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All posts by Bertrand Zistor

Une petite douceur de pop psychédélique. Snowfalls de Whyte Horses est une charmante découverte qui devrait idéalement apaiser la grisaille de la saison froide qui débute,hélas.

Une jolie cascade d’arpèges de guitares et de reverb ruissellent sur un midtempo tranquille. Un coulis de gazouillis vocaux enchanteurs et gentiment évaporés nous emmène dans un monde de visions narcotiques et de fées enfantines. On y respire les vapeurs du Summer of Love Californien, des Byrds et du Velvet ou de leurs disciples plus récents tels Washed Out ou Allah-Las.

Et pourtant Whyte Horses (avec un Y !) est né à Manchester. C’est la créature de Dom Thomas fondateur du label Twisted Nerves et crate-digger notoire. Les « fouineurs de bacs de disques », c’est le surnom donné aux collectionneurs compulsifs de vinyls qui écument les vide-greniers et les caves poussiéreuses à la recherche DU disque rare. Il fait également partie du collectif B-Music, une bande de DJs spécialisés dans une « obscure, obsolete, deleted and delectable experimental vintage pop music from the psyched-out sixties and seventies ». On comprend alors aisément toutes les références sixties qui viennent à l’esprit en découvrant sa propre musique.

Dom Thomas a émigré à Liverpool pour y rejoindre les deux vocalistes de son nouveau projet Whyte Horses, toutes deux prénommées Laura, l’une Brownhill et l’autre Spark. Mais c’est encore ailleurs, en Italie, lors d’un séjour de trois mois dans une villa perdue dans la campagne montagneuse de Frosinone, qu’a été ciselé ce bijou de Snowfalls, premier single du groupe. Il a été enregistré sur du vieux matériel analogique, avec comme seule décoration un poster de Os Mutantes, leur groupe préféré. La chanson évoque les périples Italiens de Mark Fry, chanteur folk du début des 70’s.

« Just keep on running, for the morning”

Paix et amour …

A la première écoute de Greylag, le qualificatif qui vient à l’esprit c’est « classique ».

Leur composition est classique. C’est un trio séminal guitare, basse et batterie. Leur look aussi, tout en simplicité et banalité sans le clinquant ni la recherche vestimentaire sophistiquée des artistes de Londres ou de Brooklyn. Il faut dire qu’ils sont basés de l’autre côté des USA, à Portland. Une ville ou le rock a toujours été une affaire sérieuse et une tradition, des Kingsmen et autres Wipers à Gossip, Dandy Warhols ou Elliot Smith.

Leur musique aussi est classique. Du folk-rock à guitares, sans strass ni paillettes, flirtant parfois avec l’Americana. Ils n’ont sorti jusqu’à présent qu’un E.P The Only Way To Kill You en 2012. Et aujourd’hui c’est leur premier album, l’eponyme Greylag, paru il y a peu de temps chez Dead Ocean. Il est produit par Phil Ek, déjà entrevu derrières les manettes de groupes-références : The Walkmen, Built To Spill, The Shins ou Fleet Foxes.

Ce classicisme ne signifie pas qu’il s’agit d’un groupe de copistes ennuyeux. Au contraire Greylag parvient à bâtir un monde musical qui échappe aux étiquettes, un genre de folk électrique sombre et intense, entre Crosby Stills & Nash et Band Of Horses. Une version pop de Led Zeppelin. Le chant épique et lumineux de Andrew Stonestreet est soutenu par des guitares tantôt rendues râpeuses par la distorsion, tantôt lumineuses avec des arpèges cristallins.

Le résultat est un son puissant et aérien qui enveloppe avec élégance des chansons accrocheuses et tubesques. Elles sont à la fois familières, déjà entendues, et à la fois atypiques et inclassables. Elles possèdent une grande cohésion, fruit de quatre années de travail et de répétitions, durant lesquelles chacun des trois musiciens aura apporté ses idées et participé à l’écriture des morceaux.

Une bien belle démocratie musicale.

Korallreven nous accompagne depuis les débuts de The Musical Box il y a trois ans. On avait en effet adoré dès la première écoute le son apaisant et l’humeur rêveuse de l’electro évaporée jouée par ce duo Suédois, et fait tourner en mode repeat leur épatant premier album de 2011, mélange parfait de rythmes exotiques et de sombres séquences de synthés.

L’année dernière Daniel Tjader et Markus Joons s’étaient acoquinés avec le Japonais Cornelius le temps de délivrer le single sexy et étincelant Try Anything Once.

Et voici maintenant l’arrivée de leur deuxième album Second Coming. On y retrouve justement Cornelius venu assurer plusieurs parties vocales, dont Death Is Not For Us. D’autres collaborations figurent également sur ce nouveau disque, comme Maria Linden, chanteuse du groupe Suédois I Break Horses ou China Yggström, elle aussi de Stockholm, qu’on entend sur Spirit Away.

Musicalement ce nouveau disque se situe logiquement dans la cohérence de l’évolution notée l’an passé : plus de lumière et de flamboyance, moins de timidité et de réserve ; l’utilisation de gimmicks plus accrocheurs qui devraient facilement incendier les dance-floors ; la foison de percussions importées d’extrême-orient ou d’Afrique. L’esprit de ce nouvel opus est nettement plus pop, mais ne renie pas pour autant l’ambiance tourmentée et romantique de leurs premières chansons.

Second Coming, parait chez Cascine, une boutique spécialisée dans les beaux bijoux sonores rares (Keep Shelly In Athens, Selebrities, Shine 2009). Il est disponible à partir d’aujourd’hui.

Comme un parfum d’expo de peinture. ..

Ultimate Painting renvoie bien à une œuvre du collectif Drop City, une des premières communautés artistiques hippie, qui vivait en 1965 dans des huttes en forme de dômes métalliques, implantée en rase campagne dans le sud du Colorado. Pourtant c’est de musique dont il s’agit. Sous ce nom très référencé se cachent deux musiciens habitués à notre Musical Box : James Hoare de Veronica Falls et Jack Cooper de Mazes.

Après une rencontre lors d’une tournée live commune, leur projet parallèle a pris forme d’abord avec des démos plus ou moins réussies, puis par un premier single, paru au mois d’aout, simplement nommé Ultimate Painting. Ils fonctionnent exclusivement en duo. Tous deux chantent et jouent des guitares. James Hoare joue de la basse et Jack Cooper de la batterie. Le résultat est une pop fragile et pastorale, aérienne et légère, qui ravit immédiatement.

Après le bon accueil réservé au single, c’est désormais l’enchainement avec l’arrivée de l’ album. Baptisé lui aussi Ultimate Painting et paru chez Trouble In Mind, il confirme tout le bien qu’on pensait du E.P. Le duo est fermement ancré dans une pop-indie très classique, héritière du Velvet Underground et disséminée ensuite au cours des années de l’histoire du rock (Young Marble Giants, Sarah Records, Real Estate). Ce n’est pas étonnant au vu du CV des deux musiciens car tant Veronica Falls que Mazes sont des groupes avec des démarches artistiques plutôt nourries par le passé, indie C86 ou post-punk.

Les chansons d’Ultimate Painting se situent logiquement dans cette filiation de perfect-pop délicate, équilibrée, ou chaque arrrangement est à sa place. Personne ne gonfle ses muscles, ne pousse les potards des effets à fond pour masquer l’essentiel : une qualité d’écriture humble et brillante, traduite dans des harmonies vocales détendues.

Une musique apaisée et automnale.

Il y a des groupes avec lesquels on se sent tout de suite à l’aise. C’est le cas de Heyrocco. Je ne connais absolument pas ces trois jeunes gens, mais leurs chansons, elles, sont nos amies depuis toujours.

Oh elles n’ont rien d’extraordinaire. Juste des sentiments qui touchent instantanément. Une ambiance cool, une nonchalance de dude qui séduisent. Leur dernier single Mom Jeans est un bon exemple de ce qu’on ressent. Quelques accords grattés à la guitare, une voix qui chuchote et le morceau trouve son rythme sur un midtempo dominé par des vocaux paresseux et branleurs. Imaginez une version champêtre et bucolique de Pavement ou Dinosaur JR. Une petite douceur pop-slacker tout en provocation et en câlins. Ils se sont eux même attribués l’étiquette de Disney Grunge. Bien trouvé !

Le trio est originaire de Charleston en Caroline du Sud. Nathan Jake Merli (chanteur, guitariste et spécialiste des coiffures c’est eux qui le disent ! ), Christopher Cool (bassiste et chauffeur), et Taco Cooper (batterie et travaux manuels) se sont rencontrés à 12/13 ans dans un Jazz Band de collège. Mais ce qu’ils partagent surtout, c’est l’amour de la pop sombre et nostalgique telles que peuvent la jouer The Cure, Radiohead ou Nada Surf. Ils l’abordent sur un mode plein d’humour et beaucoup plus speed, n’hésitant pas à s’inspirer de l’énergie des premiers Strokes. On retrouve aussi chez Heyrocco un certain classicisme rock, tendance chemise en flanelle du début des 90’s. Counting Crows ou Led Zeppelin font d’ailleurs partie des références qu’ils citent fréquemment.

C’est un groupe qui existe depuis déjà quelques années. Leur premier album Comfort est sorti en Avril 2012. C’est littéralement un disque de chambre, fait de démos enregistrées dans l’intimité à la maison avec les moyens du bord. Depuis 2014 les choses deviennent nettement plus sérieuses. Leur véritable premier album, Teenage Movie Soundtrack, est en préparation pour début 2015. Produit par Paul Ebersold il a été enregistré au Bakery Studio à Nashville. Pour l’instant le trio se consacre à sa première tournée Européenne, qui se déroule essentiellement en Grande Bretagne.

En tout cas ici en France, notre Musical Box les accueille et vous les présente avec un grand plaisir.

C’est bizarre ! J’étais persuadé d’avoir déjà écrit une chronique au sujet de BRNS. Mais après des heures de recherches dans les archives et les fonds de tiroirs poussiéreux de notre Musical Box il faut se rendre à l’évidence : non, nous n’avons jamais publié d’article sur eux.

Pourtant ce quatuor Belge est un des habitués incontournables de la programmation du Zistor Express, avec son mini L.P Wounded paru au printemps 2013, et en particulier le bondissant Mexico. La rotation importante de ce véritable tube de l’émission a fini par nous rendre BRNS (prononcer Brains) plus que familier.

(Photo Mathieu Zazzo)

Cette fois c’est un vrai album qui est sorti depuis quelques jours chez PIAS.

Patine est un disque impressionnant, dense et merveilleux. Le chemin au long des douze généreuses pistes qui ornent ce disque est un parcours initiatique. On découvre progressivement un monde musical sophistiqué et ésotérique, créé par une écriture musicale ambitieuse. La matrice est constituée d’une pop rêveuse et apaisée, mais qui se trouve bousculée par des rythmes syncopés et originaux, ensorcelée par des vocaux qui résonnent comme des prières et des suppliques. On est proche des mantras exotiques d’Animal Collective ou de la pénombre cotonneuse du math-rock de Foals. Par rapport à l’agité Wounded, Patine prend son temps en ralentissant nettement le tempo et s’avère moins dansant, plus doux et ténébreux. Les Belges sont passés maitres dans l’art de la nuance.

L’histoire de BRNS remonte à 2010, quand Timothée Philippe (batteur et chanteur) et Antoine Meersseman (basse et claviers) s’initient à la musique dans la cave de la maison familiale à Uccle dans la banlieue sud de Bruxelles. Au départ il s’agit de bricolages sonores effectués à partir de mini-claviers Casio, de xylophones et de clochettes. Puis leur musique prend de l’ampleur, inspirée par ce qu’ils écoutent (noise-rock, post-rock et abstract hip-hop) et nourrie par les discothèques de leurs parents (Jazz, Classic rock, Flaming Lips et Grandaddy, bon gout les parents …). Le duo devient trio avec l’arrivée de Diego Leyder à la guitare, puis passe à quatre avec César Laloux (percussions). Ils sont en effet convaincus de la nécessité d’étoffer leur line-up pour pouvoir tenir la route sur scène et jouer dans les meilleurs conditions en live leurs travaux sonores de laborantins de studio DIY.

Et le résultat est là : leurs prestations scéniques sont encensées par tous ceux qui ont eu la chance de les apercevoir sur scène. Ce qui tombe très bien, car ils sont actuellement en tournée en France (détails ici).

En attendant de les voir en concert, on peut s’immerger sans crainte dans l’album et se laisser emporter dans leur monde enchanté, qu’ils ont eux-même défini comme un « patchwork instinctif ».

The Musical Box a pris l’habitude d’ouvrir ses colonnes et son antenne au Rock Russe. Dans le cas de Pinkshinyultrablast, le groupe qui nous intéresse aujourd’hui, on peut même parler de Shoegaze Russe. L’expression apparait peut être curieuse, mais pourtant elle n’a rien d’absurde.

Je me souviens avoir diffusé régulièrement sur les ondes FM en 1988, il y a plus de vingt cinq ans donc, l’excellent Навсегда (Forever) de Center ,un hymne post punk qui incarnait alors la vigueur culturelle underground d’un pays situé de l’autre côté de ce qu’on appelait le rideau de fer, symbolisé par le mur de Berlin encore debout. Pour compléter, on peut aussi citer d’autres artistes, comme les plus pop Kino, les gothiques Grazhdanskaya Oborona ou les plus indus Televizor . Et puis bien sûr, nos chroniques plus récentes sur Human Tetris ou les piliers de notre programmation depuis nos trois ans d’existence que sont Motorama.

En cet automne 2014, c’est donc le tour de Pinkshinyultrablast.

Basés à Saint-Pétersbourg ce quintet apparu en 2009 brandit l’étendard sombre du Shoegaze. Leur nom est directement emprunté au titre d’un album d’Astrobrite, groupe shoegaze de Chicago. Pinkshinyultrablast construit un mur de guitares cimenté par un déluge d’effets de reverb et de fuzz, en haut duquel brille la voix de cristal de sa chanteuse Lyubov. Son timbre de voix remémore celui de Miki ou d’Emma de Lush, vestales de ce genre musical né à la fin des années 80.

Mais ce serait une erreur de vouloir les réduire à de pâles revivalistes de Lush ou Slowdive. Le groupe introduit dans son contenu musical des éléments modernes, notamment des instruments électro, qui transposent dans notre époque ces souvenirs musicaux du temps passé. Leurs références musicales vont bien au delà des citations eighties et ils évoquent volontiers le krautrock de Popol Vuh ou la musique concrète de Philip Glass comme inspirations importantes. Une vision érudite et élargie de l’horizon musical, assortie d’une certaine audace dans les compositions qui les fait figurer à l’honneur aux côtés des récents bons élèves de la noise pop que sont A Sunny Day In Glasgow, par exemple.

Ils sortent en janvier 2015 un nouvel album Everything Else Matter. Umi, dont le clip est paru il y a trois jours, en est le premier single extrait.

Onirique et sonique.

HEAT – Rooms

Faut-il parler d’un revival 90’s ? Après avoir ingurgité durant toutes les années 2000 et un peu au delà le grand retour en grâce des 80’s, il semble que ce soit désormais au tour des années 90 de devenir la grande source d’inspiration musicale des jeunes artistes actuels. Il faut admettre qu’on a souvent mis en lumière dans nos chroniques de 2014 des groupes qui réveillent sans complexe les fantômes du grunge, du gothique-rock ou du shoegaze.

C’est encore le cas avec Heat.

A la première écoute de ce quintet de Montreal, tout frais sorti de notre pépinière de découvertes avec un premier E.P, c’est un vrai festival de références qui nous viennent à l’esprit. Ride, Jesus And Mary Chain, The Go Betweens, Sonic Youth, The Strokes. Rien que ça !

Mais on est loin d’une banale resucée de ces inspirations du passé. Heat trouve immédiatement un style personnel, une version moderne et séduisante du « Rock à guitares ». On adore leur son, fruit d’une collaboration avec Adrian Popovich et Joseph Donovan qui ont enregistré le groupe dans leur cosy Mountain City Studio à Montreal. Les guitares sont monumentales, dans des ténèbres enfumées de reverb, transpercées par des éclairs de fuzz, illuminées par des gimmicks et des riffs qu’on mémorise instantanément. La section rythmique est humblement mixée en retrait, comme on l’entendait dans la première moitié des 60’s. Et culminant au dessus de l’ensemble, la voix irrésistible de Susil Sharma posséde le timbre rocailleux et l’attitude cool et nonchalante de Lou Reed et de Matt Johnson (rappelez vous de The The). Les mélodies sont parfaites dans leur dosage de sucre et d’amertume. C’est terriblement rock n’roll mais à la fois fragile et attachant.

Le clip de Rooms, le titre le plus emblématique est en ligne depuis quelques jours.

Et pour approfondir, voici l’ensemble de leur E.P disponible sur bandcamp. Prenez bien le temps d’ écouter les cinq pistes, car c’est un sans faute. Chacune mériterait de rentrer dans la play-list.

Ça y est. C’est l’automne ! Les feuilles tombent et les journées finissent trop tôt. On ressort les lainages, les pantalons chauds et on se laisse pousser barbe et cheveux. The Musical Box a justement en stock la bande-son parfaite pour illustrer cette période de l’année. Avec tous les accessoires utiles et nécessaires, les pulls en laine et les longues barbes fleuries, voici le folk de Bear’s Den.

Mais attention, il ne faut pas chercher chez eux des chorales de hurlements à la lune sur fond de guitares minimalistes et de feux de bois qui crépitent. Ici tout est délicatesse, harmonie et luxuriance. La légèreté de dentelle des arpèges de guitare et des notes de banjo. Le chant tout en pudeur et retenue. Les arrangements de percussions, cuivres ou cordes qui viennent ponctuer et souligner la richesse du song-writing et la montée progressive de l’ intensité des chansons. Tous ces ingrédients participent à une recette réussie, à l’élaboration d’une gastronomie artistique qu’on a appris à déguster chez d’autres grands chefs tels Fleet Foxes ou San Fermin et dans laquelle on replonge avec plaisir en compagnie de ce trio Londonien : Andrew Davie (chant, guitare) Joey Haynes (chant, banjo) et Kevin Jones (chant, drums). Ils se sont réunis il y a deux ans, puis ont sorti leur premier E.P Agape en aout 2013.

On les suit de plus près depuis leur single Elysium paru juste avant l’été.

Puis il y a deux semaines le somptueux Above The Clouds Of Pompéi est venu largement confirmer :

Et c’est maintenant l’album Islands qui vient tout juste de sortir, et dont voici le trailer. Il est produit par Ian Grimble qui a déjà travaillé avec Saint Etienne, Sinead O’Connor ou Eveything But The Girl.

C’est un disque qui impressionne par sa grande exigence de qualité et la maturité qui s’en dégage alors que Bear’s Den n’est pourtant qu’un tout jeune groupe.

Ils sont loin d’être des nouveaux venus. Avec cinq albums au compteur, Lamb sillonne les scènes rock depuis 18 années. Le duo de Manchester vient de publier le sixième, Backspace Unwind le 13 octobre.

Après des débuts très prometteurs avec le hit Górecki en 1996, Lou Rhodes et Andy Barlow ont eu du mal à confirmer par la suite et à franchir le palier supérieur lors des albums suivants. Depuis 2004, date de séparation officielle, les deux Mancuniens jouent une partie de cache-cache avec leurs fans, alternant les reformations pour divers festivals ou tournées et les grandes annonces de split définitif, tout en multipliant les projets solos de leur côté. Il y avait bien eu l’album 5 en 2011, le premier depuis huit ans, pour réchauffer les espoirs, mais on n’y croyait plus trop. Jusqu’à aujourd’hui.

Lamb nous avait habitué jusque là à un trip hop expérimental et classieux lorgnant vers le jazz . C’est donc une surprise de découvrir Fall In Love, premier single extrait de leur nouveau disque, avec une façade musicale flambant neuve . Emmenée par de puissantes percussions électroniques syncopées, nimbée de claviers et machines en tout genre, cette chanson a envoyé valser les arrangements jazzy cool de jadis, et se révèle un redoutable hymne moderne. Le point qui reste commun avec le passé, c’est la place de la voix de Lou Rhodes. C’était la caractéristique du duo à ses débuts : un chant majestueux, très en avant, sans perdre en douceur et mélancolie. On la retrouve encore à un niveau impressionnant, très sûre d’elle, pleine de séduction et de charisme même si son registre à évolué vers les effets trafiqués de la pop de notre époque . L’entreprise de rénovation aurait pu s’avérer désastreuse. Ce n’est pas du tout le cas. Bien au contraire. Fall In Love en combinant l’esprit aventureux du groupe avec un mode d’expression parfaitement dans l’air du temps est une belle réussite.

Un retour convaincant, qui ne fait appel à aucune nostalgie. Et c’est tant mieux.

Thurston Moore est de retour. C’est une nouvelle qui fait doublement plaisir. D’abord parce qu’il est toujours agréable de pouvoir suivre l’évolution artistique d’une figure majeure du rock de ces dernières années, fondateur et leader de Sonic Youth, groupe déjà légendaire. D’autre part, parce que The Best Day est vraiment un très bon disque.

Prévu dans trois jours chez Matador, c’est son premier album solo depuis Demolished Thoughts sorti il y a trois ans, et son premier disque depuis le split de Sonic Youth. T.Moore a enregistré cet album avec son backing-band habituel : James Sedwards (guitare), Deb Googe (bassiste de My Bloody Valentine) et Steve Shelley (batteur de Sonic Youth). Sur certains titres, il joue tout seul l’ensemble des instruments.

Le THURSTON MOORE BAND : Deb Googe, Steve Shelley, Thurston Moore et James Sedwards.

Ce disque s’avère finalement assez simple et direct. Il revient aux fondamentaux du rock-indie. On est presque surpris d’une telle accessibilité chez un musicien hyperactif et souvent déconcertant, capable de sauter du black-metal à des performances de free-improvisation, en passant par l’écriture de musiques de films ou de livres. Depuis sa séparation avec Kim Gordon, c’est depuis Londres, où il est parti s’installer que Thurston Moore continue d’écrire des chansons ravageuses dans lesquelles il libère une parole anti-conformiste et décalée.

Globalement l’ambiance musicale de The Best Day est lourde et crépusculaire. Le ciel est bas et l’horizon est gris, quelle que soit le mode d’expression choisi : balades lentes à la guitare acoustique 12 cordes ou rock-songs habitées par l’urgence et la tension, nourries de guitares électriques trash et noisy. L’esprit de Sonic Youth n’est jamais très loin (Detonation, Forevermore, Germs Burn), tout comme celui du Neil Young de la période Crazy Horse sur Tape ou Vocabularies.

Mais notre cœur penche en faveur des titres plus équilibrés et étincelants que sont le morceau d’ouverture Speak To The Wild ou le très convaincant single The Best Day, qu’on pourrait presque qualifier de tube, chose plutôt rare chez Thurston Moore.

Wayne Hussey le 14/10/14 à Angers

Wayne Hussey le 14/10/14 à Angers Joker’s Pub

C’est une semaine très spéciale pour The Musical Box. Un anniversaire, même s’il n’est que de 3 ans, ça se fête !

L’évènement est, bien sûr, la présence pour deux concerts de Wayne Hussey, invité en exclusivité pour nous au Joker’s Pub à Angers. Le premier concert a eu lieu hier. Le deuxième se tient ce soir (il reste encore quelques places pour en profiter).

Dans une petite salle, intimiste, avec une bonne acoustique, Wayne Hussey a comblé de bonheur le public de « happy few » connaisseur, dont certains n’avaient pas hésité à venir de Caen, Lille ou Montpellier! Durant une heure trente de concert, seul sur scène, il a judicieusement composé sa set-list de titres de The Mission, de morceaux personnels plus récents et de reprises très réussies d’Echo & The Bunnymen, All About Eve, Dylan ou Bjork. Wayne impressionne par sa maitrise absolue des instruments dont il change régulièrement : guitare électrique, acoustique, piano (niché au dessus d’un drapeau du Liverpool F.C dont il est fan) et même un ukulélé. Il est frappant de constater à quel point sa voix n’a pas changé et n’a rien perdu de sa qualité d’antan. Les chansons classiques de The Mission ont été ré-arrangées dans des versions totalement différentes, qui les éclairent d’un jour nouveau. On retiendra en particulier l’étonnant medley Wasteland/ Like a Hurricane joué à la guitare acoustique à la manière d’une musique de western crépusculaire ou encore un Butterfly on a Wheel magnifique, joué au piano et repris en chœur (et sans fausse note c’est à signaler) par l’assistance.

Bref, nous avons vécu de bons moments d’émotion, partagés avec une grande personnalité de l’histoire du rock, qui a su garder intacte sa passion avec humilité, humour et délicatesse. Une fidélité à sa démarche musicale et à ses chansons au fil du temps dont on se sent complice et à laquelle on adhère volontiers.

Pour autant, The Musical Box ne versera jamais dans la nostalgie pure. Le rock c’est avant tout Ici et Maintenant. En 3 ans plus de 650 chroniques ont été publiées, dans lesquelles on s’évertue à vous faire découvrir des artistes en devenir, tout en donnant aussi des nouvelles de ceux qui résistent dignement aux outrages des années qui passent. C’est une recherche tout azimuts en veillant à ne jamais tomber dans le sectarisme. Vive la variété !

Nos chroniques ont parcouru une quantité invraisemblable de pays de la planète rock. Du Canada à l’Estonie, du Brésil à l’Inde, en passant par la Pologne ou la Corée. Le panorama de nos découvertes va du Metal musclé vêtu de cuir jusqu’au Folk fragile d’une jeune auteur-compositeur débutante et timide. Peu importe le style pourvu qu’il existe un contenu qui nous touche. L’émotion avant tout!

Parfois nos choix s’avèrent prophétiques et sont confirmés par une reconnaissance mondiale , par exemple Alt-J, dont nous vous avions parlé alors qu’ils n’avaient publié qu’une démo. D’autres fois, c’est un coup pour rien, avec des artistes qui restent (pour l’instant en tout cas) anonymes. Ce n’est pas grave. Le plaisir de les écouter reste le même. Notre but est de vous emmener sur des chemins différents des autoroutes des charts et des grands médias TV et radio. De vous faire prendre conscience, surtout pour les plus jeunes d’entre vous, qu’une autre approche de la musique existe, en dehors des plans com des maisons de disque majors et des émissions de télé-réalité sensées révéler de nouveaux talents.

L’idée principale derrière tout ça : Soyez et restez curieux !

N’hésitez pas à faire connaitre notre site. Notre seul salaire est moral : celui du plaisir de constater que vous êtes de plus en plus nombreux à nous lire.

Comme pour chaque article, il faut trouver une illustration musicale pour célébrer cet anniversaire. Pas besoin de chercher très longtemps : la voix enfantine et intemporelle de Claire Grogan de Altered Images (Ecosse-1981) s’impose rapidement, pour un Happy Birthday de circonstance, vivant, charmeur et atypique.

C’est le dernier né des groupes de Birmingham. Superfood est la quatrième lame qui vient s’ajouter aux trois mousquetaires de la ville dont nous avons déjà loué le talent prometteur : Peace, Jaws et Swim Deep.


Superfood : Ryan Malcolm (guitare), Emily Baker (basse), Dom Ganderton (chant/guitare), et Carl Griffin (batterie).

Avec ces quatre groupes-là et pour la première fois depuis bien longtemps, on entend vraiment parler d’un « rock de Birmingham ». La ville des Midlands n’a jamais vraiment eu les faveurs de l’histoire du rock, à l’opposé de Londres, Manchester ou Liverpool. Quand les Beatles cartonnaient surs les bords de la Mercey, puis dans le monde entier, Birmingham résonnait des accords des Moody Blues ou de Traffic. Ces plus récents représentants célèbres sont Editors et The Streets. Et la mention du Birmingham Sound évoque plus le reggae des 80’s (Steel Pulse, UB 40, Musical Youths ou The Beat) ou encore le heavy-metal des 70’s (Led Zeppelin, Judas Priest et Black Sabbath). Du côté du pop-rock, il y eut les fastes de The Electric Light Orchestra et Duran Duran dans les 80’s comme la pop sonique d’Ocean Colour Scene dans les 90’s. Mais c’est un peu maigre pour constituer un héritage réellement significatif.

Superfood est apparu dans notre viseur depuis un an environ, avec une succession de singles prometteurs : Bubbles, Melting, TV, Right On Satellite. Jouées avec des guitares énergiques et des rythmes festifs et groovy ces chansons mettent l’accent sur des mélodies lumineuses et bien construites, souvent doublées par des chœurs. Le groupe est même parvenu à reprendre avec bonheur le cultissime Fight For Your Right To Party des Beastie Boys.

Maintenant c’est l’album qui arrive. Don’t Say That paraitra dans un mois chez Infectious Records. Il est réalisé par Al O’Connel, qui a dans le passé travaillé avec Mark Ronson, New Young Pony Club et surtout les formidables Ecossais Django Django. C’est un choix qui apparait judicieux à la découverte de Mood Bomb le premier single extrait de l’album, dans lequel le travail de production apporte un plus très net par rapport aux premiers morceaux. En particulier le mix des voix et les constructions des chœurs sont brillamment arrangés.

C’est une rafraichissante chanson brit-pop au parfum 90’s. Basée sur une intrigante rythmique funky et des guitares grinçantes et joyeuses, elle diffuse à la fois mystère et bonne humeur.

Ce qui impressionne avec Blossoms, c’est leur très haut niveau de professionnalisme. C’est une qualité qu’on retrouve souvent chez les jeunes groupes Anglais : la maitrise totale de tous les éléments artistiques : le look, la musique, le son et les images.

Leur histoire n’a pas une grande importance . Cinq musiciens évoluant depuis quelques années dans différentes formations de Stockport, dans la banlieue de Manchester, qui se réunissent dans une espèce de « supergroupe » pour former Blossoms. Ils effectuent des premières parties des concerts de Howling Bells, The Orwells et The Rifles, avant de se faire repérer par James Skelly de The Coral qui craque en découvrant leur première chanson “You Pulled A Gun On Me” et les signe sur son label Skeleton Key Records.

Blow, qui parait le 20 octobre, est leur premier single et il constitue une véritable démonstration.

C’est un début qui touche à la perfection, au zéro défaut. Un son énorme du à une production très équilibrée, qui unit harmonieusement la rythmique basse/batterie qui résonne comme dans une cathédrale et les guitares brumeuses enluminées par la spiritualité des accords d’orgue. La voix grave et mature de Tom Ogden chante avec assurance des mélodies droguées, soutenues lors des refrains par des chœurs pop 60’s. Leur ambiance musicale qu’ils ont baptisée eux-mêmes « Ethereal Nostalgic Sonance » est bien sûr très hype et s’inscrit complètement dans le revival psychédélique du moment. Mais ce qui différencie Blossoms de la masse des suiveurs c’est un aspect très classique, intemporel , qui fait référence aux Doors, au Mercey Beat, autant qu’aux Arctic Monkeys. Etonnant pour un tout jeune groupe.

Leur look est cohérent avec la musique : les pulls noirs à col roulé sont de sortie, avec pendentifs et bijoux apparents et la coupe de cheveux late-60’s qui va bien.

Même le clip de Blows est sidérant de professionnalisme. Et pourtant c’est le groupe qui l’a réalisé tout seul, dans son entrepôt de répétition, pour un budget total de 75 euros !

Blossoms ne va sans doute pas bouleverser toute l’histoire du rock. Ils deviendront peut-être imbuvables dans quelques années ou sombreront dans les oubliettes du rock. On ne sait pas. Mais ce qui est certain, c’est que ici et maintenant, en cet automne 2014, ils font étalage d’une maturité, d’une maitrise artistique et d’un talent surprenant pour des nouveaux venus.

Surdoué et brillant.

Le duo 80’s Cocteau Twins est une référence classique des chroniques de The Musical Box. Rien ne nous fait plus plaisir que de chercher à travers de nouveaux artistes l’émotion ressentie dans le passé et la nostalgie de la voix divine d’Elizabeth Frazer. Mais finalement la bonne question à se poser ne serait-elle pas plutôt : quel type de musique joueraient les Cocteau Twins s’ils apparaissaient en 2014 ?

Lydia Ainsworth apporte sans doute de bons éléments de réponse. Une pop hybride moitié onirique et moitié technologique, où on entend une voix de sirène digne de Kate
Bush
ou Liz Frazer discrètement déshumanisée par l’auto-tune, bondissant sur les arabesques rythmiques d’une drum-machine RnB endormie, résonnant d’étranges chœurs trafiqués. Un monde musical paisible, ensorcelant et majestueux, dans lequel cohabitent en harmonie les instruments les plus classiques et les outils sonores les plus modernes. Des cordes et des samples. Un refuge agréable et exotique où on se sent bien.

Lydia Ainsworth est Canadienne et dotée d’une sérieuse base musicale. Elle a en effet commencé la musique par le violoncelle à l’âge 10 ans, avant de poursuivre plus tard des études universitaires sur les musiques de films à Montréal et New York. Puis, après trois années passées à créer et interpréter sa propre musique entre Toronto et Brooklyn, elle publie maintenant son premier album Right from Real, paru le 30 septembre chez Arbutus.

On y découvre toute la richesse d’un répertoire plein de classe, mais pourtant jamais présomptueux, placé sous des influences œcuméniques : Verdi, Peter Gabriel, Bernard Hermann ou les Voix Bulgares ! C’est une succession de chansons de RnB spectrales (Malachite), d’étranges et magnifiques chorales crépusculaires bercées par des arpèges de boite à musique et des roulements de percussions galactiques ( l’époustouflant White Shadow), ou des hymnes de techno-pop de chambre minimaliste (PSI).

Right From Real est une plongée féérique et jubilatoire dans des fonds musicaux jusqu’à présent inconnus et qui révèlent une formidable artiste.

Lydia Ainsworth. Un nom qu’il faut retenir. Et cocher d’avance pour les futurs bilans de fin d’année.

Est-il ridicule de continuer à écouter The Charlatans en 2014 ? La discussion est ouverte.

Il existe tout de même une bonne raison : ils viennent de publier un nouveau single baptisé Talking In Tones, qui annonce la sortie d’un douzième album. Ce chiffre est étonnant. On avait pas l’impression d’une telle régularité dans leur discographie, plus vraiment scrutée depuis 20 ans et les deux premiers albums qui resteront pour nous à tout jamais leurs meilleurs. Et pourtant les dates sont là. Tous les deux ans environ, Tim Burgess et ses petits camarades sortent un nouveau disque, et sans faire trop de bruit. Ce qui n’empêche pas le succès d’être toujours au rendez vous. Tous leurs 11 précédents albums ont été classés dans le top 40 Anglais. Et 17 de leurs singles dans le top 30 ! Une performance incontestable.

Mais pour nous The Charlatans incarnent surtout la folie qui toucha Manchester au début des années 90, quand le rock et la dance-music s’accouplaient festivement dans des nuits chimiques sans fin, sous l’impulsion de héros qui s’appelaient Happy Mondays, Inspiral Carpets ou Stones Roses. Leur album Some Friendly de 1990 résiste plutôt bien à l’épreuve du temps qui passe. La preuve :

A une époque ou l’esprit du Madchester hante à nouveau des jeunes groupes émergents (au hasard : Peace, Jagwar Ma), c’est plutôt agréable de voir The Charlatans revenir avec une chanson très bien tournée, recyclant de manière plus moderne leur marque de fabrication : des rythmes baggy chaloupés, de belles nappes d’orgue brodées par Tony Rogers, et la voix toujours sexy-canaille de Tim Burgess. Mais malgré tous ces ingrédients il émane de ce titre une ambiance glauque, intrigante et malsaine. Il ne faut surtout pas chercher à y retrouver la flamboyance de Them ou The Only One I Know, mais c’est sans aucun doute un single digne et efficace qui fait honneur à ce groupe vraiment mythique.

Ces derniers temps ont été durs pour The Charlatans, qui ont perdu en 2013 leur batteur John Brookes emporté par une tumeur au cerveau. C’est Pete Salisbury de The Verve qui le remplace à la batterie sur Talking In Tones. Et on annonce d’autres batteurs en renfort pour l’album avec Stephen Morris de New Order et Gabe Gurnsey de Factory Floor.

C’est d’ailleurs un autre Factory Floor, Nik Colk Void, qui a tourné le clip dans lequel l’acteur Nico Mirallegro incarne un jeune Tim Burgess.

Encore du neuf ! Black Rivers est le tout nouveau side-project des frangins Andy et Jez Williams respectivement batteur et guitariste de Doves.

Jusqu’à présent The Musical Box n’a jamais abordé la discographie de Doves, un groupe qu’on ne déteste pas, à la carrière très respectable (4 albums entre 2000 et 2010, deux fois n°1 dans les charts, concerts dans les stades aux côtés de Colplay ou U2), mais qui est sans doute un peu trop mainstream pour nous. On aurait écrit il y a quelques décennies trop « Middle Of The Road ».

Et justement, ce qui est intéressant avec Black Rivers, c’est qu’une fois sortis du poids lourd Doves, les frères Williams ont quitté le « milieu de la route » pour prendre des chemins alternatifs. Bien plus loin qu’un simple itinéraire de déviation, ils se sont d’abord enfuis par mer avec un premier single plutôt réussi The Ship en juillet. Et maintenant c’est carrément avec une navette spatiale qu’ils décollent avec le deuxième single Voyager 1.

« Nous avons toujours été attirés par l’évasion, chercher quelque chose » déclaraient-ils en juillet dans le NME, « Ce qui est passionnant avec Black Rivers c’est que nous avons la liberté d’aller où nous voulons ».

A l’écoute de Voyager 1,on peut affirmer qu’ils ont bien rempli leur objectif. Car c’est une chanson surprenante et inclassable. Space, électro, pop, cosmique, rock. On peut mettre tous ces qualificatifs dans n’importe quel ordre, ils colleront toujours parfaitement à l’ambiance de ce morceau. Amené dans un tempo enlevé, il prend son envol avec des claviers aux sons saturés et un chant rêveur, avant de gagner la stratosphère par des refrains aux vocaux galactiques et aux guitares cristallines. Magnifique construction tout en progression dans l’intensité et les arrangements, et d ‘une grande variété rythmique et mélodique.

Pour leur premier essai de lancement spatial, c’est un coup de maître.

Une belle découverte ! En reprenant notre activité préférée de chercheurs de nouveaux talents, nous avons croisé la route de Kid Wave.

C’est un quartet mixte basé à Londres, mais dont l’origine des membres est planétaire. La chanteuse Lea Emmery et le guitariste Mattias Bhatt viennent de Suède. Serra Petale, la batteuse est Australienne. Le bassiste Harry Deacon est, lui, Anglais. Le groupe, tout neuf, s’est formé en 2013. Vite repéré par le NME il a rejoint la très brillante écurie Heavenly, dont on vous répète régulièrement le plus grand bien, pas plus tard qu’il y a quelques jours avec les étonnants King Gizzard & The Lizard Wizard.

Kid Wave ont fait la première partie de Childhood et ont enfin sorti il y a deux semaines leur premier single All I Want, enregistré par un producteur dont on a souvent salué le talent, Rory Attwell (Palma Violets, Veronica Falls, Yuck, Big Deal).

Ce surf-rock bruitiste aux teintes slacker est un vrai bonheur. On pense à Pavement, à Dinosaur Jr ou Lush. Les puissantes guitares mises en avant et le rythme lourd et efficace contrastent avec la douceur des mélodies et du chant de Lea Emmery. Dans un timbre plutôt bas à la Karen O / Chrissie Hynde, elle fredonne plaintivement ses textes pendant que les guitares bâtissent un mur du son digne de Wedding Present.

Ça cogne et caresse à la fois. On adore …

C’est le gros coup de cœur de ces derniers jours.

Portés par une tornade néo-psychédélique bien placée dans l’air du temps, affublés d’un nom à rallonge, drôles explosifs et exotiques, voici King Gizzard & The Lizard Wizard.

Originaire de Melbourne en Australie, cette joyeuse bande d’allumés débarque en Europe chez Heavenly, une auberge parfaite pour leur équipée hallucinée qui a déjà ouvert ses portes à d’autres rénovateurs psychédéliques, les épatants Temples. Pour la sortie US, encore une solide référence puisque c’est le leader de Thee Oh Sees, John Dwyer qui les accueille sur son label Castle Face Records.

I’m In Your Mind parait le 31 Octobre en format digital et le 1er Décembre en vinyl et CD.

Cellophane est le premier single extrait de l’album. C’est une bombe et un tube irrésistible joué sur un tempo au galop, dans une cavalcade de riffs et solos de guitares, de roulements de batterie métallique, d’appels à l’harmonica et hantée par les chœurs d’une chorale échappée d’un asile psychiatrique ou des adeptes d’une secte interdite. Le tout enregistré sur des bandes magnétiques trafiquées et saturées par des effets de phasing. Ils se définissent eux-mêmes comme « une bande de psychopathes complètement cinglés et armés de theremin » .

Avec leur garage rock bondissant qui détonne sous les pédales fuzz bloquées en position maxi, ils sont les descendants des Flaming Lips et des Sonics. Quand le psychédélisme des 60’s croise les rêveurs mabouls et chimiques du début de notre siècle. Quarante années sont passées, mais les effets secondaires sont les mêmes. Et on succombe instantanément.

Le seul problème avec eux est de se souvenir de ce nom imprononçable ! Et encore on a de la chance ils auraient pu ajouter « … in the Blizzard  » .

Aarrrd …


Si vous êtes équipés des bonnes lunettes, voici même le clip dans sa version 3D histoire de décoller complètement.

C’est l’Evènement de la semaine dans l’ouest de la France. Le festival Levitation débarque pour deux jours le 19 et le 20 septembre chez nos amis du Chabada à Angers.

C’est la deuxième édition de ce festival qui constitue une version trans-Atlantique du Psych Fest d’Austin au Texas, et se déroule à Angers, seul site Européen choisi. Il faut dire que des liens très forts existent entre les villes d’Angers et d’Austin qui sont quasi jumelées depuis 2011.

Pas moins de 25 groupes vont monter sur scène, avec un point commun : le psychédélisme.

On peut s’attendre à un gros son et à un déluge de fuzz et de distorsion, mais pas que ! Les Australiens Ben Frost par exemple se situent plutôt dans une ambiance electro. La Femme, plutôt abonné à la pop Française festive a concocté pour l’occasion un show « spécial psyché ». On retrouve même le paisible Sean Lennon avec The Goastt, groupe qu’il a formé avec sa compagne Charlotte Kemp.

Voilà l’affiche complète du festival :

Vendredi 19 Septembre (début à 17h30)
LA FEMME / KADAVAR / BEN FROST / ZOMBIE ZOMBIE / WOODS / CHRISTIAN BLAND & THE REVELATORS / ORVAL CARLOS SIBELIUS / SPINDRIFT / JOEL GION / AQUA NEBULAR OSCILLATOR / AL LOVER / EAGLES GIFT

Samedi 20 Septembre :
LOOP / THE GOASTT / THE SOFT MOON / ALLAH LAS / JC SATAN / MOON DUO / AMEN DUNES / WHITE HILLS / QUILT / ASTEROID #4 / HOLY WAVE / HIGH WOLF / AL LOVER / POW!

Parmi ce programme copieux, on repère quelques habitués de notre programmation radio ou de nos chroniques. On vous avait dit le plus grand bien de Damon Mc Mahon et son Amen Dunes. The Soft Moon, Quilt et Allah Las sont régulièrement diffusés dans le radio program.

Il faut également applaudir la présence des vétérans de Loop, des étonnant Allemands de Kadavar, de Joel Glion (US), membre du mythique combo Brian Johnstown Massacre.

Information et tickets : c’est ICI.

Voici quelques illustrations musicales, avec en tête de liste nos préférés : Quilt.





C’est une valeur sûre. Caribou a déclenché un grand bonheur en accompagnant tout notre été avec les premiers titres de son nouvel album Our Love.

Derrière ce nom d’animal rustique et sylvestre se cache Daniel Snaith, brillant musicien-producteur Canadien , aux identités multiples : Manitoba, Daphni et donc Caribou. C’est sous cette appellation qu’ il a marqué de son empreinte l’année 2010 avec son deuxième album Swim et son tube imparable Odessa.

2014 est l’année du grand retour de Caribou. L’album 10 titres Our Love parait chez Merge Records le 7 octobre. Ce nouvel opus s’est progressivement imposé dans notre cœur durant ces dernières semaines. D’abord avec le premier single l’étonnant Can’t Do Without You, hymne house avec un décalage rythmique et sonique insidieux qui ne l’a pourtant pas empêché d’emporter le dance-floor de l’été sur son passage.

Et puis un deuxième single, Our Love, lui aussi destiné à faire frémir les pistes de danse, mais qui parvient à insérer dans cette ambiance festive une douceur et une intimité qui étonnent.

C’est ce qui distingue le Caribou de Dan Snaith du peloton des combos de la planète Macumba. Une capacité à semer le désordre dans ses chansons, à faire le croche-pied à son tempo au moment le plus inattendu, à envoyer un sample ou un accord de synthé dissonant, à associer des mélodies très inspirées par la soul-music à des élucubrations vocales inquiétantes. C’est tour à tour surprenant, déséquilibrant, drôle, ou inquiétant et triste. Organique et électronique. Mais toujours très beau.

Danser les bras en l’air et avec des frissons dans le cœur. Une idée du bonheur …

Simplicité, puissance, efficacité. Telles sont les qualités qui nous on fait repérer Wild Smiles depuis quelques mois.

Ils clignotent sur nos écrans radar depuis mars 2013 et leur premier single Tangled Hair/ Sweet Sixteen, paru sur le label Invada de Geoff Barrow (Portishead). L’énergie et la fraicheur de cette très bonne chanson, mélange de Beach Boys et Jesus & Mary Chain, nous avait instantanément conquis.

Et la suite de leurs aventures n’a fait que confirmer les promesses entrevues, avec l’atmosphérique Take Me Away durant l’été 2013 puis le majestueux Fool For You au printemps 2014.

Ce trio Anglais originaire de Winchester (les deux frères Chris et Joe Peden à la guitare et au chant et Ben Cook à la batterie) parvient étonnamment à fusionner de multiples références rock : le grunge, le shoegaze, la power-pop et même la surf-pop des 60’s. Et ce qui aurait pu n’être qu’une démarche décousue ou présomptueuse s’avère au final une franche réussite. On adore entendre dans leurs chansons la mariage intemporel de Big Star et Dinosaur Jr, des Monkees avec Nirvana.

Aujourd’hui c’est Never Wanted This qui déboule, avec l’album Always Tomorrow dans les starting-blocks prêt pour une sortie dans un mois. C’est une efficace alternance très « Nirvanesque » entre temps faibles avec chant et guitare légère, puis temps forts en orages soniques sur les refrains. On savoure les progrès très nets effectués par le groupe. Leur son gagne en profondeur, en amplitude et par conséquent produit un impact beaucoup plus intense sur l’auditeur.

Une secousse revigorante.

Encore une découverte pointue aujourd’hui. Un truc pas facile à écouter qui change du paisible ronronnement convenu de la musique mainstream.

Mazes est un trio Anglais, formé à Manchester en 2009. Hasard du calendrier de nos articles, ils figurent sur Fat Cat records, le même label que The Twilight Sad, les Ecossais de notre précédente chronique.

Wooden Aquarium est leur troisième album. Après Ores & Minerals paru en février 2013 et auto-produit à domicile, Conan Roberts, Jack Cooper et Neil Robinson ont choisi de changer de cadre . Ils effectuent une traversée de l’Atlantique pour se rendre à Cornwall, au nord de New York, enregistrer en compagnie de Jonny Schenke, le producteur de Parquet Courts. Les conditions climatiques s’y révèlent dantesques . Victimes d’une tempête de neige, les trois Anglais se retrouvent bloqués pendant 15 jours dans le studio, obligés de déneiger les accès à la pelle et surtout de jouer dans des conditions rigoureuses et studieuses, privés de distractions aux alentours.

C’est peut-être cette force des éléments qui imprègne leur musique. On ne rigole pas trop chez eux. Les mélodies plutôt bien fichues sont frottées au papier de verre d’une classique formule guitare-basse-batterie. Les accords et les rythmiques sont simples et entêtants. Le son pourtant ample est sali et recouvert de poussière. Une destruction sonore, une fragilisation qui pose Mazes dans l’intervalle situé entre The Fall et Jonathan Richman. Forcément Parquet Courts n’est pas très loin non plus, mais on pourrait aussi citer à leur égard un paquet de groupes post-punk Anglais.

Encore un bel exemple de convergence entre le meilleur des deux côtés de l’Atlantique, ici entre Brooklyn 2014 et Manchester 1982.

Wooden Aquarium sort dans cinq jours.

Urgent et cinglant.

Aujourd’hui c’est déjà l’hiver dans ce post.

The Twilight Sad est une découverte de l’été. Mais ces Ecossais installent carrément un décor digne du mois de novembre. La brume encercle et inquiète, le ciel est bas et sombre et le vent est glacial. Pour réaliser ces effets spéciaux, le trio de Kilsyth utilise des outils déjà bien expérimentés par le passé, notamment lors des années 85-90 et la découverte du shoegaze.

Guitares aux effets delay et reverb de cathédrale gothique, batterie lourde et hantée, basse lugubre et ronflante viennent souligner la voix de James Graham, fantomatique et épique, mais jamais geignarde ni miaulante. On est très proche des sphères vocales atteintes par Paul Banks le chanteur d’Interpol. On pourrait aussi citer les versions originales de ces ambiances de grisaille crépusculaire que furent Cabaret Voltaire, Magazine ou Nine Inch Nails.

Si The Musical Box ne les découvre que maintenant, ce ne sont pourtant pas des nouveaux venus. Ils ont déjà trois albums bien au chaud dans leurs placards depuis 2007. Mais ce qui fait leur actualité c’est la prochaine parution du quatrième L.P, au titre fleuve Nobody Wants To Be Here And Nobody Wants To Leave.

Il sortira chez Fat Cat Records le 27 octobre prochain. Les dix pistes du disque ont été enregistrées par Andrew Bush (Ingénieur-son de Breton) dans les studios de Mogwai, les Castle Of Doom Studios à Glasgow. Puis c’est Peter Katis (Interpol, The National, Mercury Rev) qui en a assuré le mixage.

The Twilight Sad essaye avec ce nouvel opus de trouver un équilibre entre la force du son et l’expérimentation sonique de ses plus récents albums, et l’émotion plus spontanée et brute des tout premiers.

There’s A Girl In The Corner est le premier titre extrait de cet album. Une belle chanson triste qui parle de culpabilité et d’absence.

Une humeur automnale qui s’installe déjà avec magnificence . Brrr !

AUDAC – Album

Belle découverte et double dose d’exotisme !

Exotisme géographique tout d’abord. Audac est un groupe originaire du Brésil, pays dont on parle finalement assez peu dans The Musical Box. Ils viennent de Curitiba, située dans l’état du Parana, dans la zône tropicale du sud du Brésil.

Exotisme musical ensuite. Quand on évoque la musique Brésilienne, les premières notes qui viennent à l’esprit sont celles de la bossa-nova ou du tropicalisme chaleureux. A oublier d’emblée à l’écoute d’Audac. Ici l’atmosphère musicale est embrumée, grise et froide. Anglo-Saxonne.

Un an après sa sortie au Brésil, la parution en Europe de l’ album éponyme Audac (chez Novomundo) est l’occasion de se pencher de plus près sur ce groupe constitué de deux filles, Alyssa Aquino (chant,synthés) et Deborah Salomao (basse et chant), associées à deux garçons, le guitariste Matheus Reinert, et Pablo Busetti batteur.

Ce premier album est né de l’incroyable rencontre du groupe avec Gordon Raphael, l’homme qui a lancé The Strokes en 2000/2001 avec leur premier E.P The Modern Age, puis leur chef d’œuvre de premier album Is This It. Le New Yorkais qui effectuait un crochet par le Brésil au retour d’un voyage en Argentine, est instantanément tombé sous le charme des Brésiliens et a accepté de produire les sept titres de leur premier album.

Sous l’étiquette locale Novo Rock, Audac se livre à une déclinaison musicale érudite et débrouillarde qui s’étend du noise rock à guitare (Dark Side) jusqu’à la pop glaciale synthétique (Esprit), en passant par des mid-tempos accrocheurs (The Bow River) ou des tempêtes de dream-pop tourbillonnante (le somptueux Back to The Future).

L’équilibre entre l’électronique des claviers et la distorsion des guitares est judicieux. Le chant en Anglais est touchant par sa fragilité, sa maladresse parfois, et son trop plein d’émotions. Les chansons d’Audac sont pleines de petits défauts, mais c’est justement ce qui fait leur charme. Elles reflètent une grande sincérité et une intensité troublante.

Atypique et émouvant.