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C’est une bonne nouvelle : le retour de Korallreven. Habitué fidèle de nos colonnes et squatter de notre radio program, le duo Suédois revient dans l’actualité avec un single intitulé « Try Anything Once ».

Korallreven Cornelius

Pour celui-ci, Korallreven a recruté un renfort de qualité, Cornelius. Le chanteur-producteur Japonais, grand maitre de la pop Nippone, amène avec beaucoup de pertinence sa voix claire et étincelante sur le support musical plus expérimental et électro des Suédois. Sans oublier une curiosité : les choeurs sont assurés par le Tensta Gospel Choir, un ensemble gospel de la banlieue de Stockholm.

« Try Anything Once » est le digne héritier des meilleurs titres de « An Album by Korallreven », très réussi debut-album du groupe en 2011. Résolument orienté pour dynamiter le dance-floor, il délaisse la réserve un peu froide de la chillwave habituelle jouée par Marcus Joons et Daniel Tjäder, et se pare de couleurs plus solaires et lumineuses. Des claviers aux consonances Asiatiques ou résonnent steeldrum et marimba, au tempo très Baléarique derrière lequel s’entrechoquent des percussions électroniques, tout se conjugue pour créer une atmosphère festive et punchy.

On ne connaissait pas encore les discrets et sensibles Suédois dans ce registre étincelant et ambitieux. Mais le résultat est loin de nous déplaire. Sortez les paillettes et la boule à facettes !

C’est l’histoire bien connue du petit ruisseau qui devient une grande rivière.

Tout commence il y a un mois. JOANNA GRUESOME, quintet anonyme de Cardiff publie « Sugarcrush », premier extrait de son album « Weird Sister » paru chez Fortuna Pop.

joanna gruesome

Une bombe de noisy-pop expédiée en moins de trois minutes dans laquelle on identifie immédiatement un de nos mélanges préférés : le sucré/salé. Les mélodies acidulées et faussement naïves de la chanteuse Alanna McArdle s’incarnent au sein d’une musique aux arrangements tumultueux autour d’une batterie sprinteuse et noyée dans les cymbales et des guitares au son garage et puissant. Mais le moment le plus corrosif est la survenue dans le dernier tiers du morceau d’un pont instrumental apocalyptique, pile au moment où on attend plutôt un final avec un refrain tout en douceur. Redoutable et surprenante déflagration !

« Sugarcrush » est repéré par les têtes chercheuses de Pitchfork qui encensent cette chanson « une tranche de noise-pop méchamment speedée dont la douceur des guitares et mélodies vocales est écrasée par des riffs avant-gardistes et dissonants et une section rythmique qui a pour but de forcer l’auditeur à se soumettre ». L’album « Weird Sister » confirme en obtenant une bonne note et des éloges : « probablement le disque d’indie-pop le plus pur, accrocheur et exubérant que vous aurez écouté cette année ».

Attiré, on se risque alors timidement à les programmer dans le Zistor Express de notre radio program, en croisant les doigts pour ne pas entrainer une vague de déconnexion à leur écoute.

Et puis, finalement, au fil des diffusions, il s’avère que « Sugarcrush » devient vite une chanson familière et entêtante. Bien sûr, ce n’est pas une chanson à reprendre sous la douche, mais l’atmosphère envoutante et les mélodies accrocheuses emportent l’adhésion. Et le résultat ne touche pas que les auditeurs de TheMusicalBox. Les grands médias s’en mêlent. La BBC place Joanna Gruesome en tête de playlist ! Et il est logique de penser que les semaines qui viennent devraient leur être de plus en plus favorables en terme de notoriété.

Et on réalise que le petit morceau rebelle et bruitiste du début s’est progressivement transformé en une chanson qui tourne en heavy rotation sur les ondes internationales. Et c’est un vrai bonheur de voir qu’il est possible de créer une musique pas forcément facile d’accès et de toucher quand même un public de plus en plus large.

Morale de cette belle histoire : exigence et intransigeance peuvent rimer avec reconnaissance.

Est-il encore nécessaire de rappeler le rôle important de « lanceur d’alertes musicales » de TheMusicalBox ? Parfois les échos perçus par notre radar de détection s’avèrent n’être au final que des poussières de météorites insignifiantes. Mais il peut aussi s’agir de la révélation d’un nouvel astre musical qui va illuminer la surface de la planète rock quelques mois après.

Jake Bugg fait partie de cette dernière catégorie. On vous avait initié à ce jeune songwriter à l’époque encore inconnu au printemps 2012. La conclusion de l’article était : « S’agira-t-il d’une étoile filante qui sera déjà oubliée à la fin de l’été ? De la naissance d’un futur grand artiste en devenir ? »

La réponse est maintenant claire. 18 mois après, tout le monde connait le bogosse de Nothingham. Son premier album, paru entre fin 2012 et début 2013 selon les pays, sera à n’en pas douter dans les bilans de ce qui s’est fait de mieux en 2013. La fin de sa tournée Française, prévue dans des salles de jauge moyenne a été annulée au profit de dates plus prestigieuses et lucratives. Et enfin la simple mention de son nom déclenche des soupirs d’admiration et des déferlantes hormonales auprès de ses fans.

Jake Bugg

Ce n’est pas une raison suffisante pour le renier maintenant dans un ricanement méprisant. D’autant plus que l’annonce d’un nouvel album (déjà ?) suscite curiosité et intérêt. Il sortira sous le nom de « Shangri-La » le 18 novembre prochain, titre choisi en référence au studio de Malibu dans lequel le disque a été enregistré. C’est celui du producteur de l’album, Rick Rubin, véritable légende Américaine, fondateur du label rap Def Jam, qui a travaillé avec les plus grands (Johnny Cash, AC DC, Red Hot Chilli Pepper, ZZ Top ou … Lana Del Rey et Adèle ! ).

Jake Bugg est accompagné par Matt Sweeney, ex-Skunk et Bonnie Prince Billy (guitare), Jason Lader (Basse), et Pete Thomas de The Attractions à la batterie.

La règle choisie était d’enregistrer les morceaux en prise live, en évitant les couches d’effets spéciaux. Une recherche de la magie du direct et de sincérité qu’on retrouve bien sur « What doesn’t kill you », premier single extrait de « Shangri-La ». Ce morceau explore le versant plus rock de Jake Bugg. Ça tombe bien : c’est notre préféré, bien plus convaincant que les ballades de crooner sirupeux et geignard qui figuraient aussi sur le premier album.

Après une minute de présentation, Jake branche sa guitare et joue un rock binaire speed et nerveux qui emporte sa voix nasillarde à la Dylan dans une ambiance punk-rock façon The Libertines.

Direct et sincère on vous disait !

Dans toutes nos chroniques de TheMusicalBox, les artistes et leur musique sont souvent abordés selon un sens chronologique « vertical » : rencontre, influences, premier concert, premier E.P, premier album, deuxième album, etc … Il serait aussi très intéressant de les étudier sous un autre angle : transversal.

Ce peut être les différentes participations des musiciens à d’autres projets et les interactions entre différents groupes. Mais c’est aussi l’appartenance à un label. On ne souligne pas assez l’importance pour un artiste de se sentir au moins épaulé et soutenu, ou, encore mieux, complice et en osmose complète avec son label. C’est le cas des grands labels qui ont marqué l’histoire du rock, par exemple par la qualité de leurs groupes et l’identification immédiate à la vue de leurs pochettes de disques (4 Ad) ou par la force des idéaux d’une attitude indie quasi militante (Sub Pop).

Il existe aussi des labels dont la qualité marquante est le développement au fil des années d’une grande cohérence dans le son et l’atmosphère musicale. Le meilleur exemple est Sarah Records, label des années 85/95 devenu aujourd’hui un véritable culte mythique (le fameux « son Sarah records »), bien plus célèbre que les propres groupes du label qui eux n’ont jamais connu (hélas) d’heure de gloire : Field Mice, The Orchids ou St Christopher.

Capturedtracks

Le label actuel Captured Tracks fait partie de cette catégorie. Quand on découvre les différents membres de cette délicate écurie basée à Brooklyn, on découvre des jeunes poulains pour la plupart peu connus. Franchement qui a entendu parler de ALEX CALDER, BEACH FOSSILS, BLOUSE, CHRIS COHEN, CRAFT SPELLS, MEDICINE, MINKS, NAOMI PUNK, SOFT METALS ou THE SOFT MOON ? Mais à côté d’eux figurent d’autres groupes qui ont tous été chroniqués ou régulièrement diffusés dans nos colonnes. DIIV, HOLOGRAMS, MAC DEMARCO, THIEVES LIKE US, WIDOWSPEAK ou le formidable WILD NOTHING.

On note chez tous ces groupes une cohérence et une unité dans l’esprit et l’attitude, mélange d’humilité, de délicatesse, d’indépendance et d’authenticité. L’étiquette Captured Tracks est devenue synonyme de découverte et de qualité. N’hésitez pas à prêter l’oreille aux différentes productions de la maison et vous aussi vous serez surpris et séduits par le talent des artistes, souvent planqués derrière un mixage très low-fi et minimaliste à la première écoute.

En attendant l’album de Widowspeak dont on aura l’occasion de reparler à sa sortie, voici en guise d’illustration de ces propos HEAVENLY BEAT.

heavenly beat

C’est un « one man project », bâti tout en douceur par le Texan d’origine John PENA, depuis 2009. Pas vraiment western, il chante une pop sensible, fragile, presque timide, conçue dans un esprit totalement DIY, à la maison. La preuve avec la photo de la pièce où a été enregistré « Prominence », le deuxième album de Heavenly Beat :

heavenly beat studio

« Honest » résonne entre une dream-pop romantique à souhait et une chill-wave plus festive et chaleureuse, truffée de petits gimmicks de claviers, de guitare ou d’harmonica. Derrière une production très sobre on entend un foisonnement d’idées mélodiques et d’arrangements magnifiques.

Splendeur et humilité. Voilà ce qui qualifie le style Captured Tracks.

Un jour, Vanke a comparé notre démarche à « chercher ses disques du moment loin derrière les bacs là où il n’y a que les pépites et la poussière ». Pour rebondir sur cette idée, on pourrait aussi comparer notre activité à un long travail de botaniste : sortir des sentiers trop fréquentés, et aller derrière les buissons de ronces pour y chercher des essences florales rares et inconnues.

Quel bonheur en effet de s’affranchir des dogmes du « bien pensant » musical, de la dictature des communiqués de presse des maisons de disques qui assurent la programmation des grands médias culturels mainstream.

Pourquoi n’écouter que ce que tout le monde écoute ? Bien sûr on adore les poids lourds de l’actualité que sont aujourd’hui Franz Ferdinand, Arctic Monkeys et MGMT, ou demain Arcade Fire. Mais c’est aussi un réel plaisir de se pencher sur la production d’un label indépendant inconnu ou de découvrir un groupe que peu d’oreilles ont entendu.

hurdles

Ce long préambule pour en arriver à Hurdles. Quatre garçons de Belfast. Leur troisième single est en ligne. Il s’intitule « Kaleidoscope » et ne compte que 165 vues seulement sur youtube à ce jour. Et pourtant voilà un morceau excellent, frais et tubesque. Une pure chanson pop-rock mélodique et acidulée qui n’aurait pas juré dans le répertoire de leurs compatriotes Two Door Cinema Club du temps de leur jeunesse, ou, de l’autre côté de l’Atlantique, chez The Strokes.

Pas d’excès de louanges non plus. Il ne s’agit pas d’un chef d’œuvre qui va bouleverser l’histoire du rock. Ils ne deviendront sans doute pas le meilleur groupe du monde, mais on se dit que Hurdles méritent largement plus que quelques dizaines d’auditeurs et que c’est vraiment notre rôle de « passeurs » de vous les faire connaitre.

C’est chose faite.

Enjoy and cheers mates !

Jouer du grunge en 2013 a un côté très old-school, voire old fashioned. Pourtant ce style perdure avec des groupes modernes plutôt branchés, comme Mikal Cronin, Surfer Blood ou Speedy Ortiz.

Et aussi Yuck.

yuck

On les croirait originaires des garages de Californie, et pourtant c’est un groupe Londonien, né sur les cendres de Cajun Dance Party, épatant quintet carbonisé malgré un éclatant début en 2008 avec l’album « The Colourful Life » et son génial single emblématique « Amylase ». Rappelez vous.

Même si officiellement le groupe existe toujours, Daniel Blumberg, le chanteur et Max Bloom le bassiste se lancent dans leur propre projet fin 2010. Ils sont signés par Fat Possum et sortent leur premier album éponyme « Yuck » en février 2011. Il rencontre un bon accueil avec sa pop à guitares crades et noisy, plutôt anachronique et nostalgique d’une époque que les moins de vingt ans n’ont pas connue : le début des nineties et le noise-rock de Pavement et Dinosaur Jr.

Malgré ses bons débuts, la suite ne tourne pas rond chez Yuck. Daniel Blumberg quitte le groupe, trop pop à son goût, pour aller former Hebronix, un projet beaucoup plus expérimental produit par l’ex-Royal Trux Neil Hagerty. On craint alors le pire pour Yuck, mais finalement les nouvelles sont rassurantes. Un nouvel album, « Glow & Behold », est prêt à sortir le 30 septembre. Et un single est publié en avant première, « Middle Sea », avec en B-Side une reprise de New Order : « Age of Consent ». Bon choix incontestablement.

« Middle Sea », dont voici le clip tennistique à la fois drôle et glauque, constitue la suite logique et très cohérente du premier album. Un mur du son construit avec les guitares et une batterie puissante avec de nombreuses explosions de cymbales encadrent Max Bloom, promu au chant depuis le départ de Blumberg. La mélodie est fragile et déchirée avec des choeurs fantomatiques et minimalistes. On pense à My Bloody Valentine ou aux Pale Saints.

« Glow & Below » est produit par Chris Coady, qui a travaillé avec Beach House et Delorean. Mais Max Bloom a surtout été séduit par son travail avec Smith Westerns, le groupe Américain avec lequel ils ont effectué leur première tournée Américaine. Après toutes les tensions liées au départ de Daniel Blumberg, Yuck a choisi de s’isoler dans la forêt à moins de deux heures de Manhattan, dans les Dreamland Recording Studios, là même ou Chris Coady avait enregistré en 2010 l’album majeur « Teen Dream » de Beach House.

La nature proche de la civilisation. C’est un peu à l’image de leur musique : à la fois rustique et terriblement urbaine.

Emiliana Torrini

Une fille insaisissable ! On a toujours eu du mal à bien cerner Emiliana Torrini, et par conséquent à apprécier ses précédents albums. Trop pop ou trop expérimentale, trop folk ou pas assez, trop bien produite ou pas assez, trop Bjork, trop Italienne, trop calme ou trop théâtrale … Bref du mal à s’y retrouver.

Mais c’était avant !

Car avec ce quatrième album, « Tookah », tout devient limpide. Oh bien sûr, on retrouve cet éternel bazar aux multiples climats qu’elle nous a habitués à affronter. De l’electro folk de la première chanson « Tookah » jusqu’aux envolées célestes et sensuelles de « When Fever Breaks », on passe par le froid (« Autumn Sun »), le tiède (« Home ») ou le torride (« Speed of Dark »). Mais le tout est lié avec cohérence grâce à la production de Dan Carrey et à la qualité du song-writing de l’Islandaise.

Ce disque est marqué par la sérénité et l’apaisement. Peut-être celui de l’âge de raison car Emiliana a désormais 36 ans et son silence discographique de cinq ans depuis son troisième album « Me and Armini » et son tube en or massif « Jungle Drum » corrrespond à une réelle volonté de prendre du recul, de profiter de la vie et de sa famille après une carrière commencée en 1994, il y a presque vingt ans donc. Cette parenthèse prolongée lui a permis de se consacrer sans stress ni pression à l’écriture de ce nouveau disque.

Parmi les 9 chansons de « Tookah », TheMusicalBox a une petite préférence pour le rutilant « Speed of Dark », machine à secouer et émouvoir le dancefloor de l’automne, avec ses basses à la New Order et une petite voix douce et caressante qui nous remémore celle de Kate Bush dans « Running up that hill ».

Chair de poule garantie.

C’est souvent un plaisir de croiser à un coin de rue ou au fond d’un bar un vieux copain perdu de vue. Au bout de quelques minutes/heures de retrouvailles et de discussion, on a l’impression de s’être quitté la veille alors que de longues années sont passées depuis la rencontre précédente.

girls in hawaii

C’est exactement ce qui se passe avec Girls In Hawaii. De vieux amis de nos oreilles musicales, qu’on a le sentiment d’avoir découverts il y a quelques années seulement. Mauvais calcul : c’était en 2003 (dix ans déjà) avec leur excellent debut-album « From Here To There ». Il faut dire qu’en dix ans ils n’ont pas fait de bruit. Un deuxième album au bout de cinq ans, « Plan Your Escape » en 2008 et c’est tout. Depuis plus rien sur le plan musical. Les autres nouvelles les concernant furent franchement catastrophiques. Leur batteur, Denis Wielemans, frère d’Antoine le chanteur du groupe, est mort dans un accident de voiture à Bruxelles le 30 mai 2010.

Girls in Hawaii Everest

La sortie d’un troisième album, « Everest », met donc du baume au coeur et rassure sur l’endurance et la force de Girls In Hawaii, nécessaires pour surmonter une telle épreuve. Produit par Luuk Cox et mixé par Tchad Blake (Tom Waits), son titre n’est pas anodin. Il symbolise le sommet inacessible et dangereux qu’ils ont du gravir pour parvenir à retrouver le plaisir et l’énergie de refaire de la musique. Mais pas comme avant. La couleur de leur pop jadis chatoyante et lumineuse s’est nettement teintée de noirceur. La perte, le deuil, le drame, sont des thèmes qui imprègnent de manière récurrente l’écriture de ces nouvelles chansons. Sous peine d’être déçu il ne faut donc pas chercher à retrouver avec nostalgie la pop-folk enjouée des deux premiers albums. Dans « Everest » l’ambiance est certes toujours pop, mais beaucoup plus lourde et grave, épique et solennelle.

Ce n’est pas une raison pour bouder ce disque. On reste séduit par la richesse mélodique du chant à deux voix d’Antoine et Lionel, soutenu par de beaux arrangements de guitares et une pulsation rythmique plus dense. On pense à Grandaddy ou à Venus et Deus leurs compatriotes Belges (ils sont originaires de Braine-l’Alleud, dans le Brabant Wallon).

Et puis cette grisaille de l’humeur, ce vague à l’âme, accentue chez eux ce caractère typique de la musique « Belge Touch », déjà soulignée ici, faite d’un mélange culturel des influences anglo-saxonnes avec un héritage très Européen, nourri d’un parfum de cabaret d’avant guerre, élégant et précieux. Et une fois de plus on apprécie beaucoup.

Triste mais beau.

C’est évidemment l’EEEEEvènement de la semaine : la présentation du premier morceau d’ARCADE FIRE extrait de « Reflektor », quatrième album à paraitre le 29 octobre chez Merge.

On était vraiment impatient d’entendre des nouvelles de celui que l’on peut considérer comme « le meilleur groupe du monde », ne serait-ce que pour ses prestations live de très très haut niveau.

Arcade Fire

Depuis « Abraham’s Daughter » on savait les Canadiens en studio avec James Murphy (LCD Soundsystem). L’enregistrement de leur quatrième album a été mis entre parenthèses au printemps, le temps pour Régine de donner naissance à son premier fils. Depuis le suspens avait repris. Annonce mystérieuse via les réseaux sociaux de la sortie de « Reflektor » (l’album) le 29 octobre. Puis nouvelle annonce de la sortie d’un premier single le 9 septembre. « Reflektor » (le single) est désormais sorti, sous la forme d’un long clip de plus de 7 minutes.

C’est forcément la surprise car il marque une nette évolution musicale. Arcade Fire a sorti la boule à facettes (visible à de nombreuses reprises dans la vidéo) pour illuminer un titre qui sonne franchement disco. Aïe : les fans de la première heure sursautent … Mais qu’ils soient rassurés : si les premières mesures de « Reflektor » évoquent les bongos de Cerrone ou les arrangements basse-synthé de Georgio Moroder, la chanson évolue rapidement dans un autre monde.

Patiemment ajoutés et épaissis, les arrangements voient apparaitre des accords de claviers et de cordes denses, un magnifique chant en alternance entre Regine Chassagne et Win Butler qui ouvrent les vannes d’un torrent épique, dont la force et la beauté constituent l’essence de la musique d’Arcade Fire, celle qui nous bouleverse depuis leur premier album en 2004. Et alors qu’un surprenant gimmick de guitare solo vient brillamment ponctuer les chorus, le morceau est une lente montée crescendo en intensité et en tension. C’est à la fois noir et puissant.

Les Canadiens avaient déjà entrouvert la boite à dance-music sur The Suburbs, avec « Sprawl II (Mountains Beyond Mountains) ». Mais maintenant, sous les manettes de James Murphy, grand maitre de ce son disco-funk recyclé via l’electro-pop moderne, ils explorent beaucoup plus loin un monde de dance-music universelle, grave et belle, dont les astres de 2013 se nomment Daft Punk ou Foals.

Il faut bien entendu ajouter Arcade Fire à la liste de ces grandes illuminations de l’année.

Il y a des disques qui vous mettent K.O et vous emportent dès la première écoute. Et d’autres plus tortueux et rétifs, qui infusent progressivement le système nerveux au fils des passages et séduisent à moyen terme, faisant appel à la sensibilité et la persévérance.

« VPI Harmony » premier album de Mood Rings en est un bon exemple. D’abord passé complètement à travers notre radar de détection, il est ensuite arrivé à nos oreilles par une magnifique chronique de JD Beauvallet dans les Inrocks, qui incitait clairement à se pencher sur ce disque. Après une première écoute qui ne déclenchait pas vraiment la chair de poule, on y est retourné timidement, sur la pointe des pieds, de temps en temps au début, puis de plus en plus souvent, jusqu’à tomber sous le charme.

Mood Rings VPI Harmony

Rarement une pochette de disque n’aura autant correspondu à son contenu musical. Un ruissellement s’effectue à partir d’une porte qui s’ouvre sur une porte qui s’ouvre sur une porte … Cette mise en abyme s’identifie pleinement aux compositions de ce groupe d’Atlanta. On entre dans un vestibule décoré de dream-pop apparemment superficielle, puis tous se complique au fur et à mesure de l’exploration des autres pièces. Guitares psychédéliques des 60’s, post-punk des earlys 80’s, shoegaze ésotérique façon 4 AD, Mood Rings distille tantôt des mélodies timides et sensibles, tantôt des chansons ravageuses et sensuelles qui s’inscrivent toutes parfaitement dans la modernité de 2013. Ils empilent de multiples couches instrumentales, précipitées dans de fréquents changements de tempo, mais sans exagération, avec le minimalisme et l’humilité d’une production humble.

Mood Rings

Signés chez Mexican Summer, le label de Best Coast, ils ont enregistré « VPI Harmony » à Brooklyn, un quartier dont l’ambiance de créativité artistique convient bien à leur volonté de rénover et recycler ces fantômes sonores vieux de trente ans en les remettant au goût du jour.

Flashback. Décembre 2006. Au moment des bilans de fin d’année, un disque fait l’unanimité dans les classements : « The Trials of Van Occupanther », le deuxième album de MIDLAKE. Tout le monde tombe sous le charme de ce bijou de soft-rock délicat, en particulier le bouleversant « Roscoe ».

Petit rappel :

Midlake vient de l’autre côté de l’Océan Atlantique. Précisément de Denton au Texas. Leur éclosion se fait sur l’épatant label de Simon Raymonde, Bella Union, convaincu par la démarche audacieuse de ce groupe qui n’hésite pas à citer des sources d’inspiration plutôt éclectiques : Radiohead, Jethro Tull, Bjork ou Grandaddy !

Après un premier album assez confidentiel, le décalé et psychédélique « Bamnan and Slivercork » en 2004, c’est en 2006 la consécration avec « The Trials of Van Occupanther » et ses mid-tempos harmonieux, très Californiens, à la manière du Fleetwood Mac de la grande époque. Il faut ensuite attendre quatre longues années pour les retrouver en 2010 avec le troisième album. « The Courage Of Others », qui marque une évolution vers un style plus apaisé encore et penche du côté du brit-folk des 70’s.

Midlake

Depuis c’est la traversée du désert. Tim Smith, le chanteur emblématique, a décidé l’an passé de quitter le groupe. C’est le guitariste Eric Pulido qui chante désormais à sa place. Les chœurs sont assurés par le bassiste Paul Alexander. Deux nouveaux musiciens sont arrivés : le guitariste Joey McClellan et Jesse Chandler (claviers et flute), en plus des anciens Eric Nichelson (guitare) et McKenzie Smith (batterie). Gros chambardement !

Ce quatrième album est un nouveau début. Il parait le 4 novembre et s’intitule « Antiphon ». On se contente pour l’instant d’écouter le morceaux éponyme, diffusé en avant-première. Alors que penser de ce « nouveau Midlake » ?

« Antiphon » est une très belle chanson, dans laquelle on retrouve l’essence des Texans : harmonies vertigineuses, écriture ambitieuse, arrangements sophistiqués et brillants. Peut-être un peu trop justement. A force de montrer leur virtuosité ou d’exhiber la richesse des orchestrations, ils perdent en émotion et suscitent moins d’empathie. C’est une glissade vers le jazz-prog-rock des 70’s (Soft Machine) qui, certes impressionne mais ne bouleverse plus.

On ne va quand même pas leur reprocher de continuer à avancer et tracer leur chemin …

https://soundcloud.com/midlake/antiphonmidlake

L’electro expérimentale est une zône difficile d’accès. Pour quelle raison accepterait-on de supporter avec bonheur des samples ésotériques, des claviers faussement désaccordés et des drum-machines qui trébuchent sans rythme précis ? Par curiosité ou pur masochisme ?

Non. Pour une bonne et belle raison qui s’appelle Megan James. L’une des plus belles voix de sirène du moment, déjà célébrée dans nos colonnes avec son groupe Purity Ring, et qui vient s’unir à l’électro de Jon Hopkins pour un somptueux « Breathe this Air ».

Purity Ring

Le morceau original figurait sur « Immunity » dernier opus en date de Jon Hopkins, producteur et musicien Anglais, et grand maitre en laboratoire musical pour oreilles pointues. Il a été retravaillé avec Purity Ring pour sortir sous cette nouvelle mouture. Le résultat est troublant : un accord parfait entre les synthés qui hoquètent et restent en suspension, où le tempo se prend les pieds dans le métronome, avec les fines notes de piano et les roucoulades brumeuses et caressantes de Megan James.

Purity Ring et Hopkins ont fait connaissance quand l’Anglais a réalisé des remixes de « Saltkin » et « Amenamy » deux titres des Canadiens tirés de l’album « Shrines ». Un retour de politesse donc, qui ravit par sa délicatesse et sa richesse.

Encore une petite merveille à écouter sans plus tarder.

Tant pis pour le développement durable !

Pas d’économie d’énergie : tout est ici branché sur l’électricité et poussé au maximum. La puissance des amplis, des pédales d’effets, les micros sur la batterie, et même la voix du chanteur. Les watts défilent. C’est speed et sauvage, écorché et hurlant. Bref ça s’appelle du rock n’roll …

The Orwells

The ORWELLS sont de Chicago. Cinq garçons d’à peine 18 ans, frères ( Grant et Henry Brinner, basse et batterie), cousins (Mario Cuomo le chanteur et Dominic Corso le guitariste) ou tout simplement copain d’école (Matt O’Keefe l’autre guitariste).

Un premier album passé inaperçu en 2012, « Remember When ». Puis les choses décollent avec un E.P, « Other Voices », produit par David Sitek, qui attire l’attention au printemps. Cette fois, non seulement ils récidivent, mais en plus ils confirment avec « Who Needs You », enregistré lui aussi par l’homme à tout faire de TV On The Radio. Désormais plus de doute : il faudra compter avec eux.

« Who Needs You », judicieusement mis en image par le clip de Eddie O’Keefe, est un brûlot de garage rock, dans lequel The Orwells hurlent leur révolte de teenagers U.S et leur malaise face à l’impossibilité d’échapper à une histoire déjà écrite, dans un pays où la jeunesse est formatée pour faire ce qu’on lui dit de faire ou de penser.

Un rythme de batterie hyper simple : ta-poum ta-poum, pédale charley ouverte, le riff de guitare enfantin qui accroche comme un hymne et les cris de colère de Mario Cuomo, le chanteur à la crinière étincelante. Il n’en faut pas plus pour emporter toutes les convictions sur leur passage. Le punk rock s’accouple chez eux à des fantômes de sons des sixties, notamment les guitares jingle-jangle.

Urgent et Insoumis. C’est Georges (Orwell) qui aurait apprécié.

Quand on parle du loup … Il suffisait d’évoquer ici il y a quelques jours le duo Grec Keep Shelly In Athens pour qu’aussitôt tombent des nouvelles les concernant !

Keep Shelly In Athens

TheMusicalBox en était restée à « Our Own Dream », un E.P qui nous avait conquis en novembre 2011. Rappelez vous. Après toute une série de E.P publiés depuis deux ans, ils passent aux choses sérieuses avec la sortie de leur debut album, « At Home » sur le label Cascine (Selebrities).

Malgré un sens de l’humour qui apparait dans le choix de leur nom (d’après Kypseli, un quartier du centre d’Athènes), leur musique est plutôt triste et sérieuse. On s’était habitués à leur belle dream-pop cosmique, mais « Flyway », premier single extrait de l’album, laisse entrevoir un autre aspect de leur musique. Bien sûr ce sont encore les synthés qui dominent, drapant la magnifique voix aérienne de Sara P. Mais la surprise, ce sont les drum-machines qui surgissent et impulsent un tempo plutôt trip-hop. C’est une bonne idée qui densifie un peu leur son et les propulse à un échelon supérieur d’ambition et de qualité.

On peut penser que ça devrait leur apporter la reconnaissance internationale qu’ils méritent largement.

L’album « At Home » sort le 17 Septembre.

Ces derniers mois, Dave Sitek a beaucoup plus fait parler de lui comme producteur qu’en tant que musicien. CSS, Beady Eye et surtout Yeah Yeah Yeahs ont pu profiter de ses (grands)talents de mixeur-réalisateur de sons, alors qu’on avait peu de nouvelles de son groupe TV On The Radio.

C’est donc avec curiosité que l’on prête l’oreille au nouveau titre de TV On the Radio : « Mercy ». D’autant qu’aucun album n’est annoncé pour l’instant.

tv on the radio

Sorti sur Federal Prism, le label de Dave Sitek, c’est le premier single depuis l’album « Nine Types of Light » en 2011, année-choc pour le groupe avec la perte de leur bassiste Gerard Smith à la suite d’un cancer du poumon.

Désormais TV On The Radio évolue avec les quatre restants : Tunde Adebimpe le chanteur, Kyp Malone (basse, guitare et synthés), Jaleel Bunton (Batterie, Guitare, Synthés) et donc David Sitek (Guitare, Samples, Programing, Cuivres). On a affaire à de brillants poly-instrumentistes qui jouent une musique vraiment pas comme les autres : rock ? pop ? new-wave ? funk ? Un peu tout ça à la fois, à l’image de la richesse de leurs influences revendiquées : le post punk (Wire, Bad Brains, Pixies), le funk (Prince, Earth Wind & Fire) et même carrément la pop avec Gainsbourg ou Nancy Sinatra.

« Mercy » apparait moins aventureux que leurs disques précédents. Sur un tempo rapide et carré, l’efficacité l’emporte sur l’expérimentation. Une ligne de basse monocorde et quelques accords de guitare plus loin on se retrouve avec une chanson quasi power-pop, énergique et mélodique, où Tunde Adebimpe clame avec maestria qu’il veut « sauver son âme ». Le phrasé et le timbre de voix évoquent Kele Okereke , frontman de Bloc Party, un autre groupe qui sait comme TV On The Radio associer le rock avec la dance music, la puissance avec le mystère, le chaud et le froid. « It burns so cold ». C’est ce qu’ils chantent dans le refrain.

Car c’est la grande force de « Mercy » : une façade de tube très chaleureuse et radiophonique, mais dont l’intérieur s’avère froid et inquiétant. L’idéal pour contaminer insidieusement la musique mainstream des charts .

Chercheur d’or (musical) n’est pas toujours un métier facile. Il faut déjà passer des journées entières immergé dans le torrent de l’actualité rock en supportant le poids du tamis à pépites, parfois trop alourdi par la profusion de nouveautés musicales. Mais il y a pire. Parfois l’ustensile est défectueux et ses mailles laissent passer de l’or pur. C’est la frustration et les regrets pour le rock critique chercheur de talents.

C’est ici le cas avec GYPSY & The CAT.

Gypsy And The Cat

Comment peut-on avoir loupé cet hiver leur épatant « Bloom » ?

Une intro progressive batterie, basse, puis guitare digne de New Order ou Cure précède une voix éthérée et ténébreuse qui nous touche avec son spleen. Les choeurs arrivent pour le refrain, mélodie enfantine et accrocheuse, soutenue par le riff de guitare qui revient en boucle. C’est parfaitement dosé et « Bloom » devient vite un tube entêtant. Il se love dans un triangle idéal entre New Order, The Drums et l’écurie mythique de Sarah Records.

Tant pis pour le retard ! On savoure sans culpabilité « The Late Blue », leur deuxième album, qui n’est diffusé chez nous que depuis mai 2013. Il faut dire que Gypsy & The Cat sont Australiens et viennent par conséquent d’assez loin. C’est un duo de DJ (Xavier Bacash and Lionel Towers) de Melbourne, formé en 2010, et révélé au grand public en 2011 en jouant en première partie de Kylie Minogue. Ce n’est pas forcément cette page de leur histoire qui nous convainc le plus, mais plutôt leur belle dream pop solaire et mélodique, aux inspirations multiples : Fleetwood Mac, Spacemen 3, Justice ou Jeff Buckley

Un tel patchwork d’influences devait nécessairement attirer l’attention des meilleurs. Et justement, on voit apparaitre pour mixer l’album le génial Dave Friedman (MGMT, Flaming Lips, Tame Impala).

De l’or pur on vous disait !

Non l’été n’est pas terminé ! Le feu de camp n’est pas encore éteint sur la plage et il nous reste le temps de sortir les caisses de bière et les guitares pour aller pousser une petite chanson en admirant béatement les étoiles.

C’est en compagnie d’Eliza & The Bear que ça se passe. Leur « Friends » est une petite merveille de chanson à brailler en chorale autour des flammes. Épique et enthousiaste, elle tourbillonne entre Arcade Fire, I’m From Barcelona et The Flaming Lips. Les arrangements sont ambitieux mais jamais prétentieux. Tantôt tempétueuse dans ses passages symphoniques, tantôt caressante avec de petites cascades vocales tout en harmonies, cette douceur folk-pop se laisse fondre en bouche en nous infusant de la bonne humeur.

Eliza & The Bear

Pas la peine de chercher une Eliza parmi eux. « Eliza and the Bear » est le titre d’un recueil de poèmes d’Eleanor Rees qui a inspiré le patronyme de ce groupe masculin constitué de cinq Londoniens. C’est une belle histoire humaine, puisque James Kellegher le chanteur, est venu à la musique car c’est la seule chose qui lui faisait oublier les douleurs terribles infligées par une arthrite des mains.

Ils n’ont pas grand chose en magasin pour l’instant. Une poignée de singles seulement : « Trees » en mai 2012, « Brother’s Boat » en juillet 2012 et « Upon the North » en janvier 2013. L’une de leur force est la qualité de leurs concerts, unanimement reconnue.

On les découvre ici dans TheMusicalBox avec allégresse. Alléluia !

https://soundcloud.com/elizaandthebear/friends

golden suits
(eric schwortz photography)

Jusqu’ici, Fred Nicolaus n’a pas eu trop de chance. D’abord Department of Eagles, le duo qu’il a formé avec son pote Daniel Rossen n’est jamais parvenu à prendre son envol malgré trois albums brillants, mais qui n’ont hélas remporté qu’un petit succès auprès des rock critiques pointus. Ensuite, son acolyte Daniel Rossen, en dehors de Department of Eagles, est devenu une figure de la scène rock indie au sein de Grizzly Bear. Enfin, resté seul et sans groupe, sa vie personnelle se transforme en mauvais rêve. Son couple se désintègre et il doit évacuer son appartement à Brooklyn victime d’une invasion de rats !

Jusqu’ici seulement.

Car Nicolaus ne renonce pas face à ces coups du sort. Il empoigne sa guitare et se lance dans l’écriture en solo. Le résultat s’appelle Golden Suits, et son premier album va sortir le 2 septembre chez Yep Yoc Records (Born Ruffians, Fountains of Wayne). Et c’est un excellent disque.

Pas rancunier, il a invité ses copains de Grizzly Bear : Daniel Rossen bien sûr, mais aussi Chris Bear et Chris Taylor. Les dix titres de l’album ont été enregistrés par Fraser McCulloch des Milagres à Brooklyn, sur une période qui a duré deux bonnes années. Les thèmes des compositions ont été inspirés par John Cheever, un écrivain dont les histoires courtes ont beaucoup impressionné Fred Nicolaus.

L’enveloppe musicale est pop et classique, dans la droite ligne de Department of Eagles. Des chansons sentimentales et nostalgiques nourries par l’esprit ancestral des grands songwriters (John Lennon, Paul Simon), mais pas uniquement.

Sur ce beau « Swimming in 99 » par exemple, on adore l’harmonie parfaite entre le rythme sautillant à la Paul Simon, les riffs de guitare et les lignes de basse dignes de Pavement, le chant qui jongle entre Stephen Malkmus et Grizzly Bear, en passant par Lou Reed, et même des petites cascades de claviers très Vampire Weekend. Une ambiance très New Yorkaise en somme.

Et on se dit que la chance a finalement plutôt bien tourné pour Fred Nicolaus.

50 ans que ça dure ! En Angleterre, toutes les semaines, la presse musicale nous annonce l’arrivée sur terre d’un « nouveau meilleur groupe du monde », à l’occasion au mieux de la sortie d’un single, le plus souvent suite à des rumeurs de salles de concert ou des indiscrétions de maisons de disques. Et hop ! Deux semaines après, ce « nouveau meilleur groupe du monde » est oublié et remplacé par un autre.

Drenge

Parfois il y a une exception. C’est le cas pour Drenge. Ce groupe de Castleton est apparu sur les radars en janvier dernier . Leur premier single « Bloodsports » est tout de suite porté au firmament des play-lists de la BBC. C’est un duo batterie/guitare, sans basse, à l’instar des White Stripes ou Black Keys, joué par deux frangins : Eoin et Rory Loveless (19 et 21 ans). Pourtant originaires du Peak District, une région bucolique à l’ouest de Sheffield, ils envoient un punk rock mâtiné de blues, speed et énergique, beau pastiche de MC5 ou Nirvana semblant aussi vrai que nature.

Coup de bluff ? Eclair d’une rare luciole hivernale ? Mais là ou d’autres s’écroulent, Drenge confirme. Un deuxième single « Backwaters » connait le même destin glorieux que son prédécesseur sur les ondes radio.

Et maintenant c’est l’album qui arrive. « Drenge » est paru chez l’excellent label Infectious (Alt-J, Local Natives). Il constitue encore un échelon de plus en terme de densité sonore et de qualité d’écriture.

C’est un retour aux fondamentaux du rock : deux accords par chanson et une attitude. Sauvage, tendue, pas romantique pour un shilling, leur inspiration lorgne du côté du grunge et du garage. Quand le premier titre de l’album s’appelle « People in Love Make Me Feel Yuck », il ne faut pas s’attendre à découvrir des chansons d’amour éperdues. Chez eux, il est plutôt question de sang, de larmes et de dents cassées, sur un fond sonore dénué de tout ornement superflu, quelque part entre Arctic Monkeys et Queens of The Stone Age.

Belle réussite. La preuve :

Difficile d’évoquer la Grèce en 2013 sans tomber dans les clichés sur la crise, l’Antiquité, ou les belles petites maisons blanches surplombant la mer dans le ciel d’été …

Mais ici on préfère évoquer l’obscurité des caves de répétitions et le son strident des guitares électriques ou des synthés qui en proviennent. Car il existe là bas aussi une vie culturelle moderne, riche et effervescente, même si elle rencontre des difficultés pour rayonner au-delà des frontières.

Sur le plan musical, TheMusicalBox avait déjà fait connaissance avec l’electro mystique et inspirée de Keep Shelly in Athens. Désormais il faudra aussi compter avec Baby Guru.

Baby Guru

Ce trio Athénien (Prins Obi, King Elephant et Sir Kosmiche) attire l’attention avec ce beau deuxième album, « Pieces », paru il y a quelques mois, mais disponible entre nos mains que cet été.

Ils jouent une pop intrigante , dont le socle est plutôt minimaliste et expérimental. Bien que mêlant de nombreuses influences rock, electro, psychédélique californienne, voire jazzy et africaines, ce sont pourtant des adeptes du less is more. Leur musique est douce, mais dénudée, lente et envoutante, sans effets spéciaux nuisibles. Plutôt fans de la chaleur des instruments analogiques, ils travaillent dans la spontanéité, l’émotion et la méditation.

La richesse de leurs compos repose sur des vocaux qui récitent sur un mode incantatoire des mantras dans un esprit très kraut, avec des phrases musicales répétées en boucle. Le tout est embelli par la voix typée du chanteur qui rappelle franchement celle de Jim Morrison et l’esprit halluciné des sixties psychédéliques (Can, les premiers Pink Floyd).

Les rejetons Grecs d’Animal Collective et des Doors ? On croit rêver.

Bref de l’exotisme musical plutôt que touristique !

Le rock en provenance de Birmingham est en train de squatter le podium de l’actualité musicale.

Après Swim Deep, Jaws et Peace c’est désormais Troumaca.

troumaca

Ils constituent la première signature de Brownswood Recordings, le label du DJ et découvreur de talent Gilles Peterson. Et ce n’est pas un hasard. On retrouve chez eux un éclectisme dans le choix des références et des inspirations qui font de Troumaca un groupe qui s’insère parfaitement dans le concept de « sono mondiale » et de « worldwilde music ».

Cet amour pour la musique ensoleillée qui vient des tropiques, ils le portent en étendard avec leur nom, piqué à celui d’une ville de Saint Vincent et Grenadines, dans les Caraïbes. Mais les limiter à cet exotisme Antillais serait une erreur d’interprétation. La sphère d’influence de Sam Baylis (chant), Geoffrey Foulkes (guitare rythmique), Tom Gregory (lead guitare), Matthew Campbell (claviers), et Jim Nayak (batterie et percussion) englobe Radiohead ou UB 40, Timbaland ou Lee Scratch Perry. Autant dire le grand écart entre la glace et le feu. L’étrange collision d’une démarche résolument expérimentale avec une musique tropicale et psychédélique.

L’album « The Grace », leur premier, sort le 26 aout. « Layou » est le premier titre à en être extrait. Une chanson très fine et élégante, qui associe une pop inventive et synthétique à des rythmes syncopés où résonnent les échos de boucles de bongos.

Quand Audace rime avec Classe …

Le surf musical sur le net réserve parfois des surprises étonnantes !

Par exemple quand après des heures de navigation dans les recoins du monde virtuel on découvre une chanson épatante, émanant d’un groupe inconnu : « Absolute Zero » de Hologram. Vient alors un grand moment d’incertitude. Qui sont-ils ? On les imagine tout nouveau groupe émergent du buzz et des paillettes de Brooklyn, ou duo pop romantique et mystérieux venant de Scandinavie. Et en creusant un peu devinez quoi … Ce sont des Français et ils vivent à quelques heures de chez nous !

hologram

Attention de ne pas les confondre avec Holograms, le combo punk Suédois déjà évoqué dans nos colonnes. Hologram (sans s) est un duo frenchy formé par Maxime Sokolinski (frère de la chanteuse Soko) et Clara Luciani qui figure également chez La Femme. C’est un tout nouveau groupe, avec un an d’existence et juste un E.P quatre titres dans les poches, le « Absolute Zero E.P ».

Ils font une belle œuvre de rénovation en remettant au gout du jour les synthés des eighties en les recyclant dans une dream-pop poétique et spatiale, dont la force et le talent tiennent dans un duo vocal masculin/féminin très bien équilibré. La chanson sonne comme une comptine, accompagnée par des gimmicks de claviers et des arpegiateurs joués par des astronautes sur un Atari vintage. Mais ce n’est pas pour autant de la guimauve. Leurs textes sont apocalyptiques et noirs.

C’est d’ailleurs le grand charme de ce morceau. L’enveloppe musicale est douce et apaisante, mais le message enfoui à l’intérieur est glauque et nihiliste et ils nous racontent des histoires d’ « Absolute Zero, dead souls and their broken bones ».

Noir et brillant à la fois. Belle réussite !

spotlight kid katty heaths

Comme promis, TheMusicalBox rouvre aujourd’hui son tiroir « spécial découverte », avec Spotlight Kid un groupe pas facile à trouver, mais qui en vaut largement la peine.

C’est une vrai pépite qu’il a fallu extraire du sous sol : pas de vidéo officielle en ligne, peu d’infos à leur sujet, et juste quelques titres sur le soundcloud de leur label Saint Marie Records. Et pourtant ! Ecoutez vite et laissez vous emporter par leur somptueux « Sugar Pills ».

Le rideau d’une intro un peu mystérieuse au son d’une flûte extraterrestre s’écarte doucement pour laisser déferler les flots d’une chanson digne des plus grands de notre panthéon (Cocteau Twins ou Ride notamment). Tempo lent et solennel, guitares denses et célestes et au sommet le chant d’une sirène ensorcelante, dont la voix douce et belle à pleurer nous déchire instantanément le coeur. La composition de ces « pilules sucrées » est d’une efficacité redoutable et agit comme le meilleur des anxiolytiques.

Voici vraiment une chanson qu’on a envie de faire découvrir aux oreilles du monde entier. Faites tourner les amis …

C’est le deuxième single extrait de leur album à paraitre en septembre. Le groupe est originaire de Nottingham et ils sont 6 : Katty Heath (chant), Rob McCleary (guitare et chant), Karl Skivington (guitare), Chris Moore (guitare), Matt Holt (basse), Chris Davis (drums).
Leur nom a été puisé chez Captain Beefheart (Spotlight Kid est le titre de son album de 1972).

Sur le plan musical ils citent comme influences My Bloody Valentine, The Cure ou Swervedriver. Ils ont déjà publié un premier album en 2011, « Disaster Tourist » et se sont fait remarquer en première partie de Joy Formidable et, logiquement, de leur compatriote de Nottingham Jake Bugg.

spotlight kid

C’est promis il y aura aussi dans TheMusicalBox des découvertes dans les jours qui viennent. Mais aujourd’hui, c’est encore un poids lourd musical qui vrombit sur l’autoroute de l’été : le nouveau single de Placebo.

Apparemment les vibrations du moteur ne sont d’ailleurs pas suffisamment fortes puisqu’elle n’ont pas réveillé mon petit camarade Vanke, encore dans le cirage depuis son séjour à Ibiza … Faut-il signaler sa disparition ? Envisager le paiement d’une rançon ? Toutes les hypothèses sont permises …

En attendant, voici « Too Many Friends », single annonciateur de l’album « Loud Like Love », leur septième, qui sortira le 16 septembre. Enregistré à Londres dans les RAK Studios (comme « Meds » en 2006 ), il contient 10 titres et est produit par Adam Noble.

Placebo

Bien sûr on est loin de l’énergie sauvage des débuts, mais il faut reconnaitre que « Too Many Friends » est loin d’être ridicule. La progression musicale se fait à partir des arpèges de clavier de l’intro jusqu’aux lourds chorus de guitares qui envoient la voix charismatique de Brian Molko sur une ligne mélodique facile à retenir. Un morceau qui aurait pu figurer sans honte sur « Without you I’m nothing » en 1998. Placebo est un animal rock d’une étonnante longévité. Ils sont quand même en haut de l’affiche depuis plus de quinze ans (« Nancy Boy » en 1996), et sans avoir trop subi de passages à vide.

On pourrait oser (au risque de déclencher des sifflets dans le public) une comparaison avec la carrière de The Cure. Non pas bien sûr sur le plan musical, mais plutôt dans cette capacité de Placebo à s’établir dans le temps avec une authenticité et finalement une constance dans la qualité et ce malgré plusieurs changements de line-up. Il faut dire que ce sont deux groupes qui reposent sur les fortes personnalités de leur chanteur. Comme Robert Smith et sa bande, Brian Molko parvient à plaire au grand public, celui des stades et des grandes scènes des grands festivals, en gardant un esprit destroy et une attitude décadente très indie-rock et sans concession.

Raison pour laquelle Placebo a toujours largement sa place dans les haut-parleurs de notre boite musicale.

Ce mois d’aout 2013 n’est pas que celui des réapparitions des monstres sacrés du rock !

C’est aussi un flot continu de révélations de nouveaux talents,au dessus desquels émerge ce véritable ovni musical qui déclenche un buzz dont l’intensité monte de manière exponentielle : The AMAZING SNAKEHEADS.

The Amazing Snakeheads

Ce trio Écossais capte notre attention avec une incroyable chanson, éternuée en 1 minute et 4 secondes (j’ai vérifié !). Et pas n’importe quelle chanson. C’est du rock sauvage placé sous le signe de la Sainte Trinité guitare-basse-batterie. Sur une base de rythme binaire d’écorché vif (Jordon Hutchinson) et une basse de punk-rock (William Coombe), le chanteur et guitariste Dale Barclay vocifère, croone et hurle.

On jurerait entendre Screaming Jay Hawkins chantant sur The Ramones, ou Nick Cave jammant avec The Cramps. C’est incontrolable et complètement givré, mais l’effet nettoyant et purificateur des oreilles est garanti …

On craque forcément dans TheMusicalBox pour ce trio incendiaire et jailli de nulle part en quelques semaines, signé immédiatement par le meilleur label indie du monde, Domino (Franz Ferdinand, Arctic Monkeys et tant d’autres …).