C’est la dernière ligne droite avant la fin de l’année !
Comme d’habitude nous effectuerons dans TheMusicalBox le grand bilan de l’année 2015 en dévoilant le BEST OF THE BEST OF 2015.
Il s’agit d’un classement très sérieux, établi scientifiquement en totalisant les classements des plus grandes revues musicales mondiales.
Notez bien : cette année, début du compte à rebours de ce classement A PARTIR DU DIMANCHE 13 DECEMBRE ! Plus qu’une semaine …
Pour 2015, les magazines web et papier pris en compte sont : Rolling Stone, Spin, Stereogum, Consequence Of Sound, Paste et Pitchfork (USA), NME, Q, Uncut, Mojo, Clash et The Guardian (GB), Les Inrocks et Magic (Fra), Mondo Sonoro (Esp), Rumore (Ita), Oor (P-B), Humo (Bel), Explain (Canada) et l’Australien Rip it Up . Une synthèse idéale et un panorama complet de la planète musicale.
Quel sera l’album de l’année ? Sera-t-il Electro ou Rock ? Rap, Folk ou Pop ? Rien de tout cela ? Le suspense reste entier …
Réponse à partir du 13 décembre dans la MusicalBox.
Encore et toujours avec l’esprit d’explorateurs qui nous habite, voici une nouvelle découverte avant le rideau final de 2015 : Racing Glaciers.
C’est un quintet originaire de Macclesfield, ce qui n’est pas vraiment un atout majeur. Cette petite ville de 50.000 habitants, située dans le Cheshire au sud de Manchester, est en effet plus célèbre pour son industrie de la soie qu’en raison de sa réputation artistique. Elle fut même tristement élue en 2004 par The Times la « ville la moins cultivée de Grande Bretagne », selon un classement qui prenait en compte le nombre de théâtres, de cinémas, etc … Même le club de foot local végète en Conference Premier (5ème division Anglaise). Mais attention aux préjugés, car Macclesfield a aussi pour toujours marqué l’histoire du rock en donnant naissance à Ian Curtis, défunt chanteur de Joy Division, et ses comparses Stephen Morris et Gillian Gilbert de New Order.
C’est dans ce contexte paisible qu’a grandi Racing Glaciers, constitué de Tim Monaghan, Danny Thorpe, Matt Scheepers, Simon John Anderson et Matt Welch, à partir de l’été 2012. Leur progression s’effectue crescendo depuis les premiers titres mis en ligne, en passant par une consistante succession d’E.P. Le nombre de followers sur les sites communautaires de musique croit de manière exponentielle. Juste récompense pour un groupe qui n’hésite pas à enchainer les concerts en Grande Bretagne et même ailleurs en Europe. C’est logiquement l’album qui est maintenant en cours de préparation, et devrait sortir en 2016 chez Killing Moon Records. En avant première, le groupe a récemment publié l’excellent single Seems Like A Good Time.
On y découvre un impressionnant son post-rock avec un contraste séduisant entre le grondement des guitares et la lourdeur du martellement rythmique qui tranchent avec la douceur mélodique du chant, plutôt accrocheur et facile d’accès. Une chanson dense et aérienne, qui tabasse et caresse à la fois. L’union intemporelle du shoegaze à l’ancienne de Slowdive avec une ambiance sonore résolument actuelle.
Et une nouvelle entrée dans notre programmation quotidienne…
Toujours à la poursuite des dernières découvertes avant les bilans de fin d’année…
Aujourd’hui cap sur la Norvège pour faire connaissance avec Electric Eye.
La Scandinavie est régulièrement explorée dans nos chroniques, habituées à profiter de belles chanteuses mystérieuses, de pop-folk pastorale ou d’électro chillwave ciselée. Mais cette fois, c’est plutôt le versant orienté du côté du psyché-rock qui retient notre attention. Car c’est de ça qu’il s’agit chez Electric Eye. Basés à Bergen, Øystein Braut (guitare, vocals), Njål Clementsen (basse), Anders Bjelland (claviers) et Øyvind Hegg-Lunde (drums) dégainent les guitares fuzz et l’orgue 60’s pour décliner des chansons oniriques et chargées d’intensité dramatique.
On attend Different Sun, leur deuxième album, pour le 5 fevrier 2016 chez Jansen Plateproduksjon. Il succèdera à Pick-Up, Lift-Off, Space, Time,paru en 2013. Le disque a été enregistré à Bergen en janvier 2015 dans des conditions dantesques, sous le déluge d’un ouragan qui frappait à cette période la côte ouest de Norvège, dans l’ambiance du vacarme du vent qui souffle, des murs qui tremblent, de ruissellements de pluie et d’éclats de tonnerre.
Pourtant, le premier single qui en est extrait, Bless, est très solaire. Il faut dire que ce morceau a été inspiré par un voyage en décapotable dans le désert Américain quelques mois auparavant. On est conquis par l’atmosphère de grands espaces de ce morceau, à la rythmique groovy très Madchester, avec sa basse ronde, le vibrato des accords d’orgue, les effets 3D des guitares aux boucles lysergiques hallucinées ponctuées tantôt par des petits riffs cristallins, tantôt par des temps forts quasi symphoniques. Le chant hanté de Øystein Braut tournoie comme un vent de sable, entêtant, désespéré. Un hymne somptueux pour accompagner une aride traversée du désert en rêvant à l’infini du cosmos.
Tout nouveau tout beau ! Alors que démarre la dernière ligne droite de 2015 avec les bilans de fin d’année en vue, il reste encore un peu de temps pour de belles découvertes. Aujourd’hui Fews, toute nouvelle signature chez Play It Again Sam.
Voilà un impressionnant quatuor à l’itinéraire tortueux : trois Suédois et un Californien résidant à Londres … C’est Dan Carey, producteur bien connu (Franz Ferdinand, Django Django, Toy) qui les a repérés en découvrant leurs premiers titres mis en ligne sur Soundcloud : « Ils ont un son incroyable, ouvert, clair et cristallin, même quand ils bastonnent vraiment très fort » déclarait-il à leur sujet. En les accueillant cet été sur son label Speedy Wondergound, il produit lui même un premier single, Ill, énigmatique et ambitieuse pièce krautrock de plus de 8 minutes.
C’est désormais chez PIAS que leur carrière prometteuse se poursuit, avec la sortie le 11 décembre du deuxième single The Zoo et un album annoncé pour la mi 2016.
Nettement plus court que son prédécesseur (3’30 plus classiques) ce morceau est un véritable électrochoc pour incendier l’hiver. Sombre mais très ample, The Zoo est porté par des guitares tranchantes, enrichies par un déluge de reverb shoegaze. Le tempo est nerveux, sec, cassant. La basse gronde comme une créature des cavernes. Et le chant, au milieu du maelstrom sonore, psalmodie des mantras, des incantations intrigantes. C’est beau comme du Joy Division, comme les premiers disques d’Interpol.
Un magnifique récital de post punk glacial et vénéneux.
Merci à vous, Fred (chant et guitare), David (guitare), Rusty (drums) & Lulu (basse).
C’est une habitude dans notre MusicalBox : on ne perd pas de vue les groupes présentés dans nos articles, essayant de suivre de près et de faire partager les progrès effectués à mesure que paraissent les nouveaux titres.
Dans le cas de Memoryhouse, c’est un peu différent. Après le coup de foudre initial de la découverte de leur premier single The Kids Were Wrong, on avait un peu lâché l’affaire, peu enthousiasmés par les titres suivants et le premier album The Slideshow Effect. Mois après mois, ce fut ensuite une lente extinction des lueurs d’espoir, avec les galères qui s’enchainent : vol de leur matériel dans le tour bus, séparation avec leur emblématique maison de disque Sub Pop. Puis le silence radio avec comme seul écho de leur part une reprise caritative du Christmas Island des Andrews Sisters pour le Noël 2013 (bâillement …).
Et finalement Denise Nouvion et Evan Abeele nous font la surprise d’un grand retour quatre ans après. Dream Shake est le premier extrait de leur deuxième album Soft Hate, annoncé pour janvier 2016. Le duo a concocté ses nouvelles chansons sur une longue période de trois ans, enregistrant dans leur propre studio chez eux à Guelph (Ontario), dans la cabane de jardin d’un pote à Hamilton ou carrément dans une chambre chez Chris Stringer, le producteur qui a mixé l’album, aidé par Brian Lucey (David Lynch, Zola Jesus).
On retombe sous le charme initial de Memoryhouse en découvrant Dream Shake : la voix céleste et précieuse de Denise Nouvion est toujours leur atout le plus sûr, à la fois éthérée et puissante, déterminée. La rythmique basse synthé-batterie sonne groovy et futuriste. Le tapis de guitares crée une atmosphère de brouillard illuminé par des riffs cristallins. Le tout dans la concision d’une chanson d’un peu plus de 3 minutes.
Largement suffisant pour provoquer un moment de plaisir musical intense …
Un tube de l’été au mois de novembre, c’est plutôt une bonne idée !
First Date, le tout premier single de Plume Of Feathers en possède toutes les caractéristiques. Carillons de guitares lumineuses. Cavalcade dans un tempo speed et aérien. Des cordes et claviers qui viennent délicatement napper une mélodie qui nous veut du bien, chantée de manière douce et amicale. Des notes irrésistibles dans une ambiance mêlée du Babies de Pulp et de la Velocity Girl de Primal Scream. Voilà une chanson qui irradie la chaleur et le bonheur sans artifices.
En plus elle sert une noble cause. La défense de l’institution du pub, lieu de convivialité heureuse, de croisement social et d’empathie humaine, hélas en voie d’extinction progressive avec des fermetures de plus en plus nombreuses.
Cette belle prise de conscience artistique est l’œuvre de Paul Tierney, de Lonely Tourist, célèbre jusqu’à présent essentiellement pour une chanson hommage au joueur de foot Irlandais de Manchester Utd dont il est l’homonyme, The Ballad of Paul Tierney. Cet Écossais de Glasgow immigré à Bristol, s’est acoquiné au guitariste et chanteur Chris Webb pour former Plume Of Feathers, nom piqué à celui d’un pub local mythique et aujourd’hui fermé. Un album devrait sortir en février 2016, composé autour d’histoires simples de bonnes personnes et de vies fracassées telles qu’on peut en rencontrer au comptoir du pub, dans la vraie vie.
Pour l’instant First Date est le seul titre disponible, mais franchement si le reste est au même niveau , le duo n’a pas trop de soucis à se faire pour son avenir.
Produit par Jim Lang qui déjà travaillé avec Lonely Tourist, mais aussi avec le légendaire Ian McCulloch d’Echo & The Bunnymen, le single sort chez Tourist Info Records en téléchargement et chez Archdeacon of Pop Records en vinyl .
Pas grand chose à ajouter. Ouvrez votre boisson préférée, prenez une gorgée et fermez les yeux en écoutant avec nous Plume Of Feathers.
Face aux horreurs perpétuées par ces ordures de l’espèce humaine, reprenons nos activités comme si de rien n’était. En l’occurrence vous faire partager avec plaisir nos récents coups de coeur musicaux. La musique est la meilleure des thérapies et une source intarissable d’épiphanies répétées…
Après le Vanke qui ressuscitait mercredi avec bonheur Kirk Brandon et son Spear Of Destiny, me voici décidé à vous ouvrir le rideau sur Chorusgirl.
C’est un attirant quatuor de Londres, récemment apparu chez Fortuna Pop! Un label dont les artistes sont régulièrement célébrés dans nos chroniques, alliant originalité artistique et accessibilité grand public, de Joanna Gruesome à The Pains Of Being Pure At Heart, en passant par Let’s Wrestle, Allo Darlin’ ou … The Primitives (<3<3<3). Chorusgirl s’inscrivent aussi dans cette démarche audacieuse et abordable. Ils réalisent une étonnante fusion entre la fraicheur de la pop British et la puissance du rock Américain. Pile à l’intersection des chansons ténébreuses et oniriques de The Cure ou Lush et des hymnes flamboyants et soniques de Pixies ou Dum Dum Girls. Ils ont même inventé un nom pour ça : le « Jangle n’roll ».
Le premier album de Chorusgirl, est simplement intitulé Chorusgirl et vient de paraitre chez Fortuna Pop! Il a été enregistré avec Jan-Niklas Jansen au Bear Cave Studio à Cologne.
La Chorusgirl en question s’appelle Silvi Wersing, pétillante blondinette d’origine Allemande, qui, lassée de jouer la potiche-choriste dans ses premiers groupes pris un jour son destin en main pour démarrer son propre projet. En fait c’est surtout son laptop qu’elle empoigna, pour pouvoir peaufiner ses premières démos, enregistrées et développées ensuite avec ses acolytes cosmopolites : l’Allemand Udo Westhoff (basse), l’Irlando-Anglais Michael Boyle (drums) et le Portugais Diogo Oliveira (lead guitare). Une vraie Europe musicale en marche …
Alors que le concert des Eagles Of Death Metal est en cours depuis plus de 45 minutes, quatre terroristes font irruption dans la salle et tirent sur le public avec des armes de guerre. D’abord en rafale dans le tas, puis en achevant les spectateurs allongés un par un. Ils exécutent au hasard des femmes, des enfants, des fans de rock qui voulaient juste passer une bonne soirée à l’écoute du Stoner-rock de Josh Homme et de sa bande.
Cette horreur me touche particulièrement. D’abord parce que le Bataclan est un lieu de joie, une salle que nous avons tous fréquentée régulièrement et dans laquelle nous avons vécu d’intenses moments de bonheur et de communion musicale lors de multiples concerts. Et puis surtout car mon neveu était là-bas. A 17 ans il a passé une éternité allongé à terre pendant que les rafales pleuvaient dans la salle et que des innocents comme lui se faisaient massacrer à ses côtés. Lui s’en est tiré. Il fait partie de ceux qui ont pu s’enfuir. Les amis qui l’accompagnaient aussi. Les musiciens et le staff de Eagles Of Death Metal ont également survécu. Mais tant d’autres sont restés au sol.
Au nom de quoi prendre toutes ces vies ? Comment et par quelle dégénérescence humaine peut-on en arriver là ? Quelle doctrine, aussi fanatique soit-elle peut justifier le meurtre lâche de femmes, d’adolescents, de familles venues simplement se changer les idées en écoutant de la musique ? Est-ce qu’ils pensent vraiment qu’ils convaincront ainsi le monde à leur cause ?
Vous avez tous déjà la réponse. No pasaran ! Évidemment. L’horreur est en nous, mais pas la peur. Jamais. Car la lumière finit toujours par l’emporter sur l’obscurantisme. Peut-être pas aujourd’hui. Mais demain ou après demain. On le sait bien.
Nous pensons tous aux victimes, à leurs proches. Nous sommes avec eux. Nous sommes le Bataclan.
Entre la justesse et le couac, entre l’agréable et l’inaudible, la différence tient parfois à peu de choses. Un quart de ton au dessus ou en dessous, une tessiture de voix qui déraille un peu et les conséquences peuvent s’avérer terribles.
Dans le cas de Holy Esque tout va bien. On est tout d’abord surpris par le chant atypique de Pat Hynes. Très particulier. Une voix de fausset qui semble décalée par rapport à la musique. Mais ça fini par passer et on s’habitue à ce timbre pas comme les autres qui vient se classer entre Feargal Sharkey des Undertoneset Ian Astbury du Cult. Nasillard, mais habité. Joe Cocker en version indie. Il existe même dans ce chant une fêlure, une vibration qui le rendent intense et touchant. Et il émane des chansons de Holy Esque une impression plutôt inédite et troublante.
Il faut dire que derrière les vocaux la musique est très efficace, épique, intense, avec d’imposants arrangements de guitares, dont les riffs rappellent parfois les notes de cornemuses de Big Country . Une bonne raison à ça : Holy Esque viennent eux aussi d’Ecosse. C’est un quatuor de Glasgow qui joue depuis trois ans, avec en plus de l’étonnant Pat Hynes, le clavier et guitariste Keir Reid, Ralph McClure à la batterie et Hugo McGinley à la guitare. Ils ont publié leur premier E.P en 2012, produit par une légende de Glasgow, Kévin Burleigh ( Glasvegas,Simple Minds), conquis par l’énergie de leurs prestations scéniques.
S’en suivent plusieurs singles bien ficelés, tous très bien accueillis à leur sortie. Ce sera bientôt le tour de l’album, At Hope’s Ravine, produit par une autre sommité, le Danois Jon Schumann, plusieurs fois récompensé par des Awards en Scandinavie. L’album sortira le 16 fevrier 2016 sur le propre label du groupe, Beyond The Frequency. On retrouvera parmi ces 11 titres la plupart des premiers singles (Hope, Strange, Silences).
Et pour patienter sort le 7 décembre un double single, Hexx / Silences.
Bel exemple de ce rock épique et ébouriffant venu d’Ecosse.
C’est la belle Arlésienne de 2015. Dear Tommy, album très attendu de Chromatics, joue à cache-cache avec nos nerfs, provocant impatience et lassitude devant des annonces de parution régulièrement différées. C’est dommage car ce disque, dont on a tout de même déjà entendu quatre singles, figurerait sans doute dans le best of de fin d’année. De tout cela Johnny Jewel s’en tape franchement. Lui, il est déjà passé à autre chose.
En l’occurrence emprunter une machine à remonter le temps pour se réfugier en 1983. Il est allé y retrouver le fantôme de la pétillante rouquine Cindy Lauper pour lui chiper son tube Girls Just Want To Have Fun . Une idée de reprise qui fait peur au départ. L’original constitue en effet une friandise pop à l’ancienne, avec excès de sucres rapides et de crème Chantilly, difficile à digérer trente ans après.
Pourtant Jewel réussit encore une fois un superbe tour de prestidigitation et transforme cette lourde pâtisserie musicale en une pièce délicate et légère, au minimalisme gastronomique. Tempo ralenti à l’extrême, claviers caverneux, cliquetis de percussions aériennes accompagnent la voix spectrale de Ruth Radelet qui tourbillonne sur les différentes strates empilées dans le mixage. Un joyau d’interprétation et de production.
Comme d’habitude Johnny Jewel ne s’impose pas de limite. Dans ce digne héritage des 80’s qu’il s’approprie, il décline la chanson en version « maxi-single » avec SEPT (!) versions différentes, de Girls Just Wanna Have Some (notre préférée) à Girls Just Wanna Have Dub, en passant par des versions Fun, Drums, et Instrumentales. Un travail de production archi-typique de l’esprit des années 80 disponible depuis trois jours sur le site du label Italians Do It Better. Coup de coeur immédiat chez les publicitaires qui en ont fait la bande son de la nouvelle campagne Mango avec Kate Moss et Cara Delevingne. Une habitude avec les chansons de Jewel déjà régulièrement utilisés chez Air France, HTC ou Chanel.
Et donc mission accomplie pour ce nouvel épisode de Retour Vers Le Futur…
Bon. D’accord, bravo, c’est bien. Mais et Dear Tommy alors ???
Drôle d’impression avec ce trio Anglais. Comme si leur chance était déjà passée. Ou un statut d’éternels espoirs qui leur collerait à la peau. Il y a en effet presque trois ans qu’on a entendu parler de Blaenavon pour la première fois avec Into The Night, un premier E.P qui propulsait alors ce trio originaire de la petite ville de Liss (Hampshire) en wunderkids du rock d’Outremanche…
Injustice ! Car ils n’avaient alors que 16 ans. Oui : Seize ans … Encore tout jeunes aujourd’hui, ils sont en train de parfaire leur phase de maturation. Après Koso, leur second E.P paru en 2013, ils montent doucement mais sûrement en puissance. Signés chez Transgresssive , ils publient un nouvel E.P Miss World, avec cette fois plus de moyens, à la fois de production et de support, dont le meilleur argument est Hell Is My Head.
C’est un beau morceau, nerveux et puissant, porté par les guitares et secoué par un tempo syncopé. Le chant habité et étonnamment mûr de Ben Gregory emporte l’ensemble dans une atmosphère de rock ténébreux et grave. A la fois ambitieux et abouti.
Mettons de côté l’accueil bienveillant et paternaliste que suscite leur jeune âge. Il y a dans les compositions de Blaenavon une force et une envergure qui dépassent largement le simple concentré d’énergie hormonale qu’on serait tenté de leur attribuer. Une maturité naissante et pleine de promesses.
De plus en plus fort. Nile Marr est en train de se libérer doucement mais sûrement de la lourde pancarte de « Fils de » lourdement fichée sur ses épaules.
Ce n’était pourtant pas gagné d’avance de faire oublier qu’il est le fils de l’ex-Smiths Johnny Marr, sûrement l’un des guitaristes les plus importants de ces trente dernières années. C’est désormais une mission accomplie. Son groupe Man Made, dont on avait déjà salué les premiers titres il y a quelques mois, atteint aujourd’hui un niveau qui soutient largement la comparaison avec les dernières productions du père et devient indispensable.
Ecoutez Bring Some, dernier single en date. La puissance rythmique et l’efficacité mélodique de ce tube irrésistible hissent le trio Mancunien tout en haut de l’affiche. Un hymne pop-pock qui se démarque du power-rock brut des premiers titres pour prendre l’éclat des late-80’s à la manière des Stones Roses de Waterfall ou de I Still Haven’t Found What I’m Looking For de U 2 . Et forcément une qualité de song-writing et une atmosphère qui nous touchent.
Man Made a récemment signé chez Kobalt pour la sortie du E.P trois titres Bring Some. On espère l’album pour le courant de 2016. En attendant le groupe joue sur scène en première partie de la tournée de … Johnny Marr !
Ça méritait bien un nouveau passage dans la play-list de votre MusicalBox.
Architect, son premier disque, s’est hissé dans le Top 5 des ventes d’album. Il figure parmi les nominés pour le Mercury Prize qui récompense les meilleurs artistes de l’année au Royaume Uni. Et on le verra en cette fin d’année en France sur les scènes du célèbre Festival des Inrocks, la référence en matière de nouveaux talents. Succès fulgurant pour cet Écossais discret et timide qui a enregistré tous ses premiers titres il y a moins d’un an tout seul dans sa chambre.
Âgé de 26 ans, Christopher Duncan de son vrai nom, a muri ses chansons dans la sérénité. Fils de musiciens, il commence par le piano et le violon à 6 ans, puis apprend la guitare, la basse et la batterie durant ses années scolaires, avant d’intégrer plus tard le Royal Conservatoire of Scotland pour étudier la composition musicale classique. Passionné d’art et en particulier de peinture (il expose régulièrement ses tableaux et a lui même dessiné les pochettes de ses disques), il crée un univers musical intime, rêveur, dont la matrice est plutôt pop électro. C’est à son ordinateur qu’il a conçu les 12 morceaux d’Architect, enregistrés dans sa chambre à Glasgow, qui lui valent ensuite de signer chez Fatcat, son label de cœur, celui de ses modèles Vashti Bunyan et Sigur Ros.
Notre MusicalBox le suit depuis fin 2014 et son premier single For. Ses successeurs Say, Garden, et Here To There, puis la sorte de l’album en juillet, confirment tout le bien qu’on en pensait. Sur une base rythmique très légère, C Duncan tisse des arrangements folks et électroniques, avec des multiples couches de voix qui sont empilées et mêlées à la manière d’un chœur céleste. Grizzly Bear et Fleet Foxes ne sont pas loin de ces chansons douces et oniriques, très accessibles pour tous, et pourtant douées d’une grande complexité harmonique.
Au début on n’y croit pas. Ce Something Soon ne peut pas être un morceau de 2015. On se dit qu’il s’agit plutôt d’un titre « Oldie but Goldie » des 60’s. Ou éventuellement d’une reprise d’un vieux titre collector de garage-rock.
Et malgré tout, il est bien l’œuvre de Car Seat Headrest, nouveau groupe apparu soudainement sur les écrans depuis sa signature chez Matador il y a peu. Derrière sa façade summer-rock des 60’s façon Beach Boys ou Sonics, c’est un tube redoutable. Le genre de truc qu’on se retrouve à fredonner de manière insidieuse à tout moment dans la journée. Pourtant dans cette chanson, rien ne se veut racoleur. La voix est traitée en mode distorsion crade, Will Toledo braille comme un désespéré, le son et les instruments semblent cheaps et bricolés avec les moyens du bord. Mais tout fonctionne comme par enchantement. Les temps forts entrainants et dévastateurs alternent avec réussite avec des moments plus calmes et leurs chœurs craquants, leurs notes à faire fondre les coeurs. Carton assuré.
Car Seat Headrest est finalement l’avatar du seul Will Toledo, 23 ans, grandi à Leesburg en Virginie et récemment émigré à Seatle Il sévit depuis déjà 5 ans, en suivant le chemin classique des artistes d’aujourd’hui : création d’une page Bandcamp en 2011, nourrie de multiples chansons au fil des mois, enregistrées tout seul dans sa chambre, certaines réussies, d’autres plus anecdotiques. Au fil des mois et des années la qualité de l’écriture et des enregistrements s’améliore et finit par attirer un label qui le signe. Dans son cas c’est Matador Records qui a décroché le gros lot, avec une démarche généreuse. D’abord une compilation du meilleur des anciennes chansons, sous le nom de Teens Of Style, puis plus tard, en 2016, un véritable nouvel album avec des titres récents, enregistré dans un vrai studio avec un vrai producteur, et baptisé Teen Of Denial.
Something Soon figure sur Teens Of Style. C’est une chanson écrite en 2011 et ré-enregistrée pour l’occasion, choisie pour être le premier single. Excellente initiative qui illumine notre mois de Novembre d’un grand moment de plaisir.
Encore une séance de rattrapage. Alors que l’actu musicale se calme un peu et qu’on commence à regarder en direction de la fin de l’année et des bilans qui vont avec, c’est le moment de se repencher sur des disques déjà parus mais pas encore abordés jusqu’à présent.
En ce qui concerne Julia Holter, ce décalage est normal. Have You In My Wilderness, son quatrième album, est sorti chez Domino il y a un peu plus d’un mois. Et c’est bien le temps minimum qui a été nécessaire pour se familiariser et apprivoiser les chansons de cette étonnante song-writer Californienne, âgée de trente ans. Si son univers est plutôt pop, sa manière de l’aborder est totalement expérimentale et avant-gardiste. Ses trois précédents albums (en trois ans) ont surtout permis de révéler une démarche artistique très exigeante et référencée. On y traite d’Euripide, de Poésie, de Colette, d’Impressionnisme , de comédies musicales et de musique baroque, avec des arrangements qui oscillent entre le psyche-folk, le post-rock et le jazz. De quoi faire jaser les érudits du rock, mais pas forcément facile d’accès ni festif …
Have You In My Wilderness marque une évolution. Pas de concept sophistiqué cette fois, mais des chansons qui racontent des histoires, des vignettes musicales bâties autour des textes-poèmes écrits par Julia Holter. La mise en sons, assurée par Cole Greif-Neill ( Ariel Pink , Beck), est somptueuse, mélomane, et utilise essentiellement des instruments acoustiques. Les guitares, les cordes, le piano, le clavecin s’entremêlent dans l’harmonie avec la légèreté d’une dentelle, enroulées autour de la basse et des percussions. Entre orchestre de chambre et jazz-band de cabaret, la chanteuse déploie d’énigmatiques musiques de film, des mélodies très riches qu’elle enchante d’une voix cristalline soulignée par une reverb discrète. Et dire qu’elle avait honte de sa voix à ses débuts …
Ce n’est pas un disque dont on sifflera les chansons sous la douche. C’est clair. Pourtant, d’une audace artistique rarement entendue aujourd’hui, les 10 pièces rares qu’il abrite sont d’incroyables moments de communion musicale.
A la fois classieuse et intime, cette nouvelle livraison musicale de Julia Holter va laisser une belle trace dans le ciel de 2015.
Tout nouveau tout beau : Pumarosa semble augurer d’une ambiance latine, genre Italienne ou Argentine.
A tort … Il s’agit d’un groupe tout juste sorti des brumes Londoniennes. On peut même préciser qu’il prend plaisir à évoluer dans le brouillard si on se penche sur son impressionnant premier single.
Une pénombre psychédélique et des nuages épais enveloppent et imprègnent une musique de danse pointue, de transe noire, hantée par la voix grave de Isabel Munoz-Newsome. Elle prononce des incantations aériennes ( You Dance, You Dance, You Dance) en hommage à sa sœur Fernanda, danseuse contemporaine. Une prêtresse de la nuit telle une PJ Harvey Baléarique ou une Siouxsie Sioux groovy. Les riffs sautillants de la guitare et la rythmique d’inspiration très « James Murphy-esque » complètent le tout pour 7 minutes 30 d’arabesques mystérieuses sur le dance- floor, avec d’inquiétants tourbillons de cuivres qui apparaissent dans la dernière partie.
Produite par Dan Carey (Toy, Bat For Lashes), c’est une chanson-monument, qui s’installe quelque part entre LCD Soundsystem et l’inoubliable Love Song des Simple Minds.
Ce quintet n’avait pour l’instant lâché que quelques demos sur le net, et s’était révélé en live en première partie de Gengahr. Priestess est désormais un majestueux debut-single, une première pierre éclatante pour une œuvre qui s’annonce prometteuse.
De Baltimore on se souvient surtout des images urbaines de l’époustouflante série TV The Wire. Il ne faudrait pourtant pas passer à côté de la qualité du patrimoine musical de la ville du Maryland. Beach House, Future Islands, Lower Dens, Animal Collective, Dan Deacon sont tous issus de Baltimore. Avec un point commun : une créativité totalement débridée. Tout comme nos invités du jour.
Sun Club est une joyeuse bande de cinq copains d’enfance qui se connaissent depuis une bonne dizaine d’années. C’est d’ailleurs ainsi qu’ils se définissent eux-mêmes : a group of buddies playing happy music <3.
Et alors que la grisaille de l’automne nous enveloppe progressivement, cette orientation musicale euphorique et ensoleillée nous va bien. Un répertoire de chansons libérées des règles de la grammaire pop, déconstruites et décomplexées. Eux citent comme influences Devo, The Beach Boys et White Stripes. Une bande son idéale pour les virées nocturnes estivales et les délires en rase campagne. Mais pas uniquement. On retrouve aussi chez Sun Club d’ambitieuses envolées vocales en chorale à la manière d’Arcade Fire, la folie mélodique et les montagnes russes de Flaming Lips et Animal Collective, voire des couleurs et syncopes rythmiques Africaines qui n’auraient pas juré chez Vampire Weekend.
Sun Club s’est construit autour des frères Shane McCord (guitare) et Devin McCord (batterie), auxquels se sont progressivement ajoutés Mikey Powers (guitare, chant), Kory Johnson (chant, claviers) puis enfin Adam Shane (basse).
Après un premier single en 2013, un E.P en 2014 et de nombreux concerts, notamment en première partie de Alvvays, FIDLAR et Fat White Family, le groupe publie son premier album The Dongo Durango le 30 octobre chez ATO Records (Alabama Shakes, Midlake). Enregistré dans un entrepôt désaffecté proche de chez eux, ce disque de neuf titres reprend leurs premiers morceaux, en particulier l’irrésistible Beauty Meat.
Une soudaine lumière éclatante… Est-ce qu’il s’agit d’une étoile filante qui va s’éteindre dans peu de temps ? Ou au contraire d’un nouvel astre qui brillera plusieurs années ? Bien difficile de le deviner pour l’instant.
Alors on savoure, sans trop se poser de question, Heart Of Gold, le nouveau single de The Sherlocks. Poudre aux yeux ou premières notes révélatrices d’un grand talent, c’est le dilemme récurrent des premières confrontations avec les nouveaux venus de la scène pop-rock Anglaise.
Pourtant on a l’impression qu’ils ont vraiment un petit quelque chose en plus ces Sherlocks. Des tronches à faire fondre jeunes filles et belles-mères. Une moue boudeuse parfaite pour devenir des icônes pour teenagers. Un âge où tout est permis et possible (entre 17 et 22 ans). La science et l’agilité pour bâtir des chansons éternelles juste à la frontière de la pop et du rock, entre variété glucosée et sensualité rock’n roll. Mais en sachant rester pile du bon côté. Comme bien avant eux les Beatles ou Arctic Monkeys. Une touche résolument British aussi, en digne héritiers des Kinks, de The Jam ou The Libertines. On retrouve toutes ces influences dans Heart Of Gold, hymne juvénile propulsé par des riffs de guitare ravageurs et un refrain accrocheur.
Ce quatuor repose sur deux duos de frères : Kieran et Brandon Crook respectivement au chant et à la batterie, et les Davidson, Josh à la guitare et Andy à la basse, tous originaires de la mythique Sheffield. Ils ont forgé leur réputation avec des concerts incessants (500 en deux ans), incendiaires, souvent à guichets fermés, mobilisant un fan club torride et sans cesse en augmentation. Ce qui leur a aussi permis d’ouvrir en première partie de certains grands de ce monde (The Enemy,Simple Minds, Reverend and the Makers, Buzzcocks).
Heart Of Gold est leur troisième single. Les deux premiers ont déjà rencontré un réel succès public en se hissant dans les charts. 91ème pour Live For The Moment puis 45ème pour Escapade.
Le single est produit par Gavin Monaghan, et sort le 6 novembre chez Blue Records.
Aujourd’hui on laisse tomber les stars pour s’intéresser à un nouveau venu.
Porches est une toute nouvelle signature de Domino, le plus grand label Indé du monde, qui héberge entre autres Arctic Monkeys et Franz Ferdinand. C’est le nom du projet créé il y a quatre ans par Aaron Maine, jeune musicien New Yorkais issu de la scène de Brooklyn. Porches a déjà réalisé en 2013 un premier album, Slow Dance In The Cosmos, rempli de chansons tristes en mode pop, bancales et éclectiques. Un disque qu’il a pu défendre sur scène en première partie des épatants Sylvan Esso.
Depuis son arrivée chez Domino, Aaron Maine a pris une nouvelle direction musicale avec l’utilisation beaucoup plus marquée des synthés. C’est du moins ce qu’on retient de l’écoute de Hour, premier titre annonciateur d’un deuxième album qui devrait suivre bientôt.
C’est une chanson sombre, rendue plus inquiétante encore par une rythmique électro robotique, des accords de claviers glacials, des tourbillons de vibratos métalliques. Mais au dessus de cette machinerie pop plane la voix terriblement humaine de Maine, d’une grande amplitude naturelle et qui choisit ici un falsetto déchirant pour raconter une histoire de solitude. Sa compagne Frankie Cosmos apporte sa voix féminine à l’ouvrage pour parfaire ce morceau avec des cœurs venus d’ailleurs.
Et on se laisse une fois de plus emporter avec délices par une belle chanson triste. Une musique pour danser avec joie et mélancolie.
Après Beach House et leur incroyable deuxième nouvel album en moins de deux mois, voici Is Tropical, qui continue aussi, de son côté, à défier les lois de l’industrie du disque.
Plutôt que de suivre bêtement le format de parution classique d’un album, le quatuor a décidé l’an passé d’exploser le système en publiant leur troisième opus Black Anything sous la forme de cinq vinyls 10″ différents de deux titres chacun, sortis de manière épisodique, et enregistrés lors de sessions effectuées dans cinq continents différents. Après Crawl et On My Way en décembre, Cruise Control et Say en mars, voici donc Fall et Lights On, qui constituent la troisième partie de l’ensemble, et viennent de sortir chez Axis Mundi Records.
Ces chansons ont été enregistrées en Afrique, toujours avec Luke Smith (Foals, Depeche Mode). Les quatre Is Tropical étaient ravis de retrouver sur place l’ambiance festive et débrouillarde qu’ils avaient adorée à Peckham, un quartier de Londres à forte coloration Africaine où ils vivaient dans un squat à leurs débuts.
Et on salue l’étonnante capacité du groupe à enfiler les perles brillantes, car après les très réussis Crawlet Cruise Control, il parvient encore à nous ravir avec Fall, dont la parution est accompagnée par un clip.
Cette vidéo illustre parfaitement le côté glauque et provocateur de Is Tropical. On se souvient déjà, en 2013, du clip de Dancing Anymore dont les fantasmes sexuels s’étaient attirés les foudres de la censure . Ce nouveau clip fait cette fois plus dans le bondage tordu avec les images brouillées d’une mystérieuse captive ligotée. Brrr… Mais bon, on s’en fiche finalement car ce qui nous séduit chez eux c’est avant tout le son. Celui d’une dance musique perchée, électro et industrielle, qui reste touchante et mélodique malgré le traitement radical aux électro-chocs qu’elle réserve à la pop.
Quelle surprise ! On a beau s’être habitués aux bouleversements de l’industrie du disque, aux nouveaux formats de diffusion de musique, c’est quand même un évènement qui nous épate. Beach House sort un sixième album, moins de deux mois après le cinquième, prenant de vitesse tout le monde y compris leur propre maison de disque !
Assez incroyable de la part d’un groupe qui nous a habitué jusqu’à présent à la patience, aux longues attentes entre chacun de ses disques toujours conçus selon une méthode d’orfèvre, prudente et méticuleuse. Et pourtant, Thank You Lucky Stars, album 9 titres, est paru le 16 octobre, disponible sur les supports numériques et en vinyl, puis, plus tard, en version CD. Il a été enregistré dans les mêmes conditions et à la suite de Depression Cherry. Forcément le rock-critique vétéran que je suis fronce les sourcils et appréhende le coup commercial purement alimentaire, à base de démos pointues et autres raretés pour fans-only, de versions remix sans intérêt, de hidden-tracks anecdotiques.
Quelle erreur ! Thank Your Lucky Stars est un véritable album. D’un niveau largement comparable à son récent prédécesseur. Les chansons sont toujours aussi magnifiques. C’est leur traitement sonore qui change un peu. L’approche est plus lo-fi, indie et rebelle. On y entend plus d’orgue et de guitare et beaucoup moins de reverb. Pour prendre une image, si Depression Cherry donnait l’impression d’être enregistré dans les éclats de lumière colorée des vitraux d’une grande cathédrale, Thank Your Lucky Stars serait, lui, entendu dans la pénombre d’une chapelle perdue dans la montagne, à la faible lueur de quelques candélabres.
Les pièces de cette cérémonie intime sont très belles : Majorette, la plus pop et emphatique, les lentes et bouleversantes Somewhere Tonight et She’s So Lovely, les somptueuses The Traveller et Elegy To The Void (et son long crescendo, une de leurs meilleures), l’errance nocturne de All Your Yeahs, les guitares shoegaze de One Thing. Ce qui fait tout de même un total de six chansons sur neuf déjà indispensables. Et on se demande logiquement si plus tard, avec le recul du temps, ce disque ne laissera pas finalement une meilleure impression que Depression Cherry. Le débat mérite d’être ouvert.
Vous l’avez compris. Il ne faut surtout pas avoir d’hésitation. Foncez écouter ce nouveau disque …
Bradford Cox est un musicien atypique. Au sein de Deerhunter et Atlas Sound il joue depuis plus de dix ans l’électron libre dans un étrange univers parallèle, un monde artistique sombre et triste habité par des freaks, des fantômes et des monstres intérieurs. Durant toutes ces années, ce fantasque chanteur originaire d’Atlanta a semé des pépites sur son chemin artistique sinueux, sous la forme de six albums dont certains ont vraiment bouleversé la vie de leurs auditeurs, comme Halcyon Digest le plus célèbre d’entre eux en 2010.
Le point commun de ses premiers disques est la noirceur. Qu’elle soit déclinée en mode dream-pop, avant-garde noisy, ou garage-rock, elle est omniprésente. Un abime de souffrance et d’obscurité dont il essaye de s’extirper par des déclarations et des attitudes très provocatrices.
Et puis sa vie a basculé. En décembre dernier il est victime d’un accident très grave. Une voiture l’écrase alors qu’il traverse la route. S’en suivent des longs mois de souffrance physique et mentale. Car une fois les douleurs apaisées survient une dépression sévère. Cox perd le gout de la vie et le plaisir des choses les plus simples.
C’est la musique qui va lui permettre de remonter la pente. Et son chien aussi. Une rédemption qui survient en écrivant Fading Frontier, son septième album. On s’attend alors à ce que nouveau disque atteigne des niveaux insondables de mélancolie et de noirceur morale. Et bien non. Pas du tout ! La résurrection après l’accident nous rend un Bradford Cox rayonnant, qui profite de la vie avec énergie. Le premier single publié de ce nouvel album est même un morceau funky. On rêve…
Le reste de l’album, découvert aujourd’hui, est de loin le plus accessible et pour moi le meilleur de ce qu’il a jamais écrit. Le disque a été enregistré à Atlanta en formule de quatuor (Bradford Cox, Lockett Pundt, Moses Archuleta, et Josh McKay) et produit par Ben H. Allen , à qui on doit Halcyon Digest et le chef d’œuvre d’Animal CollectiveMerriweather Post Pavilion. On retrouve aussi en featuring deux invités prestigieux : Tim Gane de Stereolab (harpe électronique) et James Cargill de Broadcast aux claviers.
Les influences multiples de ce disque ont été publiées sous la forme originale d’une « carte des Influences« , sur laquelle on identifie entre autres R.E.M, Tom Petty, Al Green, Caetano Veloso et … INXS plus Tears For Fears ! Les chansons de l’album sonnent de manière classique, claires et lumineuses, relachées et propres sur elles, mais attention de ne pas trop se fier à leur façade extérieure. Les textes restent obnubilés par la mort et la survie, et marqués par les mois de la difficile convalescence de Cox.
Un disque-faux ami tout en brillant et strass mais qui dissimule des gouffres de ténèbres. En tout cas c’est une certitude : Fading Frontier est l’un des disques de l’année. On peut déjà parier qu’il sera dans le top 10 (5 ?) de 2015.
Voilà un groupe qu’ on a toujours gardé dans l’ oeil de notre viseur. Et pourtant la carrière de Bloc Party est loin d’être un long fleuve tranquille. Départ du batteur en 2013, puis du bassiste cette année, échappées solitaires de plus en plus fréquentes de Kele Okereke le chanteur-guitariste, ces rebondissements font souffler sur l’avenir du groupe des alternances de chaud et de froid.
Aujourd’hui c’est plutôt un épisode chaud avec la parution de The Love Within, premier single de Bloc Partydepuis 2013, et annonciateur du cinquième album Hymns prévu pour le 29 janvier 2016. Enfin des bonnes nouvelles ! Le nouveau line-up voit l’arrivée de Justin Harris à la basse, Américain de Portland qui jouait chez Memonema et de la jeune batteuse Anglaise Louise Bartle (Selena Gomez, Eliza Doolitte), qui s’ajoutent aux inséparables Kele Orekeke et Russel Lissack (guitare et claviers).
Hymns est produit par Tim Bran (La Roux, Scissor Sisters) et Roy Kerr (Ladyhawke), et mixé par le génial David Wrench (Caribou, FKA twigs). Ce sera un album copieux avec pas moins de 15 titres dans sa version de luxe.
Les Anglais ont nettement évolué vers un style plus électro. On n’entend plus les tumultueuses vagues de guitares de leurs débuts, tout en distorsion caverneuse, ni les gimmicks et riffs nerveux dont ils s’étaient fait la spécialité depuis 10 ans. Place aux sons électro pour ce nouveau single, sur une rythmique dance trébuchante, avec des boucles qui évoquent des claviers givrés au vibrato déréglé et dissonant, mais qui sont en fait réalisées avec une guitare trafiquée.
Un titre qui s’enchaine à merveille avec le dernier New Order (essayez avec Singularity c’est parfait …). Ce qui ne constitue pas un reproche bien entendu. Au contraire c’est une bonne occasion de saluer ces deux groupes qui malgré l’outrage des années vieillissent plutôt bien.
Franchement il y a trente ans, je n’aurais jamais imaginé me retrouver, en 2015, en train d’écrire quelques lignes sur le nouveau disque solo de Dave Gahan, chanteur de Depeche Mode.
Le groupe, pourtant idolâtré à l’époque, possédait un côté irritant, avec ce qui pouvait apparaitre comme de l’arrogance. La faute à une musique un peu trop légère. A l’impression que tout reposait plutôt sur leur look. On parlait alors de garçons coiffeurs, de méchus, de minets …
Et pourtant, un (tiers de) siècle plus tard, les paléontologues du rock doivent reconnaitre que Depeche Mode a réellement marqué l’histoire de cette musique. Il y a même quelque chose de terriblement rock n’roll dans leur carrière. De la grandeur et de la misère. Des excès chimiques et alcooliques. Des excès musicaux aussi, avec des moments de leur histoire parfois pompiers, ou trop mainstream et gras. Ou alors parfois trop arty. Des colères, des séparations et des réconciliations. Mais finalement leurs chansons ont marqué profondément la vie des gens, de tous les horizons, et s’inscrivent dans la mémoire collective. Belle continuité.
Dave Gahan à lui tout seul incarne à merveille le profil de la rock star maudite . Ses vingt dernières années l’ont vu remonter de l’abime dans lequel il avait sombré dans les années 90. En vrac : dépendance aux drogues dures, crise cardiaque, chute de scène gravissime, paranoïa, tentatives de suicide, internement en hôpital psychiatrique, panne d’inspiration artistique, divorce, garde à vue policière, remplissent cette période noire.
Ensuite, depuis une bonne dizaine d’années, c’est une vraie rédemption. On assiste à son retour régulier au sein de Depeche Mode dont il écrit quelques morceaux. Et au développement de projets perso. Son premier album solo, Paper Monsters sort en 2002. Hourglass, le suivant, en 2007. Et en 2012 il rencontre les bien nommés Soulsavers, groupe qui assurait la première partie de la tournée Tour Of The Universe de Depeche Mode, avec qui il collabore pour l’album The Light The Dead See. C’est pour lui l’occasion de composer et de chanter sans pression, dans un registre plus blues et acoustique, qu’il affectionne depuis Violator et Songs Of Faith Of Devotion.
Angel & Ghosts est le deuxième album des Soulsavers auquel participe Dave Gahan. Il sort le 23 octobre prochain. All Of This And Nothing est le premier single qui en est extrait.
Et surprise ! C’est une bonne chanson. Elle ne va sûrement pas révolutionner l’Histoire de la Musique, mais on apprécie la puissance de sa trame avec des arrangements sonores panoramiques, le lyrisme aérien et le charisme des mélodies tristes de Dave Gaham. Un artiste qui accède maintenant à une dimension toute particulière, mélange de nostalgie et d’endurance, de courage et d’authenticité.
Décidément on n’y échappe pas. La musique électronique Scandinave nous a définitivement pris au piège. De Shine 2009 à Korallreven, de Alcoholic Faith Mission à Radio Dept, nos chroniques ne manquent pas de célébrer régulièrement une dance-music Septentrionale faite de sueur et de glace, drapée à la fois dans la séduction et la mélancolie.
Cette fois c’est le tour de Lust For Youth. Il s’agissait au tout départ en 2009 du projet solo du Suédois Hannes Norrvide, originaire de Göteborg, adepte d’une pop lo-fi- bancale et chaotique jouée sur un simple Casio vintage. Puis le groupe s’est renforcé en 2012 avec l’arrivée de Loke Rahbek, producteur et guitariste, ainsi que Malthe Fisher, jusqu’ici musicien additionnel pour les concerts du groupe. Ces deux recrues ont apporté au nouveau trio délocalisé à Copenhague au Dannemark une couleur nettement plus dance, concrétisée sur l’album International en 2014.
Better Looking Brother est leur tout nouveau single. Il est tout simplement irrésistible. C’est une grosse pièce de plus de 7 minutes au climat electro-80’s à la New Order (beaucoup) Depeche Mode (un peu), avec un côté house 90’s dans la rythmique d’ensemble et l’étonnant break au beau milieu du morceau qui s’étire en drones brouillardeux avant de repartir incendier le dance-floor pour les deux minutes restantes. Un véritable tube à l’ancienne, propulsé par un entêtant riff de guitare, des claviers galactiques et une voix triste enveloppée par la reverb. Encore une chanson pour danser toute la nuit les bras dans le ciel et le cœur triste.
Mélancolique et monumental.
Et hop ! Directement en play-list de votre musicalbox.