sound en 2009). Puis la reconnaissance de leur talent par la presse nationale (Mondo Sonoro, El Pais) puis internationale (Rolling Stone). Leur premier album, paru en 2010, a été nommé en Espagne « meilleur album de pop indépendante ».

« Ultraviolet Catastrophe » est leur deuxième album. Il marque une évolution vers une musique électronique, qui oscille entre shoegaze et chillwave au lieu de la pop champêtre de leurs débuts. Ils jouent désormais de la pop mélodique à base de synthés, faite pour danser, mais avec une pointe de nostalgie et d’émotion qui nous touche particulièrement. On entend chez eux l’évocation d’un monde magique et onirique, bien loin de la tristesse de la réalité quotidienne. Le dance floor s’ouvre sur un nouvel espace en abattant les murs qui l’écrasent d’habitude. Le regard s’élève dans les étoiles et la musique prend de la hauteur et de l’élégance.

C’est clairement le cas sur « They Won’t Let Me Grow », avec un clip en osmose totale avec leur musique, dans lequel la nostalgie de l’enfance émerge avec une grande sensibilité.

Des nouvelles de The DODOS ! Ils reviennent le 27 Aout prochain avec « Carrier », leur quatrième album, qui succédera à « No Color » paru en 2011.

the dodos

C’est vraiment une bonne nouvelle. car ce duo Californien nous accompagne régulièrement depuis 2008 et l’album révélation « Visiter ». Ce fut à l’époque une sacrée surprise de découvrir leurs compositions folk déjantées et si particulières élaborées autour d’un explosif binôme guitare et batterie. Meric Long joue de la guitare acoustique de manière épileptique, mais chante de manière opposée dans un style tout en douceur mélodique et très apaisé. Quant au batteur, Logan Kroeber, il assure à lui tout seul le rythme sur un drum-kit sans grosse caisse, avec en plus de véritables arrangements et gimmicks produits par des percussions sur tout ce qui l’entoure : ses cuisses ou son siège, les pieds de cymbale ou l’extérieur de ses toms !

Voilà un exemple de ce que ça peut donner en live.

« Visiter » nous les fit découvrir et apprécier en 2008. C’est ensuite la confirmation avec « Time to Die » en 2009, qui établi définitivement l’excellence des compositions et l’énergie sauvage de The Dodos. En 2011, avec « No Colour », leur démarche musicale évolue quelque peu avec l’intégration d’un troisième musicien, le vibraphoniste Keaton Snyder, qui amène des arrangements plus élaborés et moins bruts.

Leur carrière a aussi été marquée par un drame : la disparition brutale de leur guitariste additionnel pour les concerts, le Canadien Christopher Reimer, survenue l’année dernière. Cette mort brutale les a évidemment profondément marqués. A un tel point que l’écriture de leur nouvel album « Carrier » a été très influencée par ce que représentait affectivement et musicalement Christopher Reimer pour The Dodos, notamment à travers l’utilisation plus importante de la guitare électrique.

Le disque sera publié le 27 Aout sur un nouveau label, Polyvinyl. Le premier extrait de l’album a être rendu public est « Confidence ». C’est un beau morceau imprégné de douceur et de recueillement, serein et harmonique au début, avant de s’embraser au décollage dans une calvacade électrique et puissante. Du très bon Dodos.

Et c’est forcément pour vous dans TheMusicalBox.

C’est l’heure du grand retour pour EDITORS, avec « A Ton of Love », nouveau single qui précède l’album « The weight of your love » qui paraitra le 1er juillet chez PIAS.

Editors

Le quatuor de Birmingham ne nous avait pas habitué à pareil silence : quatre ans depuis « In This Light and on This Evening », leur précédente livraison en 2009, c’est long ! Il faut dire que dans l’intervalle le groupe a connu des tensions, traduites par le départ du lead-guitariste Chris Urbanowicz il y a un an. De nouveaux musiciens sont venus renforcer le line-up : Justin Lockey et Elliott Williams. De long mois de crise d’inspiration créatrice également, avec beaucoup de mal chez Tom Smith chanteur et leader, pour parvenir à composer et écrire des nouvelles chansons à la hauteur du passé du groupe.

Comme souvent dans ces cas-là, l’écriture s’est concentrée sur la simplicité, un côté direct et immédiatement accessible des chansons, capables d’être jouées sur une simple guitare acoustique. Finis les synthés un peu collants de l’album précédent, qui, il faut bien le reconnaitre, n’étaient pas enthousiasmants. Les ombres tutellaires citées par Smith sont R.E.M et Arcade Fire, assez loin finalement des influences de leurs débuts telles Echo & The Bunnymen, The Chameleons et U2.

editors the weight of your love

L’album est produit par Jacquire King (Tom Waits, Of Monsters And Men, Kings Of Leon) et mixé par Craig Silvey (Arctic Monkeys, Arcade Fire, Bon Iver). Le disque a été enregistré à Nashville, dans des conditions qui visaient à se rapprocher le plus possible du son live du groupe.

On s’en rend pleinement compte sur « A Ton Of Love » : intro fracassante à la caisse claire et aux guitares jingle-jangle, rythmique très rock, où l’habituel indie-rock 80’s distancié et chic d’Editors s’encanaille de touches d’Americana. Tom Smith lâche ici sa belle voix de baryton dans un lyrisme digne de Bono ou Ian Mc Culloch, mais où on ne serait pas surpris de retrouver Bruce Springsteen ou Michael Stipe .

Voilà en tout cas un single puissant et dévastateur qui marque idéalement le nouveau territoire musical convoité par Editors.

Notre dernière incursion de l’autre côté des Pyrénées commençait à dater quelque peu. C’est donc avec plaisir que nous ouvrons notre MusicalBox en Espagne, avec CRYSTAL FIGHTERS, de retour avec un épatant single au parfum estival « You and I ».

L’album « Cave Rave » va vite le suivre avec une parution le 27 mai chez Zirkulo/PIAS.

crystal   fighters

On a toujours suivi ici d’une oreille très attentive la progression régulière de ce groupe à la fois Basque et Anglais. Crystal Fighters sont nés en 2007 quand Sebastian Pringle (chant et guitare) et son ami d’enfance Gilbert Vierich (claviers, guitares, percussions) sont rejoints à Londres par Graham Dickson (guitare/ txalaparta), et les chanteuses Laure Stockley, Mimi Borrelli et Eleanor Fletcher. Le line-up se complète avec le batteur Andrea Marongiu.

La démarche musicale de cette drôle de bande nous plait bien : sur une base electro avec synthés et guitares électriques viennent se greffer des instruments beaucoup plus traditionnels : guitare acoustique bien sûr, mais aussi des instruments d’origine Basque : le txalaparta, la danbolina ou le txistu. Pour les curieux que vous êtes certainement, voilà à quoi ça ressemble :

txalaparta

txalaparta

Danbolin

dambolina

Txistu

txistu

Le mélange electro et acoustique, techno et traditionnel est une franche réussite avec des chansons festives, sautillantes, qui combinent la dance-music avec les chansons Basques et le punk de la Movida Espagnole. Leur premier album « Star of Love », enregistré et produit par le groupe lui-même sur son propre label Zirkulo, rencontre d’emblée le succès en 2010, ce qui leur vaut de se retrouver dans des illustrations sonores de grandes campagnes de pub internationales (Diesel, MySpace). On entend beaucoup cet année là les différents singles « I Love London », « Xtatic Truth » « In The Summer » ou « Plage ».

La barre était déjà fixée assez haut, et pourtant ils se permettent de la monter encore plus, avec la réalisation de ce second album. « Cave Rave » a été enregistré par Justin Mehdal Johnsen à Los Angeles, un excellent producteur qui a déjà travaillé avec Beck, Nine Inch Nails, Air et M83.

« You & I » est le premier single. Un seul commentaire : c’est une véritable tuerie ! Voilà un tube (de l’été ?) irrésistible et frais, qui innove encore musicalement avec l’utilisation d’un Charango Bolivien, genre de ukulele à 10 cordes, mixé avec une rythmique Electro qui devrait assez vite faire trépider les dancefloor. Mais une chanson sérieuse aussi dans laquelle la belle voix de Sebastian Pingle nous explique que dans le tourbillon de la vie moderne, tout ce qui compte c’est “you and me, no one else, nothing else but you and I”.

L’Amour …. Toujours …

Installez vous. Retirez vos vêtements fragiles et enfilez votre blouse blanche et vos casques de protection. Aujourd’hui nous descendons au laboratoire pour effectuer des travaux pratiques de recherche sonique en compagnie de PUBLIC SERVICE BROADCASTING.

public broadcasting service

Il est assez jubilatoire en cette époque du « tout-prêt-à-écouter » de voir des musiciens emprunter des chemins de traverse à la recherche d’une véritable originalité créative. C’est vraiment le cas avec ce duo de Londres dont le projet est de puiser dans des films et extraits sonores de la propagande officielle des années 50 qu’ils recyclent dans des arrangements musicaux contemporains. Leur paradigme : « teach the lessons of the past through the music of the future ».

L’énigmatique J. Willgoose, Esq. joue de la guitare, du banjo (!), des claviers et des samples et son acolyte Wrigglesworth assure la batterie, le piano et d’autres instruments électroniques.

On se souvient d’une période des mid-eighties où le must dans une chanson était d’y faire figurer des extraits de dialogues de cinéma (Big Audio Dynamite), ou de les trafiquer avec des machines électro (Art Of Noise). Mais là il s’agit d’aller beaucoup plus loin. Ce n’est pas une pose esthétique et branchée. Encore moins de la nostalgie envers une époque mythique ou un age d’or révolu. Les extraits d’archives utilisés sont des commentaires d’experts sur la Bataille d’Angleterre ou des films de propagande d’après guerre. Il est donc question chez eux de manipulation de population et de contrôle médiatique. C’est beaucoup moins drôle, parfois inquiétant et souvent fascinant.

Ils ont atterri sur terre en 2010 avec un premier E.P « E.P one » en 2010, puis au fil des mois semé des titres tous aussi surprenants les uns que les autres. C’est maintenant l’heure de leur debut album « Inform – Educate – Entertain », sorti le 6 mai.

« Signal 30 » est le premier single extrait de l’album. Il réalise la fusion improbable de films Américains de prévention routière avec des guitares tendues à la Queen Of The Stone Age. Vous ne croyez pas cela possible ? Alors écoutez :

Ni pépite ni poussière aujourd’hui, mais simplement un bol d’énergie brute gorgé de power pop : laissez moi vous présenter BIG DEAL.

BIGDEAL

C’est un duo basé à Londres, et assez récent : leur rencontre remonte à 2009, quand Kacey Underwood, expérimenté guitariste originaire de Californie et prof de guitare, se découvre des tas d’affinités musicales avec la lolita Londonienne qui est sa jeune élève, Alice Costelloe.

Leur premier album, « Lights out », sort en 2011. Tous les deux jouent de la guitare, composent et chantent avec une grande complicité, qui se lit dans tous leurs interviews.

Le nouvel album « June gloom » parait chez Mute le 3 juin. Il est produit par l’excellent Rory Attwell, déjà encensé dans nos colonnes pour ses travaux avec Veronica Falls ou Paws. Il est sans doute à l’origine de l’évolution marquée du groupe, d’une pop délicate et sensible en 2011 vers un nouveau style en 2013, résolument plus rock, au son plus lourd et noisy.

En attendant, Big Deal nous délivre des extraits plutôt alléchants. Après « Teradactol » en début d’année, voici « In your car ». C’est une chanson sexy et rock n’roll qui marie le grunge distancié des slackers à un son plus pop, qui pourrait rappeler Elastica, l’un de nos chouchous des années 90.

Voilà en tout cas un titre puissant, qui emporte tout sur son passage y compris notre adhésion enthousiaste. C’est une belle bombe et un tube en acier chromé.

Attention de ne pas se fier aux apparences : Bibio n’est certes pas une superstar archiconnue de la planète rock, mais c’est loin d’être une découverte. « Silver Wilkinson », son prochain album qui va bientôt paraitre, sera en effet son SEPTIEME disque !

Derrière Bibio se cache Stephen Wilkinson, musicien et producteur Anglais, originaire de Wolverhampton très exactement, et amateur à la fois de folk et d’electro expérimentale.

Entre 2005 et 2009, ses trois premiers disques contiennent des chansons plutôt folk et intimistes, avec des arrangements ambient. Ils lui valent de signer sur le label Warp, excellent laboratoire de recherche musicale (Aphex Twin, Boards of Canada, Grizzly Bear), chez qui il publie en 2009 « Ambivalence Avenue ». C’est ce quatrième album qui retient enfin l’attention avec des chansons plus audacieuses, qui mettent le chant plus en avant, et des samples et des drum-machines orientées hip-hop, qui donnent de la consistance à ses habituels gentils arpèges de guitares et aux boucles atmosphériques de synthé.

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Après un disque de remix fin 2009, il faudra attendre 2011 pour voir Bibio revenir avec « Mind Bokeh », le sixième album. Il déçoit malheureusement par ses excès de production : les synthés sont trop lourds, les rythmiques trop electro-pop, on entend même des riffs de guitare power-pop … Richesse de production donc, mais excessive hélas.

Apparemment Bibio a maintenant trouvé le bon dosage entre ses différents ingrédients. « A tout à l’heure », single extrait du septième album « Silver Wilkinson » (sortie le 14 mai) est un bel équilibre entre des arpèges de guitare calmes et bucoliques, une boite à rythme et des percussions entrainantes, le tout lié par des arrangements de claviers orientalisants.

C’est plutôt léger, poétique et mystique, avec la voix paisible de Stephen Wilkinson qui nous sussure « à tout à l’heure », en Français dans le texte …

Beau coup de coeur cette semaine dans TheMusicalBox.

C’est l’évènement : le grand retour de MGMT ! Les Californiens sont à nouveau en première ligne de l’actualité avec un single, « Alien Days », qui préfigure l’album éponyme « MGMT » attendu pour le mois de juin.

MGMT

C’est à la suite d’un gigantesque malentendu que Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser sont devenus en 2008 les favoris de tous les hipsters de la planète. La production d’extra-terrestre de David Fridmann sur leur premier album « Oracular Spectacular » avait transformé ce groupe de rock progressif plutôt barré en un groupe iconique de pop acidulée pour midinettes, incarnée dans les (pourtant excellents) tubes « Time to Pretend » et « Kids ».

Les prestations live du groupe , très connotées « rock progressif » et au contenu un peu trop pompier, puis le deuxième album sans complaisance commerciale « Congratulations » ont par la suite remis les pendules à l’heure. MGMT est un groupe expérimental arrivé par hasard sur les autoroutes du succès mondial.

Alors forcément on attend avec beaucoup de curiosité le troisième album, épreuve difficile dans une carrière musicale, moment fatidique du « ça passe ou ça casse », avec une variante le « ça lasse »

L’écriture et l’enregistrement de l’album se sont largement étalés dans le temps. Le chantier a commencé en janvier 2012, dans l’isolement des Tarbox Road Studios de Dave Fridmann, une nouvelle fois derrière les manettes de la production. Dans les informations qui ont filtré, retenons que plusieurs morceaux ont été inspirés par REM, que l’ambiance sonore est décrite comme proche de « Congratulations », ou qu’il y aura une reprise d’ « Introspection », un titre de Faine Jade, folk-singer psychédélique de la fin des années 60 proche d’un Syd Barrett.

« Alien Days » est sorti sous forme d’une cassette audio pour le disquaire day le 20 avril. Et si l’album est cohérent avec ce titre, on devrait se régaler. C’est une chanson de pop psychédélique un peu fêlée, comme on les aime chez Tame Impala ou Flaming Lips, le genre de chanson qui aurait pu figurer dignement sur un album de John Lennon. Une chanson lente et paisible au début, qui prend son envol progressivement avec ampleur et harmonie, pour rejoindre Mercury Rev et les premiers Pink Floyd sur la voix lactée.

HOLOGRAMS est un groupe Suédois. Mais inutile d’espérer retrouver chez eux la pop chorale et festive de I’m from Barcelona ou la chillwave classe et chic de JJ. Holograms est un groupe de punk-rock.

Leur phénomènal hymne « ABC City » a tourné en boucle dans « Zistor Express » pendant toute l’année 2012. C’est donc avec plaisir qu’on accueille la sortie de leur nouveau single « Flesh and Bones ».

holograms

Holograms est un quatuor de Stockolm : Anton Spetze (guitare et chant), Andreas Lagerström (basse et chant), Anton Strandberg (drums), et Filip Spetze (claviers). Ce sont des garçons très doux et sages dans la vie, qui deviennent sur scène un gang teigneux et sauvage, produisant une musique sonique et déferlante. C’est tendu, nerveux, dégraissé jusqu’à l’os, rebelle et glacial à la fois. Leur particularité tient dans l’utilisation des synthés, assez inhabituelle pour un combo punk-rock. Cela donne un côté new-wave, voire cold-wave à leurs compos, dans une filiation Joy Division, Suicide ou early-Cure.

« Flesh and Bones » confirme nos premières impressions. Un peu moins sauvage que les premiers titres, il semble indiquer une évolution vers un style plus post-punk, où l’on entend toujours Anton Spetze chanter comme un jeune Robert Smith, avec un backing band qui rappelle Iceage, mais qui serait aussi digne des meilleurs heures du label mythique de l’âge glaciaire des 80’s qu’est Factory.

On attend la sortie d’un nouvel album dans les semaines à venir, baptisé « Forever ».

Etrange coïncidence : on évoquait il y a quelques jours Jose Gonzalez à travers sa reprise du « Heartbeats » de The Knife, tube musical et visuel avec ses petites balles multicolores. Et bien maintenant, c’est lui qui fait l’actualité, avec un nouvel album de son groupe JUNIP.

junip

Et c’est encore une nouvelle connexion avec la Scandinavie puisque Junip est un trio Suédois, structuré autour de Jose Gonzalez, chanteur et guitariste, épaulé par Tobias Winterkorn aux claviers et Elias Araya à la batterie. C’est un groupe qui a connu une longue éclipse entre son premier E.P en 2005 et le premier album, « Fields » paru 5 ans après, en 2010. Dans quelques jours va sortir le deuxième, baptisé sobrement « Junip ».

Le fait de jouer en groupe permet à Jose Gonzalez de s’évader du folk à guitare très soft qu’il à l’habitude de chanter dans sa carrière solo. La formation en trio empreinte les chemins d’une kraut-pop ombragée par les harmonies des arpèges des guitares, et le chant au timbre doux et apaisé de Gonzalez. Appelons cette ambiance du kraut-folk

« Line of fire » le premier titre extrait de l’album était une merveille de folk-song aux arrangements denses et somptueux qui montaient crescendo dans une apothéose orchestrale. Mais « Your life your call », le deuxième single, est diamètralement à l’opposé. La tonalité du morceau est basée sur les synthés, avec un travail de recherche de sons analogiques à la distorsion savamment étudiée par Tobias Winterkorn, et soutenue par des boucles de drum-machines inspirées par New Order. Le chant de Gonzalez vient se placer, lui, dans une version un peu déjantée et bancale de Pet Shop Boys ou Hot Chip.

Le résultat donne un morceau étonnant, à la fois fêlé et laid-back, funky-lounge et psychédélique, à l’image du clip qui l’illustre, intrigant et glauque …

Et on aime bien !

A l’évocation du label Sub Pop, les références qui nous viennent à l’esprit suivent la lettre « G » : Grunge, Guitar-group ou Gros son. Le label de Seattle, fondé en 1986 par Bruce Pavitt et Jonathan Poneman, a connu ses grandes heures en hébergeant dans ses studios Mudhoney, Afghan Whigs, Les Thugs et le plus célèbre de tous, Nirvana.

Depuis quelques années le recrutement du label s’est élargi, au point d’y voir fleurir la belle chorale folk Fleet Foxes, la dream pop de Beach House ou la pop apaisée d’ Iron & Wine.

C’est encore plus le cas avec STILL CORNERS, duo de pop synthétique.

still corners

C’est une drôle d’histoire que celle de Greg Hugues, musicien Texan d’Austin, parti il y a dix ans en Angleterre pour une aventure amoureuse, qui un beau jour sur le quai d’une gare inconnue où il était descendu par erreur, rencontra Tessa Murray, chanteuse Anglaise. Ils ne se marièrent pas et n’eurent pas des tas de petits enfants, mais sympathisèrent plutôt autour d’une complicité musicale étonnante qui donna naissance à Still Corners.

Après quelques titres auto produits pour se faire connaitre et tourner sur scène, ils effectuent leurs grands débuts chez Sub Pop en 2010 avec « Creatures of an Hour », disque assez insipide de pop-shoegaze. Mais pour leur deuxième album, « Strange Pleasures », qui vient de sortir, l’orientation musicale a nettement évolué vers des compositions très typées 80’s synthétiques (Eurythmics, The Passions), avec le lyrisme en demi-teinte mystérieuse des Cocteau Twins ou des bandes originales d’Angelo Badalamenti pour David Lynch.

Il faut reconnaitre que la tessiture de voix de Tessa Murray n’est pas sans nous rappeler celle de Julee Cruise, chanteuse du soundtrack de Twin Peaks. C’est le cas sur ce « Berlin lovers », petite perle de pop song arrangée par des synthés à la Fat Gadget/Ultravox, mais qui aurait aussi sa place aujourd’hui aux côtés d’Austra.

Un coup d’œil ému dans le rétroviseur de notre passé musical, revisité par cette gigantesque machine à recycler qu’est l’actualité du rock …

C’est une présence qui détonne vraiment en haut des charts. Et pourtant le nouvel album de The KNIFE figure bien dans les meilleures ventes de disques du moment. « Shaking the Habitual », voilà un titre qui convient bien à ce groupe plutôt avant-gardiste et expérimental.

the knife

The Knife est un duo Suédois, composé par le frère et la soeur : Karin Dreijer Andersson et Olof Dreijer. Ils sévissent depuis une quinzaine d’années, sous une bannière anti-commerciale, effectuant leur travaux de laboratoire sonore et visuel dans une démarche d’autogestion et de DIY. Par exemple, ils ne sont montés sur scène qu’au bout de 7 ans d’existence, quand le succès commençait à les toucher en 2006 avec leur album « Silent Shout » (meilleur disque de l’année chez Pitchfork). Peu le savent, mais c’est au duo que l’on doit l’écriture de la chanson originale « Heartbeats », qui sera reprise ultérieurement par José Gonzalès pour faire un tube en 2006 grâce une publicité réussie pour Sony (souvenez vous de ces milliers de petites balles de toutes les couleurs qui dévalent les rues en pente de San Francisco).

Leurs influences revendiquées sont multiples mais toujours de bon goût : Sonic Youth, Kate Bush, Siouxsie & the Banshees la techno et le grime pour la musique, David Lynch ou Kaurismaki pour le cinéma. La recherche visuelle est une autre de leurs spécialités. On les voit notamment souvent sur scène ou en interview affublés de masques étranges ou déguisés en animaux.

Il n’y a pas eu d’album depuis 2006, mais le duo n’est pas du tout resté inactif. En 2009, ils écrivent un opéra, « Tomorrow, In a Year », inspiré par les théories sur l’évolution des espèces de Darwin, mais dont hélas le contenu musical est un peu trop ardu et rebutant. Et surtout, la même année, Karin se lance dans le projet Fever Ray et publie sous ce nom un album d’un très haut niveau, et l’un des meilleurs de 2009.

Après de long mois de reformation, de travail et de rumeurs, voici donc « Shaking the Habitual », le quatrième disque de The Knife. Les thèmes de leurs chansons sont d’une grande importance : inspirée par le philosophe, Michel Foucault, leur écriture est profondément politique. Elle critique le néo-libéralisme et l’individualisme, le mépris de l’environnement naturel, la sclérose de la famille traditionnelle, la royauté et même le naufrage artistique de l’industrie musicale actuelle.

Sur le plan musical, « Shaking the Habitual » est un double disque de 7 et 6 morceaux, qui décline une électro barrée et tribale, portée par la voix magnifique et sans équivalent de Karin, qui évolue dans des mantras incantatoires enroulés autour de la pulsation rythmique dense (et dance) des drum-machines d’Olof. C’est à la fois organique et industriel, animal et robotique, mais toujours d’une grande originalité dans la construction et le son. Ce n’est pas un hasard si le duo est devenu une influence majeure de toute la scène electro actuelle.

Il faut donc se réjouir qu’un groupe aussi radical dans son attitude et son écriture puisse rencontrer un réel succès public, attesté par son classement actuel dans les charts Européens.

Audace et intransigeance artistique : c’est forcément à la une dans notre MusicalBox.

Quel bonheur de retrouver Edwyn Collins sur le devant de la scène ! Le vétéran et rescapé Ecossais revient en effet avec un nouvel album : « Understated ».

Edwyn Collins

Et dans son cas il nous faut ressortir de l’armoire notre vieux manuel de l’Histoire du Rock, et l’ouvrir à la page consacrée à la période Afterpunk des années 1980/81. A l’époque, en Ecosse, Postcard, un épatant label indépendant, fait découvrir au monde entier son trio magique : Aztec Camera, Joseph K et Orange Juice. Edwyn Collins est le charismatique chanteur et guitariste de ces derniers qui mêlent audacieusement la chaleur des guitares funky avec la froideur de l’attitude New Wave. En voici un bel exemple avec « Rip it up », leur plus grand succès populaire.

Après la séparation du groupe en 1985, Edwyn Collins entreprend une carrière solo, dont les débuts se font dans l’anonymat de la fin des 80’s. Le premier album « Hope and Despair » sort en 1989, sans rencontrer un grand succès en dépit de très bonnes chansons comme « 50 Shades of Blue ». Il est suivi en 1990 de « Hellbent on compromise », qui prend directement le chemin des oubliettes. On se dit que ce sera définitif. Et non ! c’est l’incroyable surprise du grand come-back de Collins en 1994, dix ans après le split d’Orange Juice, avec son troisième album « Gorgeous George » qui contient ce qui restera le grand tube de sa carrière : « A Girl Like You », une chanson inspirée par la Northern Soul et dans laquelle on entend Paul Cook, le batteur des Sex Pistols jouer du xylophone ! La chanson se classe dans tous les charts mondiaux, et même en France (16ème) ce qui n’est pas un mince exploit …

Après un tel carton, Edwyn Collins a du mal à rester à ce niveau et les albums suivants marquent une lente disparition dans l’oubli. Jusqu’à 2005, année où il côtoie l’enfer, quand le 20 février, il est victime d’une très grave hémorragie cérébrale, suivie d’une récidive deux jours après. Il ne doit son salut qu’à la dextérité des chirurgiens du London’s Royal Free Hospital qui l’opèrent en urgence et le sauvent, au prix, hélas de lourdes séquelles neurologiques, notamment une terrible aphasie (impossibilité de parler). Quand on le qualifie de rescapé, c’est sans exagération …

Car Edwyn va s’en remettre ! Aidé par ses nombreux potes musiciens dont l’un des plus fervents est Alex Kapranos de Franz Ferdinand, après de très longs mois de bagarre contre son propre corps dans un centre de rééducation, il refoule les planches des scènes rock, avec de grandes difficultés pour marcher, mais de manière incroyable, pas pour chanter ! Et fin 2009 on le revoit sur les scènes des grands festivals avec une émotion intense. Un an après, en 2010, il publie « Losing Sleep », son premier album depuis la maladie, qui remporte un bon succès d’estime.

Et nous voici en 2013. C’est la sortie de son successeur, le huitième album d’Edwyn Collins, « Understated ». On se dit qu’on va être gentil avec lui, ne pas en dire trop de mal et PAF ! C’est une grosse claque car CE DISQUE EST EXCELLENT! Notre crooner à la voix de baryton est revenu à son meilleur niveau avec une pop puissante et mélodique à la classe folle. Même si la voix dérape un peu dans les aigus, voici avec « Dilemna » une chanson qu’on aurait pu entendre sans problème chez Arctic Monkeys ou Pulp.

C’est donc avec un bonheur total et une grande émotion que nous vous présentons dans TheMusicalBOx le grand retour dans la lumière de ce personnage à l’histoire si particulière.

C’est un des albums les plus attendus de 2013 : « Trouble Will Find Me », le sixième album de The NATIONAL.

Matt Berninger et sa bande ont finalement annoncé sa sortie pour le 20 Mai prochain, toujours chez 4AD. Quelques longues semaines d’attente qui risquent d’être vécues avec impatience, tant The National est devenu un des groupes majeurs de notre époque, et l’un de nos préférés. Depuis leurs débuts il y a plus de 10 ans et au fil de chacun de leurs excellents albums, « Aligator », « Boxer » ou « High Violet », ils sont devenus les meilleurs amis de nos haut parleurs. Vous les entendez d’ailleurs très régulièrement dans nos différents radio programs.

the-national

Pour ceux qui les auraient ratés jusqu’ici, The National est un groupe originaire de l’Ohio et installé à New York, étonnamment formé autour de deux fratries, les jumeaux Bryce et Aaron Dessner, aux guitares et claviers, les frangins Devendorf assurant la section rythmique avec Scott à la basse et Bryan à la batterie. Sans oublier l’emblématique Matt Berninger, chanteur à la voix de baryton chaude et rocailleuse, personnalité forte et attachante derrière sa dégaine hyper-classe de beautiful loser.

On les avait quittés en 2010 avec « High Violet », magnifique disque de chansons mélancoliques et ténébreuses, d’où culminait l’hymne « Bloodbuzz Ohio » avec son rythme rebondissant et son maelström de guitares majestueuses. Et forcément on les attend un peu sur le bord du chemin …

Trouble_Will_Find_Me

Pour « Trouble Will Find Me », pas de grosse révolution. Le groupe reste constant dans le contrôle et la maitrise de sa production. Le disque est auto-produit en partenariat avec Peter Katis, déjà derrière les manettes pour les albums précédents, et a été enregistré dans la banlieue de New York. Ils ont convié plusieurs de leurs potes à participer à certains titres : St. Vincent, Sharon Van Etten, Sufjan Stevens, Nona Marie Invie (de Dark Dark Dark) et Richard Parry (d’Arcade Fire).

Pour nous faire patienter jusqu’au 20 mai, The National a laissé filtrer deux titres sur le net : « Demons » et « Don’t Swallow The Cap ».

Les voici donc. « Demons » à la lenteur douce et solennelle avec Matt qui psalmodie en boucle son incantation « But I stay down with my demons ».

Et « Don’t Swallow The Cap », typique des ambiances créées par The National avec un tempo de batterie au premier plan qui emporte l’ensemble de la chanson, des arrangements autour des nappes d’orgue et de guitares, et la voix triste et inquiète de Matt qui chantonne une mélodie douce et amère.

Pas de mauvaise surprise donc, et un seul commentaire : vivement le 20 mai !

Belle illustration de l’éclectisme revendiqué de notre webmag, voici la chronique qui se situe à l’exact opposé de celle de Vanke au sujet de Petula Clark. Il vous dévoilait il y a deux jours « Cut Copy me », la chanson à l’habillage moderne et novateur de cette incroyable octogénaire. Et bien en voilà le contrepied parfait : une chanson de vieux faite par des jeunes !

The Strypes

The STRYPES est en effet un combo de quatre très jeunes Irlandais, âgés de 16 à 18 ans, à peine sortis de chez leurs parents à Cavan, qui se sont pris de passion pour le rythm and blues des 60’s des Yardbirds ou Rolling Stones. Et quand on parle de passion, c’est un doux euphémisme ! Tout y est : les costumes trois pièces, les coiffures à frange et même les chaussures stylées de l’époque. Étonnante adoration musicale et vestimentaire pour ce blues rock qui enchantait nos parents ou grand parents. Mais aussi bel exemple de cette formidable machine à remonter le temps et recycler qu’est le rock.

Ils ont déclenché par leur enthousiasme une vague de sympathie et de reconnaissance des grands de ce monde : Jeff Beck, Paul Weller et Dave Grohl font partie de leur fan-club ! Mais leur plus grand supporter est Elton John. Il les a pris sous son aile, et leur a permis de décrocher une signature chez Mercury. Ils viennent d’y publier « Blue Collar Jane », leur nouveau single, et comme un bonheur n’arrive jamais seul , ils préparent un album avec une autre grande pointure à la production : Chris Thomas (Beatles, Pink Floyd, Roxy Music ou Pulp, rien que ça …).

Il y a donc fort à parier que vous les retrouverez à la une un peu partout dans les mois qui viennent. Il faut dire que musicalement The Strypes tiennent bien la route pour leur premier essai. Au delà de leur look imparable et de leur impressionnante maitrise stylistique, ils jouent avec « Blue Collar Jane » une chanson brillante, enlevée, vintage et emballante, parfaite pour danser le rock de papa maman avec votre amour du moment. Vous pouvez pousser les meubles et monter le son. ça devrait aussi plaire à vos voisins !

Non ce n’est pas un gag ! Il existe bien un groupe qui s’appelle PAPA. C’est même un duo de Los Angeles, formé par deux musiciens poly-instrumentistes, Daniel Presant et Darren Weiss, le batteur de Girls.

papa

Le single était paru en free download en début d’hiver, mais commence à faire parler de lui surtout depuis la sortie de la vidéo, brillamment réalisée par Jonathan Hausfater, et l’annonce d’un album imminent.

Avec un nom pareil on s’attend à un groupe atypique et décalé, et c’est vraiment le cas. Voici deux indie rockers barbus et potaches qui nous balancent en pleine poire un hit imparable.

PAPA-Put-Me-To-Work

« Put me to work » est construit autour d’un dialogue harmonieux entre la rythmique de batterie, lourde et sauvage, et une mélodie aérienne jouée au piano qui accroche instantanément. Un discret souvenir de l’effet « New Year’s Day » de U2 en 1983 … C’est puissant et entrainant. On évolue entre la pop californienne mélodique et son côté obscur de la force, plus punk, dans un entre-deux monde où habiteraient Black Keys, Arcade Fire ou Jesus & Mary Chain.

Peu importent les étiquettes. C’est LE single parfait. Et bien entendu c’est dans theMusicalBox :

Aujourd’hui nous vous invitons à une relecture et une mise à jour de notre dossier sur PEACE, avec la sortie de leur premier album « In Love ».

C’est un vrai plaisir de reparler d’eux, car ce debut-album confirme tout le bien que nous pensions de ce quatuor de Birmingham, que nous suivons dans TheMusicalBox depuis six mois et leur premier E.P rappelez vous.

Peace

« In love » est sorti chez Columbia le 25 Mars. Il est produit par Jim Abiss (qui a travaillé avec Arctic Monkeys, Editors ou The Kooks) et on y retrouve tous les titres que nous apprécions et vous diffusons en boucle ces derniers mois dans notre radio program (« Wraith », « Delicious », « Follow Baby »).

PEACE effectue un brillant recyclage de la Brit-Pop des 90’s du meilleur Oasis, structuré autour d’un binôme très fort : Harrison Koisser le chanteur emblématique et charismatique qui a la (bonne) tête de l’emploi et une voix ravageuse, et le très réussi jeu des guitares de Doug Castle, qui élève un mur de briques électriques denses et joliment sculptées sur le plan sonique. On retrouve aussi chez eux un côté déconneur et festif qui lorgne du côté du Madchester baggy de la grande époque ou des plages Californiennes du Summer Of love psychédélique.

« In Love » à jailli dès sa sortie tout en haut des charts, juste récompense pour cet excellent premier disque que vous pouvez écouter en toute confiance. Un de nos favoris du moment !

WALL est un groupe complétement labellisé TheMusicalBox. Vous pouvez les entendre quasiment tous les soirs depuis un an dans le Zistor Express de notre radio program, et pourtant ils sont encore totalement inconnus du grand public. Ils ne le resteront sans doute pas très longtemps compte tenu de la haute qualité de leurs chansons.

En fait il faut parler au féminin singulier car Wall c’est « Elle ». Lyla Foy, une Londonienne, à la fois chanteuse , auteur compositeur et productrice.

Wall

Sa discographie est encore loin de celle de U2 : quelques singles épars, dont un formidable « Magazine » l’an passé et une reprise de « Something on your mind » de Karen Dalton. Et puis son actualité du jour, c’est la parution le 1er avril du single « Shoestring », le premier pour son nouveau label Big Picnic Records . Ce n’est vraiment pas grand chose, et pourtant, il y a quelque chose de très fort chez elle, l’impression qu’elle a toujours été là pour nous chuchoter à l’oreille ses morceaux intimistes et apaisants.

Pas d’esbrouffe chez Wall : elle enregistre en strates successives ses voix avec des pistes d’instruments simples, basse, claviers, guitare, sans en rajouter dans les effets spéciaux. Le résultat est une pop délicate, fragile et minimaliste, celle que vous chantonnerait votre petite soeur ou la voisine d’à côté. Et avec quelle voix ! Pleine de classe, mais humble, d’une pureté qui provoque le silence et le respect.

Sous influence St Vincent ou Mazzy Star, adepte du « Less is more », elle est le complément idéal à Daughter, une petite fée enchanteresse qui nous raconte des histoires sentimentales et émouvantes sur le ton de la confidence.

Mais attention la cote de Wall monte en puissance : en playlist sur les radios Anglaises , des concerts sold-out à Londres, elle va assurer la première partie des épatants Local Natives et fera ses premiers concerts aux USA d’ici peu.

Vous l’avez compris, c’est le moment de profiter de ses chansons en tête à tête avant que le monde entier ne se l’arrache. Presque rien que pour nous, écoutons avec recueillement et plaisir « Shoestring ».

Une nouveauté importante de plus est annoncée pour les mois qui viennent : un nouvel album pour SIGUR ROS.

Les Islandais sortiront en effet « Kveikur », leur septième album le 17 juin, et pour nous faire patienter ont publié le single « Brennistein ».

sigur ros

On ne sait plus trop à quoi s’attendre avec Sigur Ros. Entre la pop délicate de « Takk » et « Með suð í eyrum við spilum endalaust » les 4ème et 5ème albums, ou les expérimentations ambient de « Valtari » le dernier disque, il y a un abime qui colle le vertige même aux esprits les plus aguerris musicalement. Le trio de Reykjavik avait pourtant su trouver l’équilibre parfait entre force et beauté, bruit et harmonie, lors de leur deuxième album, celui qui les avait révélés à la terre entière en 1999, le somptueux « Ágætis byrjun ».

Pour ce nouvel album, on assiste à de nombreux changements : nouvelle maison de disques (XL Recordings après leur départ de la major EMI), départ de leur clavier Kjartan Sveinsson, et surtout une métamorphose musicale. Fini l’ambient lente et planante, « Kveikur » est annoncé comme le plus sombre, le plus lourd et le plus agressif de leurs disques.

C’est bien ce qui ressort de l’écoute de « Brennisteinn » : magnifiquement mis en image par Andrew Huang. Dans cette vidéo, on y voit et entend la collision des éléments naturels (l’eau, le feu, les forces telluriques), caractéristique habituelle de Sigur Ros. La batterie de Orri Páll Dýrason est devenue lente et lourde, la basse de Georg Hólm tonne et gronde en annonçant l’apocalypse imminente. Le chant de Jónsi Birgisson n’a jamais été autant incantatoire, invoquant des divinités mystérieuses ou les Grands Anciens de Lovecraft.

C’est une épiphanie à la fois glaciale et torride, un rituel musical qui se place quelque part entre Ride et Radiohead ou entre Korn et My Bloody Valentine, autant dire dans un no man’s land hanté et bruyant, pour mieux déstabiliser et emporter l’auditeur. Ce qu’ils parviennent à faire magistralement, dans ce qui constitue une véritable pièce musicale, avec pendant 7 minutes des ralentissements ou des changements de tempo et de tonalité, qui déclenchent et escaladent des ponts merveilleux.

Vraiment un groupe pas comme les autres …

Encore un article à classer dans le rayon « découvertes » de notre Musical Box.

Nous vous proposons aujourd’hui de faire connaissance avec The VESTALS.

Leur « Perfect Pain » , est rentré par la petite porte de notre radio program et au fil des jours et des écoutes, il est devenu l’un de nos chouchous du moment.

C’est leur tout premier single, qui était initialement sorti il y a un an sur le net, et leur avait permis de se faire signer chez Killing Moon Records. Il vient de sortir officiellement dans une version remixée et mieux produite.

The-Vestals

Ils sont au nombre de cinq, et originaires du sud du Pays de Galles. Pas vraiment dans le tourbillon médiatique et les magazines branchés, ils revendiquent distance et discrétion, par exemple en ne publiant quasiment pas de photos à leur sujet.

Si la timidité est caractéristique de leur état d’esprit, ce n’est absolument pas le cas de leur musique, qui, à l’opposé, est plutôt flamboyante.

Sur une base de boite à rythme minimaliste se développent de belles envolées de guitares amples et majestueuses, une mélodie tubesque et un chant au lyrisme convaincant. Dans la lignée de Editors, Pains of Being Pure At Heart, The Vestals se posent en espoirs prometteurs dont il va falloir suivre l’évolution.


Une pause fraicheur dans une période d’actualités musicales brûlantes. Nous vous proposons de découvrir SCOTT & CHARLENE’S WEDDING.

C’est un étrange patronyme derrière lequel se cache un groupe Australien. Plus compliqué même : il s’agit du projet d’un seul musicien, Craig Dermody, certes d’origine Australienne (Melbourne) , mais qui vit maintenant à New York. Il a enregistré son premier album « Para Vista Social Club » avec l’aide de musiciens Australiens (Twerp) et Américains (Family Portrait). Le disque est sorti l’hiver dernier mais était passé inaperçu par ici.

Scott++Charlenes+Wedding

Jusqu’à ce printemps où nous avons entendu l’enchanteur « Two Weeks », nouveau single qui vient de paraitre avec ses guitares jangly qui résonnent comme chez Pavement, Luna ou plus récemment Real Estate. La mélodie faussement naïve est noyée dans des choeurs foutraques et nonchalants, qui lui donnent un petit côté slacker comme on les aime.

Sans prétention donc, une petite brise printannière légère et ensoleillée juste comme il faut. Et encore une belle découverte TheMusicalBox.

Des nouvelles de DAUGHTER. Les Londoniens dont TheMusicalBox vous annonçait tout le talent il y a 16 mois, concrétisent leur progression avec « If You Leave », leur premier album, qui sort chez le mythique label 4AD.

daughter

Nous avions quitté Elena Tonra et Igor Haefeli alors qu’ils étaient encore à l’école et sous la forme d’un duo. Ils sont désormais à trois, depuis l’arrivée d’un percussionniste, Remi Aguilella. Ce n’est pas pour autant la révolution musicale. Ils continuent de décliner une musique à mi chemin entre le folk et la dream-pop, enrichie par des synthés et des percussions dont les arrangements ouvrent les fenêtres et donnent de l’espace et du volume à leur écriture intimiste et sensible.

Et puis il y a surtout la voix magnifique et envoutante d’Elena, sésame parfait pour ouvrir au groupe les portes de 4AD, caverne musicale majeure (Pixies, The National) et où résident en particulier de nombreuses sirènes (Cocteau Twins, Purity Ring). C’est donc en toute logique qu’on y retrouve maintenant Daughter.

Daughter_If you leave

Sur « If You Leave » figurent la plupart des morceaux des premiers singles (« Smother », « Youth »), célébrés dans nos colonnes et largement diffusés dans notre programme radio. L’album est co-produit par Igor, qui a trouvé des renforts avec Rodaidh McDonald (The XX) et Ken Thomas (Sigur Ros), experts en voyages atmosphériques. Ils mettent en son les textes d’Elena, tourmentés, tristes et nostalgiques, dans une folk-pop lente et hantée. On ne rigole pas vraiment à l’écoute de ce disque sombre et grave, qui est peut-être encore un peu trop sage et poli, appliqué et scolaire. Mais ce n’est qu’un premier disque et ils ont encore une belle marge de progression.

Voici « Still », le nouveau single extrait de l’album, illustré par une vidéo représentative de leur écriture : couleurs bleutées et spleen qui suinte de l’amour au quotidien …

Effervescence à New York !

Après The Strokes qui publient leur album « Comedown Machine », voici des nouvelles de VAMPIRE WEEKEND : ils viennent de diffuser « Diane Young », et « Step » premier single deux titres extrait de leur troisième album « Modern Vampires of the City ».

vampire weekend

C’est bien tendu un évènement : Vampire Weekend fait désormais partie des groupes majeurs, après un époustouflant début-album en 2008 et une belle confirmation avec « Contra » en 2010, deux albums placés chacun dans les meilleurs de l’époque. Voici désormais Ezra Koenig (chant et guitare), Rostam Batmanglij (chant, claviers), Chris Tomson (batterie), et Chris Baio (basse) confrontés à l’épreuve du troisième album, souvent décisif dans la carrière d’un groupe. Comment évoluer sans décevoir ni reproduire indéfiniment les mêmes recettes ?

D’abord en prenant son temps. Le disque représente un long travail de maturation de 20 mois et depuis mi-2011 les rumeurs les plus contradictoires circulaient sur le nouvel album, rendant leurs fans morts d’impatience. « Modern Vampires of The City » est conçu comme le troisième volet d’une trilogie. Il été enregistré et produit par Ariel Rechtshaid qui a déjà travaillé avec Glasser, Major Lazer et hem …Usher. L’ambiance musicale est décrite par Ezra Koenig comme « plus sombre et organique ».

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Alors ce premier single ? « Diane Young » commence comme un morceau de soul-rythm’n blues à la manière des Blues Brothers, plutôt surprenant, et puis la chanson évolue vers des arrangements de synthés plus modernes et auxquels Vampire Weekend nous avait habitués. C’est un morceau certes bourré d’énergie, puissant et concis (moins de 3 minutes), mais où on cherche hélas en vain la trace effacée de nos orfèvres en pop délicate et mélodique.

« Step » est à l’opposé : moins incendiaire et plus aérien. On y retrouve les repères des deux premiers albums, et notamment une pop douce et sucrée sur le downtempo d’une ballade pop synthétique divinement chantée, même si la production tend à alourdir la chanson.

Alors quel sera la couleur dominante de l’ensemble de l’album ? On oscille pour l’instant entre inquiétude à l’écoute du très Wham « Diane Young », et sérénité face à l’apaisant « Step ».

Réponse le 6 mai, jour de la sortie officielle de « Modern Vampires of the City » chez XL Recordings.

Et pour terminer : une « annexe illustrative », pour tous ceux à qui Wham ne dit pas grand chose, voilà un exemple de ce à quoi ils ressemblaient :

Sans lui vous ne seriez sans doute pas en train de lire nos articles dans TheMusicalBox. Car pour Vanke comme pour moi, Bernard Lenoir a été celui par qui tout est arrivé : il nous a transmis une éducation musicale alternative et l’envie contagieuse de prendre à notre tour le micro pour faire passer notre goût pour une musique pas comme les autres.

bernard lenoir

On lui doit la découverte des groupes qui ont bouleversé notre vie et notre façon de la concevoir, à une époque où ceux qu’on appelait les « dinosaures du rock » (en gros les groupes rock de la fin des années 70 de Led Zep à Yes, de Supertramp à Toto) succombaient à l’excès de gras et d’hyper virtuosité musicale et étaient poussés sur la touche par une horde de jeunes groupes connaissant à peine trois accords mais animés par une flamme et une vie qui incendiaient tout sur leur passage et qui avaient pour nom Ramones ou Buzzcocks.

Après ses débuts sur France Inter dans le Pop Club de José Arthur où il présentait les nouveautés, il eut enfin sa propre émission avec la mythique « Feedback ». Au début on l’écoutait d’une oreille curieuse et avec une certaine crainte, un peu comme on visite les enclos des fauves au Zoo, et puis entrainé par la vague et l’enthousiasme de cette « new-wave » nous sommes devenus des auditeurs addicts à son émission quotidienne, l’enregistrant sur une K7 quand il était impossible de l’écouter en direct. C’est typique des auditeurs de FeedBack ça. Amusez vous à taper « Bernard Lenoir Feed back » sur un moteur de recherche et dans les premières pages vous aurez des nostalgiques de la K7 …

Des groupes essentiels donc pour moi : dans le désordre : la flamboyance de Ian Mc Cullough chanteur d’Echo and the Bunnymen, à une époque ou les Reds de Liverpool dominaient la planète foot (« You’ll never walk alone »), le désespoir de Ian Curtis et Joy Division, puis la résurrection, voire la rédemption des trois autres via New Order, l’exotisme et la fête des années 80 pré-HIV incarnées par Kid Creole et surtout ses Coconuts dont j’aurai l’immense bonheur de partager l’amitié, et qui sera toujours pour moi de manière indéfendable et partisane le meilleur groupe du monde de ma vie. Plus récemment Matt Berlinger de The National, à la mélancolie et l’élégance de beautiful Loser. Arcade Fire et la beauté romantique et l’héroïsme de leurs hymnes.

Au delà de ces découvertes parmi tant d’autres, il y avait aussi une attitude, humble et chaleureuse,et une certaine philosophie. Un regard distancié sur l’époque, une pureté, une critique grinçante du pouvoir en place, de ce monde individualiste et sauvage qui se mettait en place depuis les années Reagan-Thatcher. Et cette planète rock résistait un peu à la manière d’un petit village retranché dans ses idéaux, sa générosité. « Restons groupés » « Soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien » en étaient les leitmotivs. Bref au delà de la musique il y avait vraiment une manière de ressentir la vie.

Et ça durera pendant 30 ans. Nous avons la chance d’avoir eu en France un DJ rock historique, équivalent du mythique John Peel dont il égalait largement la qualité de programmation, y compris en live avec ses Black Sessions. Le tout mixé de manière parfaite par sa fidèle réalisatrice Michèle Soulier, qui parvenait à enchaîner les morceaux les uns aux autres avec brio et bon gout.

Depuis deux ans il s’est retiré des ondes. On a longtemps espéré pouvoir l’entendre à nouveau. Mais on ne le retrouvera sans doute plus dans le cadre d’une programmation radio. Reste l’espoir de le voir faire un blog, mais même cette idée semble difficile à réaliser. Allez Bernard je t’assure, même nous, nous y sommes parvenu ! En tout cas on te réserve une place dans TheMusicalBox dès que tu le veux …

lenoir l'inrockuptible

Passeur de musique incurable et toujours les oreilles aux aguets, Lenoir fait l’actualité musicale de la semaine en publiant (enfin ?) un double CD qui compile les morceaux importants de son histoire musicale, et intitulé « L’Inrockuptible ». Inutile de vous dire que c’est un sans faute.C’est la rencontre au sommet du must de la musique indépendante de ces trente dernières années, dans laquelle figurent bon nombre de chansons qui passent en boucle sur ce site dans nos programmes radio le soir, tant le Maxiton Sound que le Zistor Express. Impossible de tous les citer, mais retenons cependant James, The Cure, Ride, The House of Love, Radiohead, The Jesus and Mary Chain, Pixies ou The National. Un vrai best-of on vous dit …

Et puis il y a Joy Division, groupe essentiel et fondateur de la New Wave, élément majeur de la mythologie Lenoirienne présent avec « Transmission ».

C’est pour nous une lourde tache de ne garder qu’un titre pour illustrer ce disque. On aurait pu choisir « Brassneck » de The Wedding Present, un groupe que nous avions avec grande fierté fait venir avec Vanke , pour jouer en concert à Angers sur la scène de la MPT Monplaisir, et qui avait délivré ce soir là un set vraiment exceptionnel…

Mais finalement non. Mon choix final sera celle qui est pour moi la plus belle voix du rock : Elizabeth Fraser, la fragile chanteuse de Cocteau Twins. J’aurais adoré voir figurer sur ce disque sa version du « Song to the Siren » de Tim Buckley, LA chanson ultime, celle que j’aimerais entendre lors de mon dernier souffle. Mais on se contentera sans problème de « I wear your ring » merveille de l’album « Heaven or Las Vegas » en 1990.

Merci pour cette très belle compilation, Bernard. Reviens nous vite …