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All posts by Bertrand Zistor

Un peu de douceur printanière dans TheMusicalBox : voilà mes chouchous du moment, qui reviennent inlassablement dans la playlist de mon « Zistor Express » sur notre programmation radio du soir : ELEPHANT.

Si, comme nous, vous aimez vous faire bercer et émouvoir par Beach House ou Cults, ce duo Londonien est fait pour vous.

Elephant

Amelia Rivas et Chistian Pinchbeck publient des E.P depuis deux ans, chez Memphis Industry, une maison qui leur convient bien si on jette un œil sur leurs colocataires de label : The Go Team! et surtout El Perro Del Mar, dont ils partagent le goût pour la dream-pop sophistiquée.

« Skyscraper » sort le 25 mars prochain. C’est un morceau downtempo suave à la façon de la Motown des fifties qui évite de sombrer dans la mièvrerie grâce à des arpèges de guitare en gimmick envoutant, une ligne de basse ronde et chaleureuse et surtout des chœurs somptueux qui envoient la chanson directement sur la voie lactée.

Un petit air de parenté aussi avec la bande originale de Twin Peaks de David Lynch : on y verrait bien Laura Palmer danser langoureusement sur Elephant dans la brume de la fumée d’une arrière salle de bar …

Et comme l’arrivée prochaine du printemps nous met de bonne humeur, voici un lien vers le site officiel pour télécharger le morceau gratuitement.

Mine de rien l’année musicale 2013 arrive presque à son premier quart, et nous avons sans doute déjà entendu des disques qui passeront à la postérité en figurant dans les bilans de fin d’année en décembre prochain. Le nouvel album de YOUTH LAGOON, « Wondrous Burghouse » pourrait bien en faire partie.

C’est le deuxième opus de Trevor Powers, musicien unique de ce « one man band », qui s’était fait largement remarquer en 2011 avec « The year of hibernation », un début-album fragile et introspectif en apparence, mais à l’écoute très touchant par la densité de ses émotions.

« Wondrous Bughouse » vient de paraitre le 5 mars chez Fat Possum.

YouthLagoon

La progression entre les deux disques est impressionnante : plus d’amplitude et de puissance dans l’écriture musicale, une confiance nouvelle et affirmée dans sa voix, plus sûre et moins enrhumée. Une raison à cela : la production de Ben Allen, qui a déjà sévit derrière Animal Collective pour le chef d’oeuvre « Merriweather Post Pavilion ». Il permet à la musique de Youth Lagoon de se projeter sur grand écran en cinémascope, avec un son de cathédrale et une mise en relief des pédales d’effets multiples pour lesquelles Powers a toujours eu une grande attirance.

Cette production ambitieuse nous permet de retrouver Youth Lagoon aux premiers rangs des ténors de la dream-pop hantée et céleste, entre Beach House et Flaming Lips.

Mais attention, on est encore loin d’une stadium-pop mainstream et facile d’accès. « Wondrous Bughouse » est certes un disque riche et spatial, mais les chansons sont toujours sombres et mélancoliques, avec dans plusieurs d’entre elles (« Dropla », « Attic Doctor », « Rasberry Cane ») la récurrence du thème de la mort cher à la métaphysique rêveuse de Trevor Powers.

Pour illustrer cet article, voici « Mute » qui incarne bien le style de Youth Lagoon : un chant naïf et enfantin qui surnage sur les flots déchainés de vagues d’effets de guitare reverb et delay, une batterie qui résonne comme dans une caverne, et au bout d’une minute trente des monstres soniques jaillissent à la surface et emportent tout le monde dans les abimes des profondeurs, dans un monde d’animaux marins préhistoriques et de sirènes mélodiques.

A la fois galactique et infernal. Mais terriblement beau aussi …

Encore des Français à l’honneur de notre MusicalBox. C’est vraiment une habitude en ce moment. Mais après la pop pastorale de Granville et le spoken word urbain de Fauve, nous changeons de latitudes avec la pop glaciale et sonique de Team Ghost.

Ici rien de « franchouillard » n’est identifiable : les textes sont en Anglais, et les références musicales résonnent sur un mode international et universel. On se retrouve face à un mur de guitares construit sur des effets de reverb et de feedback, cimenté par des synthés monumentaux, et enduit d’une teinte grise crépusculaire qui se situe bien dans l’esprit du shoegaze. Le NME a inventé une étiquette pour ce genre musical : le Cold-gaze (Cold wave + Shoe gaze). A mi chemin entre l’électronique et l’électrique, parfois même sur un versant gothique, leurs chansons oscillent entre puissance et mélancolie.

Team ghost

Créé en 2007 par l’ex M83 Marc Fromageau, Team Ghost a sorti son premier E.P en 2010 : « You Never Did Anything Wrong To Me ». Ils se sont fait connaitre sur scène en tournant en première partie de Crystal Castles, et cet hiver aux Transmusicales de Rennes.

« Rituals » est leur premier album, dont est extrait ce premier single « Dead Film Star ».

On aime bien la vidéo, bel exemple réussi de film de série B d’épouvante. D’ailleurs attention : soyez prévenus, il va vous coller une sacrée frayeur … Logique pour une « Dead Film Star »

Depuis le temps qu’on espérait de leurs nouvelles ! YEAH YEAH YEAHS reviennent à la une de l’actualité avec un nouveau single « Sacrilege », annonciateur d’un album à paraitre le 16 Avril, intitulé « Mosquito ».

Mosquito-by-Yeah-Yeah-Yea-001

Nous sommes d’ardents fans de ce trio New Yorkais depuis leurs débuts en 2003 avec l’album « Fever To Tell », qui électrocutait de sa distorsion bruyante et tellurique la trop sage planète rock. Au fil des albums « Show Your Bones » en 2006 et surtout « It’s Blitz » en 2009, la sauvagerie initiale s’est diluée, glissant insidieusement vers un univers mêlant plus d’electro à la lourdeur des larsens. A un tel point que les dernières rumeurs annonçaient un nouveau disque résolument électro synthé.

Et bien ce n’est absolument pas le cas. Contrepied parfait que ce « Sacrilege » dans lequel la musique de Yeah Yeah Yeahs n’a jamais été aussi organique. Produit par David Sittek de TV on The Radio et Nick Launay, on entend Karen O chanter comme Janis Japlin ou une blues-soul sister des années 60. Et, en deuxième partie du morceau, apothéose ou cauchemar, c’est selon votre goût, apparait une chorale de gospel (24 choristes très précisément !) qui ne jurerait pas à Harlem ou dans « Sister Act ». Et là forcément, le rock-critique exigeant a tendance à froncer un peu les sourcils et surtout à sortir les boules quiès …

« Sacrilege » est sans aucun doute un tube potentiel d’une rare puissance sonique et vocale, mais il suscite aussi une inquiétude légitime de voir Yeah Yeah Yeahs basculer dans un stadium rock un peu trop pyrotechnique et chargé. Ce ne sera peut-être pas le cas avec les autres chansons de l’album. Nous avions par exemple nourri les mêmes craintes avec Foals et leur premier single « Inhaler », et au final leur album « Holy Fire » s’est avéré être une tuerie … Croisons donc les doigts pour Yeah Yeah Yeahs .

yeah yeah yeahs

Leur chanteuse emblématique a mué de brune ténébreuse en blonde incendiaire et a quitté Los Angeles pour retrouver les fantômes de son passé à New York. C’est ce qui a permis d’enregistrer « Mosquito » sur place, dans un studio minuscule, avec la volonté pour Karen O, Nick Zimmer (guitare) et Brian Chase (Batterie) de renouer avec le son blues-afterpunk sauvage et la spontanéité de leurs débuts. Le disque a donc plutôt été réalisé dans des conditions lo-fi, avec des instruments déglingués et des voix déformées par la reverb. On attend aussi avec curiosité de pouvoir écouter « Nitrous batcave », titre produit par James Murphy (LCD Soundsystem) et auquel participe Dr Octagon (alias Kool Keith).

Mais pour tout cela il faut encore attendre quelques semaines et savoir se contenter de ce « Sacrilege » puissant et pyromane …

Décidément le rock en langue Française n’aura jamais été autant à l’honneur dans TheMusicalBox ! Après la fraicheur de Granville que nous vous faisions découvrir il y a deux semaines, voici aujourd’hui la noirceur de FAUVE.

Il est bien difficile de passer à côté de ce groupe Parisien qui nous arrive en pleine tête, propulsé à vitesse supersonique par un raz de marée médiatique.

Leur plan de communication, inspiré de celui de Wu-Lyf il y a 2 ans a l’air bien ficelé : mystère savamment entretenu autour de la composition du groupe, visuel ésotérique et totémique (le symbole #), concerts rendus publiques par le bouche à oreille dans de trop petites salles avec file d’attente garantie interminable à l’entrée … Résultat : gros buzz réussi et leurs prestations live deviennent « the place to be ». Articles flatteurs dans Le Monde et Les Inrocks, alors qu’ils n’ont sorti aucun E.P. De nombreux labels les courtisent en vain pour essayer de les faire signer.

Un coup médiatique ? Certainement. Et pourtant, si on s’intéresse uniquement à l’aspect musical de Fauve, ce qui est quand même le plus important, force est de reconnaitre qu’ils ont vraiment quelque chose de différent, de spécial. C’est une démarche originale dans le monde pop-rock français, avec une orientation musicale hors des sentiers trop fréquentés.

Alors qui sont-ils ? Un collectif de musiciens et vidéastes, à la composition mystérieuse. Mais après tout on s’en tape un peu. Voilà comment ils se présentent eux-mêmes :

La parution de « Kané » sur la compilation Kitsuné est l’occasion de décrypter la musique de Fauve.

Johanna Seban dans les Inrocks nous décrit judicieusement leur style comme « Florent Marchet qui chanterait sur Sonic Youth ». Analyse vraiment très pertinente : c’est une belle collision entre une écriture musicale sonique et minimaliste, dénudée et sensible, et des textes en Français, scandés en spoken word, écorchés vifs, cruels et sexuels. Donc on pourrait ajouter aux références à leur propos les mythiques Taxi Girl (R.I.P Daniel Darc aujourd’hui même, p….. de coïncidence), eux qui incarnaient parfaitement au début des années afterpunk à Paris ce mélange de pop mélodique avec des textes rebelles et cinglants de leur belle urgence. Fauve se place cependant d’un côté plus fragile, tendance « beautiful losers » romantiques, revendiquant un « droit à la faiblesse » et le rêve du « grand amour quel qu’il soit ».

Au total TheMusicalBox les accueille avec plaisir, convaincus que nous sommes par la force intense qui les habite et la magnificence de leurs arrangements musicaux, comme vous allez l’entendre sur « Kané », qu’on pourrait audacieusement situer à mi chemin entre Mathieu Boogaerts et Joy Division, ou entre Dominique A et Motorama.

Une déclaration d’amour « belle comme une planète », en leur souhaitant qu’elle puisse briller longtemps.

C’est jour de fête pour les garçons : voici un 100% girl group !

Feathers

Mais attention de ne pas se fier aux apparences : ne cherchez pas dans ces quatre jolis minois la réincarnation de Destiny’s Child ou des Spice Girls ! FEATHERS appartient clairement aux tribus tombées du côté obscur de la Force … Dans un univers musical où les astres ont pour nom Nitzer Ebb, Fad Gadget ou Human League.

Anastasia Dimou (chant, guitare), Courtney Voss (basse), Kathleen Carmichael (claviers), Jordan Johns (batterie) viennent d’Austin, USA. C’est un groupe récent, formé en 2011.

Leurs références résident dans un monde de science fiction, cinématographique (Blade Runner, Le Cinquième Elément) et musical, puisqu’elles citent Depeche Mode ou Nine Inch Nails. Mais elles ne se cantonnent pas à répéter à l’envie la cold wave synthétique des 80’s. Feathers réchauffe cette musique glaciale et congelée en y incorporant les flammes brûlantes de mélodies imparables et catchy. Ce qui donne une électro dense et puissante où on entendrait Madonna chanter sur Nitzer Ebb ! Et il est donc logique de les rapprocher de la galaxie canadienne électro dark qui sévit à Toronto, avec à leur tête les majestueux Austra.

Leur premier album « If All Now Here » est prêt à sortir pour le 15 Avril. il est produit par Steven Depalo, de Cold Cave (antiquaires experts en pop synthétique à la New Order), auquel s’ajoute pour deux titres Brian Foote (Zola Jesus).

En guise de mise en bouche, voici le premier single extrait de l’album, le très intriguant et dévastateur « Land of the Innocent ».

Encore une trouvaille comme on aime vous les faire partager dans TheMusicalBox : DEPTFORD GOTH.

Ne pas se fier à ce nom de groupe de Death Metal, Deptford Goth n’est ni un groupe, ni gothique. C’est le projet solo de l’anglais Daniel Woolhouse, et il constitue un magnifique exemple de dubstep émotif et céleste.

Deptford-Goth

Étonnant personnage que ce barbu ténébreux de 28 ans, originaire du South London (Peckham très exactement) et qui n’a atterri sur la planète rock que depuis deux ans, avec un premier E.P en 2011 « Youth II ».

Il publie son premier album, « Life after Defo » dans trois semaines le 18 mars, chez Merok Records, le label de Milo Cordell de The Big Pink, révélateur de Klaxons ou Crystal Castles.

Point de guitares hurlantes chez Deptford Goth : on y savoure des mélodies de crooner triste à la manière de James Blake, finement soulignées par de somptueux arrangements de claviers, encadrées par des machine-drums de dance-music ralenties et bancales. Mais ce qui diffère du commun de la production ambient et R&B actuelle, c’est la richesse des émotions et l’audace mélodique qui donnent à l’écriture de Daniel Woolhouse une dimension spatiale digne du cinémascope, qui le propulse loin au dessus des rase-mottes nombrilistes et avouons le parfois un peu soporifiques que sont certains de ses collègues post-dubstep .

Chez lui, les chansons sont aériennes, luxurieuses et célestes. Aussi légères que le bouquet de ballons qui flottent au dessus de lui dans le clip de « Union », single à la beauté triste et troublante …

Retour à la grande spécialité de notre MusicalBox : le plaisir de la découverte avec aujourd’hui VUVUVULTURES.

Derrière ce patronyme bégayant se cache un quatuor Londonien pourtant bien arrêté dans ses idées : de l’expérimentation sonore, un look extravagant et du panache sur scène ! Une recette qui fait qu’on devrait rapidement entendre parler d’eux.

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Cette forte impression émane de la personnalité hors du commun de Harmony Boucher (chant). Grande liane androgyne et sauvage, captivée par la scène depuis ses jeunes années en école de théatre, elle fait le show avec un art de la performance déjà étonnant ! Avec des tenues de scène plutôt minimalistes, sexys et bondage, elle concentre tous les regards. Et pas que sur une scène d’ailleurs puisqu’elle a rapidement été remarquée par le monde de la mode qui l’a recrutée pour en faire une top model.

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Et la musique dans tout ça ? Une autre musicienne l’accompagne, Nicole Bettencourt Coelho (basse), ainsi que deux garçons, le multi-instrumentiste (guitare claviers) et arrangeur producteur Paul Ressel et Matthew Christensen à la batterie. Ils se sont rencontrés en 2009 et jouent une électro indie audacieuse, puissante soniquement, et provocatrice dans les visuels, contaminés par une imagerie de serie Z érotico-fantisco-gothique . C’est un véritable embarquement pour le « Insane London »…

La base du son est electro, à partir de claviers vintage des années 80 (dont une improbable harpe electronique Suzuki Omnichord) déformés, triturés et torturés dans des racks d’effets très spéciaux. Mais l’ensemble est arrangé de manière finalement très pop, avec une rythmique basse batterie parfois funky.

Cette évolution (par rapport à leurs premiers titres très glauques) est bien perceptible sur le nouveau single, « Stay still », premier extrait du premier album qui devrait paraitre au printemps. C’est un véritable ouragan sonore où culmine Harmony qui chante ici comme une Beth Gibbons (Portishead) sensuelle, dans un morceau que l’on pourrait ranger entre Klaxons et Two Door Cinema Club. Le clip lui est bien entendu un monument de sous culture et de mauvais gout de série Z. On adore forcément !

Aujourd’hui TheMusicalBox vous présente un album irrésistible : « Waiting for something to happen » de VERONICA FALLS.

veronica falls

Ce quatuor Anglais est basé à Londres. Roxanne Clifford et James Hoare, (chant et guitare tous les deux), Marion Herbain (basse) et Patrick Doyle (batterie) se sont réunis en 2009 et avaient publié leur premier album, l’éponyme « Veronica Falls » à la fin 2011, un exercice de style assez laborieux entre indie rock et goth qui n’avait pas franchement capté notre attention.

C’est donc une surprise de les retrouver à un tel niveau de qualité avec ce deuxième album, enchainé finalement assez peu de temps après le premier. Il est coproduit par Rory Attwell, membre du bouillonnant et disparu trio punk incantatoire Test Icicles.

Oubliées les atmosphères macabres et gothiques ! Les voici désormais dans un registre pop rock à la beauté fragile, dignes héritiers de la génération C86, c’est à dire cette nébuleuse de groupes pionniers de l’indie révélés par la compilation du NME et Rough Trade intitulée « C86 » en 1986, dont on peut citer Primal Scream, Shop Assistants, The Pastels ou The Wedding Present. J’ajouterais volontiers à ces références les essentiels The Jesus And Mary Chain.

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Vous l’avez compris : ils nous emmènent dans un monde ou la recherche mélodique côtoie les guitares soniques, où un chant céleste et enfantin se retrouve propulsé par une rythmique binaire et punchy. Mais sans aucune lourdeur cependant. On entend chez eux des échos de la beach pop Californienne de Fleetwood Mac ou Best Coast . Et chez moi forcément cette ambiance musicale évoque l’un de mes groupes chouchous de la fin des eighties : The Primitives .

La particularité de Veronica Falls sur cet opus est le mixage parfait entre les deux voix de Roxanne et James, selon un antagonisme masculin/féminin pas toujours facile à conjuguer sans avoir l’air nunuche et mièvre, ce qui n’est pas du tout le cas ici. Cette production brillante s’explique par un enregistrement qui a privilégié les prises live, avec un minimum d’overdub. Spontanéité, sincérité et humilité : on aime !

« Waiting for Something to Happen » est vraiment un excellent album. Il n’y a rien à zapper. Les 13 titres qui le composent sont tous plus convaincants les uns que les autres et vous passerez de longs moments à les réécouter avec bonheur. Les tubes se succèdent : « Teenage », « Broken toy », « Waiting for something to happen », « Buried alive » avec quelques chansons mélancoliques en midtempo pour souffler de temps en temps.

Nous avons là l’un des premiers grands albums de 2013 ! Précipitez vous pour l’écouter …

Viiite ! Dépéchons nous de vous faire connaitre ce groupe avant que le monde entier ne se les arrache. Courteeners viennent de Middleton, dans la banlieue de Manchester. Et leur album « Anna » est en train de prendre son envol vers le sommet des charts . Chronique d’un probable succès planétaire et d’audiences assurées dans des stades bien remplis…

anna

Et dire que j’avais acheté sur leur site il y a cinq ans « Cavorting » et « Acrylic », leurs deux premiers singles auto-produits, dans l’anonymat le plus complet à l’époque. Désormais beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et leur cote est largement montée au fil de deux précédents albums « St Jude » en 2008 et « Falcon » en 2010.

courteeners

Leurs débuts étaient très indie-rock avec de l’énergie et des guitares en avant à la Arctic Monkeys. Mais désormais on change de registre : Liam James Fray (guitare/chant), Michael Campbell (drums), Daniel Craig Moores (guitare), et Mark Joseph Cuppello (basse) se font les porte-drapeaux d’un rock ambitieux porté par des hymnes destinés à faire se lever les mains dans le public des plus grands festivals. Ils ont bien digéré le rock héroïque des années 80, redevenu très tendance, et nous rejouent une version moderne des guitares de U2 avec des gimmicks à la Two Door Cinema Club, qui tissent leur toile autour de la voie grave et solennelle de Liam Fray, dont la métamorphose par rapport aux premiers albums est assez bluffante.

Aucun doute n’est permis : ils vont cartonner sur toute la planète rock et feront sauter aux beaux jours les corps de dizaines de milliers de festivaliers partout dans le monde, mais aussi sans doute le compte en banque de leur maison de disques …

Petit voyage au cœur du rock « de chez nous », et plus précisément en Normandie. Une région célèbre pour ses rimes en « ages » : fromages, pâturages, plages et nuages ; mais aussi qui se révèle actuellement une formidable pépinière de groupes pop-rock.

Après les incontournables Concrete Knives, LE groupe Français du moment originaires de Flers, voici Granville, qui, comme leur nom ne l’indique pas, viennent de Caen. Cette ville, imprégnée par la proximité d’une culture Anglaise toute voisine, nourrie par le Cargö, dynamique salle de musiques actuelles, peut s’enorgueillir d’avoir vue grandir Orelsan ou Gablé, mais aussi les petits nouveaux The Lanskies, Chocolate Donuts, Macadam Club, The Shellys ou Manatee.

granville

Et donc Granville. Leur particularité est l’utilisation de la langue Française, exercice pas toujours facile en matière de pop-rock, le risque de dérapage « cali-benabarien » étant permanent. Leur style associe des résonances de la pop des sixties à de l’indie rock à guitares beaucoup plus contemporain et actuel. Les yéyés fricotent avec l’indie Californienne. Françoise Hardy jamme avec Best Coast ! Un difficile exercice d’équilibriste, mais qui s’avère finalement plutôt réussi chez Granville qui parvient à rester sur le bord de la pop sans tomber dans le précipice de la « variété Française ». Le dosage harmonieux entre les guitares tranchantes de Sofian El Gharrafi et la voix naïve et fraiche de Mélissa Dubourg y est pour beaucoup, réalisant l’union parfaite de Lio et Girls.

L’album « Les Voiles » vient de sortir chez Eastwest. Il a été enregistré en Normandie, forcément, par Nicolas Brusq du Studio du Hameau. Je vous propose un petit teaser de l’album avec quatre extraits différents pour faire connaissance avec le groupe, mais de très très loin, ma préférence va à l’imparable single « Jersey », délicieuse friandise pop aromatisée à la nostalgie des iles anglo-normandes, « mon Hawaï à moi ».

Alors là : voilà ce qui s’appelle une surprise ! Le troisième album de My Bloody Valentine

Nous ne sommes pas le premier avril et ce n’est pas une mauvaise plaisanterie. Kevin Shields et sa bruyante bande ont pris toute la planète rock à contrepied, en publiant sur leur site il y a 5 jours « m b v », un nouvel album inespéré qui joue les serpents de mer depuis plus de vingt ans et qu’on s’était résigné à ne plus attendre.

Pourquoi est-ce un évènement majeur ? Parce que My Bloody Valentine est devenu un groupe culte, une référence mythique sur le plan artistique citée par de très nombreux groupes de ces 20 dernières années. Revenons à la fin des années 1980. En deux albums, Kevin Shields (guitare et chant) Colm Ó Cíosóig (drums) Bilinda Butcher (guitare et chant) et Debbie Googe (basse) vont bouleverser l’esprit même de la musique rock. Ils osent associer des mélodies belles et enfantines à un mur du son expérimental et bruitiste. Ce qui est évident et banal en 2013 ne l’était pas à l’époque : ils ont été les premiers, les éclaireurs, ceux qui sont allés le plus loin dans la découverte de nouveaux paysages sonores. Prenant le chemin tracé à l’époque par le shoegaze de Ride ou la noisypop de Wedding Present, ils partent tout seuls en dehors des sentiers battus et des charts pour expérimenter la recherche musicale par la distorsion, la dissonance, la reverb et les bruits blancs.

Le plus simple est de vous faire écouter des morceaux de l’époque. Par exemple « Sue is fine » sur le premier album « Isn’t anything », en novembre 1988, paru sur un autre mythe, le label Creation.

En dépit du caractère pointu et audacieux de leur musique, le succès est au rendez vous. Pitchfork par exemple, leur décerne la note maximale, rarement atteinte de 10/10. Ils sont premier dans les charts indie Anglais, et l’album est classé dans les 60 meilleures ventes d’album en Angleterre . Et il figure maintenant dans toutes les listes des meilleurs albums de tous les temps. Mais leur plus grand succès sera le deuxième album, « Loveless ». Sorti en décembre 1991, il figure dans quasiment tous les bilans des meilleurs disques de l’année. Et surtout il sera par la suite souvent désigné comme le disque majeur des années 1990, et apparait dans toutes les listes des meilleurs disques de tous les temps.

Un petite piqûre de rappel :

Voilà pour le rappel historique. Mais ça c’était avant. Il y a 21 ans. Depuis Kevin Shields a multiplié les annonces de parution d’un troisième album, toutes déçues les unes après les autres. Le groupe se sépare en 1995. Island qui les avait signés après « Loveless » se sépare d’eux en 2001. Et puis l’horizon se dégage avec une reformation pour des concerts en 2008 lors des grands festivals de l’été.

Jusqu’à ces derniers jours, où le groupe a surpris tout son monde avec la mise en ligne sur leur site de « m b v », un troisième album 9 titres, disponible en téléchargement, vinyl ou CD. Conséquence immédiate : le crash du serveur de leur site compte tenu de l’affluence …

Et donc le voilà ce troisième album de My Bloody Valentine! Que vaut-il ? Pas de problème : on les retrouve là où on les attendait, à savoir toujours noyés dans les expériences sonores, dans des tourbillons de boucles et de reverb, avec le chant halluciné de Kevin Shields. Par rapport à ses vieux prédecesseurs, c’est un disque beaucoup plus apaisé, calme, presque ambient. My Bloody Valentine ne cherche plus à jouer les gros bras et à prouver sa puissance de feu. Ce sont plutôt des ondes et des interférences en milieu aquatique qui nous font perdre pied dans une belle pop rêveuse et habitée. A l’image de « If I am » :

Et incroyable : il y a même un tube sur « m b v ». Ce n’est pas un morceau représentatif de l’ensemble de l’album, mais il est très réussi : « New you » .

Aujourd’hui voici un « fils de ». Nous ne sommes pas particulièrement fans du népotisme artistique et la transmission congénitale du talent musical n’a pour nous jamais été démontrée jusqu’à présent. C’est donc un pur hasard si Harper Simon, le fils de Paul Simon est dans les feux de nos projecteurs.

Harper-Simon

Ou plus exactement c’est son « Bonnie Brae » qui a attiré notre attention car c’est une très bonne chanson. Il s’agit de son nouveau single, qui préfigure l’album « Division street » à paraitre chez PIAS en mars prochain, son deuxième après « Harper Simon », déjà bien accueilli en 2010. Après s’être planqué pendant de longues années en Angleterre, Harper était en effet sorti du bois il y a trois ans avec un premier album plutôt folk-roots enregistré à Nashville avec des musiciens vétérans de l’Americana.

Pour « Division street », le line up a évolué. C’est Tom Rothrock (Beck, Elliot Smith) qui assure la co-production. Il est entouré par Pete Thomas le batteur d’Elvis Costello & The attractions, Nikolai Fraiture bassiste de The Strokes, Brian LeBarton le clavier de Feist, Nate Walcott de Bright Eyes et Mikael Jorgensen de Wilco.

Le résultat est une évolution vers un style plus moderne, électrique et rock, ce que semble clairement annoncer « Bonnie Brae ». Propulsé comme un véritable hymne pop façon Arcade Fire, enjolivé d’échos psychédéliques et d’une guitare à la Keith Richards, on y discerne cependant dans la voix de Harper Simon sensibilité et délicatesse, soulignées par des recherche d’harmonies vocales dignes de Beatles fantomatiques. Et finalement on se retrouve bien dans l’air du temps sur lequel surfent les néo-psychédéliques à la mode que sont par exemple Tame Impala ou The Temples.

Un avant-gout alléchant pour nous inciter à suivre de près la sortie de l’album au printemps …

Une grande tradition dans TheMusicalBox : nous aimons bien les histoires de duo ! Surtout quand ils sont sensuels et sauvages comme chez The Kills ou Sleigh Bells. Il existe dans notre tiroir consacrés à ces duos une sous-catégorie remarquable : le duo batterie et guitare chant. Il peut être célèbre en version mixte comme chez The White Stripes, ou en version masculine avec The Black Keys.

Et bien aujourd’hui voici la version féminine avec DEAP VALLY.

deap vally

Lindsey Troy (guitare et chant) et Julie Edwards (drums) viennent de Los Angeles. Elles se sont rencontrées il y a un an environ non pas dans un bar punk rock ou dans une obscure cave de répétition, mais lors d’un cours de tricot ! Pourtant leur style musical ne fait pas trop dans la broderie ni la dentelle. Nous avons affaire à du rock pur jus, bluesy, sauvage et salace. Leur influences revendiquées sont à mi chemin entre les White Stripes et Led Zeppelin.

Les deux tigresses ont sorti leur premier single il y a 6 mois seulement « Gonna Make My Own Money », et ont vite décroché une signature sur une major, Island en aussi peu de temps. Il faut dire que la rumeur leur est de plus en plus favorable, depuis leur passage en aout au festival de Reading, leurs shows encensées sur les ondes de la BBC, et des premières parties de plus en plus prestigieuses (The Vaccines, Sonic Youth ou Muse).

« Lies » est leur tout nouveau single, qui vient de paraitre, produit par Lars Stelfors de The Mars Volta. On y entend toujours un blues rock syncopé et puissant, aux guitares tonitruantes, qui soutient avec brio les feulements vocaux de Lindsey qui se situent entre Janis Joplin et Jack White.

Un vrai grand moment de rock n’ roll séminal et torride. A apprécier sans modération …

Aujourd’hui, nous revenons sur THIS MANY BOYFRIENDS, qui font l’actualité avec un nouveau single et une nouvelle vidéo postée sur le net il y a deux jours.

Nous les retrouvons avec beaucoup de plaisir, après les avoir vus traverser une épreuve terrible : la disparition brutale de leur guitariste Peter Sykes en septembre 2011. Vous vous souvenez peut-être de tout le bien que nous avions pensé de ce combo de Leeds, dont nous avons joué et rejoué leur « Young Lovers Go Pop » et sa vidéo marrante sur le blog et dans le radio program.

This Many Boyfriends

Comment ont-ils surmonté un tel choc ? En travaillant dur pour se serrer les coudes et renforcer la cohésion du groupe et en publiant à l’automne dernier un album « This Many Boyfriends » chez Angular Recordings, produit par Ryan Jarman de the Cribs. C’est un album extrêmement dense et concentré sur 30 minutes d’indie pop à guitares. On y retrouve toutes les influences que l’on apprécie chez eux : Wedding Present, Pavement ou Orange Juice. Voilà donc un disque plutôt réussi et convaincant, enregistré au studio West Heath d’Edwyn Collins (comme par hasard …).

Chez eux au décours des interviews on entend souvent mentionner Talking Heads. Non pas à propos de leur style musical, mais plutôt comme influence majeure, figure tutélaire et sacrée et bel exemple d’intelligence et d’attitude à suivre. Pas étonnant donc qu’ils dédient une de leurs chansons à Tina Weymouth, bassiste mythique des Talking Heads et du Tom Tom Club. Ce qui donne ce troisième single extrait de l’album, lancé par une rythmique minimaliste et des guitares crades et grinçantes à souhait, qui nous replongent chez les Shop Assistants circa 1986 avec bonheur, mais avec au premier plan la belle voix grave de Richard Brooke qui, comme Paul Banks d’Interpol, sait remettre au gout du jour les incantations new-wave de l’époque.

Et donc, quasiment un an jour pour jour après, c’est l’occasion pour TheMusicalBox de vous refaire écouter This Many Boyfriends.

Pour cette chronique, j’ai décidé de profiter de l’assoupissement d’e.vanke, pour vous faire écouter en douce un style qu’il déteste : un slow de crooner !

Derrière Sweet Baboo se cache le projet solo du Gallois Stephen Black. Signature récente chez Moshi Moshi, le label de Bloc Party, Hot Chip ou Metronomy, il publiera en avril un album baptisé « Ships ». Ce sera son quatrième ! Pas mal pour un artiste quasi inconnu, qui n’avait comme seul moment de gloire que d’être monté sur scène il y a quelques années avec Slow Club.

« Let’s go swimming wild » est le premier single extrait de ce futur album.

sweet-baboo

Et voilà un garçon qui n’a pas peur de se lâcher sur le plan vocal ! J’aime beaucoup cette chanson : une intro qui rappelle le dénuement mystérieux de Timber Timbre, puis une montée crescendo avec l’ajout progressif de couches d’instruments, symphonie pour orgues, guitares et chœurs, pour finir en apothéose dans un déluge de cuivres de grand orchestre.

C’est inspiré, audacieux, mélodique et bancal à la fois. Donc un crooner, certes, mais un peu déjanté quand même …

Tant que e.vanke ne l’a pas entendu ça devrait aller … Chut : pas de bruit !

Laissons tomber temporairement les vétérans du rock pour repartir sur les chemins de la découverte, avec un nom qui monte qui monte : THUMPERS.

Leur trajectoire semble supersonique : premier concert en septembre dernier. Premier single dans la foulée. Passage aux Transmusicales de Rennes en décembre, et désormais des articles très élogieux dans la presse Anglaise et même chez nos amis des Inrocks. Voilà ce qui s’appelle un groupe prometteur !

Thumpers

En fait ils ne sont que deux : Marcus Pepperell (guitares, piano, claviers) et John Hamson Jr (basse et batterie), et viennent de Londres.

Décrire leur musique est un défi insurmontable pour le rock critique, même expérimenté ! On va parler de kaléidoscope : un tourbillon de couleurs et de sons qui entrelace Flaming Lips, MGMT, Genesis, Beach Boys ou Animal Collective. De l’’expérimentation donc, forcément, mais pas que. On est aussi épaté par les chœoeurs lyriques en chorales quasi religieuses qui flottent en apesanteur au dessus des syncopes et du bruit.

Un maelström ahurissant mais finalement qui nous emporte avec séduction dans sa planète pop joyeuse. Car c’est une véritable épiphanie : de joie, de bonheur et de beauté. Alléluia !

Voilà leur deuxième E.P qui vient de sortir : « Dancing’s Done ».

Et comme on les aime vraiment déjà beaucoup, voici « Sound of Screams » leur premier single paru en octobre. Tout aussi convaincant écoutez le bien.

Encore une valeur sûre de ce début d’année : I AM KLOOT, qui publie aujourd’hui son nouvel album « Let it all in » chez Shepherd Moon.

i am kloot

Quand on parle d’eux comme valeur sûre, c’est à double titre. D’une part historiquement parlant : I am Kloot s’est formé au siècle dernier (1999) en trio constitué de John Bramwell (guitare/chant), Peter Jobson (basse) et Andy Hargreaves (drums). D’autre part géographiquement parlant puisqu’ils sont originaires de Manchester, le berceau idéal pour y murir leur pop classieuse.

Car c’est de ça qu’il s’agit : LA classe ! Celle d’une écriture ambitieuse, avec des arrangements de cordes sophistiqués et des orchestrations majestueuses en guise d’écrin pour leurs joyaux de chansons pop folk sensibles. Jusqu’à présent le trio de Manchester a remporté un succès d’estime auprès des rock-critiques, avec des disques toujours encensés, devenus cultes, mais n’a pas rencontré un véritable succès public. Sans doute en raison de l’amertume, de la froideur, de la « poésie noire » de leurs compositions.

i am Kloot let it all in

« Let it all in «  est le sixième album du groupe. Il a été produit comme le précédent, « Sky at night » en 2010, par Guy Garvey et Craig Potter de Elbow. C’est un album 10 titres qui comprend les deux singles parus cet hiver « Hold back the night » et « These days are mine ». I am Kloot y exposent leur spécialité : des balades folk délicates, qui parlent d’alcool et de désastres, portées par la voix de Bramwell qui n’hésite pas à monter dans des octaves stratosphériques, ou a rugir tel un vieux bluesman.

On aime particulièrement la gravité et l’ampleur de « Even the stars », la fraicheur pop de « Some better day », mais notre préférence va largement à « These days are mine » : les cuivres des Pale Fountains y résonnent, les arrangements de cordes évoquent le meilleur Echo & The Bunnymen ou les Beatles.

C’est à dire exclusivement des groupes de … Liverpool ! Chuuuut. Ne répétez pas ces belles références aux Mancuniens …

Poursuivons dans notre série spéciale vétérans, avec un monument du rock de ces trente dernières années, YO LA TENGO, qui vient de publier un nouvel album : « Fade ».

yo la tengo

Sur le pont du rock indé depuis 1984, le trio de Hoboken ( Ira Kaplan, à la guitare et au piano, Georgia Hubley à la batterie et au piano et James McNew à la basse) a traversé de nombreux océans. Des débuts dans un style folk lo-fi slacker et experimental, puis avec l’arrivée de Mc New en 1993 la construction d’une véritable identité sonique, à la fois très bruitiste, mais avec une expression très émotionnelle dans le dénuement et le minimalisme. Ce qui donne un folk/shoegazing/punk expérimental, avec une tendance exaspérante à faire durer les morceaux au delà de l’acceptable pour l’auditeur … Pour vous faire une idée de cette époque, vous pouvez écouter « I Can Hear the Heart Beating as One », qui fut pour beaucoup l’un des albums de l’année 1997.

Depuis les années 2000, Yo La Tengo avait revu ses ambitions à la baisse avec une approche musicale beaucoup plus simple, jouant moins fort et plus pop et facile, plus mièvre diront certains, mais sans renoncer pour autant à leurs morceaux de plus de 10 minutes ! Et en 2009, « Popular Songs » avait connu à la surprise générale un succès honorable dans les charts, phénomène totalement inhabituel pour un groupe souvent perçu comme pointu et puriste.

Et voici donc le 13ème album « Fade ». Grosse surprise : il est excellent ! Certainement l’un de leurs meilleurs. Il conjugue avec bonheur leur côté losers maudits indécrottables, dramatiques et distanciés, et des chansons acidulées de 3/4 minutes empreintes d’harmonie et de sérénité. 10 morceaux parfaits ! L’équilibre réussi entre ambition et humilité, complexité et simplicité. On y retrouve une splendeur délicate telle qu’on l’adore chez The National par exemple. J’ai entendu ce disque pour la première fois en écoute sur la sono publique d’une grande enseigne culturelle, et j’ai été immédiatement intrigué et séduit par ce que je croyais être un nouveau groupe inconnu. Quelle fut ma surprise d’apprendre qu’il s’agissait de nos vétérans du New Jersey !

The Musical Box vous invite donc à écouter ce grand album, produit avec délicatesse par John McEntire, de Tortoise. Laissez vous emporter par la majesté de ses symphonies pour rockers désespérés…

Le tube emblématique de l’album « Ohm »

Et pour les auditeurs curieux et exigeants que vous êtes certainement, voici les neuf autres morceaux de l’album :

Is That Enough by Yo La Tengo on Grooveshark

Well You Better by Yo La Tengo on Grooveshark
Paddle Forward by Yo La Tengo on Grooveshark
Stupid Things by Yo La Tengo on Grooveshark

I’ll Be Around by Yo La Tengo on Grooveshark
Cornelia and Jane by Yo La Tengo on Grooveshark

The Point of It by Yo La Tengo on GroovesharkBefore We Run by Yo La Tengo on Grooveshark

Désolé, mais c’est une tendance impossible à maitriser chez moi : le bonheur de fouiner, explorer à la machette et enfin : Alléluia ! Dégoter le Saint Graal avec des inconnus à vous faire découvrir. C’est encore le cas aujourd’hui avec GIRLS NAMES.

girls names

C’est un groupe de Belfast, initialement un duo créé par Cathal Cully (guitare et chant) et Neil Peel (drums), qui puisait ses références dans l’indie pop ethérée des 80’S de Field Mice ou Pastels. Ils passent à trois avec l’arrivée de Claire Miskimmin la bassiste, pour le premier album « Dead to me » en 2011. Puis c’est l’ajout d’un deuxième guitariste Philip Quinn pour le deuxième album « The New Life » qui va paraitre dans un mois chez Tough Love.

Ce sont tout sauf des futures stars rutilantes d’ambition ! Des références ô combien estimables, mais pointues et qui fleurent bon la loose d’il y a un quart de siècle. La pop fragile du label Sarah et les disques de Beat Happening n’ont jamais été auréolés de la gloire et du succès, hélas. Girls Names déclinent une indie pop nostalgique, sensible mais sans concession, avec la recherche d’un son assez expérimental et psychedelique et donc peu racoleur.

Et pourtant on adore « A troubled see » : un single tendu comme un arc et rapide, avec une basse ample toute en reverb’, des arpèges liquides à la guitare et des volutes de claviers qui convoquent soudainement The Cure des débuts. Mais la froideur du spleen se nourrit et s’enflamme avec le chant de Cathal, lyrique et sensible comme une mélodie de Morissey.

Un tube à la beauté brumeuse et évaporée …

C’est la période des petites gourmandises de début d’année. Alors sacrifions à la tradition avec le « After you » de PULP.

Pulp - Coachella 2012

Cette chanson de Jarvis Cocker et sa bande avait été enregistrée en 2001 pour figurer initialement sur l’album « We Love Life », mais était restée inachevée. Pulp l’a remise au goût du jour en guise de cadeau de Noël pour ses fans, sous la houlette de James Murphy, Mr LCD Soundsystem.

James Murphy (from LCD Soundsystem)

C’est décidément celui qui alimente le buzz en ce moment, puisqu’il a collaboré récemment avec les Yeah Yeah Yeahs et surtout Arcade Fire pour l’enregistrement de leur quatrième album anoncé pour cette année. Autant ce partenariat intrigue, autant celui avec Pulp semble logique et évident. Le son funkoïde futuriste du New Yorkais est en effet le complément idéal aux paillettes de la brit-pop de Sheffield.

Vous en doutez ? Il suffit d’écouter cette belle réussite qu’est « After You ».

Profitez-en bien, car l’avenir de Pulp ne semble pas radieux, pour ne pas dire franchement obscurci, le groupe n’ayant plus aucun projet dans l’immédiat après le triomphe de la série de concerts de reformation en 2011/2012.

Un retour qui fait plaisir : celui de Mark Oliver Everett aka EELS. On attend en effet d’ici quelques semaines la sortie du 10ème album du groupe. Merveilleux ? Glorieux ? Qui sait … En tout cas ce sera son nom : « Wonderful, Glorious » sort le 5 Fevrier chez E works/Vagrant.

Il comportera 10 titres dans sa version standard, auxquels s’ajouteront 5 morceaux studio supplémentaires et 8 capturés live pour la version de luxe.

eels

Mine de rien 17 ans se sont écoulés depuis le formidable premier album « Beautiful Freaks », avec des fortunes diverses. Une première période très folk-pop qui rencontre un succès planétaire, de 1996 jusqu’à « Daisies of the Galaxy » en 2000. Suit une période de transition vers un style plus rock, de « Souljackers » (écrit avec John Parish) à « Blinking Lights and Other Revelations » en 2005. Puis enfin la dernière période dure et sauvage de Eels, nettement moins convaincante, avec ce qui constitue une trilogie autour du désir (« Hombre Lobo » en 2009), de la perte (« End Times » en 2010) et de la rédemption (« Tomorrow Morning » en 2010).

C’est donc une nouvelle ère qui commence. Sous quel signe ?

Apparemment si on en croit ce premier single, « Peach Blossom », Everett continue de muscler son jeu. Il arbore un look de psychopathe barbu et chante de plus en plus comme Tom Waits. Le son de batterie est énooorme, et ferraille en duel avec les percussions d’un tambourin manié par une jolie sylphide. Pourtant l’ambiance est beaucoup moins lourde et tendue que dans les opus précédents. E. se laisse charmer par la joueuse de tambourin, esquisse quelques pas de danse, respire le doux parfum de jolies fleurs fuchsia et batifole en jouant à cache-cache avec la belle. Et pour finir, le morceau évolue vers une mélodie de comptine enfantine comme on les aime chez Eels

Bref de l’amour, de l’humour et du rock n’roll ! Effectivement la rédemption a bien eu lieu …

Deuxième extrait de l’album avec « New Alphabet », très blues rock, avec alternance de temps forts et faibles, mais toujours une recherche mélodique :

Chic ! Encore des nouveautés ! Voici « Pollen », le nouvel album de WAVE MACHINES.

C’est un groupe qui m’avait séduit dès son premier single en 2008 : « The Greatest Escape We Ever Made », un morceau groovy et triste avec une nonchalance et une classe incroyables. Rappelez vous :

Ces quatre garçons dans le vent viennent … de Liverpool of course ! Tim Bruzon , le chanteur arbore fièrement la moustache et joue accessoirement guitare et synthés; Il est épaulé par Carl Bown (Guitare, Basse), James Walsh (Claviers, Samples, Percus et clarinette !) et Vidar Norheim le batteur.

Formé en 2007, le groupe a vraiment décollé avec son premier album en 2009, « Wave If You’re Really There ». Un concentré de funk extra terrestre avec une succession de titres pour faire virevolter la boule à facettes : « I Go I Go I Go », « Punk Spirit » et LE tube « Keep The Lights On », sexy en diable, au tempo ralenti qui organise la rencontre improbable de Human League avec Mgmt et les Bee Gees

Depuis trois ans, on n’avait plus vraiment entendu parler d’eux, et leur histoire semblait finir dans un trou noir de l’espace pop-rock Anglais, avec de nombreuses autres météorites explosées en plein vol.

Et puis surprise surprise ! Ils ré-apparaissent dans la lumière des projecteurs de l’actualité. D’abord avec un single il y a deux mois, « Ill Fit », qui reprend exactement là où ils s’étaient arrêtés : sur le bord du dance floor épuisés, à six heures du matin, avec en bande son un funk lent et poisseux joué par des synthés vintage qui couinent. Prince fricote avec Kraftwerk. Très réussi :

Et finalement, voilà l’album « Pollen », qui sort le 21 janvier chez Neapolitan. Il a été mixé par Lexx, le producteur de Bjork et Arcade Fire. Et le résultat est là : Wave Machines sont de retour, totalement en phase avec l’air du temps , essaimant encore leur funk futuriste electro et mutant, avec notamment Tim Bruzon qui incendie le dancefloor avec sa voix de fausset, comme sur « I Hold Loneliness », nouveau single au midtempo à la fois sensuel et déroutant.