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Ça y est : les vacances sont (déjà) terminées pour moi …

Séchons vite les larmes et reprenons le clavier pour un rapide post de rentrée.
L’occasion de saluer l’un des évènements de l’été 2015, le retour de Beach House !

Beach House

Le duo de Baltimore a en effet affolé les gazettes estivales avec la publication début juillet de Sparks, premier titre extrait de Depression Cherry, leur cinquième album, qui sortira le 28 aout.

C’est avant tout un grand moment de bonheur. Victoria Legrand et Alex Scally maitrisent leur art à la perfection. Leur indie-pop n’a jamais autant mérité le qualificatif « dreamy ». Loin de la naïveté parfois un peu mièvre des premiers albums, leur contenu musical a pris du volume et de la densité. Leurs volutes de claviers et de guitares tournoient de manière poétique et apaisante, mais dans une ambiance sonore plus ténébreuse et inquiétante. Une atmosphère assez magique, de spiritisme créatif, apportent de la matière et du relief aux habituelles fragilité et mélancolie qui constituent leur marque de fabrication. La voix, les guitares et l’orgue sonnent de manière splendide.

Beach House avouent pourtant avoir opéré par soustraction et essayé de simplifier leurs arrangements en se contentant d’une mélodie et de peu d’instruments, pour retrouver l’esprit de leurs tout premiers disques. L’impression de puissance provient sans doute de l’utilisation d’une vraie batterie à la place des drum-machines.

Depression Cherry a été enregistré à Bogalusa en Louisiane cet hiver et est co-produit par l’habituel complice du groupe Chris Coady. Il parait chez Sub Pop et contient 9 titres.

1. Levitation
2. Sparks
3. Space Song
4. Beyond Love
5. 10:37
6. PPP
7. Wildflower
8. Bluebird
9. Days of Candy

Vivement la fin aout.

Cap au sud ! C’est la logique de l’été. Sauf que …

Sauf que si vous espérez entendre des chansons Espagnoles braillées à la guitare acoustique autour du feu de camp sur la plage vous pouvez passer votre chemin. D’abord parce que notre destination d’aujourd’hui ne se situe que dans le sud-est de l’Angleterre. A Canterbury plus précisément, dans le Kent. Et ensuite car Broken Hands, nos héros du jour, jouent une musique qui est tout sauf méridionale.

Broken Hands

La qualifier avec justesse est d’ailleurs un exercice difficile. On reconnait facilement une ambiance indie/alternative qui s’inscrit bien dans l’air du temps venu d’outremanche, avec des guitares denses et monumentales propulsant un rock lyrique et ténébreux. Mais ce n’est pas tout. On perçoit chez Broken Hands une forme de classicisme rock, à la fois blues et heavy, qui les distingue immédiatement de la meute des newcomers. Leur nom vient d’ailleurs d’un penchant avéré pour les westerns (Broken Hand est le chef Cheyenne de White Feather réalisé par Robert D. Webb en 1955). Cette couleur musicale à la puissance intemporelle leur a valu de jouer en première partie de Band of Skulls en 2014, et surtout des Rolling Stones et de Black Sabbath.

C’est un quintet, récemment créé autour des deux frères Dale (chant) et Callum Norton (batterie), renforcés par Jamie Darby (guitare), Thomas Ford (basse) et David Hardstone (claviers). Leur premier album Turbulence sortira chez SO Recordings le 9 octobre, ce qui nous laisse le temps. Par contre le single Meteor parait dans quelques jours le 7 aout.

C’est un hymne irrésistible qui mérite de rentrer immédiatement dans notre play-list bien aimée.

Formation

Aujourd’hui, suite des séances de rattrapage de l’été. Parmi les oubliés de nos chroniques de 2015 on retrouve Formation.

Ce groupe Anglais a en effet été régulièrement diffusé en 2015 dans le Zistor Express avec ses différents singles, mais sans bénéficier jusqu’ici d’une mise en lumière par un article digne de son talent.

Car c’est bien d’un grand talent qu’il s’agit. Formation réincarne en 2015 une tradition essentielle de l’histoire de la musique, le funk urbain. Qu’on l’appelle dance-punk, disco-punk, ou punk-funk, peu importe, il s’agit là d’un courant majeur de ces quarante dernières années, célébré en Angleterre (Gang Of Four, P.I.L, New Order) et surtout à New York, des Talking Heads à LCD SoundSystem en passant par Comateens ou Material. Tous ces artistes ont su bâtir un style particulier qui fait se juxtaposer la sueur torride de la dance-music avec une certaine froideur arty et givrée. Un mélange chaud/froid entre des riffs de guitare disco, des notes de basses slappées et des couches glaciaires de synthés et des textes très élaborés.

Formation est de ceux là. Né dans le sud de Londres il y a deux ans, c’est un duo de frères jumeaux Matt et Will Ritson. Nourris par leur entourage familial et scolaire de références multiculturelles allant du jazz au rock-metal, friands d’une pratique basée sur l’improvisation, ils ont développé un goût certain pour le groove, dont ils maitrisent parfaitement la science rythmique des percussions et de la basse. On pense forcément à LCD Soundsytem, autre maestro dans l’art de construire une chanson autour d’un rythme de batterie. Eux citent aussi comme modèle John Maus dont ils envient la spontanéité et la sincérité sur scène.

Après un premier E.P 3 titres auto-produit en juillet 2014, ils sont signés chez Meno Records (Warner) en mars pour un premier single, l’excellent Young Ones. Puis c’est Hangin qui lui succède en juin, produit par James Dring (Gorillaz et Blur).

Deux morceaux parfaits pour accompagner l’été, étincelants de groove funkoïde et moites de la sueur du dance-floor.

Father John Misty

C’est la tradition de l’été dans The Musical Box . Les chroniques de rattrapage sont l’occasion pour nous de mettre à la une et dans la play-list des artistes importants dont on a zappé les disques au début de l’année.

Prenez Father John Misty. Son album I Love You Honeybear est sorti en février sans le moindre mot de notre part. Et pourtant il s’agit d’un des grands disques de 2015 et il figurera en bonne place dans les bilans de fin d’année. C’est une certitude.

Réparons cette injustice. Derrière Father John Misty s’abrite Josh Tillman, ex-batteur de Fleet Foxes. C’est donc en toute logique qu’on le retrouve à nouveau dans un répertoire folk, guitare à la main, pour interpréter des chansons écrites avec son cœur et ses tripes, dont beaucoup parlent d’histoires d’amour (qui on le sait finissent mal, en général). Mais si l’écrin musical de Tillman semble tout en douceur et tendresse, les textes eux narrent ses déboires avec un humour acerbe et une amertume cinglante. Des ricanements pleins de fiel et d’autodérision sincère autour de son propre mariage avec sa douce Emma.

Délicatement produits par Jonathan Wilson, les onze titres de l’album évoquent la pop crooner au piano d’Elton John (Bored In The Usa), la country ciselée des années 70 (Chateau Lobby #4), les Beatles ou Bob Dylan.

Notre préférence va à la magnifique pièce pop électronique True Affection. La paix, la poésie et l’harmonie imprègnent sa structure musicale, mais cette chanson déplore au fond la solitude et la froideur de la drague avec les nouvelles technologies… Pas si romantique qu’elle en a l’air.

I Love You Honeybear est sorti chez Bella Union en Europe et Sub Pop ailleurs. Vous avez tout l’été pour en découvrir les subtilités.

WEAVES – Tick

Weaves

Éclatant feu d’artifice de saison, le Tick des Canadiens Weaves nous titille joyeusement en mettant son premier coup en plein milieu de la cible.

Propulsée par un riff de guitare imparable à la Grandaddy, cette chanson réveille l’esprit fainéant des 90’s grunge en les électrocutant façon Pixies ou Pavement.

Weaves est un quatuor de Toronto, formé il y a seulement 18 mois autour de Jasmyn Burke (chant) Morgan Waters (guitare) Spencer Cole (batterie) et Zach Bines (basse). Jusqu’ici on ne disposait que d’un E.P éponyme, Weaves, sorti en avril 2014, produit par Dave Newfeld (Broken Social Scene, Super Furry Animals) et Leon Taheny (Owen Pallett, Fucked Up). Initialement repérés outre Atlantique par les critiques rock de Spin et Rolling Stone, c’est maintenant l’Europe qui leur tend les bras avec des articles élogieux dans The Guardian et le NME et surtout un passage remarqué au festival de Glastonbury.

Tick est le premier single issu de leur debut L.P, qui devrait suivre dans la deuxième partie de 2015. C’est un coup de foudre immédiat de notre part pour sa mélodie catchy, et son duel musical entre la guitare et la voix qui se répondent de manière très réussie et originale.

L’an passé, exactement à la même époque c’était un autre groupe de Toronto, Alvvays, qui enchantait notre été avec Archie, Marry Me. Et on se dit que Tick pourrait bien à son tour devenir notre hit de l’été 2015.

N’hésitez pas à monter le son …

16SSLYBY

C’est jour de paix dans The Musical Box !

Vous avez sans doute remarqué le grand écart parfois pratiqué dans nos colonnes entre les chroniques de Vanke et les miennes, signe du grand éclectisme de nos articles. Et bien aujourd’hui, au contraire, c’est la grande convergence, le consensus. Sans doute l’effet de la torpeur de l’été, de l’apaisement à l’heure de l’apéritif, les pieds dans l’eau fraiche …

Toujours est-il que Someone Still Loves You Boris Yeltsin, dont voici les dernières nouvelles, est un groupe dont la découverte chez nous est entièrement signée Etienne Vanke. D’ailleurs il n’est pas question de retracer ici l’histoire de ce quartet du Missouri. Pour cela, je vous invite à relire le post de Vanke.

Leur actualité, c’est la parution depuis quelques jours du sixième album chez Polyvinyl Records (Alvvays, The Dodos). Baptisé The High Country, il a été enregistré à Seattle chez Chris Walla de Death Cab For Cutie et produit par Beau Sorenson (Garbage, Superchunk). Et c’est encore un très bon disque.

On savoure leur pop-rock teigneux et mélodique, à la fois drôle et tendre. Avec toujours autant de fraicheur et d’énergie, oscillant entre des hymnes power-rock et des morceaux plus lents qu’on avait moins l’habitude d’entendre chez eux.

Step Brother City, dont le clip est mis en ligne depuis fin juin, illustre parfaitement cette ambiance douce et nonchalante. Dans un registre très early-Strokes, teinté de surf pop et de l’esprit slacker, c’est une friandise pop irrésistible truffée de « OU-OU » accrocheurs.

Le son idéal pour accompagner la douceur estivale.

Sjowgren

Drôle de nom…

Sjowgren évoque plus un sportif de haut niveau Scandinave qu’un groupe de rock … Drôle de musique aussi. Car l’écoute de Sjowgren révèle un style hybride, agglomérat de beach pop psychédélique et d’électro droguée.

C’est normal. Ce trio est originaire de la Bay Area, la région de la Baie de San Francisco, terroir riche en audaces artistiques et en métissage culturel. Tout nouveau groupe émergent, il n’a pour l’instant à son actif que 3 titres sortis sur une demo baptisée Drifty. Seventeen est son premier vrai single, récemment paru et qui cumule déjà plus de 100.000 écoutes en dix jours. C’est pourtant le mystère qui règne autour d’eux et il est bien difficile de le percer. On apprend tout au plus sur leur auto-présentation en forme de poème qu’ils sont deux garçons et une fille et se connaissent depuis le lycée. La seule image accessible de Sjowgren est celle d’un enfant aux yeux vitreux se tenant à une rampe d’escalier. Brrr …

En tout cas leur Seventeen est une éclatante pépite estivale. Introduite par quelques notes de piano, la chanson s’accélère vite, propulsée par une rythmique basse/batterie hyper simple et basique qui colle au sol. Mais s’élevant bien au dessus se mettent à tournoyer des chœurs de voix célestes à la Mamas And Papas, des breaks avec des boucles et des bulles de phasing électronique. Le trio alterne avec une grande maitrise les temps forts et les temps faibles.

C’est pétillant et irrésistible.

Et on se dit que Sjowgren mérite de devenir un de nos coups de cœur de l’été.

Mercury Rev

Tiens des revenants ! Étonnant et réjouissant come-back de Mercury Rev qui annoncent pour le 18 septembre la sortie de leur huitième album The Light In You (chez Bella Union).

C’est le premier depuis Snowflake Midnight en 2008. 7 longues années de silence. On retrouve Jonathan Donahue et Sean « Grasshopper » Mackowiak fidèles à leur marque de fabrication musicale : la construction à la main, pierre par pierre, de palais symphoniques et psychédéliques.

En 2015 jouer de la psyche-pop semble une démarche convenue et banale, mais à leurs débuts en 1991 c’était loin d’être le cas. Leur premier album Yerself Is Steam était sorti à l’époque dans un anonymat complet, le rock expérimental et extra-terrestre du groupe ne parvenant pas à trouver son public. Il faudra attendre 1998 et leur quatrième album pour que Mercury Rev explose littéralement avec le chef d’œuvre Deserter’s Song et ses merveilleuses pépites (Goddess On The Highway, Endlessly, Delta Song Bottleneck Stomp, Opus 40) qui fut pour beaucoup, moi le premier, l’album de l’année 1998.

Alors qu’attendre de Mercury Rev plus de quinze ans après ? Surtout pas qu’ils tentent de refaire un Deserter’s Song v.2. Ce qui ne semble d’ailleurs pas être le cas. Si on se fie à The Queen Of Swans, premier single extrait de ce nouvel album, les Américains ont évolué et leur couleur musicale s’est tannée avec les années. Pour la première fois ils auto-produisent le disque enregistré à la maison dans leur studio des Catskills, sans l’aide de leur producteur de toujours Dave Friedman. Le résultat est un son plus authentique, sans artifice clinquant ni effet pyrotechnique, qui souligne bien leur maturité et leur sérénité artistiques. Mais qu’on ne s’y trompe pas, The Queen Of Swans possède bien la qualité et le savoir faire de Mercury Rev. Arpèges cristallins et délicats, nappes panoramiques de cordes et synthés, lenteur et douceur du chant en falsetto, cascades de chœurs pour des chorus qui galopent au milieu des gimmicks de synthés ou de cuivres. Le tout est arrangé avec ambition et délicatesse.

Ce n’est pas forcément le genre de musique qu’on écoute tous les jours dans notre Musical Box. Beaucoup plus classique, pop et pastorale que la programmation habituelle. Mais on s’en fiche. Mercury Rev nous apporte un calme et une sérénité intemporels qui font franchement du bien.

Paix et amour mes frères …

Landshapes

Il était une fois Lulu & The Lampshades. C’était mignon comme nom. Ce quatuor Anglais né en 2009 et responsable de deux singles prometteurs décida en 2012 de sacrifier Lulu et d’inverser tel un anagramme d et p pour devenir Landshapes. Et les abat-jours devinrent des paysages …

Landshapes donc, se compose de trois filles Jemma Freeman (chant, guitare), Heloise Tunstall-Behrens (basse) et Luisa Gerstein (chant, ukulele) et d’un garçon, Dan Blackett à la batterie. Après un premier album en 2013, ils ont récemment publié son successeur Heyoon, toujours chez Bella Union, le formidable label de Simon Raymonde dont on a toujours un grand plaisir à présenter les artistes.

Conçu dans une petite maison au fond d’une forêt en Cornouailles, le disque a été complété à Londres avec les producteurs Giles Barrett et David Holmes (Primal Scream, Allo Darlin’, Fireworks). C’est vraiment un album étrange, insaisissable et hétéroclite qui passe du showgaze noisy au folk-psyché allumé, en passant par une math-pop plus cérébrale. L’ambiance générale est onirique, hantée par des légendes et des histoires mystérieuses. Ça commence dès le titre du L.P, Heyoon, qui est le nom d’une cabane secrète et initiatique cachée dans une forêt du Michigan près d’Ann Arbor, et ça se poursuit jusque dans les thèmes des chansons. Mongee relate une légende du 17ème siècle au sujet de mystérieuses oies intergalactiques. Ader l’histoire tragique de l’artiste Hollandais Bas Jan Ader disparu en mer lors d’une tentative de traversée de l’Atlantique. Et François aborde le désir de trainer la nuit dans des bars transgenre.

Mais notre préférence va à la tonitruante Stay. Un tourbillon sonique autour d’un riff guitare/basse déchirant qui emporte tout sur son passage avant de s’effondrer de manière languide et repue dans le dernier tiers.

Une fugue punk dans une atmosphère de sorcellerie.

The Radio Dept.

Encore une sortie importante à signaler ! Pas cette fois pour des raisons de prestige comme pour Foals. Mais parce que The Radio Dept. est devenu aujourd’hui un véritable groupe culte, de ceux qui inspirent et comptent pour beaucoup d’autres musiciens.

Énigmatique, sans la moindre concession commerciale, Le trio Suédois s’est petit à petit installé comme référence dans le monde de la dream-pop audacieuse. Formé au début des années 2000, il se fait rapidement connaitre dès la parution du premier album Lesser Matters, dont le shoegaze remis à neuf plait instantanément et réalise l’exploit de se classer en 2004 dans les meilleurs albums de l’année. Après trois titres sur la B.O de Marie-Antoinette de Sofia Coppola en 2006, c’est le plantage avec le deuxième album, pas si mal que ça, mais dont la dream-pop barrée peine à trouver son public en dehors de Suède. Mais paradoxalement c’est à partir de là, que The Radio Dept développe une base de fans solide et convaincue, se propageant de manière virale via internet et les blogs, en dehors de la presse rock traditionnelle.

Et enfin en 2010 tout le monde était mis d’accord avec Clinging To A Scheme, troisième opus unanimement applaudi qui parvenait à réunir les amateurs de pop mélodique et immédiate avec ceux d’une écriture musicale aventureuse, plus arty et onirique. Depuis quatre ans, c’était plutôt le silence et la discrétion. On les avait juste entendus à l’occasion des élections Suédoises l’an passé battre le rappel avec un E.P de circonstance Death To Facism.

L’arrivée de l’été les fait sortir de leur tanière, avec un nouveau single Occupied et la promesse d’un nouvel album avant la fin de l’année. Bonne nouvelle.

Johan Duncanson , Martin Carlberg et Daniel Djäder poursuivent leur chemin dans une direction nettement plus électronique déjà amorcée avec Death To Facism. Ils prennent le temps d’installer en plus de 7 minutes leurs nouveaux thèmes de prédilection : des boucles de batterie qu’on aurait pu entendre chez le New Order de la grande époque (qui s’apprêtent à revenir bientôt, mais c’est un autre sujet …), des sons de synthés métalliques qui auraient fait merveille sur la chilly Baléarique de Tough Alliance ou dans un film de David Lynch, et une ambiance d’ensemble sombre et inquiétante, à l’image de la reverb qui noie le chant de manière spectrale.

Une chanson de haute densité et d’une grande justesse. Une merveille qui bouleverse et fait pleurer le dance-floor.

foals1

C’est le (très très) gros évènement de la semaine : le Foals nouveau est arrivé ! Ou plutôt le premier single extrait de What Went Down, leur prochain album qui paraitra le 28 aout.

Cette fois-ci je ne vais pas me faire avoir. Comme promis il y a deux ans, je ne vais plus me précipiter pour démolir un album au vu de ses premier singles. Rappelez vous du changement complet de cap, entre le lance-flammes sorti pour incendier Inhaler à sa sortie en novembre 2012 , avant de classer Holy Fire meilleur album de l’année un an plus tard …

Car la première écoute de What Went Down va en déstabiliser quelques uns. Yannis Philippakis et ses acolytes ont décidé de hausser le ton. Tempo speed loin du math-rock groovy d’antan, gros son de guitares en distorsion, hurlements déchainés du chant. Voilà une ambiance apocalyptique et heavy plus proche de Queens Of The Stone Age et des Pixies que de Total Life Forever. Même le clip réalisé par Niall O’Brien fait frissonner de terreur.

Le but poursuivi par Foals sur ce quatrième album est de se rapprocher de leur son en concert, reconnu pour sa puissance de feu et sa sauvagerie, ce qui surprend d’ailleurs chez des garçons plutôt sages dans leur look et leur comportement. Écrit à Oxford fin 2014, enregistré au studio La Fabrique à Saint Rémy de Provence cet hiver (situé non loin d’Arles, où Van Gogh se trancha l’oreille, une région à la folie contagieuse ?), il est produit par James Ford (Arctic Monkeys, Klaxons).

Une chose est sûre : c’est le morceau le plus dur et intense jamais entendu chez Foals. On perçoit clairement la volonté du groupe de ne pas s’imposer de limites, de ne pas chercher à reproduire les trois albums précédents. « C’est l’album des extrêmes, qui atteint les profondeurs de la folie tout en montrant les plus belles pop-songs jamais écrites par le groupe » dit le communiqué de presse. On signe tout de suite en ne demandant qu’à le croire. En espérant que les 9 autres chansons de l’album seront à la hauteur des annonces.

Réponse dans deux mois. Patience …

Rat Boy

Nouvel arrivage à la fraicheur garantie …

C’est sous le nom de Rat Boy que Jordan Cardy sort son tout premier single.

Son parcours est celui d’un cancre du fond de la classe : départ volontaire de l’école, chômage, vie à la maison chez maman. Puis rédemption par la musique. Il compose ses premiers morceaux à l’ordinateur (de maman), qui sont ensuite gravés sur une Mixtape qu’il distribue lui même à ses connaissances dans sa ville de Chelmsford (Essex). C’est maintenant le tour du premier single. Intitulé Sign On, sorti chez Hometown Records. Il est adoubé et co-réalisé par James Dring le producteur de Gorillaz. Pas mal pour un début.

Derrière un côté très teenager et branleur se cache une approche musicale plus profonde et touchante. Ses chansons sont d’authentiques chroniques sociales sur les angoisses et les galères de la vie d’un kid Anglais au 21ème siècle. Braillées de manière festive et entrainante, elles viennent s’inscrire dans une tradition Anglaise de lad-music grinçante et rebelle, dans la droite ligne de Ian Dury, Happy Mondays, Joe Strummer ou Mike Skinner (The Streets). Une attitude désinvolte qu’on a récemment redécouvert et appris à aimer chez Niall Galvin d’Only Real. Signe d’une tendance en devenir ?

Jordan Cardy sait tout faire : il écrit, joue et programme tous les instruments (guitare, basse, claviers et beats) et assure les parties vocales en mode rap ou chantées. Le résultat est un genre de hip-hop rock indie sincère et dévastateur.

Frais mais pas très rose. Plutôt gris et sombre en fait.

classe

Interro surprise ! On va voir si vous avez bien révisé… Quels sont ceux parmi vous qui peuvent me dire qui sont The Pipettes ? Allez ! Levez bien haut la main ! Ne vous battez surtout pas … Quoi ? C’est tout ?

J’ai compris : peu d’entre vous ont retenu leur leçon et une petite révision est nécessaire.

pipettes

Les Pipettes étaient un trio féminin apparu au milieu des années 2000 à Brighton. Leur credo : ressusciter les charmes de la pop 60’s, à la fois musicalement (le Phil Spector Sound, basse-batterie énergique et choeurs de « nanana » acidulés) et dans le look (blondes malicieuses en froufrous affriolants). C’était l’époque du retour du rock à guitare, dominée par les premiers Arctic Monkeys, Muse et autre Gossip. Alors forcément cette bouffée de séduction et de féminité vintage avait un exotisme irrésistible …

Pourquoi évoquer le charme désuet des Pipettes aujourd’hui ? Tout simplement pour saluer le retour de Gwenno Saunders, ex-Pipette, qui publie un nouvel album.

Gwenno

Ne cherchez surtout pas à retrouver chez elle l’ambiance retro des Pipettes. Les chansons de Y Dydd Olaf sont bien ancrées dans la modernité, jouées sur des synthés et instruments électro. Autre différence flagrante avec The Pipettes, elles sont chantées en Gallois. J’ai beau chercher dans les archives de notre Musical Box, je ne retrouve pas trace d’autre titres dans cette langue…

Gwenno s’est inspirée d’un roman de SF des années 70 écrit par un certain Owain Owain, dans lequel les robots ont asservi l’être humain. L’album contient 9 titres en Gallois et un en Cornish, dialecte des Cornouailles. Il est déjà paru cet hiver sur le petit label Gallois Peski, mais il est déjà sold-out et c’est Heavenly Recordings qui a la bonne idée de le rééditer le 24 Juillet.

C’est l’occasion de découvrir l’electro-pop étincelante de cette artiste atypique, qui parvient à concilier la chaleur sudoripare d’un dance-floor emporté par une musique Italian-Disco avec une exigence artistique pointue, politique et avant-gardiste.

La piste du Macumba Night-Club se transforme en espace de réflexion !

pins

Du rock conjugué au féminin aujourd’hui. PINS est un 100% girl-group en provenance de Manchester.

Faith Holgate (chant), Lois McDonald (guitare), Anna Donigan (basse), et Sophie Galpin (batterie) font la une de l’actualité avec la sortie de leur deuxième album Wild Nights. Il succède au prometteur Girls Like Us paru début 2013.

Affublées alors de l’étiquette garage rock, les quatre amazones ont décidé de s’en libérer et de partir bien loin de leur Manchester d’origine pour mettre au point leur second LP. C’est en Californie dans le mythique studio de Rancho de La Luna à Joshua Tree qu’elles sont allées enregistrer en compagnie de Dave Catching, producteur de Queen Of The Stone Age et Eagles of Death Metal. Le résultat marque logiquement une évolution très sensible de leur punk-rock féministe et basique vers une inspiration beaucoup plus surf-pop et stoner.

Mais finalement il est bien difficile de leur définir un style particulier. En découvrant les 11 titres de Wild Nights, de multiples références viennent à l’esprit. Le pétillant des Go Go’s ou des girl-groups des 60’s, les moiteurs de Dum Dum Girls, l’extravagance des Slits, les harmonies de Lush, la force sombre de Jesus & Mary Chain, le mystère incandescent du Velvet Underground constituent les miennes.

Pourtant les quatre Pins sont loin de surjouer un quelconque pathos. Elle font de la musique pour s’éclater et se marrer. Un point c’est tout. Les chansons sont simples, sans aucune prétention, bâties avec le trio d’outils traditionnels guitare-basse-batterie et des mélodies accrocheuses. Le travail de production apporte densité et épaisseur à leurs compos, et créée une atmosphère ténébreuse mais toujours agréable.

Wild Nights est sorti le 9 juin chez Bella Union. Et c’est un très bon album.

beirut1

On n’y croyait plus. Quatre ans d’attente et de faux espoirs toujours refroidis. Depuis The Rip Tide en 2011, Beirut était resté muet. Pire les mauvaises nouvelles s’empilaient dans les gazettes au sujet de son leader Zach Condon. Divorce, grave dépression, hospitalisation en Australie en 2013 pour être tombé d’épuisement en tournée, arrêt des concerts et de l’enregistrement d’un nouveau disque, tout incitait au pessimisme de le revoir un jour.

Et puis là, d’un coup, le ciel s’est éclairci. Annonce d’une signature chez 4 AD, maison d’accueil idéale pour la musique fragile et céleste de l’Américain. Une date est prévue pour la parution de son quatrième album No No No, le 11 septembre (en espérant qu’elle ne lui portera pas malheur…). 9 titres figurent sur ce nouvel opus, enregistré en deux semaines cet hiver près de New York avec ses comparses Nick Petree à la batterie et Paul Collins à la basse, dans des conditions dantesques, au fond d’ un studio encerclé par un blizzard glacial.

Et, histoire de faire taire les incrédules, de nous prouver la véracité de son come-back, Beirut vient de publier l’éponyme No No No , premier single extrait de ce future L.P.

Dès la première écoute on est rassuré. Pas de problème : on retrouve Beirut à son niveau habituel, très au dessus du peloton. Même carrément au delà des nuages, dans les zones supérieures de l’atmosphère. Sur une structure de chanson en apparence simple, Zach Condon tisse des couches fines de piano, de voix et de magnifiques arrangements de cuivres sur un rythme de marche vaguement Brésilienne. Fanfare folk et délicate, No No No s’avère une succulente mignardise pop à déguster avec gourmandise et un plaisir coupable.

Le vrai bonheur des retrouvailles.

No No No de Beirut sort le 11 septembre 2015. Voici la track-list :

1. Gibraltar
2. No No No
3. At Once
4. August Holland
5. As Needed
6. Perth
7. Pacheco
8. Fener
9. So Allowed

Doe Paoro

Contrairement à ce que pourrait laisser croire son nom, Doe Paoro n’est ni une chanteuse Napolitaine, ni une diva de l’Italian Disco. C’est plutôt en Californie qu’il faut se rendre pour trouver cette chanteuse née à Syracuse dans l’état de New York et aujourd’hui basée à Los Angeles.

Quant à sa musique, vouloir la situer précisément s’avère une mission impossible. A mi-chemin entre méditation, caresse et souffle d’une brise légère, la pop dubstep qu’elle brode délicatement est un enchantement.

Ecoutez The Wind, son dernier titre, inspiré par la force inexorable de l’ouragan Sandy qui déferla sur New York à l’automne 2012. L’ambiance est grise et post-traumatique. Des arpèges fantomatiques joués au piano. Des cordes déchirantes. Et les voix de Doe Paoro et d’Adam Rhodes (un pote, co-auteur de la chanson) qui s’entremêlent dans un étrange ballet mélodique et deviennent envoutantes. Les curieux rythmes RnB sont assurés par le duo de Chicago Supreme Cuts. La mise en son est parfaitement ciselée par l’orfèvre Justin Vernon de Bon Iver . L’impression de poésie mystique qui émane de cette chanson trouve aussi peut-être sa source au Tibet, dans le Lhamo, un genre musical ancestral pratiqué là-bas à laquelle l’Américaine s’est initiée au début de sa carrière, lors d’un voyage en Himalaya nourri par une émouvante quête spirituelle.

Pianiste, chanteuse et auteur-compositeur, elle a sorti en 2012 Slow To Love son premier album , qui, sans être un best-seller fut plutôt bien accueilli par la critique, révélant son talent à jouer avec la belle amplitude de sa voix comme avec les effets produits au vocoder.

Désormais signée sur Anti-Records, le label de Tom Waits, Calexico et The Antlers, elle devrait publier dans les mois qui viennent un nouvel album, dont The Wind est le séduisant éclaireur.

Une pop haut de gamme qui touche à la fois par sa simplicité et son côté mystérieux.

gengahr

Étrange et inquiétant comme nom ! Gengahr rime avec « bizarre ». On pense au patronyme d’un lointain guerrier légendaire qu’aurait choisi un gang de métalleux, ou un groupe de harders techno-indus. Et bien pas du tout ! Gengahr est un paisible quatuor basé à Stoke Newington, au nord de Londres, adepte d’une pop élégante et raffinée et dont le nom provient d’un petit Pokemon spectral et violet capable de lévitation (Ectoplasma en V.F).

Ce n’est pas un hasard si Alt-J les a pris sous leur aile protectrice, en leur confiant la première partie de leur tournée. On retrouve chez les Londoniens le même goût pour les envolées mélodiques vers les mondes fantastiques du pays des rêves, hantés par des légendes déjà célébrées par David Lynch ou Terry Gilliam. Une musique indie conçue dans l’exigence et la recherche d’originalité.

En remontant plus loin dans le temps, l’autre point de comparaison pourrait être Radiohead, période OK Computer, pour leur jeu de guitares souligné par une reverb cristalline, quasi psychédélique, qui vient mettre en valeur le falsetto de Felix Bushe, le chanteur. Mais finalement c’est un carambolage de références à leur propos, qui entremêle l’audace vocale de The Smiths, le tourbillon sonique de Youth Lagoon et les syncopes rythmiques de Unknown Mortal Orchestra. Un style plutôt insaisissable.

Gengahr est un groupe assez récent. Felix Bushe (chant, guitare), John Victor (guitare), Hugh Schulte (basse) et Danny Ward (drums) ont publié leurs premières démo fin 2013 et leur premier single à l’automne 2014. Vite remarqués, ils ont joué live en première partie de Circa Waves, Alt-J, Wolf Alice et The Maccabees.

Leur premier album, A Dream Outside, produit par James Bragg, sort chez Transgressive le 15 juin. C’est un véritable disque Best Of sur lequel on retrouve tous les premiers singles du groupe :

Le puissant et solaire Powder, sorti en octobre 2014.

She’s a Witch (janvier 2015) et sa galopade champêtre à la mélodie très MGMT/Tame Impala

Et bien entendu le dernier Héroïne, dont le clip est publié depuis quelques jours.

Un disque à écouter et découvrir avec plaisir.

milk & bone

Dans les chroniques de notre Musical Box, on évoque souvent la dream-pop. Cette étiquette est ici largement dépassée. Il y a de la pop et du rêve certes chez Milk & Bones, mais pas que. On perçoit en plus des ingrédients qui transcendent largement le genre. Des volutes légères de claviers, des cliquetis de percu électro, le lent écoulement d’une cascade vocale tout en beauté délicate, des harmonies célestes susurrées à deux voix élaborent l’alchimie d’un monde doux et paradisiaque.

Les deux fées qui créent ce monde parallèle sont Canadiennes. Basées à Montréal, Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne sont deux musiciennes de studio et de tournée. Après avoir fait leurs gammes sur plusieurs projets (Alex Nevsky, Jason Bajada, Karim Ouellet, Les soeurs Boulay, David Giguère et plusieurs autres), elles participent en duo à un morceau de l’album Bellevue Avenue de Misteur Valaire et découvrent alors leur grande complicité artistique. Milk & Bone est né. Elles enchainent à l’été 2014 deux bons premier singles New York, puis Coconut Water, qui leur valent un succès immédiat au Quebec, puis au-delà des frontières. C’est maintenant le tour de leur premier album Little Mourning.

De formation instrumentale plutôt jazz au départ (piano, chant, trombone, big band) elles citent des influences bien accrochées dans l’air du temps actuel : Blood Orange, James Blake, Purity Ring (évidemment) ou Chvrches. On ajouterait volontiers des références plus historiques comme Cocorosie ou même Suzanne Vega. C’est l’illustration de la richesse de leur approche musicale, qui fait preuve à la fois d’une grande simplicité (la structure piano-voix des chansons, le downtempo, les textes qui racontent des histoires de la vraie vie) et se révèle à la fois sophistiquée (les arrangements electro et RnB, l’extrême délicatesse des parties vocales).

L’album Little Mourning, produit par Gabriel Gagnon, est sorti depuis le 17 mars au Canada. Il a mis un peu de temps pour parvenir jusqu’à nous, mais ça en valait la peine.

C’est une splendeur.

Lorsqu’on évoque la synth-pop, ce sont forcément des images des eighties qui jaillissent : les envolées lyriques de Tears For Fears, les mêches de Depeche Mode ou les mélodies faciles d’O.M.D. Mais la synth-pop est aussi devenue très contemporaine, après avoir été absorbée, digérée puis recyclée grâce aux nouveaux outils technologiques par une nuée d’artistes d’aujourd’hui. Quelques exemples pris complètement au hasard : Calvin Harris, Washed Out ou M83.

Alcoholic Faith Mission fait désormais partie de ceux-là.

Alcoholic Faith Mission

« Désormais » car ce n’était pas le cas avant. Le groupe de Copenhague avait à ses débuts une approche plutôt acoustique et folk. Il n’a d’ailleurs pas toujours été basé au Danemark. Il est né à Brooklyn en fevrier 2006 quand Thorben Seiero Jensen et Sune Solund furent frappés par une inspiration soudaine en découvrant dans le quartier de Williamsburg la façade d’une mission religieuse, la « Apostolic Faith Mission ». Modifié en Alcoholic Faith Mission, le nom devint l’emblème de leur projet artistique aux règles strictes. Les chansons étaient enregistrées sur une simple table de mixage dans la chambre de Thorben, en une nuit seulement , à la lumière des bougies, avec en guise de grosse caisse deux dictionnaires attachés ensemble. La consommation d’alcool était autorisée et même encouragée. Ils réalisèrent ainsi leur premier album Misery Loves Company.

Huit ans après, quatre autres albums ont suivi, le groupe a investi à de multiples reprises les scènes Européennes et Américaines, et le duo est devenu un quintet, avec les renforts de la chanteuse Kristine Permild, de Magnus Hylander Friis (batteur) et Anders Hjort (claviers).

Pour Orbitor, leur nouvel album, c’est la révolution technologique. Les instruments acoustiques ont disparu, détrônés par un arsenal de claviers et de machines. Alcoholic Faith Mission déroule une dream-pop spatiale et symphonique, chantée à deux voix. Le doux falsetto de Thorben, digne de Flaming Lips ou MGMT , alterne avec la voix divine de Kristine, qui n’hésite pas à monter dans les octaves à la manière de Kate Bush ou Bjork. En dépit de cette approche plus pop, les Danois ont su garder l’état d’esprit rebelle de leurs débuts. Les chansons ont été composées de façon spontanée en moins de deux semaines à chaque fois, et leurs textes se révèlent sérieux, mettant notamment en garde sur les risques d’addiction aux réseaux sociaux et le côté totalement fake de la vie en ligne.

C’est beau et fort à la fois.

Orbitor sort chez Haldern Pop Recordings le 15 juin.

Angers Sco

Aujourd’hui c’est jour de fête !

Pas grand chose à voir avec le rock. C’est ce soir que le SCO Angers, « notre » club, décroche son billet de retour en Ligue 1, 22 ans après sa dernière montée. Et c’est pour moi une grande allégresse qui rivalise avec les émotions ressenties en écoutant de la musique ! Situation classique chez un rocker car le foot et le rock sont intimement liés dans l’intensité, l’affectivité et la passion. Dans le cas du fan d’un club de foot s’y ajoute une fidélité indélébile. « Dans sa vie un homme peut changer de femme, de parti politique, de religion, mais pas d’équipe de football » écrivait avec lucidité l’écrivain Uruguayen Eduardo Galeano.

Qui dit jour de fête dit musique de fête non ?

Alors je dégaine pour la première fois un de mes futurs tubes de l’été. Vous commencez à avoir l’habitude de ces illustres inconnus que je vous balance régulièrement à la figure tous les ans à cette période en annonçant (souvent à tort) un raz de marée pour les mois à venir.

Aucune importance ! Je persiste et signe. Voilà donc mon nouveau tube de l’été.

the parlor

The PARLOR est un duo d’Altamont, petite ville située près d’Albany dans l’état de New York. Eric Krans et Jen O’Connor ont déjà un album derrière eux en 2011, Our Day In The Sun, des concerts aux côtés de Willy Mason ou Lumineers. Le nouvel album s’intitule Wahzu Wahzu et sortira le 10 juillet prochain.

Et pour nous faire patienter jusque là voici The Surgeon’s Knife, premier titre extrait du disque, et , comme je vous l’expliquais, déjà tube de l’été. Il suffit de se laisser porter par les rythmiques funky à la guitare acoustique, rebondir sur le tempo baléarique des percus et claviers et surtout charmer par la voix caressante de Jen O’Connor. Ibiza est là, sous les battements de pieds, dans les bras lancés vers le ciel et les étoiles. Mais aussi une myriade de références : le funk urbain des Comateens, la dance musique caline de Saint Etienne, la classe de Chromatics. C’est une chanson plutôt inattendue chez un groupe qui jusque là penchait plutôt du côté du folk expérimental. Accident de parcours heureux ou volonté d’élargir leur horizon ?

Aucune importance …

Produit divinement par Antony Molina (Mercury Rev), The Surgeon’s Knife est un savoureux appel à l’hédonisme, une sarabande sauvage pour hanter nos futures nuits d’été.

Quoi de mieux pour un jour de fête : « We’re feeling like dancing ». C’est eux qui le disent le mieux.

Torres

Pas facile à classer la jeune fille… La démarche artistique de Torres relève à la fois d’un grand classicisme musical et d’une audace de chercheuse. Un adult-rock enraciné dans la terre Américaine conjugué aux tourbillons éthérés de la pop Anglaise. Une oeuvre arborescente dont le tronc est constitué d’une solide rythmique guitare-basse-batterie traditionnelle et les branches délicatement emmêlées dans un entrelacs d’audaces sonores.

Une chose est sûre en tout cas : on adore ses chansons.

Mackenzie Scott, c’est son vrai nom, a connu une trajectoire plutôt itinérante : une enfance sans histoire passée à Macon en Georgie, nourrie par la religion ; le choc de l’apprentissage de la musique à Nashville, avec les premiers concerts et le premier album en 2013 ; puis le déménagement récent à New York dans l’effervescence urbaine et artistique du quartier de Brooklyn.

Sprinter est son deuxième album. Il nous fait immanquablement penser à PJ Harvey. Car qui mieux que la diva du Dorset a su bâtir cet assemblage parfait d’un son électrique dense allié à la légèreté cotonneuse des effets sonores ?

Mais il y a une autre bonne raison. Pour ce disque Torres est accompagnée par Rob Ellis, producteur et batteur, et par le bassiste Ian Oliver, tous deux musiciens attitrés de PJ Harvey. La dream-team est complétée par Adrian Utley de Portishead aux claviers et guitares. Un brillant écrin musical pour mettre en valeur les chansons de Torres, écrites à la première personne, dans lesquelles la déprime côtoie la colère. Il faut louer leur grande variété : lyrisme, minimalisme, ésotérisme, dissonance s’enchainent au gré des pistes et deviennent rapidement captivants, voire envoûtants.

Une charmante sorcière …

Décidément la Virginie est en passe de devenir notre destination préférée. Les excellents Eternal Summers nous avaient permis d’effectuer un bref survol de la région il y a quelques jours. On y retourne cette fois avec Turnover, originaires de Virginia Beach.

Turnover

Ce quatuor a débuté il y a 6 ans dans un registre très punk-rock, avant d’évoluer lentement et d’ouvrir son horizon musical aux couleurs plus chatoyantes de la pop. Magnolia, premier album paru en 2013 avait été très bien accueilli. Le groupe récidive aujourd’hui avec son successeur Peripheral Vision, sorti depuis une semaine chez Run For Cover.

Le charme de ce disque opère instantanément. On fond devant les perles qu’ils contient. Des hymnes pop tout en délicatesse et en nuances, joués avec des arrangements basés sur des guitares subtiles. Le chant maitrisé et touchant d’Austin Getz a gommé tous les excès antérieurs pour devenir humble et paisible. La production de Will Yip est parfaite. Elle ramène le son de Turnover à un niveau beaucoup plus intime, dénué d’une vaine agressivité. Loin du power-rock 90’s de Magnolia, les chansons de Peripheral Vision explorent des contrées qui nous sont plus familières, celles habitées par les morceaux épiques et aériens de Wild Nothing, Real Estate, ou la petite tribu de Captured Tracks. On pourrait même remonter beaucoup plus loin et invoquer Galaxie 500 ou The Smiths.

En 2015 les auditeurs sont devenus exigeants. Pour adhérer à un nouvel album, il faut qu’il contienne de nombreux titres convaincants et non plus un ou deux tubes meublés par d’autres pistes sans intérêt. C’est totalement le cas ici. On peut écouter indifféremment chacun des 11 morceaux de Peripheral Vision avec le même plaisir. Il est d’ailleurs assez difficile d’en faire émerger les titres phares.

Un vrai bon disque donc, à conseiller chaleureusement.

frog

C’est en ce moment LE hit du Zistor Express ! On se demande bien comment un tel phénomène est possible.

Ici, pas d’opération séduction soigneusement élaborée sous la forme d’une electro bondissante ou d’une pop sucrée. Chez Frog, c’est plutôt l’irruption soudaine d’une musique sans concession jouée par d’étranges bardes urbains et binoclards, par ailleurs totalement inconnus (35 vues sur youtube à ce jour …). Et pourtant leur Judy Garland fonctionne parfaitement et devient rapidement une chanson dont on a du mal à se séparer. Une mélodie-sparadrap qui colle aux doigts et aux tympans sensibles.

Leur univers est construit de bric et de broc. On y entend des arpèges de guitare, soutenus par de discrètes nappes de cordes, des notes de banjo ou de xylophone. La batterie surgit, accélère et explose à la manière du Muppet Show. Le chant psalmodie dans un falsetto chevrotant et incompréhensible, un pseudo yodel et des hululements vocaux dignes d’une fin de nuit bien avancée autour d’un feu de camp. C’est complètement givré, à la limite de la justesse, et pourtant totalement irrésistible. Déjà un tube de l’été.

Frog est un duo du Queens, à New York, composé de Dan Bateman (chant et guitare) et Thomas White (batterie). Ils existent depuis 2013 avec un premier album auto-produit repéré par le blog Drowned In Sound qui le désigne à l’époque “the best American guitar record of the year”.

Leur second disque Kind Of Blah sort le 25 mai sur le label Londonien Audio Antihero. L’idée directrice de leurs compos est de concilier une écriture indie-folk moderne avec des arrangements plus bruts de décoffrage à la manière des 50’s. Hank Williams est d’ailleurs une référence qui revient souvent dans les déclarations de Dan Bateman. Mais le résultat final est inclassable et part dans tous les sens : la nonchalance grinçante de Pavement, l’audace vocale de Villagers, les tempos chaotiques de Dodos, l’élégance des chroniques New Yorkaises de Silver Jews.

De ce mélange sauvage s’écoule une décoction euphorisante et rafraichissante, à laquelle on viendra régulièrement s’abreuver dans les semaines qui viennent.

close lobsters

Encore une découverte. Mais cette fois non pas en décryptant le flux des nouveautés et les derniers échos du buzz médiatique. Il s’agit plutôt de plonger dans le passé pour exhumer un groupe injustement oublié, une référence méconnue dont le fantôme hante la production musicale actuelle.

Je suppose que le nom de Close Lobsters ne vous dit pas grand chose … Et pourtant il s’agit d’un groupe majeur de la jangle-pop, ce style musical basé sur un jeu tintinnabulant de guitares cristallines inspiré par les Byrds, qui connut son heure de gloire dans la deuxième partie des 80’s.

Pourquoi évoquer aujourd’hui les Close Lobsters ? L’occasion est trop bonne : Fire Records, leur maison de disques d’origine, sort dans quelques jours Firestation Towers 1986-1989, un coffret génial et utile qui réunit l’ensemble des disques des Ecossais.

L’histoire retient que Close Lobsters, nés à Paisley près de Glasgow, font partie de la génération C-86, apparue sur la compilation du même nom du NME, qui révéla Primal Scream, Shop ASsistants , The Pastels et Wedding Present.

Ils prirent ensuite leur envol avec deux singles époustouflants, Going To Heaven To See If It Rains et Never Seen Before. Trouver ces deux disques, qui ne figurent sur aucun album, relevait jusqu’ici du miracle. C’est donc une bénédiction de pouvoir les écouter dans le coffret qui héberge la compilation de leurs singles Forever, Until Victory!.

On y retrouve aussi les deux albums du groupe. Foxheads Stalk This Land de 1987, produit par John Rivers (Love And Rockets, Felt) qui valut aux Ecossais une diffusion mondiale, Européenne et surtout Américaine via les College Radios. Ses chansons intenses, enthousiastes et mélodiques séduisaient instantanément.

Ensuite en 1989, ce fut le tour de Headache Rhetoric. Produit par Phil Vinall (Radiohead, Elastica), ce disque plus ample et puissant, plus ambitieux, aurait du transformer Close Lobsters en star indispensable. Hélas ce fut plutôt une étoile filante car le groupe mit fin à son existence peu de temps après. Dommage.

25 ans après, les chansons n’ont pas pris une ride. Elles collent à l’air du temps à une époque où on voit revenir en force ces sons jingle-jangle et sixties. On réalise aujourd’hui à quel point la musique de Close Lobsters, d’une étonnante modernité, constitue une influence majeure pour des générations de newcomers.

Vous pouvez vous précipiter sans hésiter sur le coffret Firestation Towers 1986-1989.

Remerciements éternels à Fire Records pour cette réédition indispensable.

Difficile de passer après l’intensité de l’émotion d’un aussi bel article que le tout dernier Vanke.

Pour ne surtout pas chercher à rivaliser, je reprends tout simplement, avec l’obstination du travailleur de l’ombre, ce que je sais le mieux faire : dénicher des groupes inconnus et réparer l’injustice de leur anonymat en vous les faisant connaitre.

Pour cette fois, direction la Virginie. Un nom qui évoque plutôt les belles plages, les plantations de tabac ou de cacahouètes que l’effervescence du rock. Sur le plan musical, l’état de la côte Est des USA est d’ailleurs nettement plus connu pour ses artistes country (Carter Family,Patsy Cline) ou hip-hop (Chris Brown, Missy Elliot, Pharell Williams) que rock ( euh…. Dave Matthews Band ? Bruce Hornsby ?).

Eternal Summers

Eternal Summers vient de Roanoke, au pied des Blue Ridge Mountains. Gold And Stone est le quatrième album de ce trio qui sévit depuis 2009, constitué de Nicole Yun (guitare, chant), Daniel Cundiff (batterie) et Jonathan Woods (basse). Il concrétise la lente et irrésistible évolution du groupe vers la lumière. Leur premier disque Silver il y a 6 ans, était très indie-minimaliste, en simple duo guitare batterie. Son successeur Correct Behaviour en 2012 plus dense avec l’ajout d’un bassiste et un mixage réalisé par Sune Rose Wagner des Raveonettes , un ensemble que l’on qualifiera de l’étiquette dream-punk. Puis le troisième, Drop Beneath en 2014 s’avère encore plus power-rock porté par des guitares bien dosées par la production de Doug Gillard (Nada Surf, Guided By Voices).

Gold And Stone a été enregistré à Austin avec Louie Lino (Nada Surf, The New Pornographers). La musique d’Eternal Summers n’a jamais été aussi pop. Mais il ne faut y voir aucune compromission. Leur univers est authentique, intègre. Celui d’une jangle-pop puissante et adulte, qui parvient à un judicieux équilibre entre le son plutôt musclé de la Sainte Trinité du Rock guitare-basse-batterie et la voix délicate et caressante de Nicole Yun, dont les progrès et la maturité sont bluffants. On pense à une relecture moderne des sons des Feelies, de Lush ou de Veruca Salt. Ce subtil et fragile mélange des instruments qui cinglent et crépitent avec des mélodies qui planent. L’air et le feu .

L’album sort le 2 juin chez Kanine Records, une maison heureuse qui accueille bon nombre de nos protégés : Beverly, Fear Of Men, Grizzly Bear, Splashh ou Surfer Blood.