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All posts by Bertrand Zistor

Aujourd’hui, retour à notre rubrique « découverte ». Pas avec la révélation de newbies à peine sortis du lycée. Plutôt celle de la lente éclosion d’un groupe mature.

Slow Down Molasses existe depuis sept ans et a déjà publié quatre disques. On n’a pas encore trop entendu parler d’eux et pour cause. Ils viennent de Saskatoon, ville de 200.000 habitants de la province du Saskatchewan, au centre du Canada. Leurs précédents disques ne sont parus que là bas. Burnt Black Cars, leur nouvel album, est le premier à franchir les frontières et diffuser à l’international.

Une belle occasion de faire connaissance avec leurs chansons élégantes et poétiques. Leurs compositions basées sur des mélodies très pop et oniriques sont détournées et emportées par des nappes gelées de synthés, des guitares rendues cristallines et brumeuses par les effets de delay et de feedback. Cette mise en sons très réussie est l’œuvre de Jace Lasek de Besnard Lakes. Un régal de mixage qui met en valeur un paysage musical mélangeant un côté classic-rock (War On Drugs, Broken Social Scene) avec une résonance des sons ténébreux des eighties tels que ressuscités par Metric ou Toy.

Et leur dream-pop devient ainsi une symphonie des grands espaces, épique et souveraine.

Burnt Black Cars sort le 12 mai chez Culvert Music et Caroline International. Il fait clairement référence à l’ambiance particulière des manifs de mai 1968 à Paris, dont le père de Tyson McShane, le chanteur, fut le témoin privilégié à l’époque. Photographe, il en ramena évidemment des tas d’images dont certaines servent de visuel pour le disque.

Slow Down Molasses est un quintet composé de :
Tyson McShane – chant, guitare, piano
Aaron Scholz – Drums
Jeanette Stewart – chant, claviers
Chris Morin – basse, guitare
Levi Soulodre – guitare, basse, claviers.

Vous allez les adorer :

SLUG – Ripe

Curiosité et originalité ! Vanke a souvent revendiqué dans ces colonnes le droit à l’éclectisme musical de notre MusicalBox. Oui, il est possible d’écouter ici des sons vraiment pas comme les autres.

Le groupe d’aujourd’hui en est le parfait exemple. Avec Slug, on aborde un autre monde, une zône incertaine, qui déstabilise par la perte des repères habituels de style et de chronologie.

En découvrant leur premier album Ripe, il est bien difficile de coller une étiquette à Slug et de parvenir à les situer dans une période musicale précise.
S’agit-il de rock progressif, de jazz-rock, de funk, de pop contemporaine d’avant garde? Les choeurs évoquent parfois les harmonies de la west-coast (Fleetwood Mac, Midlake), parfois la folie de MGMT et Animal Collective, ou carrément Queen (écoutez Cockeyed Rabbit Wrapped in Plastic). Les tempos joués par la section basse-batterie font penser à Zappa ou Foals (Kill Your Darlings). L’album héberge des pistes parfois instrumentales avec un simple piano cabaret-jazz (Peng Peng). La recherche de références à leur sujet se transforme vite en concours de name-dropping. Citons pêle-mêle : Led Zeppelin, Prince, Funkadelic, Madonna, Radiohead, Eels ou les soundtracks de films d’épouvante. Mais la liste est loin d’être finie et chaque auditeur pourra rajouter les siennes.

Le plus incroyable avec ce projet atypique est que Slug parviennent à toucher un public assez large, avec un buzz important et un album qui se classe déjà bien dans les chiffres de ventes.

Slug est l’oeuvre de Ian Black, Anglais de Sunderland et bassiste de Field Music. Ce sont d’ailleurs les frangins Peter et David Brewis de Field Music qui produisent Ripe. Ils jouent également sur l’album, avec le renfort de Andrew Lowther à la basse et de Rhys Patterson. Le disque est sorti il y a une semaine chez Memphis Industries (Elephant, Cymbals Eat Guitars, Tokyo Police Club).

On s’était laissé aller lors de nos précédentes chroniques à de l’exotisme géographique. Aujourd’hui place à une mystérieuse et incroyable aventure sonore.

Suède encore !

Suite aujourd’hui de nos aventures en Scandinavie. Pas pour une nouvelle découverte inédite, mais plutôt pour des retrouvailles avec de vieilles connaissances : I’m From Barcelona.

Cela fait maintenant 10 ans que cette joyeuse chorale nous enchante avec sa pop enjouée et festive. Une endurance dans le temps assez incroyable pour un groupe qui a compté jusqu’à 28 musiciens (seulement 19 actuellement !), dans un monde artistique où les conflits d’égos surdimensionnés font souvent exploser les groupes en plein vol.

Eux sont toujours là, chantant leur bonne parole aux quatre coins du monde lors de prestations scéniques généreuses et joyeuses, et enchainant tranquillement les albums dont les chansons sont régulièrement reprises pour des pubs ou des séries TV.

Growing up is for trees est leur quatrième, le premier en quatre ans. Il est sorti depuis un mois chez Telegram Records. Pas de surprise, l’harmonie et la bonne humeur sont au rendez vous au sein des habituelles cascades de chorales pop, colorées par une foison d’instruments divers et variés : cuivres, flutes, accordéon, banjo sont ajoutés aux classiques guitares, basse, batterie et claviers. Les tubes se multiplient (les irrésistibles Not Just Anything et Sirens). Le ton est parfois plus rock (le single Violins dans un esprit très Arcade Fire), parfois plus dépouillé et calme (Growing Up Is For Trees, Gotta Come Down), mais n’ennuie jamais.

Ce nouvel album dégage une impression d’ensemble faite d’une grande cohérence et d’une qualité constante. Une fois de plus le bonheur est là, avec Emanuel Lundgren et sa tribu de Jonkoping.

Un rendez vous musical incontournable.

Ambiance de vacances dans la MusicalBox ! Je rentre à l’instant d’une semaine de ski dans les Alpes et Vanke se fait dorer les pieds en Espagne …

Voici donc en toute logique un peu d’exotisme :

………. avec Yast.

Bon d’accord ce ne sont pas les plages méditerranéennes ni les Caraïbes ! Eux viennent de Malmoe en Suède. Autant dire des rivages nettement plus nordiques et loin des tropiques. Des paysages qui nous conviennent parfaitement en tout cas.

On avait découvert ce quintet en 2013 avec leur debut-album Yast et ses touchants morceaux de sunshine-pop à guitare un peu barrés Strangelife, Stupid ou I Wanna Be Young. Un disque bien accueilli à l’époque, qui leur a permis de décrocher des concerts en première partie de TOY, The Drums, Tame Impala ou DIIV. Rien que des artistes déjà applaudis dans nos colonnes.

En fait, il faut remonter à 2007 pour la véritable naissance du groupe, autour de Carl Kolbaek-Jensen, Tobias Widman et Marcus Norberg. Non pas à Malmoe, mais à Sandviken dans le nord de la Suède. C’est en 2008 que le trio descend à Malmoe et recrute le batteur Markus Johansson et le bassiste Niklas Wennerstrand et prend sa forme définitive.

Ils reviennent cette fois avec When You’re Around, premier single annonciateur du deuxième album qui devrait suivre cette année, enregistré à la maison, à Malmoe, au Studio Mollan.

C’est une chanson de rock classieux et romantique portée par la belle voix douce et émouvante de Marcus Norberg que souligne une reverb rêveuse, un tempo enlevé et des guitares tourmentées par des effets soniques ténébreux et puissants. Une atmosphère apaisante et une mélodie entêtante.

Très prometteur. Et entrée directe dans notre play-list évidemment.

Le Grunge pourrait-il revenir en force et s’installer comme une nouvelle tendance neo-retro ?

Ce serait finalement assez logique. Rarement on aura autant entendu de musique inspirée des 80’s qu’actuellement, qu’il s’agisse de synth-pop, d’electro-disco, de post-punk ou de shoegaze. L’étape suivante sera donc sans doute le recyclage des 90’s, avec à sa tête le rock slacker et son ambiance « poils-longs-chemises-de-bûcherons et pédales de distorsion poussées à fond ».

Mais ce n’est pas forcément un mauvais présage.

La preuve avec Speedy Ortiz. Ce quatuor de Northampton, Massachussets, n’a pas attendu les dernières tendances de la hype musicale. Ils jouent depuis déjà 4 ans une musique nourrie à l’indie-rock underground des 90’s, et ont déjà à leur actif deux albums, The Death Of Speedy Ortiz en 2011 (paru seulement en cassette) et Major Arcana en 2013. Leur troisième, Foil Deer, sort la semaine prochaine chez Carpak Records, label de qualité qui héberge plusieurs de nos anciens coups de coeur : Beach House, Dan Deacon ou Cloud Nothings.

Cet album 12 titres a été écrit par Sadie Dupuis, leader, chanteuse et guitariste, dans la maison de sa mère au beau milieu des forêts du Connecticut, savourant le calme de l’endroit après la tempête des tournées en compagnie des Breeders, de Stephen Malkmus et Thurston Moore. Une belle compagnie… A signaler également un remaniement de personnel avec un changement de guitariste, Devin McKnight remplaçant Matt Robidoux. Le disque a été enregistré à Brooklyn et produit par Nicolas Vernhes (Silver Jews, Enon, Deerhunter), avec une volonté d’affiner le son plutôt brut de décoffrage de Major Arcana vers un registre plus pop.

Et le résultat est une belle réussite. Tout est là. Le mur du son des guitares tout en distorsion, la rythmique lourde et tendue, et le chant tantôt caressant tantôt grinçant de l’étonnante Sadie Dupuis qui propulse cette chanson en un hymne digne du meilleur Pixies ou Dinosaur Jr.

Et forcément on adore.

The Slow Readers Club. Un nom de groupe qui me plait bien. « Le club de ceux qui lisent lentement ». Douces réminiscences de la paresse des cancres confortablement installés au fond de la classe, près du radiateur et rêvant le regard perdu à la fenêtre. Une image qui résume toute mon enfance scolaire …

Mais stop. On parle musique non ? Et aujourd’hui c’est jour de découverte avec ce quatuor de Manchester, adoubé par les gloires locales (Peter Hook de New Order) ou d’ailleurs (Coldplay). C’est un groupe plutôt expérimenté, formé en 2008 à partir des cendres d’Omerta, dont le chanteur Aaron Starkie, le bassiste James Ryan et le batteur Neil Turvin se réunissent avec le petit frère Kurtis Starkie à la guitare pour renaitre sous le nom de The Slow Readers Club.

On les a remarqué dans The Musical Box l’an passé avec le punchy Start Again, étonnante déclinaison en mode électro de la pop ténébreuse d’Interpol.

Ils sortent demain leur deuxième album Cavalcade, produit par le Mancunien Phil Bullyment (Dutch Uncles). Par rapport au précédent, un peu lourd sur les synthés et les orchestrations, ce disque se veut plus aérien, allégé. Mais il dénote également une belle montée en puissance. Neil Turvin est parti, remplacé à la batterie par David Whitworth.

Ecoutez I Saw A Ghost. C’est un single parfait. Un hymne triomphal pour les grandes scènes des festivals, emporté par une rythmique puissante, orné de gimmicks de guitares cristallines et survolé par le chant plein de charisme de Aaron Starkie, digne héritier de Chris Martin de Coldplay ou de Brandon Flowers de The Killers.

On a rarement entendu une musique d’inspiration electro-indie éclater dans une telle déferlante.

C’est sûrement une des voix les plus affirmées du moment. Nadine Shah emprunte les chemins déjà dégagés par PJ Harvey ou Anna Calvi. Ceux qui arpentent des sous-bois brumeux où résonnent des chansons à forte personnalité, nourries par des textes poignants et futés.

Son histoire elle même est déjà atypique. Fille d’un père Pakistanais et d’une mère d’origine Norvégienne, née à Whitburn une petite ville perdue sur la côte nord-est de l’Angleterre au nord de Sunderland, elle rejoint Londres à 16 ans pour chanter dans des clubs de jazz. Et ce n’est qu’à 22 ans qu’on la découvre, avec après quelques E.P prometteurs, son premier album Love Your Dum And Mad qui sort en 2013 et convainc d’emblée, recueillant une belle unanimité d’éloges.

Son successeur, Fast Food est paru depuis hier chez Apollo Records. Il est produit comme le premier par Ben Hillier (Blur, The Maccabees, Depeche Mode), et bénéficie de la participation du guitariste acoustique-jazz Nick Webb et de Peter Jobson de I am Kloot à la basse.

On a un petit faible pour le single Fool. Sa guitare lancinante au son métallique soutenue par une rythmique très minimale. Et cette voix si particulière, hantée, soul, très grave et profonde à la Siouxsie/ Anna Calvi qui scande lentement une mélodie qu’aurait pu chanter Nick Cave. Le clip de Fool fait d’ailleurs immanquablement penser aux Bad Seeds, avec son ambiance de cabaret décadent, les costumes noirs des musiciens qui jouent devant des tentures de velours rouge et un rideau vintage à paillettes. Ce n’est pas surprenant : Nick Cave est son musicien préféré. Mais ce n’est pas le seul et Nadine Shah évoque aussi comme influences les mélodies jazz de Cole Porter et Scott Walker, ou le mysticisme oriental de Nusrat Ali Fateh Khan.

En dépit de son nom qui inciterait à vite le consommer et vite le jeter, Fast Food est un vrai beau disque, qu’il faut prendre le temps de découvrir, le temps de se familiariser avec ses chemins sombres et tortueux.

Impressionnant !

Carrie & Lowell est déjà l’un des albums de 2015. Et je vous fais le pari qu’il figurera dans le top 5 de fin d’année.

Laissez moi vous expliquer pourquoi.

D’abord son auteur. Sufjan Stevens est devenu depuis une dizaine d’années un incontournable, un de ces songwriters références fréquemment cités en modèle dès qu’il s’agit de folk sensible et délicat. Depuis ses débuts en 2000, il s’est hissé à un niveau d’excellence tant dans l’écriture que dans les arrangements, enchainant les disques parfaits (Michigan en 2003, Illinois en 2005, The Age Of Adz en 2010) ou les collaborations artistiques éclectiques avec rockers, artistes folk et musiciens classiques.

Ensuite ce disque. Il est bouleversant. Rarement on aura vu un chanteur se mette autant à nu sur un disque. Le Springsteen de Nebraska peut-être. Sufjan Stevens a évacué toutes les orchestrations brillantes et complexes ajoutées sur les précédents opus. Pour ce septième album, il revient à un canevas d’instruments fondamentaux : la guitare, le piano et la voix. Cette palette minimaliste est destinée à mettre en sons les histoires de sa vie intime, les joies et les peines de son enfance et de sa famille. Une autobiographie mise en musique de manière épurée, grattée jusqu’à l’os.

Carrie est le prénom de sa mère, disparue en 2012 d’un cancer, après avoir souffert sa vie durant de dépression sévère, de toxicomanie et de schizophrénie et abandonné son fils à plusieurs reprises. Lowell celui de son beau-père, à qui il voue une reconnaissance très forte pour l’avoir pris en charge avec affection à l’âge de 5 ans. Ce sont ces souvenirs familiaux que chante Stevens. Les bons comme les mauvais. Le bonheur des vacances en famille dans l’Oregon et le chagrin de l’abandon et du deuil. Il le fait avec humilité, pudeur, sans surjouer le pathos. Les chansons sont belles et tristes, douces et joyeuses, mais toujours d’une sincérité désarmante. Et au dessus plane l’ombre d’un mysticisme assumé. Les seules enluminures de production résident dans des notes de mandolines, des nappes électroniques à peine perceptibles et une voix mise en retrait de façon fantomatique.

Ce n’est pas un disque funky c’est sûr. Mais il est impossible de ne pas être touché par la tendre mélancolie et l’amour filial qui émanent des 11 morceaux de cet album qui n’ennuie jamais.

On dira peut-être dans des décennies futures que c’est un chef d’œuvre. Contentons-nous simplement de nous laisser porter par son écoute et d’accepter de partager l’histoire de Monsieur Sufjan Stevens. Un grand homme.

Moment de grâce et de délicatesse : on reparle de Other Lives. Enfin! Car il faut remonter à 2011 pour faire renaitre le souvenir ému de Tamer Animals, incroyable album qui nous avait bouleversé avec son folk humble et galactique jailli de nulle part. En l’occurrence de Stillwater, Oklahoma. Un endroit paumé où se sont rencontrés il y a plus de quinze ans Jesse Tabish (chant, piano, guitare), Jonathon Mooney (piano, violon, guitare, percussions, trompette) et John Onstott (basse, claviers, percussions et guitare).

Son successeur est annoncé pour le début du mois de mai. Baptisé Rituals, il est le fruit d’un changement majeur dans la vie du groupe. Le trio a en effet choisi de quitter famille et amis à Stillwater pour émigrer à Portland, Oregon, et enregistrer sous les manettes de Joey Waronker d’Atoms For Peace. Voici les premiers extraits publiés : Reconfiguration et surtout 2 Pyramids.

En les découvrant on mesure le chemin parcouru depuis Tamer Animals. Le folk pastoral de l’époque, véritable « folk de chambre », s’est mué en un univers musical hybride, à la fois plus onirique et plus expérimental. Le perfectionnisme de ces trois musiciens orfèvres en écriture ne se dément pas. Il leur aura fallu 18 mois de travail et écrire une soixantaine de chansons pour parvenir au choix final des 13 morceaux de Rituals.

Leur volonté d’un disque « plus clean, plus brillant, avec plus de mouvement et de couleur » évoqué par Jess Tabish transparait dans le somptueux et ambitieux 2 Pyramids et sa légère cavalcade prog-rock qui nous rappelle le meilleur de Midlake ou Local Natives. C’est un régal de douceur et d’harmonie sophistiquées, quasi symphoniques. L’invention d’une merveille de pop encore jamais entendue dans notre monde. On se souvient alors que parmi les références souvent citées par le trio figurent les orchestrations de Phil Spector et les expériences sonores de Philip Glass ou Steve Reich. Loin de Dylan ou Crosby Stills Nash & Young.

Grâce et délicatesse on vous disait …

Découverte : Fading Love est le premier album de George Fitzgerald, un DJ Londonien qui joue une house électronique talentueuse et élégante. A la fois minimalistes et mélancoliques, ses compositions ont tout de suite trouvé leur place dans notre boite musicale, dans les même cases que Caribou et Jon Hopkins.

Né à Watford en Angleterre, George Fitzgerald s’est initié à la musique comme vendeur de disques à Londres, chez un disquaire dont il était responsable du rayon deep-house. Abondamment nourri de House US et de UK Garage, il est par la suite devenu un DJ reconnu, jouant sur les scènes des plus grands festivals ou prenant les platines de la célèbre BBC Radio 1. Il a même créé son propre label ManMakeMusic et vit maintenant à Berlin, où il se produit dans les clubs les plus en vue.

Le premier single extrait de l’album s’intitule Full Circle. Inspiré par Eric Cantona, c’est un énorme tube, brillant d’une house à l’accroche immédiate, portée par la voix de crooner douce et triste d’Oli Bayston, (de Boxed In, invité pour l’occasion) épicée par des gimmicks épurés de synthés ou de piano. Pourtant ce morceau n’est jamais racoleur. Au contraire son ambiance se révèle nonchalante, paresseuse et cotonneuse. Une musique flemmarde et ténébreuse, dans laquelle les lumières d’Ibiza sont assombries par un nuage de brume arrivé tout droit de Manchester et où luisent les couleurs de New Order ou Happy Mondays.

Une démarche expérimentale et home made capable de contaminer les charts et le grand public de la même manière que Disclosure il y a quelques années.

Un single de présentation parfait, qui donne envie de découvrir la suite. Il faudra attendre le 28 avril et la sortie des 10 titres de Fading Love, chez Double Six/ Domino.

Le rock venu de l’Hemisphère Sud rayonne en ce début 2015. De Bjear à Tame Impala en passant par Surf City, les groupes Australiens et Néo Zelandais squattent la une de nos chroniques et play-list.

C’est encore le cas avec Courtney BARNETT

Cette artiste hors du commun à la personnalité forte et attachante pourrait bien devenir une des étoiles de l’année avec son premier album qui parait aujourd’hui même.

Nous l’avons en ligne de mire et la suivons de près depuis 2013 . Son deuxième E.P How To Carve A Carrot Into A Rose nous avait conquis avec les formidables History Eraser et Avant Gardener, très régulièrement programmés sur notre radio durant l’année passée. C’est maintenant le tour de l’album. Baptisé Sometimes I Sit And Think And Sometimes I Just Sit, il est sorti chez Mom + Pop .

Courtney Barnett est une fille simple, une « girl next-door ». Pas de look de femme fatale chez elle. Ses chansons lui ressemblent. Elles racontent avec finesse et malice des histoires banales, parfois joyeuses ou parfois tristes. Sa vie personnelle est un long périple : une enfance passée dans la région paradisiaque des Northern Beaches près de Sydney, puis un déménagement avec sa famille à Hobbart en Tasmanie, avant de s’installer plus tard à Melbourne où elle bossera comme serveuse de bar avant de fonder son propre label Milk Records.

Musicalement par contre, ses morceaux dégagent une impression de force, avec une ambiance sonore entre folk des 60’s et grunge-slacker des 90’s, mélange inédit et complexe de PJ Harvey, des Breeders et de Janis Joplin.

Passant des orages de décibels à des moments d’apaisement et de douceur acoustique, l’Australienne livre un premier album d’une grande qualité, et devrait facilement devenir notre meilleure amie pour les mois qui viennent …

C’est l’Evènement (en majuscule) de la semaine : le grand retour de Tame Impala!

Les Australiens nous avaient fait mijoter en nous laissant depuis plus de deux ans comme seule solution que l’écoute en boucle de Lonerism, leur chef d’oeuvre et l’un des albums de l’année 2012.

Ils rompent enfin le silence avec Let It Happen, un nouveau titre mis en ligne depuis quelques jours et qui va en surprendre plus d’un !

Car les guitares semblent avoir disparu de ce premier extrait de leur futur troisième album. Kévin Parker chante ses textes avec une douceur lancinante sur un fond musical résolument électronique dans lequel s’enchainent une batterie disco, des traficotages de son, de voix, des effets compulsifs de loop ou de phasing, des boucles qui se décalent et trébuchent. Un titre qui fait irruption sous la boule à facettes et les spots du dance-floor. Loin, très loin, du néo-psychédélisme apprécié et entendu sur Lonerism.

Est-ce raté ? Absolument pas. Au bout de quelques écoutes, les huit minutes de cette fresque electro deviennent entêtantes et captivent l’esprit et les sens. On se souvient alors que Lonerism abritait aussi d’autres titres que les psyché-rock Elephant ou Mind Mischief . Ré-écoutez les synthés de Why Won’t They Talk To Me et vous verrez que Let It Happen en constitue la parfaite prolongation. Aucune trahison donc. Au contraire. Le groupe de Perth parvient à affiner une psycho-electro onirique et rebondissante, qui surprend au départ, puis séduit à tous les coups.

On ne connait pas encore les détails de l’album qui devrait suivre, annoncé simplement pour le « courant de l’année 2015 « . Mais on l’attend déjà avec impatience.

En plus, le titre est même offert au téléchargement sur le site du groupe ou ici.

Le retour de Tanlines est une nouvelle qui nous fait plaisir. Et pourtant il s’est effectué dans la douleur. Le duo de Brooklyn était en effet à Pittsburg dans la maison d’enfance du chanteur en train de travailler sur le successeur de leur premier album de 2012 Mixed Emotions quand l’ordinateur qui hébergeait toute leur bibliothèque de samples et de sons a rendu l’âme dans une explosion. Privé de leur outil habituel, Jesse Cohen et Eric Emm ont du se rabattre sur une solution alternative pour retravailler leurs chansons. Et ils ont choisi d’utiliser les vrais instruments qui leur restaient, une guitare et une batterie. Puis d’enrichir leurs compositions avec des sons de world-music piqués sur YouTube, dans le but de donner une couleur plus live à leur musique.

Le résultat est à la fois surprenant et séduisant. Exit l’electro-disco robotique imprégnée de la sueur du dance-floor et du musc des backrooms. Tanlines ouvrent les fenêtres pour aérer et inondent leur pop de lumière et de fraicheur. C’est du moins ce que laisse apparaitre Slipping Away, premier single de leur nouvel album Highlights. On y découvre une rythmique basse batterie qui galope en toute légèreté, et des riffs de guitares enchanteurs qu’on avait l’habitude d’entendre plutôt dans le Nord de l’Angleterre (New Order , Modern English ou Lightning Seeds) que sur l’asphalte de New York. Au delà de cette première impression, le duo a annoncé que le nouvel album est « un hommage aux sonorités de l’Amerique« . Il est nourri par le son des batteries hip-hop de New York, des synthés techno de Detroit et de beaucoup de guitares.

Highlights sort le 18 mai chez Matador/ True Panther (Delorean, Girls, Unknown Mortal Orchestra). Il a été produit par le vétéran Patrick Ford (AC/DC, !!!) à Los Angeles et Chris Taylor de Grizzly Bear à New York, dans une église vieille de cent ans, en incitant Eric Emm à chanter au balcon de la nef déserte et à faire confiance aux possibilités de sa voix.

Une divine mutation en quelque sorte. Amen.

Johnny Jewel est un artiste qu’il est impossible de perdre de vue !

Producteur et musicien mutli-instrumentiste hyperactif à la créativité insatiable, il enchaine les projets et n’a pas quitté le fil de l’actualité musicale depuis notre dernier article sur ses Chromatics il y a trois ans. On se souvient de l’album Kill For Love qui avait largement explosé bien au delà de nos simples chroniques, devenant l’un des meilleurs albums officiels de 2012 lors des bilans de fin d’année.

Mais depuis, on a régulièrement eu des nouvelles de Jewel. Il y eut Glass Candy , duo formé avec la Canadienne Ida No, à qui on doit l’épatant Warm In The Winter, repris sur la compil After Dark 2 en 2013, et transformé récemment pour illustrer une pub d’Air France. Johnny Jewel a également écrit la musique de Lost River, premier film de Ryan Gosling, rencontré sur le tournage de Drive pour lequel il avait aussi participé à la bande originale. Citons également en vrac : les duos Symmetry avec Nat Walker et Desire avec Megan Louise, les rééditions des anciens titres introuvables de ses différents groupes sur son Soundcloud, des versions instrumentales d’After Dark 2, une reprise du standard de Jazz Blue Moon par Chromatics ou la mise en ligne d’un vieil inédit White Light en 2014. On a même pu découvrir des instrumentaux de Johnny Jewel en solo, dont l’étonnant The Other Side of Midnight, une pièce musicale en sept mouvements de plus de 30 minutes, qu’il décrit comme « un papier peint electronique pour vos rêves » ! Ouf …

Aujourd’hui, c’est l’album de Chromatics qui arrive de manière imminente chez Italian Do It Better. Baptisé Dear Tommy , il contient 17 titres, dont deux qui figuraient déjà sur After Dark 2, Camera et l’emblématique Cherry.

Le groupe a annoncé qu’ils sortira un single par semaine jusqu’à la parution de l’album en mars. Le premier est Just Like You mis en ligne fin février. Une chanson lente à l’indolence rêveuse et qui lévite dans une atmosphère gracieuse et apaisée.

Le second, paru il y a quelques jours est nettement plus dance. Sur une rythmique disco/new wave vintage et sombre, Ruth Radelet susurre ses loukoums vocaux charmeurs et sensuels et la chanson décolle en douceur pour la voix lactée.

Le résultat est toujours aussi étincelant, et on se prend à attendre la sortie définitive de Dear Tommy avec impatience.

Mais il faut préciser que Johnny Jewel ne s’arrêtera pas là. Il annonce en effet Body Work, un nouvel album de Glass Candy et Still Life, celui de Symmetry. Et tout ça pour 2015.

Un garçon impossible à arrêter on vous disait !

Du rock épique et flamboyant comme on l’aime. Voici All Tvvins.

Il s’agit d’un duo tout droit venu d’Irlande, de Dublin plus précisément, et composé par deux amis qui se connaissent depuis leurs quinze ans. Conor Adams est chanteur, guitariste et compositeur et officiait chez The Cast Of Cheers. Son complice, Lar Kaye est guitariste et féru d’effets sonores. Il sévissait chez Adebisi Shank et No Spill Blood. Le groupe, baptisé Tvvins au départ, puis changé en All Tvvins, ne s’est formé que fin 2013, mais il a déjà joué en première partie d’Arcade Fire, Editors et Pixies. Pas mal pour des newbies !

Recemment signés par Warner, le duo publie son premier single Thank You. Il est produit par Jim Abbiss (Arctic Monkeys, Editors, Kasabian). Et c’est un régal .

Les deux Irlandais s’éloignent de la doctrine du rock à guitares de leurs anciens groupes et abordent un registre nettement plus pop. Ils n’hésitent pas à utiliser des synthés vintage ni a trafiquer les voix au Vocoder. Les guitares déferlent en un torrent cristallin à la façon de Editors ou des premiers U2. Le chant se pose dans une tonalité et une scansion qui rappelle Kele Okereke de Bloc Party : pas de problème on se retrouve en terrain connu … Celui d’un rock ambitieux, qui emportera sans doute un jour les audiences du stadium-rock, mais qui garde encore pour l’instant une énergie pleine de sincérité et des émotions mises en musique en mode brut de décoffrage, sans trop de pose ni d’afféterie. Thank You sonne juste et nous touche.

L’Irlande est de retour dans la lumière!

Rubrique découverte aujourd’hui avec Lusts. A peine quelques mois d’existence et juste quatre titres disponibles sur leur Soundcloud : la fraicheur est 100% garantie !

Né à Leicester en Angleterre, pas la ville la plus rock n’roll du Royaume, Lusts est un duo de frangins, Andy et James Stone. On ne sait pas grand chose d’eux, si ce n’est qu’ils jouent tous les deux la batterie, la basse les guitares les synthés et le chant, et se font aider d’un troisième musicien sur scène. Ils ouvrent d’ailleurs actuellement en première partie de la tournée des excellents Coves.

Temptation est sorti il y a trois jours chez 1965 Records (label de The View). C’est leur premier single. Il est produit par MJ du bruyant groupe de Leeds Hookworms, qui a déjà travaillé avec Joanna Gruesome.

Ce titre est bien dans l’air du temps venu d’outremanche. Voilà une pop racée et sombre, épicée d’une pointe de sauvagerie telle qu’on peut l’entendre chez Toy ou Temples. Mais les oreilles érudites y reconnaitront aussi le souvenir d’Echo & The Bunnymen dans les riffs ténébreux de guitare soulignés par une pointe de reverb. C’est une des références du groupe, aux côtés des incontournables New Order et des moins attendus Beach Fossils. Leur musique fait aussi résonner un peu du shoegaze des 90’s. D’ailleurs eux même se qualifient sur leur page facebook d’« alternative new wave ».

Finalement c’est l’éternelle histoire du recyclage par de jeunes musiciens actuels d’une période pour nous bénie de l’histoire du rock. Quand dans nos têtes retentissaient les accords de House Of Love, Teardrop Explodes ou Icicle Works.

Et on ne va sûrement pas s’en plaindre. Surtout quand c’est réalisé avec une telle classe.

On attend beaucoup de Wolf Alice en 2015. Ce quatuor Londonien sortira en effet le 22 juin My Love Is Cool. Ce sera leur premier album et il pourrait bien confirmer les grandes promesses entrevues depuis leur révélation il y a deux ans.

Enfin pour nous en tout cas avec le single Bros en mai 2013. Car en fait le groupe existe depuis 2010. Conçu initialement sous la forme d’un duo par Ellie Rowsell (chant) et Joff Oddie (guitare) autour de chansons indie-folk , il se transforme en véritable combo rock-grunge avec l’ajout d’une section rythmique en 2012 (Joel Amey à la batterie et Theo Ellis à la basse). Les singles et E.Ps s’enchainent alors et leur permettent de se faire remarquer par les DJs de la BBC et les journalistes du NME. Ils assurent les premières parties de Peace et Alt-J et commencent à monter sur les scènes des grands festivals.

Leur debut-LP My Love Is Cool est produit par Mike Crossey, brillant metteur en sons des Arctic Monkeys et de Foals. C’est lui qui a eu l’idée de faire évoluer le son brut du groupe vers un espace sonore beaucoup plus vaste et ambitieux, dans lequel par exemple les instruments sont détournés de leur usage normal, et où le groupe n’hésite pas à pratiquer des expérimentations sur les voix. Les chansons de bedroom-pop initialement plutôt intimistes se sont transformées par l’apport de chacun des musiciens en de redoutables hymnes rock massifs et majestueux.

Une belle réussite si on se fie au premier titre qui est rendu public. Giant Peach illustre parfaitement l’enrichissement du son de Wolf Alice. C’est d’abord une longue et puissante intro instrumentale (qui ferait un magnifique indicatif). Puis survient le chant d’Ellie Rowsell, qui passe avec facilité des douceurs naïves et câlines d’une voix d’enfant aux murmures et vociférations d’une véritable sorcière.

Une impressionnante et séduisante métamorphose. Brrr… On adore !

Aujourd’hui voilà un post envoyé avec la vitesse de l’éclair et tendu comme une arbalète. Un peu à l’image de la musique jouée par Drenge, nourrie par une énergie brute et qui déferle en emportant tout sur son passage.

On ne reviendra pas sur l’histoire de ce duo de frangins du Nord de l’Angleterre, Rory et Eoin Loveless, que nous avons déjà développée l’an passé.

C’est surtout leur actu qui nous intéresse, avec l’annonce d’un deuxième album, Undertow, prévu chez Infectious pour le 6 avril , et la diffusion de leur premier single extrait : We Can Do What We Want.

Grand bonheur ! C’est l’occasion de vérifier que Drenge continue sa progression inexorable vers le firmament planétaire. Dans le fracas d’une pulsation rythmique rapide, sur des notes de guitares crépusculaires tout en distorsion, résonnent les incantations de Eoin qui hurle en mode répétitif le mantra « We Can Do What We Want ». Les fréres Loveless ont décrit ce nouvel album comme plus libre et moins abrasif que le précédent. D’accord, mais il reste quand même une acidité et une tension extrême dans leur son, qui les rangent encore dans un espace situé quelque part entre le punk rock des Sex Pistols et Nirvana. A la fois dense et dévastateur.

Une autre nouveauté importante à signaler : le renfort d’un troisième membre, leur copain d’enfance Rob Graham, qui joue de la basse sur 3 titres de l’album. Undertow est produit par Ross Orton un autre gars du Nord, basé à Sheffield et qui déjà travaillé avec Arctic Monkeys et Mia.

Le clip est aussi disponible depuis deux jours . Glauque et givré, il incarne un gang de bad-boys dans une version moderne d’Orange Mécanique (Stanley Kubrick/1972). Attention ! ça ne rigole pas.

C’est évidemment LE gros évènement musical de ces derniers jours : l’annonce d’un nouvel album de Blur !

Il s’intitule The Magic Whip et sortira le 27 Avril chez Parlophone.

On peut s’interroger sur l’exceptionnelle longévité de Blur. Alors que 2014 a vu Damon Albarn triompher avec son épatant album solo Everyday Robots, il semblait logique d’assister à une lente agonie du groupe, qu’on aurait pu croire usé par 25 années de carrière pas toujours effectuées dans une ambiance de franche camaraderie.

Erreur fatale, ils se réunissent à nouveau pour un 8ème opus. Ce sera leur premier véritable album depuis Think Tank en 2003. 12 ans déjà ! Et encore, le guitariste Graham Coxon avait été mis sur la touche à l’époque. Il faut donc remonter à 13 en 1999 pour retrouver le groupe à quatre. L’évènement est donc de taille, autant que surprenant. Rappelons en effet que Damon Albarn avait annoncé en 2012 qu’il n’y aurait plus de nouveau disque du groupe…

Musicalement, on retrouve le Blur d’avant. Une ambiance fainéante et slacker sur fond de guitares saturées par les effets de distorsion, avec Albarn qui marmonne les textes entre ses dents. Go Out, première chanson publiée, se tient à distance respectable de la pop mainstream pour teenage-girls qu’on aurait pu craindre. Une fois de plus le groupe parvient à trouver le ton juste et à garder une élégance et une force dans son écriture qui justifient cette longue endurance dont il a su faire preuve au fil des années.

The Magic Whip a été enregistré entre Hong Kong et Londres sur une longue période entre mai 2013 et novembre 2014. Il est carrément produit par Stephen Street, mythique producteur de Modern Life Is Rubbish, Parklife, The Great Escape, et Blur. Douze titres figurent sur ce disque :

01 « Lonesome Street »
02 “New World Towers”
03 “Go Out”
04 “Ice Cream Man”
05 “Thought I Was A Spaceman”
06 “I Broadcast”
07 “My Terracotta Heart”
08 “There Are Too Many Of Us”
09 “Ghost Ship”
10 “Pyongyang”
11 “One Ong”
12 “Mirrorball”

Le premier titre publié est Go Out, avec une vidéo dont je laisse le soin à notre sinologue Vanke de traduire la calligraphie Chinoise …

Il y a quelques jours, on s’étonnait de l’amour de jeunes musiciens Californiens pour les brumes glaciales du shoegaze Anglais des années 80.

Pour reprendre le fil de nos réflexions, la question qui découle de ce constat est « mais alors : où joue-t-on de la musique Californienne aujourd’hui ? ».

La bonne réponse pourrait être : dans l’hémisphère sud ! C’est sans doute en Australie et Nouvelle Zélande qu’on rencontre actuellement le plus d’adeptes du pop-rock psychédélique allumé qui faisait la marque de fabrication de la côte Est à la fin des sixties. Tame Impala, Pond, King Gizzard & The Lizard Wizard, Unknown Mortal Orchestra en sont les principales figures.

En voici une nouvelle aujourd’hui : Surf City.

Ils sont les hôtes de Fire Records, une maison de grande qualité que nos chroniques ont pris l’habitude de saluer régulièrement, qu’il s’agisse de ses artistes récents (Hospitality, Scott & Charlene’s Wedding, Scraps) ou des vétérans (The Chills, The Saints).

Surf City est un quatuor d’Auckland en Nouvelle Zélande. Après avoir publié deux albums en 2010 et 2013, le groupe s’apprête à lancer son troisième, Jekyll Island, le 23 mars 2015.

Ce disque de la maturité, enrichi par la découverte du monde après un voyage lointain (USA, Mexique, Inde, Corée), est un bel exemple d’équilibre entre les mélodies et l’expérimentation. Le climat sonore est tapageur et rugueux, à base de guitares fuzz et de boucles rythmiques dignes du Krautrock. Mais il n’asphyxie jamais les parties vocales, finalement très pop, rendues douces et intimistes par la reverb, qui évoquent de manière indiscutable l’âme des groupes du label mythique des 80’s Flying Nun comme The Verlaines ou The Clean.

Tension et tendresse. Voilà deux ingrédients musicaux essentiels qu’on apprécie particulièrement chez les artistes qui comptent pour nous.

Il faudra désormais ajouter Surf City à cette play-list.

Et Hop : Chic, revoilà Hot Chip !

C’est toujours un réel bonheur de retrouver cette joyeuse bande d’allumés. Les Londoniens sont des piliers de nos articles et programmes depuis les débuts de The Musical Box. Et auparavant encore, ils campaient dans nos discothèques et lecteurs musicaux depuis une bonne dizaine d’années.

A raison d’un album tous les deux ans environ, le quintet étoffe avec une belle régularité un répertoire de qualité, oscillant constamment entre les paillettes et l’excentricité du dance-floor et l’ambiance réfrigérée du laboratoire de recherches soniques et des machines.

Dans le cas de Why Make Sense leur sixième album, si on se fie au premier single qui en est extrait, c’est plutôt le versant night-club torride qui a raflé la mise.

Entrainées par un rythme de batterie tout droit sorti de chez James Murphy, les arabesques vocales et synthétiques de Hot Chip donnent le tournis à coup de gimmicks incendiaires, de vocoder et d’accords martiaux de claviers ou de lignes puissantes de basse. Une veine disco-chic digne des Pet Shop Boys ou de Daft Punk, mais attention de ne pas juger sur les apparences. Huarache Lights est une chanson complexe et profonde, dont les textes sont graves et méditatifs et abordent avec sérieux l’angoisse du vieillissement. C’est une habitude chez eux : un contenu cérébral jamais avare de réflexion et un contenant plus clinquant et superficiel. Une pastille musicale au goût sucré mais qui une fois fondue dans la bouche s’avère beaucoup plus amère que prévu.

Why Make Sense, composé de 10 titres, sortira le 18 mai chez Domino (hélas c’est très loin …). Il est produit par Mark Ralph, déjà aux manettes de In Our Heads en 2012. Ce sera le grand retour du groupe, après l’année dernière les aventures solo du chanteur Alexis Taylor pour son premier album Awaits Barbarians et celles de Joe Goddard chez 2 Bears ou son excellent E.P solo Taking Over.

The Musical Box ne pouvait pas passer à côté de Them Are Us Too. Leurs références sont les nôtres : Cocteau Twins, The Cure ou Slowdive, les catalogues de 4 AD et Creation. Voilà qui évoque des bons souvenirs !

Et pourtant Kennedy Ashlyn Wenning (chant) et Cash Askew (guitare) affichent seulement un âge d’une petite vingtaine d’années. En plus de leur jeunesse, on est surpris de découvrir qu’ils sont basés à Santa Cruz, en Californie, un cadre plutôt inhabituel pour la musique shoegaze ou gothique.

Cela n’empêche pas leur premier album, Remain, de recycler avec réussite une ambiance et des sons venus tout droit des brumes Anglaises d’il y a trente ans. Le chant de sirène diaphane de Kennedy est magnifiquement mis en valeur par les arrangements des guitares de Cash qui résonnent et étincellent dans la reverb et les plages glaciales des synthés, qui s’envolent parfois dans les limbes de la drone-music. Le duo vient placer ses chansons pile au milieu entre electro moderne et new-wave d’antan.

Ecoutez le magnifique Us Now. Sur un tempo lent et lourd à la Bauhaus/She’s in parties, on entend vrombir les synthés et tournoyer les guitares, dans une spirale qui envoie la voix de soprano de Kennedy dans la stratosphère, dans un courant ascendant d’émotions et de pureté.

Une très belle chanson qui fait une entrée immédiate dans notre play-list radio.

L’album Remain sort chez Dais Records le 24 Mars. Il est produit par Joshua Eustis (Nine Inch Nails).

Une bonne nouvelle : dans un peu plus de deux semaines va sortir le nouvel album de Dan Deacon. Il s’intitule Gliss Riffer et parait chez Domino le 24 février 2015.

Pour ce quatrième tome de ses aventures musicales, Dan Deacon revient au concept de son premier album Spidermind of The Rings de 2007, à savoir tout écrire, jouer et produire en solo. Tout le contraire de son choix d’un vrai groupe pour les deuxième et troisième albums.

Toujours aussi curieuses, poétiques et allumées, ses nouvelles chansons restent dans la voie lactée de son univers électro-pop. Mais il serait injuste de le cantonner à cette étiquette réductrice de musicien électro. Deacon est un compositeur brillant, polyvalent, capable d’écrire des partitions contemporaines pour des orchestres de musique classique, de jouer un tribute à John Cage au Carnegie Hall de New York ou de composer la musique du film Twixt pour Francis Ford Coppola. Du haut de gamme. On l’a également vu durant toute l’année 2014 en tournée commune avec Arcade Fire.

Son écriture s’est nettement enrichie de ces multiples expériences artistiques et il élabore sur Gliss Riffer huit morceaux surprenants et sophistiqués. C’est un sacré bazar musical dans lequel on passe de perles pop-électro à des sons expérimentaux de vocoder ou de disklavier, sautant sur des percussions frénétiques (sa spécialité), mais toujours dans la joie et la bonne humeur, en mode ludique avant tout.

Fuyant sa préférence pour les instrumentaux, Deacon a désormais décidé de pousser plus souvent la chansonnette, et il n’hésite plus à chanter, gravissant témérairement les octaves pour prendre une voix très féminine comme sur l’épatant single Feel The Lightning.

Voilà une chanson fraiche et exubérante, au chant radieux, dont on découvre et apprécie à chaque écoute l’imagination débordante et le génie des arrangements.

Une vraie boite musicale enchantée.

C’est comme une sensation de déjà-vu. L’impression d’avoir déjà, à plusieurs reprises dans le passé ouvert nos chroniques à The Districts. Et bien non : ce n’est pas le cas. C’est le premier article de The Musical Box sur ce groupe, pourtant depuis longtemps dans notre viseur et invité régulier de nos multiples lecteurs de musique.

Pas de prétention à réaliser un scoop aujourd’hui donc. The Districts est un excellent groupe et beaucoup s’en sont déjà rendu compte. Ce n’est pas une raison pour omettre de vous écrire quelques mots sur ces quatre Américains, dont le talent prometteur annonce un grand succès à venir.

Ce qui capte immédiatement l’attention chez eux, c’est leur classicisme. Du rock à guitares, teinté de blues, d’Americana, avec ici une touche de slide-guitar et là un chant dans la lignée de Dylan ou Black Keys. Mais paradoxalement, ce rock classique est le fait de quatre garçons d’à peine 20 ans. Rob Grote (chant, guitare), Mark Larson (guitare), Conor Jacobus (basse) et Braden Lawrence (batterie) se sont réunis au lycée de Lititz, une petite ville près de Lancaster en Pennsylvanie. Ils se font remarquer dès leur premier album auto-produit en 2012, Telephone. C’est Fat Possum, label indépendant défricheur et audacieux basé au Mississipi, qui les signe début 2014. Ils sortent alors un E.P 5 titres qui nous les fait connaitre avec les excellents Funeral Beds et Rocking Chair. Et enfin dans quelques jours (le 10 février) va paraitre leur deuxième album, A Flourish and a Spoil, produit par John Congleton (St.Vincent, Cloud Nothing) et déjà un candidat sérieux pour le titre d’album de l’année ?

Certes ils n’ont que vingt ans, mais leur monde musical a été solidement bâti durant cinq longues années de vie artistique commune. Ils puisent dans cette unité une force d’une grande cohérence qui transparait dans leurs chansons et les rend irrésistibles. Le quatuor insuffle à son blues-rock une intensité et une énergie qui pourraient bien transformer la petite brise d’Americana pour initiés en une tempête de rock contemporain pour faire chavirer les stades. C’est du rock du siècle dernier, mais joué avec une rage adolescente neuve et moderne.

Leur progression est régulière et impressionnante, depuis Funeral Beds l’an passé et son folk rock beau et triste :

En passant par 4th and Robling, nettement plus speed et urbain, qu’on aurait pu entendre chez The Strokes ou Kings Of Leon.

Et maintenant voilà Peaches, à la densité et la richesse impressionnantes. Un hymne imparable et dévastateur, annonciateur d’un album qui va compter pour nous en 2015.

Et sûrement pas que pour nous …

Une bonne nouvelle : voici déjà du neuf pour Champs !

Alors qu’on s’est à peine remis du déluge d’émotions provoqué par leur premier album Down Like Gold qui date de moins d’un an, le duo annonce la sortie le 23 février de son successeur VAMALA, chez Play It Again Sam.

Les deux frangins Champion (c’est leur vrai nom de famille, Michael et David de leurs prénoms) nous avaient enchantés avec leur premier disque tout en douceur, imprégné d’un folk sensible et intimiste, illuminé par la splendeur des harmonies vocales qui oscillaient entre mysticisme sombre et chaleur Californienne. Un des disques de l’année 2014 assurément.

Changement de décor avec VAMALA (en majuscule s’il vous plait), qui annonce une évolution vers un registre nettement plus pop. La pureté et le classicisme des arrangements acoustiques d’avant ont ouvert la porte à de l’électronique embarquée, sous forme de synthés 80’s et de drum-machines.

C’est inattendu, mais logique. Si Down Like Gold avait été auto-enregistré à domicile dans l’isolement de l’Ile de Wight, VAMALA lui est issu d’un déménagement du duo dans des studios Londoniens, précisément ceux de Dimitri Tikovoï (Goldfrapp, Placebo, The Horrors). Et on connait l’amour du Français pour les sons electro-pop des eighties.

On entend déjà les puristes et fans de la première heure grincer des dents. Ce serait une erreur. Car finalement, loin d’être une mutation vers une electro banale, les nouvelles chansons prennent une ampleur impressionnante. Les claviers et les machines ne sont que de nouveaux outils qui viennent s’ajouter à la palette joliment maitrisée par les deux frérots. La beauté des mélodies et l’orfèvrerie des chorales sont restées intactes et la nouvelle production les met encore mieux en relief.

Passée la surprise de la découverte de cette nouvelle mise en son de leurs chansons, on se rappelle que les influences marquantes du groupe ne sont pas des groupes trad-folks des 70’s, mais plutôt des aventuriers musicaux comme Beck, Flaming Lips ou MGMT. Finalement la modernité plus urbaine voulue pour VAMALA n’efface jamais le romantisme et la paix rurale de l’ile de Wight qu’on avait appris à savourer sur Down Like Gold.

Un bien beau deuxième album.