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All posts by Bertrand Zistor

Si si c’est encore l’été ! Ce n’est pas tout à fait fini. Alors profitons une dernière fois d’un moment d’hédonisme et d’allégresse sans prise de tête avec Zero 7.

Sorti il y a quelques jours chez Make Records, Simple Science est leur premier E.P depuis l’album Record en 2010. Exit le côté downtempo de ce disque précédent, nous voici en face d’un titre nettement plus groove et torride qui devrait faire fondre sans problème le dance-floor. Le cocktail est parfait : gazouillis d’arpèges de synthés, rythmique lourde et carrée, chant sans complexe qui monte dans les octaves et n’hésite pas à se faire choral. Des ingrédients qu’on a appris à savourer avec délectation chez Hot Chip et LCD Soundsystem.

Zero 7 est un duo de producteurs Electro Londoniens, Sam Hardaker et Henry Binns, qui ont enregistré en tant qu’ingénieurs du son Pet Shop Boys ou Robert Plant dans les années 1990. Réunis sous le nom de Zero 7 en 1997, ils ont déjà quatre albums à leur actif, tous très populaires en Grande Bretagne, depuis l’épatant Simple Things en 2001 jusqu’à Yeah Ghost en 2009. Record n’était en 2010 qu’une compilation de leurs meilleurs titres.

En panne de leur chanteuse habituelle Sia Forler occupée à sortir un disque solo, ils sont allés chercher cette fois un chanteur Australien, Danny Patt, pour revêtir les habits de lumière de leur musique, et se sont fait aider par le Californien Tommy Leonard pour l’écriture et les chœurs.

Simple Science compare les sentiments de l’amour à une réaction chimique. Et provoque en tous cas d’étranges décharges d’adrénaline et d’endorphine dans le cerveau de l’auditeur.

Un simple moment de bonheur.

Encore une séance de rattrapage.

En cette période de calme en matière de nouveautés, c’est l’occasion de se repencher sur des albums trop vite zappés en ce début d’année 2014 et qui méritent pourtant qu’on leur prête attention. Sylvan Esso par exemple.

Leur début-LP éponyme est paru au printemps, et plusieurs semaines auront été nécessaires pour qu’il infuse progressivement notre esprit, pour qu’il nous enveloppe de son charme de manière irrésistible.

L’electro-pop onirique de ce duo de Durham, en Caroline Du Nord, peut apparaitre au premier abord trop facile, pop et acidulée. Mais on découvre ensuite que derrière cette façade de pacotille se cache une riche et passionnante complexité. La voix claire et céleste d’Amelia Meath (chanteuse folk de formation) qui susurre des comptines à l’apparence délicate et enfantine trébuche sur les arrangements des machines infernales du producteur électro Nick Sanborn. Les drums-machines rebondissent sur des syncopes soutenues par les vrombissements de la basse synthé . Les couches de chant sont trafiquées et empilées pour constituer un chœur qui évoque tantôt une tribu Africaine, tantôt une chorale d’enfants. Les orchestrations teintées de RnB sont illuminées par les tourbillons aux échos divins de la magnifique voix d’Amelia Meath. On pense à Purity Ring en plus organique, à Feist en plus robotique. Tout cet ensemble fusionne avec succès et plénitude dans une sarabande qui s’avère groovy, touchante et sexy.

L’album recèle en plus en Coffee un déjà-tube imparable dont le nombre d’auditeurs sur les sites de streaming augmente chaque jour de façon vertigineuse. Sans doute l’un des meilleurs singles depuis le début de l’année.

Une belle rencontre entre la pureté des sentiments et la fièvre du dance-floor.

C’est la suite de notre voyage musical insolite, avec aujourd’hui une nouvelle destination inédite : Bombay.

Quand on pense à la musique Indienne, c’est forcément une profusion de clichés. On imagine des musiciens enturbannés tout de blanc vêtus jouant de la sitar, des tablas et du tampura et perdus dans leur pensées méditatives, ou alors les ballets kitch et féériques des comédies musicales de Bollywood.

C’est évidemment une grosse erreur.

The Koniac Net jouent du rock avec les instruments universels que sont les guitares, la basse et la batterie. Ils sont sapés comme des jeunes gens des quatre coins de la planète en chemisettes et jeans. Pour ce qui est de leurs influences, il faut plutôt aller chercher du côté de The Stills et Death Cab For Cutie que chez Ravi Shankar. Ils jouent un rock indie qu’on aurait pu entendre n’importe où dans les hauts lieux branchés de la planète rock. D’ailleurs David Abraham, le chanteur et songwriter du groupe nous avouait il y a peu être un auditeur fidèle de The Musical Box !

Et ça s’entend. Les guitares sont denses et puissantes, la section rythmique est bondissante et syncopée. Mais surtout The Koniac Net se distingue par le chant lumineux et émouvant de David, qui révèle une fragilité poignante au sein de belles harmonies vocales.

Le premier album One Last Monsoon, sorti en 2012, a été écrit et joué par David Abraham tout seul et enregistré comme il le pouvait dans sa propre chambre. Depuis le groupe s’est sérieusement étoffé, et compte désormais 5 musiciens . Il a lancé en février 2014 Abiogenesis, un nouvel E.P, dont est extrait ce convaincant Rose Coloured Glasses.

Et il mérite sans aucun doute de rentrer dans notre play-list bien aimée.

Depuis 3 ans c’est une tradition : The Musical Box aime ouvrir ses portes à des sons venus d’horizons inhabituels. Et même si une majorité de nos chroniques traitent d’artistes Américains ou du Royaume-Uni, c’est toujours un grand plaisir de s’intéresser à des groupes Estoniens, Coréens ou Israéliens. D’où le grand bonheur de prendre aujourd’hui la direction de la Lettonie.

Riga est en effet le camp de base de Carnival Youth, notre découverte du jour.

C’est un quatuor qui est né il y a 3 ans , formé par les deux frères Edgars Kaupers (chant, guitares) et Emīls Kaupers (batterie) avec leur copain d’école Roberts Vanags (claviers), puis complété quelques mois après par le bassiste Aleksis Luriņš.

Ils puisent leur source d’inspiration dans le folk, en sculptant cette matrice brute avec des outils modernes pour un résultat final qui conjugue des mélodies imparables avec une trame plus expérimentale. On apprécie leurs grandes envolées chorales et épiques qui les situent quelque part entre Of Monsters and Men et Arcade Fire.

Eclairées par la très belle voix du chanteur, propulsées par des changements de rythme et d’intensité, leurs chansons nous téléportent dans un monde de grands espaces où tout semble paisible et harmonieux.

Leur premier E.P Never Have Enough est paru au mois de mai. Mais c’est surtout un excellent compagnon pour illustrer l’humeur de ce moment qui sent déjà la fin des longues journées d’été.

Un orage estival, une tornade soudaine. Un trop plein d’énergie qui se déverse brutalement pour secouer un mois d’aout maussade. C’est la sensation que provoque l’ écoute du nouvel album de Cymbals Eat Guitars.

Lose est le troisième L.P de ce redoutable quatuor de Staten Island, fondé en 2007, qui succède à Why There Are Mountains (2009) et Lenses Alien (2011). Attention toutefois de ne pas les confondre avec les Londoniens Cymbals, déjà chroniqués dans The Musical Box.

Leur nom étrange et surprenant provient en fait d’une phrase de Lou Reed définissant la musique du Velvet Underground par ces « Cymbals Eats Guitars ». Bien vu.

Disponible chez Barsuk Records le 26 aout, Lose est produit par le vétéran John Agnello (Sonic Youth, Kurt Vile, Dinosaur Jr). Warning est le troisième single mis en ligne après Jackson et Chambers.

Et c’est une tuerie… Gros riffs de guitare rythmique, refrains puissants et accrocheurs, ruptures de rythme, la vague déferle et emporte tout sur son passage, dans un tourbillon où résonne la classe détachée de Pavement et la flamboyance sonique de At The Drive In.

Après leurs deux premiers albums au psychédélisme allumé et parfois un peu compliqué, Cymbals Eat Guitars ont simplifié leur écriture en visant un style plus direct et accueillant. Il donne aux morceaux une ossature classique couplet/refrain à laquelle on n’était pas habitué avec eux. Mais on ne s’ennuie pas et dans un enchainement de titres jamais prévisibles, Joe D’Agostino sait nous embarquer avec sa voix lumineuse pleine de conviction dans ses histoires urbaines sordides ou ses légendes qui ont toutes pour cadre le New Jersey.

Sauvage et émouvant.

Voilà une nouvelle qui fait plaisir : le grand retour de Baxter Dury !

Pleasure, c’est d’ailleurs le titre de son nouveau single, paru cet été pour faire patienter jusqu’à la sortie de l’album It’s A Pleasure en octobre.

La dernière livraison de Baxter Dury remonte à 2011 et commençait à sentir le renfermé. Il faut dire qu’on a usé Happy Soup jusqu’à la corde. Après l’avoir bien classé dans le Best of 2011, c’est un disque qu’on encensait dans nos colonnes : « un album de rédemption, de résurrection, qui regorge de tubes majeurs qu’il est difficile de départager : Isabel , Claire, Picnic on the edge ou Trellic, qui auront marqué définitivement nos oreilles en 2011 ».

C’est au moment où on commençait à sérieusement oublier cet attachant crooner triste , au bout de trois ans d’absence, qu’il revient à la une de l’actualité, tout auréolé d’un nouveau contrat chez PIAS. Comme d’habitude, Baxter Dury a pris tout son temps pour travailler de manière méticuleuse sur l’écriture et la composition de ses nouvelles chansons, nourries par sa vie quotidienne et les sentiments qui vont avec.

Son 4ème album It’s A Pleasure sortira le 20 octobre. Il est auto produit, mais a été mixé par Craig Silver (Arctic Monkeys, Arcade Fire, The Horrors). Grosse contribution également pour le clip de Pleasure tourné par Roger Sargent, photographe du NME qui a déjà filmé entre autres The Libertines.

On y retrouve avec bonheur le minimalisme dans les orchestrations déjà adoré sur Happy Soup. Un peu plus de 2 minutes de durée, une drum-machine vintage, quelques accords de synthé et de guitare, des chœurs féminins discrets (Fabienne Debarre, de We Were Evergreen ) et la voix flemmarde de Baxter qui l’affirme : It’s A Pleasure.

Pour nous aussi c’est un plaisir. Pas besoin de supplément.

On peut parler d’une série qui se poursuit. L’article d’aujourd’hui présente encore un groupe au féminin, dans une ambiance musicale inspirée des 60’s. C’est précisément le troisième, après Alvvays et Haley Bonar. Drôles de hasards de l’actualité musicale de l’été.

La découverte du jour s’appelle Beverly. Ce n’est pas du tout le prénom de la chanteuse. Il s’agit là d’un duo de New York, composé par Frankie Rose, chanteuse et à la batterie, membre des Vivian Girls, Crystal Slits et Dum Dum Girls, associée à Drew Citron des Avan Lava, qui a composé la plupart des chansons de leur premier album Careers (Kanine Records).

On se souvient de Frankie Rose, qui avait fait en février 2012 la une de nos rubriques avec son album Interstellar. Beverly n’est d’ailleurs qu’une parenthèse et elle s’est remis au travail sur son prochain album solo. Mais ce n’est pas le sujet.

Beverly est une belle réussite. Les chansons de Careers sont à la fois rugueuses et onctueuses. Les guitares au son très fuzz font des dégâts en surface et mettent les nerfs à vifs, mais avant d’avoir le temps de souffrir les voix apparaissent et agissent comme un onguent magique. Douces, sensuelles, parfois fantomatiques ou malicieuses, elles apaisent et pansent les plaies. On apprécie toujours dans notre Musical Box le mélange entre un mur du son et des voix tout en douceurs. L’agression sonore physiquement ressentie d’un côté et la caresse mélodique de l’autre. Un registre qui positionne Beverly quelque part entre la pop sixties des Ronettes et le post punk fuzzy des Buzzcocks. Pas très loin de The Shop Assistants, ou dans un rôle de Pixies au féminin.

Peu importe l’étiquette finalement. Careers est un disque agréable, idéal pour rafraichir son été avec quelques nuages ténébreux de garage pop, tout droit hérités d’une histoire du rock dont on aime entendre le recyclage.

Et l’album en streaming :

Haley Bonar n’est pas une nouvelle météorite surgie des ténèbres. Son premier disque remonte à une bonne quinzaine d’années. C’est une chanteuse « alternative country » dont l’itinéraire suit une route à la Kérouac. Née il y a un peu plus de 30 ans dans le Manitoba au Canada, elle a traversé la frontière et vécu dans le Dakota du Sud, puis dans le Minnesota, pour finir en Oregon à Portland. Une histoire qui fleure bon l’Americana et avant de l’écouter on s’attend à entendre de la musique très roots, venant d’une auteur-compositeur-interprète d’inspiration country.

Sauf que … ce n’est pas du tout le cas.

Sur ce délicieux Kill The Fun, Haley Bonar a certes pris au registre country une voix magnifique, sans complexe, cristalline et étincelante. Mais le reste n’a plus rien à voir avec Dolly Parton ou Emmylou Harris. Guitare en distorsion et reverb, rythmique de batterie nerveuse et basse à la New Order, voilà des ingrédients plus habituels des 90’s. Et quand on évoque cette harmonie délicate entre une voix très rustique et une base instrumentale rock-new wave, d’autres noms viennent à l’esprit avec émotion : Throwing Muses ou Belly par exemple. Mais le chant de Haley ranime par dessus tout le souvenir d’une sirène enchanteresse qui a emporté depuis longtemps notre âme et notre coeur : Harriet Weeler, divine voix de The Sundays.

Nous ne sommes d’ailleurs pas les seules victimes des sortilèges vocaux d’Haley Bonar. Alan Sparkhawk de Low, Andrew Bird ou Bon Iver ont déjà collaboré avec la chanteuse. Justin Vernon est ainsi au générique de Last War, prochain disque qui parait fin septembre chez Memphis Industry. L’inspiration revendiquée de l’album est l’esprit de David Lynch, mélange de noirceur et d’espoir, de mystère et de charme.

Et c’est forcément un gros coup de coeur dans notre Musical Box.

Le tube de l’été, épisode 2.

C’est déjà pour certains la fin des vacances. J’en fais hélas partie. C’est le moment où retentissent encore dans la tête les notes de notre bande-son estivale. De tous ces émouvants souvenirs musicaux se dégage souvent une chanson, capable à elle seule d’incarner et de cristalliser les bons moments des jours de congé désormais révolus.

Dans mon cas égoïstement personnel, c’est « Archie, Marry Me » de Alvvays.

Ne me demandez pas d’expliquer clairement pourquoi. C’est un résultat irrationnel. Hasard et accidents de la programmation de l’ ipod, subjectivité de la mémoire auditive, coïncidence qui associe à un moment donné un instant de bonheur et une chanson entendue, quelque soit l’origine, c’est bien Archie, Marry Me qui restera MON tube de l’été.

Alvvays (avec deux v et non un w) est un quintet de Toronto, présent sur nos écrans radar depuis quelques mois déjà grâce au single Adult Diversion. Leur premier album éponyme est sorti il y a 15 jours chez Transgressive Records, produit par Chad Van Gaalen. C’est un excellent disque qui recycle la pop des 60’s dans une version déglinguée et bancale, comme on pouvait l’entendre dans la deuxième partie des 80’s chez Lush ou Shop Assistants, ou beaucoup plus recemment chez Best Coast.

Et il y a donc l’hymne Archie, Marry Me. Pas question pour une fois d’en faire une fine analyse musicologique. C’est tout bonnement une merveille de morceau pop. Molly Rankin chante en braillant son amour pour le dénommé Archie, en réussissant par miracle à rester toujours vocalement à la limite de la justesse. C’est à la fois une chanson simple et universelle, capable d’être intime et touchante ou susceptible d’être vociférée dans un pub un quart d’heure avant la fermeture par une chorale de poivrots.

Bref un tube de l’été… qui donnerait presque envie de s’appeler Archie.

On préfère toujours les versions originales aux copies.

Interpol est un groupe référence, souvent cité dans nos colonnes comme source d’inspiration pour des nouveaux artistes émergents. C’était encore le cas il y a quelques jours. Alors forcément quand le modèle fait à son tour l’actualité avec un nouvel album, c’est l’affolement général.

En 2002, Les New Yorkais ont connu un succès immédiat avec leur premier album Turn On The Bright Side, puis son successeur Antics en 2004, tous les deux sur le label indie Matador. Les rock-critiques comme le grand public avaient été emportés par le lyrisme noir et dramatique d’un quatuor à guitare qui invoquaient les esprits défunts de Joy Division et d’Echo & The Bunnymen. Ensuite, les choses se sont sérieusement gâtées avec une signature sur une Major Company, Capitol, pour un troisième album où Interpol a perdu son âme dans des ajouts de multiples instruments pas toujours pertinents et franchement trop pompiers. Puis en 2010 vint l’eponyme Interpol, laborieux exercice d’auto-parodie plutôt raté.

El Pintor, qui sort en septembre est leur cinquième album. C’est le premier en trio. Carlos Dengler, le bassiste fondateur, est parti après l’échec du disque précédent et c’est désormais Banks qui joue de la basse. Il a été enregistré par James Brown (Placebo, The Pains Of Being Pure At Heart) et mixé par l’immense Alan Moulder (Arctic Monkeys, Yeah Yeah Yeahs, Smashing Pumpkins, Ride).

All The Rage Back Home est le premier single extrait de l’album, sachant que des versions live d’autres titres de El Pintor, My Desire et Anywhere avaient été mises en ligne depuis quelques mois. La belle vidéo en noir et blanc a été co-réalisée par le chanteur Paul Banks et Sophia Peer, une vidéaste qui a tourné notamment avec The National.

Au niveau musical, pas de surprise. On reconnait instantanément la marque d’Interpol, avec le jeu des guitares tout en reverb et en tension et la voix sépulcrale et charismatique de Paul Banks. Les fans vont adorer. Les autres auront tendance à comparer avec le passé glorieux du groupe et à rabâcher le vieux refrain du « c’était mieux avant ». Ils n’auront sans doute pas totalement tort, car comment égaler le talent et la classe folle de Obstacle 1 ou Slow Hands ? C’est une idée perdue d’avance, qui n’a sans doute même pas effleuré Banks et ses collègues, simplement soucieux, 12 ans après, de poursuivre une aventure musicale dans la qualité et la sérénité sans perdre la force de leur ligne artistique initiale.

Et dans ce sens là c’est plutôt réussi. Ecoutez plutôt.

Une friandise de l’été. Un truc facile à déguster et à écouter qui amène à la fois de la douceur et de la fraicheur.

C’est une bonne description de la musique d’Isaac Delusion. Mais on se doit d’ajouter à cet aspect extérieur une grande fragilité et une délicatesse pleine d’émotions enfouies à l’intérieur.

The Musical Box a un lien historique très fort avec Isaac Delusion. On vous avait présenté ce duo Français dès leurs débuts en 2012 avec le fulgurant Midnight Sun, single pop éblouissant qui est d’ailleurs encore régulièrement diffusé dans le Zistor Express de notre Radio Program.

Depuis deux ans, Loïc et Jules ont taillé leur chemin. Ils se sont renforcés avec les apports d’un bassiste (Nicolas) et d’un multi-instrumentiste (Bastien). Leur premier album éponyme Isaac Delusion est sorti le mois dernier. Il reprend les premiers singles Midnight Sun et Early Morning et regorge de morceaux pop célestes comme She Pretends, où d’autres plus orientés dance-music mais toujours sur un mode de rêverie triste et nuageuse.

Le groupe a ouvert son horizon de départ, basé sur une écriture très intimiste et complice en duo, vers une approche plus panoramique et live, avec des participations extérieures comme le violoniste de Revolver ou Julien Delfaud, ingenieur du son de Phoenix, Revolver ou WoodKid, ou tout simplement des copains et des copines au violon ou aux chœurs. Mais globalement l’album reste un travail très D.I.Y, l’œuvre d’artisans résolument humbles, mais touchés par la grâce d’un voyage onirique dans un autre monde.

De la belle ouvrage.

Dans la rubrique découvertes de l’été, voici aujourd’hui By The Sea. Ce quintet de Liverpool s’apprête à sortir son deuxième album Endless Days, Crystal Sky.

Pour remonter à l’origine de By The Sea, il faut se rendre dans le village de Meols situé sur la péninsule de Wirral, entre les rivières Mersey et Dee à une trentaine de minutes de Liverpool. C’est là que Liam Power, chanteur et guitariste du groupe, a passé son enfance, biberonné par les disques de ses parents, d’inspiration pop-60’s, notamment ceux des Beach Boys et des Beatles. Il fonde avec son pote guitariste Steve Campbell la première mouture de By The Sea, sous la forme d’un duo acoustique inspiré par Simon & Garfunkel. Puis le groupe s’étoffe au fil des mois. C’est d’abord le bassiste Daniel O’Connell qui les rejoint, puis le guitariste Mark Jackson, et pour finir le batteur Andy Royden et Joe Edwards aux claviers.

Leurs premiers titres combinent la vénération de Power pour The Beach Boys avec un climat plus sombre, nourri du shoegaze de Ride et des recherches soniques de My Bloody Valentine. Après quelques singles, le groupe sort son premier album – By The Sea – en 2012, produit par Bill Ryder-Jones, ex guitariste de The Coral. Ils se font immédiatement remarquer par le NME et les DJs indie-rock de la BBC qui les programment régulièrement.

Après deux ans de silence, on attend la suite avec impatience. Endless Days, Crystal Sky parait le 18 aout sur leur propre label War Room Records. Il a été enregistré à Liverpool, à nouveau par Bill Ryder-Jones. I See A Crystal Sky est le premier titre extrait.

Il entretient de belles promesses pour le reste de l’album. C’est un hymne flamboyant qui résonne dans une véritable cathédrale de reverb sur les guitares, dont les riffs lumineux dignes d’Interpol soulignent les temps forts du morceau. Elles alternent avec des couplets plus calmes chantés avec retenue et douceur par Liam Power, dans la pure tradition des grandes voix de Liverpool, celles par exemple de Ian Mc Cullough d’Echo & Bunnymen ou de Michael Head des Pale Fountains .

Et on se dit que trente ans après, les rives de la Mersey irriguent encore ce caractère musical exceptionnel et authentique qui a fait briller cette ville dans l’histoire du rock.

Vivement l’album !

Dans nos chroniques de The Musical Box, on revient avec une grande régularité vers le rock de l’hémisphère sud. Les musiciens Neo-Zélandais ou Australiens ont souvent une approche musicale dont le léger décalage dans le style ou dans les modes apporte une touche d’exotisme à laquelle on ne résiste pas.

Avec Total Control. C’est l’opposé. Leur post- punk déshumanisé semble tellement labellisé et reconnaissable qu’on est certain d’écouter un groupe de la ténébreuse Manchester 80’s ou du New York branché des 00’s. Alors qu’en fait c’est un groupe de Melbourne, Australie.

Ce quintet s’est formé en 2008, et a sorti son premier album Henge Beat en 2011. Initialement basé sur des synthés et boites à rythme, il s’est ensuite ouvert aux guitares et à la vraie batterie.

Leur nouvel album Typical System réveille d’une simple étincelle les fantômes du post- punk des early-80’s, celui de Joy Division, Cure et Wire. Rythme martial, guitares cinglantes ou synthés robotiques et voix spectrale en constituent les ingrédients des plus classiques.

Mais réduire la démarche du groupe a un pastiche revivaliste du post-punk serait une grave erreur. Les Australiens parviennent à recycler ce genre musical très typé et âpre dans une modernité finalement très pop. Ils ouvrent en grand les portes de la cave obscure et expédient son contenu sonore dans de plus vastes espaces. Des nappes de synthé aériennes, des gimmicks de piano, une recherche mélodique dans le chant de Dan Stewart ou même l’ajout d’un saxophone apportent à une musique théoriquement très noire une palette de couleurs qui l’égayent et l’adoucissent.

Total Control réussit la performance de jouer ce qu’il faut bien qualifier du terme ringard de « New-Wave« , mais justement sans son côté has-been, dans une version résolument ancrée dans le monde de 2014, celui des bricolages électro et du mélange audacieux des genres.

Une belle surprise et finalement une certaine forme d’exotisme.

Et l’album en streaming pour prendre le temps et approfondir.

L’été n’est pas toujours synonyme de vacances. C’est parfois une période de révision, notamment pour des cancres comme nous. Il est temps de rattraper les oublis du début d’année, les disques qui sont passés à travers notre radar de détection pas toujours bien réglé !

C’est le cas de Champs.

L’album Down Like Gold est sorti en février. Il n’est pas passé complètement inaperçu dans The Musical Box, le premier single Savannah ayant d’emblée été programmé de manière régulière dans le Zistor Express de notre radio. Mais leur musique semblait alors tellement fragile, incertaine et timide, qu’on n’imaginait pas que ce disque puisse s’établir parmi les meilleurs de l’année.

Mauvaise intuition car depuis, avec les autres singles St Peters, puis White Satellite, Champs sont devenus nos compagnons fidèles de ces dernières semaines et Down Like Gold un disque indispensable.

C’est donc l’occasion de réparer cette injustice en vous les présentant.

D’abord, Champs n’a évidemment rien à voir avec The Champs, célèbre combo des 50’s auteur de la scie Tequila. C’est un duo de frangins, Michael et David Champion, originaires du village de Niton sur l’Ile de Wight. Down Like Gold est leur premier album, enregistré à la maison.

Leur style échappe aux étiquettes habituelles. Il s’apparente par moment au folk avec ses guitares toutes en arpèges minimalistes et légers, ses chansons douces et fragiles à la manière de Neil Young ou Fleet Foxes (le très mystique St Peters). Mais il ne faut pas les réduire à cela. Savannah avec son piano bastringue les propulse dans un registre de rock plutôt épique à la R.E.M / Arcade Fire, avec des passages plus lents où on jurerait entendre Alt-J. On perçoit aussi des échos de pop d’inspiration west-coast sur le très Fleetwood Mac My Spirit Is Broken. En fait leur écriture musicale réalise la superbe union d’un climat folk-rock dense et grave avec la légèreté aérienne des harmonies vocales quasi religieuses.

Le résultat est d’une beauté bouleversante.

A une époque où l’écoute de la musique se fait par un zapping permanent au gré des fichiers mp3, voilà un vrai disque à découvrir du début à la fin, à la fois varié et cohérent, d’une étonnante maturité pour un début-album. Down Like Gold est déjà un classique, qui échappe à toute datation précise.

Un sacré beau disque. On peut dire aussi un beau disque sacré.

Ce n’est pas la bande son idéale pour faire la sieste dans le hamac. Strand Of Oaks appartient plutôt à la catégorie des incendiaires du son. Et c’est tant mieux ! Voilà un concentré d’énergie pour secouer la torpeur estivale.

Strand Of Oaks est encore un exemple de nom derrière lequel se cache un musicien tout seul. En l’occurrence Timothy Showalter, natif de l’Indiana et basé à Philadelphie. Heal est son quatrième album, paru chez Dead Oceans, et s’avère un bon disque de rock. Et c’est une surprise venant d’un artiste qui nous avait plutôt habitué à de l’indie-folk nombriliste.

Pour Heal, Strand Of Oaks durci le ton et se met au rock électrique et sauvage en incorporant une ambiance au parfum 90’s, sous l’influence de guitares jouées avec la puissance grunge de Dinosaur Jr. On y distingue aussi des claviers vintage et cheaps qui apportent une note déjantée à laquelle il ne nous avait pas habitué.

Cet album oscille sans prendre parti entre l’énergie brute de la colère et la nostalgie sombre de l’enfance. La haine et la honte. On perçoit le choc des guitares denses, agressives, confrontées à des vocaux et des textes plutôt émus et crépusculaires, poignants comme du Springsteen. Les instruments envoient un déluge sonore, mais dans le même temps la voix de Showalter est étonnamment triste et détachée, et raconte ses souvenirs d’enfance comme dans une thérapie.

Un contraste que l’on identifie clairement dans Goshen’97, l’hymne emblématique de Heal et son titre le plus fort, qui pourra être braillé par tous, aussi bien dans les stades que dans un café concert.

C’est une histoire d’amour de 30 ans. Celle qui nous unit avec le rock de l’hemisphère sud. Il faudrait des centaines de pages pour citer tous les musiciens qui nous ont marqué pour la vie.

Depuis AC/DC et Birthday Party jusqu’aux récents Scott & Charlene’s Wedding ou The Stevens, en passant par The Church, The Bats et The Go Betweens, les coups de cœur se multiplient et ne déçoivent jamais au fil des années.

The Chills font partie de cette histoire. Leurs albums Brave Words et Submarine Bells furent des disques de chevet en 1987 et 1990, mais surtout ils n’ont jamais pris la poussière et repassent régulièrement dans mon lecteur CD (et oui je fais partie des archéologues qui écoutent encore des CDs).

Il est donc forcément réjouissant d’apprendre que le groupe publie un inédit pour célébrer les 50 ans du chanteur Martin Phillipps. Ce nouveau morceau est publié par Fire Records, excellente maison régulièrement à l’honneur de The Musical Box, que ce soit avec Scott & Charlene’s Wedding, Scraps ou Hospitality.

Molten Gold dépasse largement la simple curiosité du nouveau titre. C’est une belle chanson, qui n’a pas à rougir du passé glorieux des Néo-Zelandais, et peut figurer dans la lumière de leur discographie pourtant étincelante, aux côtés de Pink Frost ou Wet Blanket.

On aime vraiment sa mélodie émotive et solaire soutenue par les arrangements de violons et soigneusement tissée autour des arpèges de guitares.

Une beauté intemporelle.

Le Brésil ! Copacabana ! La Seleçao ! Franchement on sature un peu non ?

Alors justement, pour ceux qui sont victimes d’une indigestion de futbol, samba, beaux garçons bronzés tablettes apparentes ou chicas langoureuses en bikini, voici le remède : Rodrigo Amarante.

Il est lui aussi Brésilien, mais c’est là que s’arrête la comparaison. Car lui vit sur une autre planète. Personnage atypique et cosmopolite, ce chanteur et multi-instrumentiste a suivi une trajectoire en zig-zag.

Une jeunesse musicale marquée par le succès au Brésil au sein de Los Hermanos (4 disques d’or entre 1999 et 2005). Puis en 2007 il participe à Orquestra Imperial, une collaboration avec Moreno Veloso, le fils du grand Caetano Veloso. C’est ensuite en 2009 l’exil artistique en Californie à Los Angeles, où on le découvre avec Little Joy, excellent groupe fondé avec Fabrizio Moretti le batteur de The Strokes, et la chanteuse Binki Shapiro.

Cavalo, son premier album solo est déjà sorti depuis un bout de temps au Brésil, mais n’est disponible en Europe que depuis quelques mois. C’est un disque à l’ambiance plutôt folk et épurée, rêveuse et triste, à des années lumières de l’ambiance sexy et festive d’une Coupe du Monde.

On adore en particulier Hourglass. Imprégné de la saudade de la bossa-nova, c’est pourtant un pur morceau rock-new wave, dans lequel la basse est ronflante, les couches de claviers élégantes et la mélodie triste.

Et le brouillard gris et les ténèbres s’abattirent sur le Christ Rédempteur du Corcovado et les plages de Rio.

Traditionnellement, l’actualité musicale se calme durant l’été, plus rythmé par les grands festivals que par les sorties de nouveaux disques. C’est l’occasion de s’intéresser à des artistes moins connus.

Escapists par exemple.

Ce quatuor de Bristol, formé en 2010, n’avait jusqu’à présent jamais capté l’attention, malgré un répertoire de premiers morceaux de bonne qualité.

Leur debut-single Post Gospel Blues en octobre 2011 les inscrit d’emblée dans la filiation de l’indie-rock lyrique à guitares d’Arcade Fire ou The National.

En mai 2012, le deuxième E.P Burial confirme les impressions initiales. Le son est musclé et efficace basé sur les guitares, mais ne tombe pas dans l’excès de body-building ni dans la démonstration de force du stadium-rock. Les parties vocales restent marquées de douceur et d’humilité et confinent le groupe dans un registre intime de proximité.

Après Breaking It Up paru en février 2014, c’est surtout leur tout dernier titre, Blood, qui retient l’attention.

Plus apaisé en apparence que les précédents morceaux, il commence par un irrésistible riff de guitare en mode jangly-tropical. Des couleurs sonores proches de celles qu’on apprécie chez Peace ou les premiers Vampire Weekend. Mais la tension monte ensuite avec des syncopes rythmiques et une trame plus dense. Simon Glancy chante dans un timbre situé entre Thom Yorke de Radiohead et Matthew Bellamy de Muse, des textes qui décrivent l’anxiété qui peut surgir au petit matin après une longue nuit blanche.

Derrière une façade fraiche et pop se cache la paranoïa urbaine.

Un guet-apens dans lequel on tombe avec surprise et plaisir.

C’est le premier de mes tubes de l’été : Sunshine par The Helmholtz Resonators.

Mais attention ! Si vous cherchez une friandise funk tropicale pour rythmer les jongles des footballeurs Brésiliens ou faire onduler les hanches de jolies filles en bikini sur des plages paradisiaques, passez tout de suite votre chemin.

Ici les footballeurs et les jolies filles se croisent en combinaisons d’astronautes dans un no mans’ land post apocalyptique où le soleil est noir.

Sunshine est un hymne à la dance et à l’indolence, mais sur un mode vénéneux et décalé. Il suinte de miasmes chimiques et de radioactivité. Lancée par une sirène de vaisseau galactique, la chanson monte petit à petit en puissance sur le dance-floor, avec une rythmique basse-batterie groovy et efficace. Supporté par des tourbillons de synthés vintage, le chant se fait en chorale à voix multiples. Celles de doux dingues et de surdosés en psychotropes, givrées et incantatoires. L’ambiance se situe entre Beta Band (le choeur d’ectoplasmes) et Hot Chip (l’électro-funk déviant).

On s’attendrait plutôt à localiser The Hemholtz Resonators dans une friche industrielle de la Ruhr ou un labo clandestin de Berlin. Mais en fait ils vivent à Londres, dans le quartier de Hackney. Leur nom à consonance Germanique a été emprunté à Hermann Von Helmholtz, physicien spécialiste du son dont ils ont découvert les travaux durant leurs études sur les sciences acoustiques à l’université.

Car ce sont des scientifiques ces jeunes gens ! Affublés de noms incroyables (Garland Vanderbilt, Chladni Plates, Van Damme Laudenkleer, Carlton Breezy, et Frithel Stock-Stone) ils sont loin d’être déguisés en cosmonautes. Ils arborent au contraire un look très classique, Victorien, excentrique, avec des cannes à pommeau, des chapeaux melons et même des moustaches.

Le groupe existe depuis 2008. Leur premier album Crystal Submarines est paru en 2011. Sunshine figure sur un nouveau single 2 titres.

Leurs influences revendiquées tournent autour de The Residents, The Kinks ou LCD Soundsystem. Et c’est une bonne représentation de leur démarche à la fois festive, résolument expérimentale mais tellement « so British ».

C’est Sex & Drugs & Rock n’Roll au pays des éprouvettes et des rats de laboratoires. Monty Python vs Bosch (Hieronymous le peintre ou les appareils electro-ménagers, comme vous voulez).

Groupe culte ou légende du rock ? Chacun est libre de choisir, mais ce qui est sûr, c’est que The Vaselines n’est pas un groupe comme les autres.

Ils sont entrés dans la grande histoire du rock un jour de 1991, quand Kurt Cobain les révéla au grand public en les désignant comme ses « songwriters préférés du monde entier ». Il a repris d’ailleurs avec Nirvana Son Of A Gun et Molly’s Lips, deux titres des Vaselines, sur l’album Incesticide et Jesus Doesn’t Want Me for a Sunbeam sur le MTV Unplugged in New York.

The Vaselines est un duo Ecossais constitué de Eugene Kelly et Frances McKee, formé en 1986 et dissous en 1989. Paradoxalement, leur discographie de l’époque est assez pauvre et leur succès confidentiel. Deux E.P, Son Of A Gun en 1987 et Dying For It en 1988, et l’album Dum-Dum en 1989 constituent leur unique fond de catalogue de ces premières années.

Après plus de quinze ans de silence, le groupe se reforme en 2008/2009 pour une série de concerts et la réédition chez Sub Pop d’un best of re-masterisé Enter The Vaselines. Puis ils sortent leur véritable deuxième album Sex With An X en Septembre 2010.

Aujourd’hui ils effectuent leur retour avec un troisième album intitulé V For Vaselines qui sortira le 29 septembre chez Rosary Music. Ce disque auto-produit a été enregistré dans le Castle Of Doom, le studio de Mogwai. Il bénéficie de la participation de nombreux compatriotes avec les guitaristes Stevie Jackson (Belle & Sebastian) et Scott Paterson (Sons & Daughters) , le bassiste Graeme Smillie (Olympic Swimmers), Paul Foley (Mandrake Shepherd) et les batteurs Frank Macdonald (Teenage Fanclub) et Michael McGaughrin (1990s).

Pour nous faciliter l’attente jusqu’en septembre les Ecossais ont mis en ligne One Lost Year.

Au delà de l’évènement symbolique et de l’émotion de les revoir, on se réjouit de les retrouver avec un aussi bon single. Une pure chanson rock, efficace et directe, facile d’accès rythmiquement et mélodiquement, quelque part entre les premiers R.E.M et le punk-rock des Ramones, et qui n’a pas à souffrir de la comparaison avec les meilleurs de la jeune classe actuelle.

Et tout à fait logiquement, One Lost Year rentre dans la play-list de The Musical Box pour l’été.

C’est l’évènement de la semaine et tout le monde en parle. Hunger Of The Pine le nouveau single de Alt-J déclenche une tempête de commentaires, un tsunami d’éloges sur le net et dans la presse, y compris dans les magasines d’infos généralistes qui n’ont jamais eu d’affinité particulière pour le rock. Tous ces nouveaux admirateurs nous expliquent à quel point cette chanson est formidââble et géniââle, et que le groupe prodïïïge est incroyââblement bon !

Vraiment ? Décryptage …

Alt-J est une étonnante histoire de succès spontané. En 2012, leur premier album An Awesome Wave les propulse en six mois du néant au sommet du monde. Ils sont présent dans tous les bilans de fin d’année, reçoivent le prestigieux Mercury Prize, et vendent plus d’1 million d’exemplaires de leur album, un véritable exploit économique pour un disque de folk-electro indépendant et terriblement audacieux.

Il est facile d’imaginer la pression énorme qui pèse sur leurs épaules au moment de travailler sur le successeur de An Awesome Wave. Comment faire mieux ? (et question subsidiaire probable : comment vendre plus ?) Le deuxième album s’intitule This Is All Yours et sortira le 22 septembre chez Infectious Records. Depuis deux ans il y a eu des changements. Alt-J est désormais réduit à un trio depuis le départ du bassiste Gwil Sainsbury au mois de janvier, officiellement pour « raison personnelle ». On ne sait pas encore grand chose du nouvel album, à part le track-listing constitué de 13 titres :

1 – Intro
2 – Arrival In Nara
3 – Nara
4 – Every Other Freckle
5 – Left Hand Free
6 – Garden Of England
7 – Choice Kingdom
8 – Hunger Of The Pine
9 – Warm Foothills
10 – The Gospel Of John Hurt
11 – Pusher
12 – Bloodflood pt.II
13 – Leaving Nara

Le premier extrait qui nous est livré est donc ce Hunger Of The Pine.

L’originalité de ce morceau qui déclenche l’hystérie médiatique tient dans la présence d’un sample de la voix de Miley Cyrus. Pour être précis, le moment où elle chante « I’m a female rebel » sur le morceau 4×4 de son album Bangerz. C’est le buzz assuré et un tonnerre d’applaudissements. Voilà pour le business plan. Parlons maintenant musique car c’est la seule chose qui nous intéresse vraiment.

D’abord éliminons d’un trait rageur Miley Cyrus. Franchement la présence de l’égérie Disney et princesse de la pop pour écolières de maternelle jusqu’au collège ne constitue pas ce qu’on appelle un gage de haute qualité artistique. Ensuite, il faut se résigner à l’accepter : Hunger Of The Pine est musicalement très éloigné des morceaux de An Awesome Wave. Finies les chorales mystiques de voix masculines. Finies les syncopes rythmiques qui déstabilisent le confort des morceaux. Finies les cascades de guitares cristallines. La voix si particulière de Joe Newman est méconnaissable. C’est une chanson de RnB triste et sombre, de trip hop austère. Plus proche de Josh Record que de Radiohead.

Qu’on ne s’y trompe pas. C’est un morceau plutôt pas mauvais, qui s’écoute avec plaisir. Mais le simple fait d’écrire « plutôt pas mauvais » au sujet d’Alt-J est un aveu de faiblesse et la preuve évidente que Hunger Of The Pine se situe à un niveau inférieur par rapport au précédent matériel du groupe.

Hélas.

Il reste encore l’espoir que ce premier extrait ne soit pas représentatif du reste du contenu de l’album. Réponse dans trois mois.

Vous l’avez compris en parcourant nos précédents posts : on attend l’été avec une certaine impatience …

Avec quelques jours d’avance, en voici déjà la bande son idéale : Only Real.

Derrière cet alias se cache Niall Galvin, un garçon de 22 ans avec une tête de collégien, localisé dans le West London, qui distille un élixir musical rafraichissant et paresseux, aux arômes des 50’s, de beach-pop et de rap sudiste. Cet éclectisme est hérité de la culture musicale qui a baigné son enfance entre un père fan de Neil Young et une mère qui écoutait les Beach Boys. Après avoir appris le piano très jeune il se met à la guitare et dès 15 ans commence a écrire ses premières chansons. C’est un musicien indépendant, au sens propre, qui cherche à tout prix à garder le contrôle de sa musique, de la composition jusqu’à l’art-work, en passant par les vidéos qu’il a parfois réalisées lui même.

Chouchou de la blogosphère depuis une grosse année, Niall Galvin travaille sur un premier album très attendu, mais qui ne devrait sortir que début 2015. Pour faire patienter, il a enregistré à Atlanta Cadillac Girl avec Ben Allen producteur d’Animal Collective ou de Washed Out.

C’ est un tube estival potentiel, avec son refrain irrésistible à la mélodie nonchalante, ses couplets en forme de « rap mou » scandés dans un timbre de baryton, et son atmosphère ensoleillée et 50’s, colorée par les effets de wah-wah et de reverb à la guitare. Une chanson qui fusionne le classicisme rétro du surf-rock et le psychédélisme de l’époque des Temples, Tame Impala et autre Black Keys.

Et pour illustrer une telle chanson il y a le clip de saison, plein de palmiers, de plage, de cocktails avec ou sans paille dedans, d’autres boissons encore, plus riches en houblon, de jolies filles et de mecs qui friment dans une décapotable, mais étrangement pas de Cadillac (c’est une BMW …).

Une moiteur qui provoque une sensation de soif et une envie de ne rien faire.

Aujourd’hui, on va faire simple.

Non pas en bouclant au sprint ce nouvel article, mais plutôt par la personnalité même de son sujet : Bob Mould.

Quand on évoque cette grande figure du rock des trente dernières années, les mots qui viennent en effet à l’esprit sont l’humilité, la sincérité et l’authenticité. Ces qualités primordiales à nos yeux font de Bob Mould un habitué de nos colonnes.

Rappelez vous, en septembre 2012, on avait chaleureusement accueilli dans The Musical Box la parution de Silver Age, un disque aussi brillant qu’inattendu. Car qui aurait osé parier un franc (et oui c’était la monnaie en vigueur à l’époque !) à la fin des années 70 sur la présence possible de Mould dans l’actualité rock 35 ans après ? Certainement pas moi c’est sûr. Le chanteur de Hüsker Dü arborait une telle intransigeance dans la musique, la colère et les excès qu’il semblait inimaginable qu’il puisse durer dans le temps.

Grosse erreur ! Car l’ancien rebelle indie est toujours là en 2014, affuté comme jamais, en dépit des moments difficiles traversés dans sa carrière. Trente ans d’histoire dont vous pouvez relire le résumé dans notre chronique de 2012.

Son actualité du moment, c’est la parution la semaine dernière en Europe chez Merge Records de son nouvel album Beauty & Ruin. On le retrouve en formation de trio, avec les mêmes acolytes que sur Silver Age le bassiste Jason Narducy et le batteur Jon Wurster.

Pas de surprise a en attendre. C’est toujours aussi efficace et on l’adore. Du power-rock solaire qui ne néglige pas pour autant les mélodies accrocheuses qui éclatent dans les refrains. Une énergie débordante qui n’a rien à envier aux plus récents des groupes Garage Californiens.

Ecoutez I Don’t Know You Anymore. Le clip est très réussi, drôle et en accord avec l’état d’esprit du personnage. Il porte un regard grinçant et critique sur le monde du show biz rock et les techniques pour réussir son buzz et doper ses ventes.

Un clin d’oeil hilarant et une belle chanson pour l’été. Qui arrive bientôt …

Après un clin d’œil à des vétérans des 90’s, nos colonnes s’ouvrent cette fois sur des newbies.

Quoique … Ce qualificatif est trop sévère pour Circa Waves, car voilà un groupe qui est déjà en train de se hisser à force de singles brillants sur le podium de l’été, même s’il n’existe que depuis peu de temps.

Pour rester honnête, on ne donnait pas trop cher de leur peau en octobre 2013, quand le NME titrait à leur propos « le groupe Anglais non signé le plus courtisé du moment » . La méfiance règne sur la fâcheuse habitude de nos amis journalistes rock d’outre Manche qui consiste à annoncer chaque semaine l’arrivée du nouveau « meilleur groupe du monde ». Le premier single Good For Me / Get Away était pourtant bien ficelé. Mur du son de guitares, tempo enlevé, chant en falsetto dans la lignée des Strokes et harmonies vocales héritées des Beatles. Logique pour un quatuor de Liverpool.

Rangé dans les cases de notre Musical Box dans la rubrique « en observation », Circa Waves récidive 4 mois plus tard avec Stuck In My Teeth. Ce deuxième single confirme les bonnes premières impressions ressenties. Ils jouent encore plus vite, dépassent les limitations de vitesse en approchant les 200 bpm. Les guitares s’assouplissent judicieusement et les parties vocales n’ont rien perdu de leur énergie et de leur équilibre.

Ces dernières semaines, tout s’accélère pour eux. D’abord la sortie de Know One fin avril. Plus de surprise : le talent est toujours là. Keiran Shuddall chante de mieux en mieux. Sa voix est bien posée, plus sûre. L’ambiance générale de ce troisième single est apaisée et sereine. Circa Waves ne cherchent plus à prouver quoi que ce soit. On sent un groupe qui maitrise son destin et convaincu de la force de ses chansons. Et c’est pour nous un vrai coup de cœur.

Maintenant les évènements s’enchainent. Ils sont en studio pour enregistrer leur premier album. On les annonce également sur les scènes des grands festivals de l’été. Pour parachever le tout, ils publient un nouveau single Young Chasers placé sous le signe de la spontanéité. Il aurait en effet été écrit le matin, enregistré l’après midi et mis en ligne le soir. Sans doute un peu difficile à admettre, mais il faut reconnaitre que c’est un morceau qui déborde d’énergie. Le tumulte des guitares et la cavalcade rythmique sont toujours bien compensés par une fraicheur mélodique et des chœurs en « Ooh-Ooh-Ooh » qu’on avait l’habitude d’entendre chez The Strokes ou The Vaccines.

Et finalement, on finit par apprécier vraiment ces quatre scousers qui remettent au premier plan le rock à guitares et pourraient bien mettre le feu à nos soirées estivales.

Voilà une bonne nouvelle car c’est pour très bientôt !

En matière de musique, la Nostalgie n’est pas forcément recommandée. Elle est souvent synonyme d’archaïsme (« c’était mieux avant ») de paresse (« à quoi bon essayer de s’intéresser à l’actualité musicale qui va si vite ») et toujours de business qui rapporte gros (les rééditions luxueuses, les tournées ou reformations des stars du passé à des prix exorbitants).

Par conséquent, pour évoquer Pete Fij et Terry Bickers, on parlera de tout sauf de nostalgie.

De l’émotion par contre, certainement. Celle de revoir deux anciens musiciens du siècle dernier réapparaitre de manière totalement impromptue et nous surprendre avec une superbe chanson en duo, Out Of Time.

De justice aussi. Car les deux compères sont deux grands champions de la lose.

Pete Fij d’abord. De son vrai nom Piotr Fijalkowski, il fut le leader charismatique de Adorable, quatuor de Coventry formé au début des années 90 et signé sur le fameux label Creation. On croyait beaucoup en eux à l’époque, mais il faut reconnaitre que malgré deux albums plutôt réussis Against Perfection en 93 et Fake en 94, Adorable ne figure pas vraiment dans les groupes majeurs de l’histoire du rock. En ce qui me concerne leur principale gloire est d’être classés en deuxième position dans … les rayonnages de ma discothèque, rangée dans l’ordre alphabétique !

Certains d’entre vous se souviennent peut-être de Sunshine Smile.

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Ensuite Terry Bickers. Il a quand même connu, lui, le succès, au sein de The House Of Love, également sur le label Creation,dont il fut le lead-guitariste et co-leader avec Guy Chadwick. Mais, n’acceptant pas la signature du groupe chez une major compagnie en 1991, il claque la porte de la Maison de l’Amour et part fonder Levitation en 1990, un projet nettement plus radical à mi-chemin entre rock psychédélique et progressif. Un énorme bide malheureusement. Et pendant ce temps là The House Of Love triomphait dans le monde entier. Roi de la lose on vous disait …

Et donc voilà ces deux personnages hors du temps qui se réunissent 20 ans plus tard. Ils commencent à jouer ensemble en 2009, Bickers à la guitare électrique et Fij au chant et à la guitare acoustique, et font quelques concerts en 2010. Mais il faudra attendre l’hiver dernier pour qu’ils parviennent à produire un disque grâce au site de crowdfunding Kickstarter.

Cet album pour lequel ils en ont vraiment bavé s’appelle Broken Heart Surgery et sortira le 7 juillet. Il est précédé du single Out Of Time.

Et surtout pas de nostalgie à l’égard de leur nouvelle chanson, mais cette fois un réel plaisir d’auditeur. Celui d’entendre une ballade douce et paisible, chantée par un Fij aux yeux creux d’une voix humble et cabossée de crooner triste comme auraient pu le faire Lou Reed ou Damon Albarn. Les arpèges et discrets riffs de guitare de Bickers (qui n’a pas pris une ride) sont beaux et parfaitement dosés. L’écrin idéal pour un bijou de chanson.

La réincarnation superbe de deux revenants terriblement attachants.